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Rennes. Un presque Mois des femmes riche de rencontres (programme)…

Depuis 27 ans, la Ville de Rennes célèbre le 8 mars la Journée internationale des droits de Femmes ! Il faut bien cela pour rééquilibrer le manque de visibilité des femmes dans la société. Plus de 70 événements sont programmés dans toute la ville au mois de mars. Une promotion internationale des droits des femmes du 8 au 21 mars 2025. Plus de 1 500 Rennais et Rennaises ont répondu à l’appel des collectifs féministes locaux.

 « Sans les femmes, le monde s’arrête. »

Cette année encore, les acteurs et actrices locaux se mobilisent pour offrir une riche programmation. Quelques temps forts à venir :

Vendredi 7 mars  Cérémonie du 8 mars : En présence de Nathalie Appéré, la cérémonie d’ouverture mettra à l’honneur le Planning familial d’Ille-et-Vilaine pour marquer les 60 ans de l’association et les 50 ans de la loi Veil. Sur inscription 

Dimanche 9 mars – Rennes féministe des années 1970 : Déambulation permettant au public de découvrir Rennes, ville engagée pour le combat des droits des femmes, à travers les lieux significatifs des luttes des années 70, 50 ans après la loi Veil. Organisé par Histoire du féminisme à Rennes. Inscription par mail avant le 7 mars : histoire.feminisme.rennes@gmail.com

Samedi 15 mars et dimanche 16 mars – Autodéfense Féministe : Stages d’autodéfense féministe pour les adolescentes et personnes trans / non binaires, pour les jeunes de 12 à 16 ans. Maison de quartier de la Bellangerais le 15 mars (inscriptions : 02 99 27 21 10) et Grand Cordel MJC le 16 mars (inscriptions : www.grand-cordel.com).

Du dimanche 9 mars au dimanche 16 mars – Festival Ré-Elles : Ce festival de cinéma fête sa 22ème édition et rend hommage, cette année encore, à la pluralité des luttes féministes et à la diversité des identités de genre à travers une programmation riche et des rencontres.  

Vendredi 21 mars – Racisme et Santé : Table ronde sur les impacts des discriminations sur la santé et les discriminations dans l’accès aux soins. Croisement de regards entre Yaotcha d’Almeida, psychologue et autrice de l’Impact des microagressions et de la discrimination raciale sur la santé mentale des personnes racisées et Lucie Obermeyer, Coordinatrice du pôle formation, ressources et égalité à l’association Migrations santé Alsace. Sur inscription

Découvrez l’ensemble de la programmation

Coup de projecteur sur la manifestation du 8 mars 2022 :

Le départ de cortège s’est effectué pour la première fois de Villejean à 12 h, une première qui donne un peu plus de visibilité aux femmes de quartier comme le souligne le collectif KUNDE, faire ensemble à Villejean. Il a ensuite rejoint République où le rassemblement s’est fait de plus en plus important. Entre les deux bouches de métro, les organisateur.rice.s s’occupent des derniers préparatifs : un petit groupe colle des feuilles de papier au sol. Sur chacune d’elles est inscrit le nom d’une femme décédée, son âge ainsi que la raison de son décès… En 2020, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Cette tradition dans les manifestations féministes rend hommage à toutes ces femmes disparues injustement. Un devoir de mémoire qui renforce le combat de chaque personne présente. 

À 14h, l’assemblée semble en ébullition, prête à faire entendre sa voix, à juste titre, pandémie ou pas. 

journée des femmes rennes
Témoignage de Dorice, travailleuse du sexe depuis 5 ans

Après les prises de parole des collectifs et les témoignages, le cortège de tête de la manifestation en mixité choisie (c’est-à-dire sans homme) a pris la direction de place de Bretagne. Sous un ciel bleu printanier, plusieurs centaines de personnes se sont mises en marche sous un tonnerre de slogans, parmi lesquels : « Le patriarcat ne tombera pas tout seul, organisons-nous pour lui péter la gueule » , « agresseur, à ton tour d’avoir peur ». Après « Un violador eres tu » en introduction musicale, l’hymne féministe a laissé la place à une musique joyeuse et dansante aux paroles entraînantes et diaboliquement féminines : Britney Spears, Rihanna, Yelle, Beyoncé, etc. L’enthousiasme et la combativité qui émanent de l’assemblée stimulent et les revendications criées donnent l’impression qu’elles pourraient braver l’impossible et briser toutes les chaînes. Ce sentiment de sororité n’a pas faibli, au contraire, jusqu’à l’arrivée à l’esplanade Charles de Gaulle.

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Durant cette période difficile, il semble plus important que jamais de se rassembler pour unir ses forces et les personnes présentes à la manifestation l’ont compris. Pour que la voix des femmes se fasse entendre, pour que les inégalités soient entendues. Après tout, « sans les femmes, le monde s’arrête ».

*

Les droits des femmes se sont construits en abordant des questions traditionnellement reléguées à l’espace privé : la maîtrise des naissances, le droit à disposer de son corps, la garde des enfants, la reconnaissance du travail des femmes, la lutte contre les violences faites aux femmes, etc. Le combat pour l’égalité a permis de légitimer des sujets ignorés — ou inconnus — par les politiques publiques. Ainsi, l’association HF Bretagne (créée en 2013 dans le but d’agir dans le sens de l’égalité hommes/femmes dans les milieux culturels) révèle que :
– 20 % des spectacles sont dirigés par des femmes.
– 16 % des textes et musiques que nous entendons portent la signature de femmes.
– 30 % des structures culturelles ont à leur tête une femme.
Encore plus énervant : la part féminine des diplômées d’écoles d’art est de 70 % en 2015 alors qu’elles sont seulement 30 % à être exposées.

