Plobannalec-Lesconil. Julien Le Brun expérimente un bateau de pêche diesel-électrique

navires de pêche hybrides
Julien Le Brun

Julien Le Brun est armateur à Plobannalec-Lesconil dans le Finistère. Il projette de conduire des expériences sur un nouveau navire de pêche qu’il vient d’acquérir afin de trouver des initiatives pour changer le carburant des chalutiers par un système de propulsion diesel-électrique. A la recherche d’une décarbonation des bateaux, un autre de ses navires de pêche avait déjà testé un moteur hybride à l’hydrogène.

 Julien Le Brun est à la tête d’un armement qu’il a créé en 2004 avec l’achat du Caraïbes. Son entreprise Armement Julien Le Brun emploie actuellement trente-six marins, deux apprentis et deux emplois à terre, dont le sien. Elle totalise une flotte de neuf chalutiers en exploitation, tous de dimensions variant entre 14 et 17 mètres.

navires de pêche hybrides

 Le navire de pêche, avec lequel Julien Le Brun a l’intention de mener des expérimentations, est arrivé samedi 6 janvier 2024 au port de Loctudy, à cinq kilomètres de Plobannalec-Lesconil. En provenance de Lorient (56) où il était immobilisé à quai depuis trois années et anciennement nommé Magali, le chalutier a été rebaptisé par l’armateur Amour de la mer.  Il a une longueur de 17 mètres et une largeur de 6 mètres. Julien Le Brun a l’objectif de changer la propulsion du navire en un système diesel-électrique. Pour le projet de transformation, il a lancé une étude de faisabilité technique auprès de Coprexma, le bureau d’études et d’architecture navale, spécialisé sur tous types de navires, sis à Pont-l’Abbé (29). 

En décembre 2022, l’armement de chalutiers de Julien Le Brun avait fait l’acquisition, d’une part : d’un chalutier-langoustinier en bois Bellatrix IV. Le bateau de 14,35 mètres de long et de 5,20 mètres de large avait été construit en 1982. L’Inizan avait rejoint la mer sans travaux à réaliser. D’autre part, il avait acquis le navire Anita Conti, au moment où la profession se trouvait fragilisée et impactée par le coût de l’énergie avec une réelle menace quant à la survie de l’entreprise ! La nécessité de réfléchir à la transition écologique s’imposait alors, après avoir subi de plein fouet la flambée du prix du gazole. Julien Le Brun a accepté que son navire de pêche soit testé hybride avec un fonctionnement essentiellement à l’hydrogène au Guilvinec, principal port de pêche artisanal français dans le Finistère.

Et le résultat est sans appel ! 

Avant, le bateau consommait à équivalence d’un tracteur ou d’un camion. Cependant, avec une navigation en mer 24 heures/24, sa consommation nécessaire de 1 000 litres et avec l’augmentation du carburant, l’entreprise travaillait presque à perte. Beaucoup de pêcheurs professionnels ont été asphyxiés par la hausse du prix du gazole multiplié par trois et leurs bateaux sont restés à quai ! C’est ce qui a motivé l’armateur à rejoindre ce projet innovant pour tester le bateau hybride de demain. Il fonctionnera à l’hydrogène, un carburant beaucoup moins onéreux et bien plus écologique. Ce projet de décarbonation de la pêche porte un nom  Pilothy : pile à combustible et transition hydrogène.

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 Julien Le Brun a toujours eu pour passion la mer, la pêche et les bateaux. Guy, son papa matelot, l’emmène en mer à bord du Calypso, quand il n’a que six ans, et c’est pour l’enfant une vraie révélation. Après le collège, il réussit son CAP à l’école de pêche du Guilvinec, puis obtient son BEP en gestion et conduite des navires de pêche, qui lui permet de commander un bateau. Il perfectionne ses connaissances en matière de pêche, car il est invité pendant les vacances scolaires sur l’Inizan, le bateau de Michel Lucas et Claude Scoarnec à ce moment là, et avec lequel les deux professionnels ont navigué pendant trente ans.

Dès l’âge de 19 ans, Julien Le Brun navigue sur plusieurs côtiers, commande Le Chimère, devient second sur le Caraïbes, qu’il achète. Il se procure ensuite le Marc’h dal qu’il baptise Les Antilles. En 2010, il reprend l’équipage dans le cadre d’une transmission d’entreprise. En 2011, un armateur du Guilvinec propose à Julien Le Brun de construire deux navires : un est destiné à l’armateur, l’autre est pour lui-même. Le Lagon, un chalutier de 15 m en bois, est construit en 2013. L’année d’après, Julien Le Brun achète un bateau d’occasion L’Oasis à Concarneau, et plus rien n’arrête l’armateur : il construit le Corail  puis achète l’Odessa, le Lagon, le Récif, le Bora Bora et  inaugure en 2021 son 7 e chalutier Les Antilles II, etc. et l’aventure se poursuit…

Toujours aussi passionné, ce chef d’entreprise travaille beaucoup: il débarque la pêche, gère la comptabilité des bateaux et l’armement et demeure toujours au plus près de ses employés. Les marins partent en mer du lundi au vendredi soir et un week-end sur deux, en hiver. À chaque marée, il y a trois marins en mer et un à terre. Chaque marin effectue 160 jours de mer dans l’année et bénéficie de deux semaines de congés toutes les six semaines.

    Infos pratiques

Armement Julien Le Brun 27, Route de Lesconil à Plobannalec-Lesconil (29)

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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