Rennes. Plongez dans Spectral-Ink de Nicolas Bazoge les 10 et 11 octobre

Nicolas Bazoge

Le campus de Villejean, à Rennes, devient le théâtre d’une expérience immersive inédite, portée par l’artiste Nicolas Bazoge, les 10 et 11 octobre 2024. Avec Spectral_Ink, il fusionne lumière et son pour créer un univers envoûtant où se croisent les profondeurs marines et les mystères du cerveau humain. Une installation qui promet d’entraîner le public dans une exploration sensorielle unique, au croisement des arts technologiques et de l’imaginaire.

Nicolas Bazoge, artiste et créateur de Spectral_Ink, présente une performance hybride et captivante qui entremêle les spectres lumineux, les sons et les technologies pour évoquer les mondes cachés des abysses et de l’esprit humain. À travers cette création, il invite le public à vivre une expérience multisensorielle immersive, où chaque élément visuel et sonore devient une porte vers l’inconnu. Unidivers a rencontré l’artiste pour discuter de son parcours, de ses inspirations et de la genèse de ce projet fascinant.

Nicolas Bazoge

Unidivers – Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique et de vos différentes activités ?

Nicolas Bazoge – Je viens plutôt du théâtre et de l’éclairage à la base, du monde de la lumière en fait. Je travaille dans ce milieu depuis une vingtaine d’années. D’ailleurs, en ce moment, je travaille sur une création lumière pour un metteur en scène qui s’appelle Éric Vigner. À côté de ça, j’ai une activité artistique personnelle. Je crée des performances, des formes hybrides qui mêlent les arts technologiques, la lumière et la création sonore. Spectral_Ink est ma deuxième création, la première s’appelait Vis Insita, je l’ai créée en 2020 et elle a aussi été présentée au festival Maintenant. Nous arrivons à la fin de la période de création de Spectral_Ink, et les premières représentations sont prévues en octobre. [la création Spectral_Ink est présentée du 10 et 11 octobre, dans le cadre de la nouvelle édition du festival Maintenant, ndlr.]

U. – Qu’est-ce qui vous a conduit à explorer l’océan comme thématique centrale de votre travail, notamment dans le cadre de Spectral_Ink ?

Nicolas Bazoge – Je suis originaire de la campagne d’Auvergne et quand j’ai commencé à travailler dans le théâtre, j’ai voulu trouver un lieu de création situé au bord de l’océan. Je visais la façade atlantique, entre Saint-Malo et Bordeaux. J’ai trouvé un poste au Centre dramatique de Lorient où j’ai travaillé pendant 12 ans (2005-2017). En commençant Spectral_Ink, je me suis interrogé sur cette envie de vivre près de l’océan, car à l’époque, ce n’était pas complètement conscient. Je me suis aussi rappelé mon enfance. Je venais régulièrement en vacances en Bretagne avec mes sœurs et la découverte de cet environnement, alors totalement inconnu pour moi, me fascinait pour de nombreuses raisons, notamment son mystère et les possibilités qu’il ouvre d’un point de vue imaginaire. Les océans sont l’un des derniers endroits sur Terre qui n’ont pas été encore entièrement explorés, ce qui ouvre un vaste champ d’images et de récits qui m’intéressaient, et que j’ai voulu exploiter pour cette performance.

J’utilise les technologies pour créer, comme beaucoup aujourd’hui, mais je fais partie d’une génération qui a une relation ambivalente avec le numérique. D’un côté, elles résolvent bon nombre de nos problèmes quotidiens, mais en même temps, elles suscitent une méfiance, notamment en raison de la surveillance de masse. Ces sentiments, je les retrouvais face à l’océan. Quand j’étais enfant, l’excitation d’aller me baigner s’accompagnait d’une crainte : celle de l’inconnu sous la surface. J’ai voulu traiter cette ambivalence dans Spectral-Ink qui ne montre pas seulement un océan fantasmé ou ses abysses, mais intègre aussi une part d’obscurité, une dimension sombre.

U. – Comment les créatures abyssales et les éléments marins ont-ils influencé l’aspect visuel et sonore de votre installation ?

Nicolas Bazoge – Je suis parti d’images fantasmées de créatures abyssales lumineuses qui ont guidé l’aspect visuel du projet. Par exemple, les phares et les balises que l’on voit la nuit au loin, à l’horizon, dans le noir, créent des motifs lumineux rythmés. J’ai également voulu lier cette matière visuelle à la matière sonore. Pour cela, j’ai contacté l’organisme de recherche scientifique en mer Ifremer afin de récupérer des données et convertir la forme des vagues en ondes sonores. Avec Vivien Simon, qui m’accompagne sur ce projet, nous avons développé une application pour transformer ces données en sons. J’aime bien l’idée de mélanger les spectres lumineux et sonores en une seule matière et de jouer avec ça.