Rendons grâce à la ville de Rennes d’avoir impulsé la création du premier bureau des temps qui travaille sur l’articulation des temps — personnel, familial, professionnel, social et civique… Des changements concrets ont ainsi pu voir le jour, par exemple pour les agents d’entretien — principalement des femmes — dont les horaires de travail ont été réaménagés en journée.

Cet engagement de Rennes en faveur de l’égalité a été reconnu par l’attribution, en 2000, de l’Olympe d’Or, puis du Label Égalité professionnelle, délivré en 2008 par l’AFNOR et reconduit en 2011. En 2006, la Ville a également signé la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les collectivités locales. Suite à la mutualisation d’un certain nombre de services, la Ville de Rennes et Rennes Métropole ont candidaté ensemble à la procédure de labellisation et obtenu, le 1er décembre 2014, le label Égalité professionnelle, certification de l’AFNOR.

« Qui va garder les enfants ? » s’inquiétait Laurent Fabius. La question va être brûlante dans de nombreux foyers, tant sont nombreux les débats, expositions, projections de documentaires et autres rencontres sur le thème de l’égalité des femmes et des hommes que proposent désormais chaque année cette belle journée d’affirmation des droits et de l’égalité.

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Coup de projecteur sur de la manifestation du 8 mars 2022

Le départ de cortège s’est effectué pour la première fois de Villejean à 12 h, une première qui donne un peu plus de visibilité aux femmes de quartier comme le souligne le collectif KUNDE, faire ensemble à Villejean. Il a ensuite rejoint République où le rassemblement s’est fait de plus en plus important. Entre les deux bouches de métro, les organisateur.rice.s s’occupent des derniers préparatifs : un petit groupe colle des feuilles de papier au sol. Sur chacune d’elles est inscrit le nom d’une femme décédée, son âge ainsi que la raison de son décès… En 2020, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Cette tradition dans les manifestations féministes rend hommage à toutes ces femmes disparues injustement. Un devoir de mémoire qui renforce le combat de chaque personne présente. 

À 14h, l’assemblée semble en ébullition, prête à faire entendre sa voix, à juste titre, pandémie ou pas. 

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Témoignage de Dorice, travailleuse du sexe depuis 5 ans

Après les prises de parole des collectifs et les témoignages, le cortège de tête de la manifestation en mixité choisie (c’est-à-dire sans homme) a pris la direction de place de Bretagne. Sous un ciel bleu printanier, plusieurs centaines de personnes se sont mises en marche sous un tonnerre de slogans, parmi lesquels : « Le patriarcat ne tombera pas tout seul, organisons-nous pour lui péter la gueule » , « agresseur, à ton tour d’avoir peur ». Après « Un violador eres tu » en introduction musicale, l’hymne féministe a laissé la place à une musique joyeuse et dansante aux paroles entraînantes et diaboliquement féminines : Britney Spears, Rihanna, Yelle, Beyoncé, etc. L’enthousiasme et la combativité qui émanent de l’assemblée stimulent et les revendications criées donnent l’impression qu’elles pourraient braver l’impossible et briser toutes les chaînes. Ce sentiment de sororité n’a pas faibli, au contraire, jusqu’à l’arrivée à l’esplanade Charles de Gaulle.

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Durant cette période difficile, il semble plus important que jamais de se rassembler pour unir ses forces et les personnes présentes à la manifestation l’ont compris. Pour que la voix des femmes se fasse entendre, pour que les inégalités soient entendues. Après tout, « sans les femmes, le monde s’arrête ».

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Les droits des femmes se sont construits en abordant des questions traditionnellement reléguées à l’espace privé : la maîtrise des naissances, le droit à disposer de son corps, la garde des enfants, la reconnaissance du travail des femmes, la lutte contre les violences faites aux femmes, etc. Le combat pour l’égalité a permis de légitimer des sujets ignorés — ou inconnus — par les politiques publiques. Ainsi, l’association HF Bretagne (créée en 2013 dans le but d’agir dans le sens de l’égalité hommes/femmes dans les milieux culturels) révèle que :
– 20 % des spectacles sont dirigés par des femmes.
– 16 % des textes et musiques que nous entendons portent la signature de femmes.
– 30 % des structures culturelles ont à leur tête une femme.
Encore plus énervant : la part féminine des diplômées d’écoles d’art est de 70 % en 2015 alors qu’elles sont seulement 30 % à être exposées.

Rendons grâce à la ville de Rennes d’avoir impulsé la création du premier bureau des temps qui travaille sur l’articulation des temps — personnel, familial, professionnel, social et civique… Des changements concrets ont ainsi pu voir le jour, par exemple pour les agents d’entretien — principalement des femmes — dont les horaires de travail ont été réaménagés en journée.

Cet engagement de Rennes en faveur de l’égalité a été reconnu par l’attribution, en 2000, de l’Olympe d’Or, puis du Label Égalité professionnelle, délivré en 2008 par l’AFNOR et reconduit en 2011. En 2006, la Ville a également signé la Charte européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les collectivités locales. Suite à la mutualisation d’un certain nombre de services, la Ville de Rennes et Rennes Métropole ont candidaté ensemble à la procédure de labellisation et obtenu, le 1er décembre 2014, le label Égalité professionnelle, certification de l’AFNOR.

« Qui va garder les enfants ? » s’inquiétait Laurent Fabius. La question va être brûlante dans de nombreux foyers, tant sont nombreux les débats, expositions, projections de documentaires et autres rencontres sur le thème de l’égalité des femmes et des hommes que proposent désormais chaque année cette belle journée d’affirmation des droits et de l’égalité.

Dreistden : le savoir-faire breton au service d’une mode intemporelle

À Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor, une nouvelle marque de textile français s’inscrit dans l’héritage d’un artisanat authentique : Dreistden. Créée en 2024 par Vincent Blanchard, cette marque émergente ambitionne de redonner ses lettres de noblesse à la mode bretonne en s’inspirant des légendes arthuriennesDes pulls haut de gamme, une laine d’exception, un design inspiré et une fabrication locale, voici les promesses de Dreistden.

