L’Armée poursuit en musique son ouverture à tous les publics

Bruno Lejeune musique armee

Bien qu’on les connaisse surtout de bouche-à-oreille, leurs concerts font régulièrement salle comble. Ce sont les formations musicales de l’armée française. Entre convergences musicales et soutiens aux blessés et leurs familles, la quinzaine de formations militaires des trois armes multiplient les manifestations publiques. Elles s’inscrivent dans un mouvement de fond de l’armée en matière de communication : renforcer son ouverture à la société civile dans un pays où certains, notamment dans les institutions culturelles, nourrissent des rapports parfois distants avec le monde militaire. La musique adoucit les moeurs et rapproche les âmes ? Réponse à l’unisson du général Laurent Michon, commandant de la zone Terre Nord-Ouest, et du lieutenant Bruno Lejeune, chef de musique des Transmissions.

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Unidivers – Comment appréciez-vous le travail réalisé par les formations musicales militaires, en particulier la tournée Unisson ?

Gal Laurent Michon – La tournée commence enfin à être connue. Plus exactement, elle n’est pas encore très connue, mais les concerts font salle comble et les connexions avec d’autres institutions musicales civiles connaissent une augmentation significative depuis l’après-covid. Je pense notamment aux relations tissées avec les conservatoires, mais aussi l’ONB ainsi que le milieu scolaire et associatif. Je m’en réjouis. Car ce rapprochement signifie trois choses.

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D’une part, une augmentation des recettes qui se traduisent par un soutien moral et financier au profit des soldats blessés. D’autre part, une plus grande interaction entre musiciens issus de l’armée et de la société civile. Enfin, une meilleure compréhension par le grand public d’un fait important : les activés des différents corps d’armée dépassent de loin le seul domaine de la guerre. L’armée réunit des engagés qui défendent leur pays en oeuvrant à maintenir la paix, mais remplissent également de nombreuses taches humanitaires d’aides aux autres, en France comme à l’étranger. En outre, il faut savoir que l’engagement associatif, qu’il soit musical, sportif ou autre, est très important chez les militaires. Ils nourrissent un goût vif pour la culture, lequel n’est pas toujours bien perçu alors qu’il contribue à la vitalité de notre société. J’aimerais que les belles initiatives comme Unisson se multiplient afin de poursuivre cette prise de conscience et cet esprit de rapprochement et de partage.

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De g. à d. : le général Laurent Michon, le colonel Henri Le Losq et la capitaine Sandie Rohrbacher

Unidivers – Contrairement aux États-Unis et à de nombreux pays d’Europe, la France, notamment ses milieux culturels, entretient des relations historiquement distantes avec ce que représente l’armée. Comment l’expliquez-vous ?

Gal Laurent Michon – Le contexte historique national joue beaucoup. Dans les pays anglo-saxons, il y a une tradition des “bands”. Aux USA, en Angleterre, en Allemagne, dans les pays de l’Est, le nombre de formations qui réunissent des musiciens amateurs ou confirmés sont légion. Ainsi, aux USA par exemple, la plupart des unités militaires possèdent une formation musicale qui donnent régulièrement des concerts publics. En France, beaucoup moins. Un fait qui s’explique notamment par le net recul de la tradition des fanfares dans notre territoire, mais aussi par la dissolution de nombreux régiments depuis 30 ans, donc ipso facto de leurs formations musicales. En outre, on ne peut pas mettre sous le boisseau une petite tendance antimilitariste dans les milieux culturels français qui n’a pas joué en la faveur de rapprochements soutenues. Mais l’armée a elle aussi à se reprocher un certain manque d’ouverture. Pour autant, ces regrettables quant-à-soi semblent relever de plus en plus du passé. Les connexions et rapprochements s’opèrent et l’armée s’en félicite. L’avenir est au raffermissement des liens entre tous les citoyens de notre magnifique pays, y compris militaires, à travers un partage artistique et culturel.

Bruno Lejeune
Bruno Lejeune posant devant une exposition relative aux blessures et à la reconstruction des blessés

Unidivers – Quel parcours vous a conduit jusqu’à la direction de l’orchestre des Transmissions de Rennes dont vous avez pris les rênes en septembre 2023 ?

Bruno Lejeune – Je suis originaire de Montdidier dans la Somme où j’ai commencé enfant le piano. Mais un goût prononcé pour les grandes formations musicales m’a conduit à me former à la trompette. J’ai étudié au Conservatoire à rayonnement régional de Paris et la musicologie à l’université de Paris-Sorbonne. C’est en 2009 que j’ai réussi le concours de trompettiste des musiques de l’armée de Terre et me suis engagé comme militaire du rang. J’ai intégré la musique des Troupes de Marine à Versailles. En 2020, le concours de chef de musique des armées m’a conduit à la formation d’officier à l’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan avant une spécialité au commandement des musiques de l’Armée de Terre de Versailles. À la suite, j’ai été affecté à la musique de l’Infanterie à Lille puis à Rennes. J’étais ravi de m’installer en Bretagne que je connais bien pour y avoir passé des vacances et pour nourrir un attachement à Brocéliande et la geste arthurienne.

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Unidivers – La musique bretonne va-t-elle résonner dans les prochains concerts des Transmissions ?

Bruno Lejeune Unisson est l’une des six musiques militaires de l’Armée de Terre. Elle réunit presque 50 personnes et aime bien sûr puiser dans le patrimoine local. Pour autant, nous interprétons toutes sortes de musique : de la variété à l’opéra en passant par le jazz. Nous sommes naturellement ouverts à de nombreux courants culturels et expressions artistiques.

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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