Rennes. Garcimore est mort à l’Aire Libre les 18 et 19 janvier

Stanislav Dobak garcimore Aire Libre
Garcimore est mort de Gaël Santisteva. Photo : Stanislav Dobak

Le théâtre L’Air Libre de Saint-Jacques-de-la-Lande accueille Garcimore est mort les 18 et 19 janvier 2024. Pour son second spectacle, Gaël Santisteva crée une pièce hybride entre théâtre, cirque et danse, des disciplines qui ont marqué son parcours artistique. Présentée comme une ode à la décroissance, la création sort des codes actuels du divertissement qui s’inscrivent dans la profusion d’éléments. Entretien avec le metteur en scène.

Créé en novembre 2021, Garcimore est mort et son créateur Gaël Santisteva convoquent une des personnalités les plus fortes et populaires de la télévision des années 80. Le spectacle proposé à L’Aire Libre les 18 et 19 janvier prochains ne sera pour autant pas dédié à la figure du magicien, bien qu’il apparaisse en filigrane durant toute la performance. L’idée est plutôt « d’utiliser le biais de la magie pour évoquer [entre autre] la croyance sous l’angle du divertissement », explique Gaël Santisteva.

Gaël Santisteva Garcimore est mort
Gaël Santisteva © Quentin Legrand

« Dans les années 80, il n’y avait pas internet, alors les figures de télé étaient très importantes, Garcimore était l’une d’entre elles. Il passait à des heures de grande audience à faire ses tours de magie avec humour et j’aimais beaucoup le regarder. Pourtant, quand j’ai récemment regardé à nouveau j’ai trouvé que c’était d’une lenteur phénoménale. Cela ne passerait plus du tout à la télé actuellement à cause du rythme et de l’absurdité ».  

Gaël Santisteva

En partant de ce constat, Gaël Santisteva crée un spectacle qui compare ces anciens rythmes à ceux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui « beaucoup plus frénétiques ». L’image télévisuelle du magicien se prête à un propos sur le ralentissement, la prise de temps. Les performances de Garcimore permettent également d’aborder la question de la croyance, pas tant au sens religieux qu’aux croyances collectives liées aux événements de notre société. De ce questionnement découle aussi une réflexion sur la mort et son appréciation. Sans chercher à définir le rien, Garcimore est mort est aussi une façon d’aborder son inéluctabilité.

Le spectacle a été écrit avant la crise sanitaire (COVID 19), période qui a mis en exergue deux types de comportements qui préexistaient dans la société : les sceptiques et ceux qui se laissent porter par la situation. Le parallèle avec la magie, ou plutôt ses spectateurs, est tout fait : « il existe toujours deux sortes de publics, ceux qui veulent comprendre le tour et ceux qui préfèrent se laisser emporter, impressionner », précise Gaël Santisteva. Ce dernier réanime sur scène un phénomène d’une autre époque pour mieux questionner la polarisation de la société actuelle.

Garcimore est mort Gaël Santisteva
Garcimore est mort de Gaël Santisteva © Stanislav Dobak

« On essaye de dénoncer une société qui va du plus vers le plus en prenant le contre-pied, on illustre la lenteur ». Un principe qui résonne aussi personnellement avec le créateur, ancien circassien, milieu dans lequel la performance du corps est synonyme du plus, de l’extraordinaire et du désir. Choses pour lesquelles Gaël Santisteva a toujours été en contradiction : « il y a cette idée dans Garcimore est mort de dénoncer le fait qu’on soit toujours l’objet de pleins d’attentes, parce qu’on s’est mis dans cette position et que la société nous y met aussi ». 

L’artiste déplore cette tendance dans la société à tout « extraordinariser », y compris dans nos vies. « Sur les réseaux sociaux par exemple, tout le monde est confronté au phénomène de triche et on s’y est habitué », remarque-t-il. « Je trouve intéressant aussi d’amenuiser la frontière entre la vie réelle et la vie du spectacle, d’amener la vraie vie au plateau. » Et le créateur ne ramène pas seul la vraie vie sur scène, il est accompagné de deux artistes, Ondine Cloez et Jani Nuutinen, et un invité « surprise » en alternance : Sophia Rodriguez, Micha Goldberg et Rosie Sommers. Sans que ça ne soit réellement une surprise, car Gaël Santisteva s’attache à ne rien montrer d’extraordinaire, à ne pas surprendre.

Garcimore Gaël Santisteva
Garcimore est mort de Gaël Santisteva © Stanislav Dobak

Ce désir d’ordinaire se transcrit aussi dans une scénographie réalisée en collaboration avec le scénographe et comédien Jérôme Dupras. Sans être trop théâtrale, elle est constituée d’un seul élément : un rideau, beige, pas rouge. Ce dernier est circulaire et automatisé dans un clin d’œil à la magie, mais il s’agit aussi d’une façon « d’entraver [les comédiens], en référence à la machinerie du divertissement qui crée des attentes ». Sur scène, les artistes doivent répondre aux attentes du public, notamment celle d’être diverti. Alors, avec ce rideau, les comédiens vont en jouer : satisfaire le spectateur ou refuser de participer ? Le tissu fait ainsi partie intégrante de la pièce et devient quasi un acteur, il s’ouvre et se referme durant le spectacle. Et grâce à un projecteur, il change de couleur et donc d’humeur.

Toujours dans cette recherche, le texte n’est pas écrit mot pour mot. Gaël Santisteva s’est concentré sur la préparation des sujets à aborder et sur un plan de représentation. « Il y a un espace pour l’improvisation, elle n’est pas forcée, mais elle est possible. On se rappelle de ce qu’on doit dire sans réciter un texte », une manière peut-être d’apporter encore plus de réalité dans la performance.

Biographie :

Gaël Santisteva vit et travaille à Bruxelles depuis 2007. Né en 1977 à Auch dans le Gers (France), il a eu une pratique de cirque intensive pendant toute sa jeunesse, jusqu’à devenir étudiant au Centre National des Arts du Cirque de Chalons en Champagne dont il est sorti diplômé avec comme spécialité la balançoire russe en 2001. Depuis toujours passionné par l’art du mouvement et le théâtre, il s’est naturellement tourné à la sortie de l’école vers des compagnies orientées vers la chorégraphie et la performance théâtrale. Cela fait maintenant 15 ans qu’il travaille en tant que performeur dans diverses compagnies de danse, de danse-théâtre ou de théâtre musical. Le Cirque n’a pas pour autant quitté son esprit ni son corps, c’est même ce qui constitue très fortement le caractère unique de sa personnalité sur un plateau de théâtre. Après beaucoup d’années de réflexions et de contacts avec différents créateurs, il entame une recherche plus personnelle afin de produire des pièces marquées de son identité propre. Il continue d’autre part les collaborations artistiques en tant qu’interprète dans des projets qui engagent un questionnement et un renouvellement de son vocabulaire artistique.

Garcimore est mort de Gaël Santisteva (création 2021).

Les 18 et 19 janvier 2024 à 20h30 au Théâtre l’Aire Libre, 2 rue Jules Vallès 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande.

Tout public dès 12 ans. Durée : 1h20

Billetterie

L’Air Libre

En partenariat avec AY-ROOP, dans le cadre de la saison cirque. 
Avec le soutien de l’Onda – Office national de diffusion artistique

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