Dès qu’on touche un pull Dreistden, on perçoit immédiatement sa douceur. Tricotés en 100 % laine Mérinos, ces vêtements offrent confort, texture veloutée et une capacité thermorégulatrice. En hiver, ils conservent la chaleur, et en été, ils restent légers et respirants, sans jamais irriter la peau. Cette laine, connue pour sa finesse et sa résistance, provient d’élevages sélectionnés et est travaillée en Bretagne avec une exigence artisanale.

Dreistden ne se contente pas de proposer des vêtements de qualité, elle les inscrit dans une histoire légendaire. Les noms de ses modèles – Perceval, Lancelot, Arthurien – sont un hommage à l’univers des chevaliers de la Table Ronde. Chaque pièce est conçue dans un style à la fois intemporel et masculin, avec une coupe légèrement ajustée, un col rond subtilement montant, et des finitions soignées.

Côté couleurs, Dreistden joue sur des teintes naturelles et élégantes :

✔ Écru, pour un style épuré et lumineux
✔ Vert forêt, rappelant les paysages de Bretagne
✔ Gris anthracite, sobre et raffiné
✔ Bleu marine, un grand classique indémodable

Dreistden

Contrairement à la fast fashion, Dreistden prône une mode responsable et localeTous les pulls sont tricotés et confectionnés en Bretagne, dans un atelier labellisé « France Terre Textile », garantissant un savoir-faire d’exception et un impact environnemental réduit. Pas de production de masse, mais des séries limitées, qui privilégient la qualité à la quantité.

Pourquoi choisir Dreistden ?

✔ Un vêtement durable et éthique : la laine Mérinos ne bouloche pas, garde sa forme et s’entretient facilement
✔ Une sensation de confort inégalée : douceur, légèreté, et aucune irritation
✔ Un style chic et intemporel : parfait pour un look élégant au quotidien
✔ Une production locale et responsable : un soutien à l’artisanat breton

Où acheter un pull Dreistden ?

Les modèles Dreistden sont disponibles sur leur site officiel : www.dreistden.com. Les prix des chandails Dreistden tournent autour de 149 €, un investissement pour un pull qui durera des années.

Génial : Yawa extrait l’eau potable de l’humidité atmosphérique !

Yawa est une technologie innovante développée par le biologiste péruvien Max Hidalgo Quinto, conçue pour extraire l’eau potable de l’humidité atmosphérique en utilisant une éolienne portable. Ce dispositif est capable de produire jusqu’à 300 litres d’eau potable par jour, offrant une solution durable aux communautés confrontées à des pénuries d’eau.

Fonctionnement de la technologie Yawa

Le système Yawa exploite les principes de flux d’air, de pression et de température pour condenser la vapeur d’eau présente dans l’air ambiant. L’éolienne capte l’humidité atmosphérique, qui est ensuite condensée pour produire de l’eau potable. Cette approche est particulièrement efficace dans les zones où les méthodes traditionnelles d’approvisionnement en eau sont limitées ou inexistantes.

Conception écologique et utilisation de matériaux recyclés

Dans une démarche respectueuse de l’environnement, Yawa est fabriqué principalement à partir de matériaux recyclés, réduisant ainsi l’utilisation de plastique et l’empreinte écologique du dispositif. Cette conception durable facilite également l’entretien et la réparation du système par les communautés locales, assurant une autonomie et une résilience accrues.

Applications pratiques et lieux d’utilisation

Le système Yawa trouve des applications variées dans plusieurs contextes. Il est particulièrement utile dans les zones arides et semi-arides, où l’accès à l’eau potable est limité. Il peut être installé dans les villages reculés, les camps de réfugiés, et les bases militaires en zones désertiques. De plus, Yawa peut être d’une grande aide en cas de catastrophes naturelles, comme les ouragans ou les séismes, lorsque les infrastructures hydrauliques traditionnelles sont endommagées. Son potentiel est également intéressant pour les exploitations agricoles, permettant d’irriguer des cultures dans des zones sujettes à la sécheresse et d’assurer un approvisionnement constant en eau pour l’élevage.

Reconnaissance internationale et impact potentiel

L’innovation apportée par Yawa a valu à Max Hidalgo Quinto plusieurs distinctions, notamment le prix des Jeunes Champions de la Terre décerné par le Programme des Nations unies pour l’environnement en 2020. Cette reconnaissance souligne le potentiel de Yawa à transformer l’accès à l’eau potable dans les régions arides et isolées, en offrant une alternative viable aux infrastructures coûteuses et complexes.

En combinant ingénieusement les ressources naturelles renouvelables et une conception durable, Yawa représente une avancée significative dans la lutte contre la pénurie d’eau potable, en particulier pour les communautés vulnérables aux effets du changement climatique.

Les Chats de ma vie de Colette : Sa Majesté le Chat 

Les chats peuplent l’oeuvre de Colette, et ce livre publié aux éditions Grasset, parle d’eux. Dans ce beau « Cahier Rouge », ses compagnons préférés ont le rôle principal.