U. – Vous faites un lien entre les vagues marines et les ondes cérébrales. Comment percevez-vous cette analogie ?

Nicolas Bazoge – Je ne sais pas si l’analogie est directe, mais dans mon esprit, elle l’est. Visuellement et mentalement, je me représente ces flux de manière similaire. C’est une sensation pure, comme si nous étions encore connectés à cet océan d’où nous venons tous, même si cela remonte à très longtemps. J’ai l’impression qu’au fond de nous, il reste des réminiscences de cette vie aquatique.

Spectral_ink - Nicolas Bazoge - Résidence au Tambour - Rennes - Octobre 2023 - Photo Benoît Gaudin
Spectral_ink – Nicolas Bazoge – Résidence au Tambour – Rennes – Octobre 2023 – Photo Benoît Gaudin

U. – Pouvez-vous nous en dire plus sur la conception technique de Spectral_Ink et les défis rencontrés pour synchroniser les éléments visuels et sonores ?

Nicolas Bazoge – Le principe est que je suis seul en scène, je contrôle les sons avec des capteurs gestuels. J’utilise des contrôleurs peu conventionnels, comme des capteurs qui captent les mouvements de mes mains. Il a fallu développer des outils et des patchs pour que ces mouvements soient coordonnés avec le son et la lumière. J’ai utilisé un logiciel bien connu, Max, qui permet de faire interagir son, lumière et mouvement.

U. – En dehors des performances, que peut découvrir le public lors des moments d’installation en visite libre ?

Nicolas Bazoge – C’est une version automatisée de la performance, avec un peu d’aléatoire. À chaque boucle de l’installation, ce n’est pas toujours la même chose, même si la structure reste identique. Je m’intéresse beaucoup à la question de l’interprétation des musiques électroniques sur scène et à ce que l’on donne à voir au public en tant que musicien électronique. Je trouvais intéressant de proposer à la fois une installation autonome et une version performée où j’interviens afin que le public puisse comparer les deux, ou du moins vivre les deux. Cela permet de voir l’effet que produit la présence d’un humain au milieu de ce dispositif très technique et technologique.

U. – Comment espérez-vous que le public réagisse à cette immersion sensorielle et qu’avez-vous observé lors des premières représentations ?

Nicolas Bazoge – Je ne sais pas si j’ai vraiment des attentes. Ce qui me rassure et me plaît lors des premières représentations, c’est que l’ouverture à l’imaginaire est là. Chaque spectateur voit des choses différentes, son imaginaire est nourri par ce qu’il perçoit, et je trouve cela déjà formidable. Cela me suffit à être heureux. L’idée de ce projet est aussi de décloisonner les disciplines. Si cela peut inciter le public à s’ouvrir à d’autres formes et à aller vers des disciplines croisées, c’est aussi un des objectifs.

Spectral_ink - Nicolas Bazoge - Résidence au Tambour - Rennes - Octobre 2023 - Photo Benoît Gaudin
Spectral_ink – Nicolas Bazoge – Résidence au Tambour – Rennes – Octobre 2023 – Photo Benoît Gaudin

U. – Quel est le sens du titre Spectral_Ink ?

Nicolas Bazoge – Trouver un nom pour un projet n’est jamais facile. Pour moi, Spectral_Ink évoque plusieurs idées. Le mot spectral fait référence aux spectres lumineux et sonores, mais aussi aux fantômes, à ce qui est évanescent et mystérieux. L’élément Ink, qui signifie encre, symbolise l’idée de fixer ou de raconter quelque chose à travers ces spectres. Cela peut également faire référence à l’ancre, comme point de fixation pour les idées et émotions explorées dans le projet. Ce titre reflète aussi la structure narrative de la performance : elle a un début, un développement et une fin. Ce n’est pas juste une suite de spectacles ou d’effets, mais une véritable histoire, où chaque élément joue un rôle précis. Ink évoque aussi l’image de la pieuvre, ajoutant une dimension mystérieuse et profonde liée à l’océan. En somme, Spectral_Ink combine toutes ces idées pour offrir une expérience artistique qui dépasse la simple présentation visuelle et sonore.

INFOS PRATIQUES 

Performances par Nicolas Bazoge :  Jeudi 10 octobre à 13h, 18h et 20h , Vendredi 11 octobre à 12h et 13h

Installation visible en accès libre : Jeudi 10 octobre, de 13h à 20h , Vendredi 11 octobre, de 10h à 14h

Boucle d’environ 25 minutes

Gratuit, performance sur réservation

Le Tambour (bât. O), Campus de Villejean, 2 place du recteur Henri Le Moal 35000 Rennes

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