L’exposition nomade de photo reportages Report Images #5, organisé par le Club de la presse de Bretagne, habille les murs de la ligne b de la station Sainte-Anne. Parmi les huit photo-reporters exposés, la journaliste et photographe française Rachida El Azzouzi dénonce dans sa série les conséquences dévastatrices du régime taliban, et l’oppression que les fondamentalistes infligent aux femmes.
Depuis 2017, le Club de la presse de Bretagne valorise la photographie d’actualité et le photojournalisme. Pour sa cinquième édition, Report Images propose de découvrir huit nouveaux regards sur le monde. Dans l’objectif de ces photo-reporters français engagés, plusieurs sujets sont mis en lumière : les réfugiés en Ukraine par Thomas Girondel, la collaboration d’ambulanciers arabes et juifs à Jérusalem par Raphaël Gotheil, l’embrasement de l’Ouest en été 2024 avec Mathieu Pattier, la difficulté du travail des éboueurs “les ripeurs” par Fabrice Picard, la détermination des migrants de Calais avec Pascal Rossignol et la stérilisation forcée des femmes du Groenland par Juliette Pavy. La série de Rachida El Azzouzi révèle quant à elle la crise alimentaire en Afghanistan, augmentée par l’arrêt de l’aide internationale.
« On a beaucoup parlé des talibans, car leur retour au pouvoir en 2021 était spectaculaire, mais aujourd’hui qui parle encore de ce pays ? Il y a une invisibilisation de la situation tragique et révoltante que connaît ce pays », introduit la journaliste et photographe française qui travaille au sein du journal indépendant d’investigation Médiapart.
Dans ses clichés, on sent de l’agitation dans les mouvement, de la détresse dans le regard. La figure féminine y apparaît particulièrement, et pour cause : la photographe a choisi de se concentrer sur les premières victimes de la famine, les femmes. « Ce sont les femmes qui portent les enfants, ce sont elles qui portent les foyers et ce combat qui est de trouver une galette de pain pour nourrir sa famille. » Quand elles sont absentes des clichés, c’est pour mieux montrer leur exclusion de la société, comme le démontre la photo qui ouvre la série, où seuls des jeunes garçons apparaissent : l’Afghanistan est le seul pays au monde qui interdit l’école aux fillettes après 10 ans. La seule possibilité pour elles, c’est d’aller à l’école coranique, institution religieuse. « On est dans un effacement total depuis maintenant trois ans. C’est un processus d’effacement méthodique dans l’oppression systématique et brutale dans tous les aspects de la vie. » Dans ce contexte, le cliché va plus loin et interroge l’avenir de ces garçons : que vont-ils devenir avec les années ? Quelle attitude auront-ils envers les jeunes filles de leur âge et, plus tard, avec leur future épouse ?
Cet axe, qui tient particulièrement à cœur à Rachida El Azzouzi, résonne d’autant plus que de nouvelles lois liberticides ont été annoncés par les talibans : interdiction faite aux femmes de chanter, de lire à voix haute et de parler dans l’espace public. « La voix, ce n’est pas rien, c’est la vie, c’est ce qui nous relie à l’existence. C’est aussi l’instrument de résistance des femmes », souligne la photographe. « En Afghanistan, la seule vraie résistance qui existe, c’est celle des femmes. Ici, elle nous parlait totalement inexistante, mais elle est réelle. Toucher à la voix, c’est continuer à les faire taire, à les terroriser donc c’est important de continuer à parler d’elles et leur donner de la visibilité », conclut-elle face à ses clichés exposés dans la station de métro Sainte-Anne, lieu de passage par excellence.
Retrouvez tous les photographes exposé.e.s :
1- El AZZOUZI RACHIDA : “L’Afghanistan sous les Talibans”
2- CHUBERRE OSCAR : “L’océanographie met les voiles”
3- GIRONDEL THOMAS : “Les roues de l’espoir, le skateboard face à la guerre”
4- GOTHEIL RAPHAËL : “Arabes et Juifs ensembles dans la même ambulance”
5- PATTIER MATHIEU : “Eté 2022, l’ouest s’embrase”
6- PAVY JULIETTE : “Spiralkampagnen, Stérilisation forcée des femmes du Groenland” 7- PICARD FABRICE : “Réforme des retraites : chez les éboueurs de Dinan”
8- ROSSIGNOL PASCAL : “Small Boat”
Retrouvez l’exposition nomade Report images #5 dans la station métro Sainte-Anne (ligne b) de Rennes.