La Grande Colette, ainsi que l’appelait Cocteau, restera à jamais l’amie des chats, ces félins qui l’accompagnèrent assidûment depuis que Claudine ouvrit ses cahiers d’écriture. Aujourd’hui, Arthur Habib-Rubinstein, directeur de Page Educ’, un média éducatif des plus remarquables, s’est penché sur cet amour des bêtes et a sélectionné et présenté les pages essentielles de toute la production de Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954) ; depuis Dialogues des bêtes (1904) jusqu’à Paris de ma fenêtre (1944), en passant, inéluctablement, par La Chatte (1933), exaltant toujours la fière majesté de la race des chartreux aux yeux de couleur or et cuivre, et faisant défiler en toute circonstance et toute position Sa Majesté le Chat. Et voilà ce beau livre à feuilleter et caresser, ronronnant entre les lignes.

les chats de ma vie

« Dans ma vie… il y a eu le chat », écrivait Colette, soulignant l’amour exclusif que donnent les félins et le réconfort de leur présence, le spectacle de leurs mimiques et de leur comportement, et, peut-être même, la leçon de morale et de sagesse qu’ils peuvent dispenser. Rien n’est plus zen qu’un chat, que ne l’a-t-on dit ! Celle que sa mère appelait « Minet-chéri » ne pouvait que se destiner à l’amour des bêtes, des chats pour l’essentiel, et à en nourrir les pages de ses livres. D’où cet aveu en forme de profession de foi : « À l’espèce chat, je suis redevable d’une certaine sorte, honorable, de dissimulation, d’un grand empire sur moi-même, d’une aversion caractérisée pour les sons brutaux, et du besoin de me taire longuement. »

Ainsi pour elle le chat est une leçon de vie. Il est, comme le souligne son préfacier, « le lien entre le réel et l’imaginaire », reliant étroitement l’autobiographie et la fiction. C’est d’ailleurs pourquoi Serge Doubrovsky, qui a inventé le terme littéraire d’« autofiction », estime que Colette nous en a donné la première référence avec La Naissance du jour (1928). Mais surtout Colette est, peut-être, la première à faire du chat un authentique protagoniste, un acteur de fiction au sens plein, un « héros » romanesque. À cet égard, le récit
La Chatte, revisitant le fantasme du triolisme, nous présente un très insolite trio amoureux : l’amant, la maîtresse et la chatte. « 
Saha, chatte maîtresse », tel est le titre accordé à cette chatte qui est la rivale de la maîtresse, au point que cette dernière cherche à la tuer, en la précipitant du haut du balcon, pour finir par s’en aller, éconduite, écœurée par la préférence de son ami pour sa féline, donnant lieu à la plus belle des scènes érotiques :

« Dès qu’il supprima la lumière, la chatte se mit à fouler délicatement la poitrine de son ami, perçant d’une seule griffe, à chaque foulée, la soie du pyjama et atteignant la peau juste assez pour qu’Alain endurât un plaisir anxieux… Il caressa le pelage de la chatte, chaud et frais, fleurant le buis taillé, le thuya, le gazon bien nourri. Elle ronronnait à pleine gorge, et dans l’ombre elle lui donna un baiser de chat, posant son nez humide, un instant, sous le nez d’Alain, entre les narines et la lèvre. Baiser immatériel, rapide, et qu’elle n’accordait que rarement…

Ah ! Saha, nos nuits… »

Il est difficile et rare d’aller aussi loin dans la description d’un amour animalier, avec une telle précision de termes, et cette belle sensualité. Une sensualité qui était celle-là même qui habitait Colette qui, un temps, se produisit comme actrice et se déguisa, bien entendu, en chatte, dans cette fameuse pantomime « La Chatte amoureuse » qu’elle interpréta en 1912 au Ba-Ta-Clan, là même où se produisirent Mistinguett et Maurice Chevalier, un café-concert qui deviendrait après la guerre notre Bataclan, de triste mémoire.

On n’oubliera pas, non plus, la danseuse nue qu’elle fut un temps, après sa séparation avec Willy et dans l’obligation de gagner sa vie. Et elle apparaissait sur la scène du Moulin Rouge nue sous une peau de panthère. On ne peut que l’associer au fameux film de Jacques Tourneur, La Féline (Cat people, 1942) où l’actrice Simone Simon avait été choisie justement pour son minois de chatte, et nul doute que l’influence de Colette, de son anthropomorphisme bestial ou de sa zoophilie humaine, y est palpable, la thèse du film, baignant dans l’onirisme et le fantastique, étant que la femme rétive au plaisir sexuel et que l’homme embrasse sur la bouche se transforme en panthère, en chat géant, qui déchire de ses griffes son pauvre amant.

la feline jacques tourneur
La Féline de Jacques Tourneur

Colette vit-elle ce film hollywoodien, qui ne fut projeté en France que bien après la guerre ? Sans nul doute l’actrice au visage de chatte renvoie bien à la pantomime animalière de la « Grande Colette ». Il est certain, en tout cas, que Colette, dans ses récits et notamment dans la série des Claudine, « bestialise » les humains ; ne parle-t-elle pas de la professeure d’anglais qui « a des yeux de chat [qui] brillent tout or, malins, câlins » ? Ou de l’élève qui fait « une grimace de chat incommodé » ? Quand elle ne représente pas le couple qu’elle compose entre Claudine et Rézi, dans Claudine en ménage, comme « deux chattes dépaysées » ! En vérité, comme l’écrit si bien Arthur Habib-Rubinstein, « le chat est central dans le bestiaire de Colette ».

Et le signataire de ces lignes qui mène pareillement une vie amoureuse avec une chatte qui pourrait bien être « chartreux » si elle n’était si noire, venue d’Égypte peut-être ou de la lointaine Inde d’où est originaire la race Bombay, et qui puise à son contact la seule sérénité capable de lui faire supporter la tragédie aux cent actes divers qui compose désormais le spectacle quotidien du monde, puise enfin dans la lecture de ces pages, heureusement remises en circulation dans ce beau « Cahier Rouge », la jouissance littéraire que Roland Barthes qualifiait de « plaisir du texte ».

colette les chats de ma vie
« Shani » par Camille Tcha

Colette, Les Chats de ma vie. Anthologie réalisée et préfacée par Arthur Habib-Rubinstein. Éditions Grasset, Les Cahiers Rouges, 134 p., 9,50 €. Parution : 19 février 2025

Erik Johansson, entre réalité et imagination à l’Université Rennes 2

Sur le campus de Villejean, l’exposition en plein air Above and Beyond invite à plonger dans l’univers d’Erik Johansson jusqu’au 4 juillet 2025. Ses photographies mêlent surréalisme et réalisme dans des compositions aussi complexes qu’envoûtantes.

Erik Johansson est un artiste et photographe suédois, né en 1985 à Götene, une petite ville du sud de la Suède. Actuellement installé à Prague, il est reconnu pour ses photographies surréalistes qui mélangent habilement des éléments de la réalité et de l’imaginaire. Johansson se distingue par sa démarche artistique unique, dans laquelle il s’efforce de capturer non seulement des instants, mais aussi des idées. Pour lui, la photographie ne consiste pas simplement à figer un moment, mais à résoudre le défi de rendre l’impossible crédible et réalisable.

erik johansson
Erik Johansson

Sa passion pour l’art a commencé dès son enfance, bercée par un environnement rural où il passait beaucoup de temps dans la nature. Influencé par sa grand-mère, une peintre, il développe un goût pour le dessin. Mais c’est au moment où il reçoit sa première caméra numérique, à 15 ans, que sa pratique artistique prend un tournant. Il expérimente la manipulation de photos sur ordinateur, créant des images qui ne pouvaient être capturées de manière conventionnelle. Cette passion pour l’édition d’images évoluera au fil du temps, l’amenant à se spécialiser dans l’art de la manipulation photographique.

Après des études en ingénierie informatique à l’Université de Technologie de Chalmers, Johansson commence à travailler comme freelance, tout en continuant à développer ses projets personnels. Son parcours le mène de la Suède à Berlin, puis à Prague, où il s’installe définitivement. C’est là qu’il se consacre pleinement à la photographie, acceptant parfois des commandes publicitaires, mais privilégiant toujours ses projets personnels.

Le travail d’Erik Johansson se caractérise par un style unique : le surréalisme photographique réaliste. Ses créations mêlent souvent des paysages familiers, comme ceux de la campagne suédoise, à des éléments fantastiques ou incongrus. La précision technique et la recherche de réalisme dans ses images, malgré leur nature irréelle, sont des éléments qui définissent son travail. En effet, chaque image, qu’il s’agisse de la capture de la lumière ou du choix des perspectives, est le fruit d’une réflexion approfondie, où le défi est de rendre l’imaginaire aussi tangible que possible.

Parmi les artistes qui l’inspirent, on retrouve des maîtres du surréalisme comme M.C. Escher, René Magritte ou Salvador Dalí, mais aussi des artistes contemporains tels que Jacek Yerka ou Rob Gonsalves. C’est d’ailleurs dans cette approche qu’il puise l’essence de son travail : fusionner la réalité et l’imaginaire tout en maintenant une cohérence visuelle parfaite.

Johansson utilise principalement des outils comme les appareils photo Hasselblad et le logiciel Adobe Photoshop pour la post-production. Son processus créatif se divise en trois étapes majeures : la planification, la prise de vue et l’assemblage des images. Ce dernier aspect, bien qu’il semble être le plus simple, est en réalité le résultat de plusieurs mois de travail préalable pour garantir la cohérence et la crédibilité de l’image finale.

Erik Johansson - The Swedish Space Program
Erik Johansson – The Swedish Space Program

L’artiste a partagé son travail à travers de nombreuses expositions internationales et a publié plusieurs livres, dont son ouvrage IMAGINE, sorti en 2016, qui réunit ses projets personnels. En 2023, il sort Make Believe, un autre recueil de ses œuvres. Sa démarche est une invitation à explorer les frontières entre le possible et l’impossible, tout en proposant une réflexion sur la perception visuelle du monde qui nous entoure.

En ce moment :

L’exposition Above and Beyond offre une belle occasion de découvrir des œuvres visuelles en plein air sur le campus Villejean (batiments D et P), avec des images qui captivent par leur format impressionnant. Elle met en avant une série de 24 photos, dont 9 sont verticales (100 cm x 150 cm) et 16 horizontales (150 cm x 100 cm), à découvrir jusqu’au 4 juillet 2025.

Campus de Villejean (Pl. Recteur Henri le Moal, 35000 Rennes)
En plein air

Site internet d’Erik Johansson

Rennes Métropole. Agression d’Anton Burel à Cintré, subterfuge ou déni de réalité ?

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Le samedi 22 février 2025, Anton Burel, élu municipal à Cintré, a déclaré avoir été agressé à la sortie d’un bar de la commune d’Ille-et-Vilaine par des militants néo-nazis. Les résultats de l’enquête contredisent sa version des faits.

Les faits se seraient déroulés lundi peu avant minuit. Anton Burel, militant de la gauche indépendantiste bretonne, passait la soirée avec une trentaine d’habitants de Cintré dans un bar de la commune. Selon son témoignage, l’ambiance était bonne jusqu’à ce qu’un groupe de six jeunes hommes, extérieurs au village, attire l’attention par leur comportement.

« Vers 23 heures, le gérant nous a dit qu’il allait fermer car il avait déjà eu maille à partir avec eux et qu’il ne voulait pas que ça dégénère », raconte Anton Burel à Libération. Une fois à l’extérieur, la situation a rapidement pris une tournure inquiétante. « Le groupe s’est mis à lancer des slogans nationalistes comme La France aux Français et à faire des saluts nazis devant tout le monde », poursuit l’élu. « Je me suis approché de celui qui avait fait le salut hitlérien et je lui ai dit que ce genre de geste et leurs propos racistes n’avaient rien à faire ici. » C’est à ce moment-là que l’agression a eu lieu.

Anton Burel décrit une scène rapide et brutale : « J’ai pris un coup de poing dans l’œil et un autre à la mâchoire. Je suis tombé à la renverse et j’ai percuté le trottoir. Ma tête a cogné et j’ai perdu connaissance. » Lorsqu’il revient à lui, il est sonné et encore confus sur les circonstances exactes de l’attaque. Les témoins présents sur place confirment que plusieurs individus ont participé à l’agression et que la scène s’est déroulée en quelques instants avant que les agresseurs ne prennent la fuite.

Deux plaintes ont été déposées, et une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs des violences et déterminer les circonstances exactes des faits.

L’enquête de la gendarmerie, sous la supervision du parquet, a abouti à une conclusion très différente des propos rapportés par l’élu. Après analyse des images de vidéosurveillance et recueil de plusieurs témoignages, le procureur de la République de Rennes a affirmé qu’aucun salut nazi ni chant raciste hitlérien n’a été observé avant ou pendant l’agression.

Les enquêteurs évoquent plutôt une altercation à la sortie du bar, sans motivation politique avérée, avec des personnes qui semblent issues de la communauté du voyage, une communauté qui est fort peu adepte des thèses d’extrêmes-droites eu égard à sa persécution par les nazis durant la Seconde guerre mondiale. Ils reconnaissent qu’Anton Burel a bien été frappé, mais contestent l’existence des éléments liés à une idéologie d’extrême droite.

Malgré ces conclusions pourtant étayées, Anton Burel maintient son témoignage et dénonce un déni de réalité ; déni de réalité que certains lui renvoient en l’accusant d’avoir volontairement arguer d’une agression extrémiste afin d’attirer les feux médiatiques sur sa personne. L’affaire suscite une importante réaction publique.

Que faire à Rennes ce weekend ? Idées de sorties !

Que réserve le weekend du 7au 9 mars aux Rennais ? Au milieu de la profusion d’événements organisés ce weekend à Rennes, retrouvez la sélection hebdomadaire d’Unidivers ! Payant ou gratuit, pour petits et grands, en intérieur ou en extérieur, à vous de choisir ce qui vous plaira…

Musique entres deux mondes : Amérique(s), Opéra de Rennes, vendredi 07 mars à 19h et 21h

LOpéra de Rennes et le Conservatoire de Rennes présentent le concert Musique entre deux mondes : AmériqueS. À travers des œuvres captivantes de compositeurs latino-américains et nord-américains, l’Orchestre symphonique transporte un voyage fascinant entre tradition et modernité, rythmes populaires et compositions contemporaines. 

En prélude, Yanaël Tamby présente pour la première fois Les pleurs de la nature, une fantaisie lyrique en un acte. Cette création pour un ensemble de musique de chambre et chœur a été conçue en résonance avec des illustrations et films d’animation imaginés par Jasper Goujon.

Infos pratiques : Opéra de Rennes. Place de la Mairie, Rennes. Billetterie

orchestre opéra de rennes

Soirée Rennes de la nuit : L.U.T.T.E.R., MJC Le Grand Cordel, vendredi 07/03 – Gratuit

En partenariat avec le dispositif Rennes de la Nuit, l’Agrafe et Le Trombone. Le Grand Cordel accueille, de 19h à 00h, une soirée organisée par Le Pilli-Collectif, L’Arène Théâtre et l’ASCREB. Au programme : ateliers, spectacle immersif sur la Commune de Paris et concert de musique électronique. Un bar (sans alcool) et une restauration seront disponibles sur place. L’entrée est libre, dans la limite de la jauge.

Infos pratiques : MJC Le Grand Cordel. 18 rue des Plantes, Rennes.

Revers | Projection et master class carte blanche à Maria Kourkouta, vendredi 7 et  samedi 8 mars 

Dans le cadre de Revers, l’association Comptoir du doc et le cinéma Arvor accueillent la réalisatrice, monteuse et productrice Maria Kourkouta. Dans cette carte blanche, elle a choisi, pour accompagner une sélection de ses propres films, de programmer deux films de la cinéaste grecque Eva Stefani qui donnent à voir eux portraits de solitudes populaires au cœur de la ville : La Boîte et Quelle heure est-il ? . À savoir que ces derniers seront projetés en anglais avec des sous-titres anglais tandis que ceux de Maria Kourkouta seront sous-titrés en français. (Plus d’info)

Samedi 8 mars à 14h, Maria Kourkouta animera également la master class “Démontage – La fabrique des films de Maria Kourkouta”. Gratuit sur inscription

Infos pratiques : Cinéma Arvor. 5D Rue de Châtillon, Rennes.

maria kourkouta revers

Brocante Antiquités de Dubalai Débarras, samedi 8 et dimanche 9 mars 

Si votre petite plaisir est de flâner de stand en stand : l’entreprise rennaise Dubalai Débarras ouvre son entrepôt pour sa grande vente mensuelle. Devant vos yeux, 300m2 d’antiquités brocante : des objets anciens et décoratifs au mobilier XXe siècle en passant par celui d’époque ou de style, vous ne saurez plus où donner de la tête entre les luminaires, l’argenterie, la verrerie ou encore les livres et vinyles. Vous l’avez compris, il y en aura de toutes les époques et pour tous les goûts.

Infos pratiques : Dubalais Débarras. 10 rue de la Retardais, Rennes.

dubalai débarras

Visite guidée “Trois femmes qui ont marqué l’histoire du numérique”, Musée des Transmissions, Cesson-Sévigné, 8 mars à 14h30 – Gratuit 

Dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes (programme du mois de mars à Rennes), le musée des Transmissions, à Cesson-Sévigné, met en avant trois pionnières de l’Informatique, trois femmes qui ont façonné l’histoire de la technologie :  

  • -Première programmeuse au monde, Ada Lovelace (1815-1852) a écrit le premier algorithme pour une machine, visionnaire de l’ère informatique.
  • -Pionnière française, Alice Recoque (1929-2021) qui a contribué au développement du Mitra 15, premier mini-ordinateur français.
  • -Frances Allen (1932-2020) fut la première femme à recevoir le prix Turing. Elle a révolutionné l’optimisation des compilateurs.

Infos pratiques : 6 avenue de la Boulais, 35510 Cesson-Sévigné, France

ada lovelace
Portrait de Ada Lovelace, peinte Alfred Edward Chalon

Atelier « Respiration, aisance et puissance vocale », Jardin Moderne, samedi 8/ de 14h15 à 17h30 – 15€/35€

Professeure de technique vocale, chant clair et saturé, Laetitia Jehanno propose, dans cet atelier, de découvrir les fondamentaux et piliers de la technique vocale afin de mieux gérer les efforts vocaux. Ouvert à toutes et tous, aux personnes débutantes et confirmées (à partir de 14 ans), il sera consacré au travail sur la respiration, la résonance, les aiguës et la puissance vocale. Le matériel requis ? Rien d’autre que des vêtements amples et confortables. 

Infos pratiques : Le Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, Rennes. Billetterie

jardin moderne rennes
© Camille Le Guellec

Repas tchèque au café associatif des Gallets, samedi 8/03 à 19h – 10€/14 €

Geneviève et Ilona de la ferme des Gallets proposent une soirée aux saveurs de la République tchèque. Au menu : soupe d’hiver, knödles fourrés de viande de porc fumée accompagnés de choux et pomme au four. Pour que les saveurs tchèques soient totales, le café associatif vendra aussi des bières tchèques en bouteille. À savoir que le café peut vendre de l’alcool uniquement à ses adhérent·e·s, alors pensez à adhérer pour l’année civile 2025. 

Attention les places sont limitées. Tarifs sur réservation : Comptez 14€ pour le repas adulte et 10€ pour le repas enfant. 

Infos pratiques : Ferme des Gallets, 26 av Pierre Donzelot, 35700 Rennes. 

repas tcheque ferme des gallets

Vernissage Mélissa Follet, Le MUR de Rennes, dimanche 9 mars à 16h – Gratuit 

Samedi 8 et dimanche 9 mars, la Rennaise Mélissa Follet sera la 43e artiste à recouvrir Le MUR de Rennes d’une de ses œuvres. La muraliste développe un art du vivant réaliste rempli de finesse et d’émotions. Le regard des espèces animales qu’elle reproduit transperce le support sur lequel elles sont peintes pour toucher le public et l’interpeller sur une cause animale et la préservation du Vivant. Le vernissage a lieu en présence de l’artiste à 16h dimanche 9 mars 2025. 

Infos pratiques : Le MUR de Rennes. 34 rue Vasselot.

melissa follet mur de rennes

Retrouvez tout l’agenda de vos sorties à Rennes ici :

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Lorient. Le cinéma de mon père de Guy Brunet à la Galerie du Faouëdic

L’artiste Guy Brunet propose une exposition originale autour de sa passion pour le 7e art à la Galerie Du Faouëdic de Lorient dans le Morbihan, jusqu’au dimanche 13 avril 2025. À l’aide de silhouettes à l’effigie des plus grandes stars de cinéma, d’affiches, de films et de décors, l’exposition offre une plongée dans un univers sensible et décalé, tout en présentant le processus créatif de l’artiste.

Le cinéma de mon père est une exposition ludique et originale organisée par La Galerie du Faouëdic en partenariat avec le Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole. Elle présente l’univers et le parcours de Guy Brunet, un artiste autodidacte à la technique basique qui a réinventé le cinéma pour réaliser « son cinéma à lui ». À travers des décors de films, il a créé des silhouettes d’actrices et d’acteurs en carton avec des scénarios.

Le cinéma de mon père

L’exposition présente aussi ses premiers dessins, ses affiches et ses extraits de films. La dizaine d’affiches de cinéma et les silhouettes des nombreuses stars françaises et étrangères, telles que Catherine Deneuve, Sophie Marceau, Jean Marais, Claire Chazal ou encore Elizabeth Taylor, Gene Tierney, Yvonne De Carlo, Charlton Heston, et Grégory Peck, ont toutes été réalisées à la main ! Au total, Guy Brunet est producteur d’une quinzaine de films et auteur de 350 scénarios.

Pour enrichir cette immersion, la Galerie Du Faouëdic propose une série de rendez-vous tout au long du mois de mars :

Biographie :

Guy Brunet, né en 1945 à Viviez dans l’Aveyron, est fasciné par le cinéma dès son enfance. Parce que Charles Brunet, son père, est projectionniste ambulant, programmateur de films et gérant du cinéma Le Plaza dans le Tarn, le jeune Guy baigne tout jeune dans le monde du cinéma. En regardant les films projetés, il en développe une véritable passion. Il réalise très tôt des dessins consacrés au cinéma et, adolescent, il écrit son premier scénario. Une fois adulte, il doit patienter de nombreuses années pendant lesquelles il travaille en qualité d’électricien et vendeur d’électroménager à Montauban (82) et à Cahors (46), puis ouvrier dans sa ville natale avant de pouvoir exaucer son rêve : celui de devenir réalisateur.

En 1986, Guy Brunet profite d’un licenciement économique pour refuser les emplois qu’on lui propose pour enfin se consacrer à sa passion ; il n’a ni les moyens techniques, ni les moyens financiers. Il est sans formation, en dehors de sa culture cinématographique. Il crée une firme de cinéma, à laquelle il donnera le nom de Paravision en 2001, dans sa ville natale. Il achète sa première caméra, un caméscope VHS, et réalise son premier film en hommage à son réalisateur préféré, le producteur américain Cecil Blount DeMille (1881-1959) : il est constitué uniquement d’extraits de films du cinéaste. Dans son studio de tournage, Guy Brunet filme, dans un ordre chronologique, des successions de plans avec ses acteurs placés devant des décors peints sur carton pour contextualiser la scène.

Guy Brunet endosse les différents métiers nécessaires à la fabrication d’un film : il est réalisateur, producteur, scénariste, dialoguiste, décorateur, constructeur, graphiste, publicitaire et présentateur ; les acteurs, dont il fait toutes les voix, sont tous en cartons. Au total, l’artiste autodidacte réalise près de 1000 silhouettes d’actrices et d’acteurs, en recréant la voix de chacune des vedettes qui tournent dans ses films.

En 2009, Guy Brunet s’attache à transmettre un moment clef de l’histoire de l’Occitanie en réalisant le film Les Cathares, dans lequel il révèle ses convictions religieuses.

Le Cinéma de mon père donne à voir le monde d’illusions et de couleurs du cinéaste libre Guy Brunet, l ‘histoire de sa passion et sa dévotion. De l’art brut au doux rêve, cette exposition permet aux visiteurs de renouer avec leur passion d’enfant et de partager de  beaux moments d’échanges autour de l’univers unique et formidable de Guy Brunet, composé d’acteurs, de producteurs, de compositeurs, aussi de chanteurs et d’animateurs de la télévision ou de la radio, car toutes et tous composent sa famille de cinéma…

Infos pratiques :

Exposition Le Cinéma de mon père de Guy Brunet jusqu’au dimanche 13 avril 2025. Gratuit pour tous
Galerie du Faouëdic à Lorient (56)

 Contact : 02 97 02 22 57  ou/et  galeriedufaouedic@lorient.bzh  

The Brutalist : chef-d’œuvre ou prétention creuse ?

Sorti en France en février 2024 en France, nommé 7 fois aux Golden Globes, avec Adrien Brody, sacré meilleur acteur aux Oscars, Felicity Jones et Guy Pearce, The Brutalist a suscité une vague de réactions contrastées parmi les spectateurs. Ce film d’auteur ambitieux, réalisé dans un format VistaVision rare, se distingue par une esthétique soignée et une mise en scène recherchée. Mais entre les louanges et les critiques acerbes, que faut-il en retenir ?

Une ambition cinématographique indéniable

De nombreux spectateurs saluent la prouesse technique et artistique du film. The Brutalist est perçu comme un « film-monument », une œuvre qui interroge le rapport entre l’art, le capitalisme et la mémoire historique. Adrian Brody, dans le rôle principal, est largement reconnu pour sa performance intense et habitée. L’esthétique du film fait également l’unanimité chez une partie du public : la photographie, la mise en scène et la bande-son immersive sont autant d’éléments qui marquent les esprits. Certains considèrent que l’expérience cinématographique est bouleversante.

Un film jugé prétentieux et inutilement long

Mais cette ambition se retourne contre le film aux yeux de nombreux spectateurs. La durée (3h35, plus un entracte) est largement critiquée, certains allant jusqu’à qualifier l’œuvre de « supplice cinématographique ». Plusieurs spectateurs regrettent que le film se perde dans des longueurs et des digressions inutiles, avec un scénario souvent jugé confus, voire inabouti. D’autres critiques portent sur le caractère artificiel du film : une mise en scène esthétisante qui masque un propos jugé creux et convenu. Certains lui reprochent une posture « prétentieuse » qui donnerait plus dans la démonstration formelle que dans l’émotion sincère.

Des thématiques importantes, mais survolées

L’histoire du film, centrée sur un architecte hongrois rescapé de la Shoah tentant de s’intégrer dans l’Amérique des années 50, suscite également des débats. Certains saluent un récit poignant sur la difficulté de réaliser son art dans une société dominée par les rapports de pouvoir et les discriminations. Mais d’autres jugent que le film se complaît dans des caricatures : les personnages sont trop manichéens, les symboles trop appuyés, et l’approche de l’architecture brutaliste est jugée superficielle, voire inexistante. De plus, certaines scènes controversées, notamment une scène de viol en fin de film, sont perçues comme des ajouts superflus et maladroits, déconnectés du reste de la narration.

Au final, The Brutalist est une œuvre qui ne laisse personne indifférent. Certains y voient un chef-d’œuvre à la hauteur des grandes fresques cinématographiques, un film dense et mémorisable. D’autres y décèlent un exercice de style prétentieux, incapable de gérer la complexité de ses thèmes. Une chose est certaine : The Brutalist est un film-expérience qui ne se vit pas passivement. Bref, voilà une recension tout à fait équilibrée que je conclurais par ma critique toute personnelle.

Une construction tremblotante d’aspiration monumentale

Dès les premières minutes, The Brutalist peine à poser ses fondations. L’introduction, censée immerger le spectateur dans l’univers du protagoniste, échoue à capter l’attention en raison d’une caméra mobile et tremblante qui donne une impression d’amateurisme plutôt que d’authenticité. Ajoutons à cela une musique trop appuyée, presque assourdissante, qui semble vouloir compenser un manque de puissance émotionnelle au lieu de la soutenir. Cette entrée en matière maladroite donne le ton d’un film qui ne parvient jamais à véritablement habiter l’espace qu’il prétend investir.

Le récit souffre d’un problème structurel majeur : son rythme, ou plutôt son absence. La mise en scène étire des scènes sans réel enjeu dramatique, accumulant des longueurs qui alourdissent le propos au lieu de l’enrichir. Plutôt que de nous plonger dans la psyché de son protagoniste ou dans le contexte qui l’entoure, le film se perd dans une errance contemplative qui ne débouche sur rien de substantiel. Les dialogues, souvent plats et trop explicites, peinent à donner de l’épaisseur aux personnages, réduits à des silhouettes fades dans un cadre qui aurait mérité bien plus de relief.

Mais le véritable écueil de The Brutalist réside dans son traitement superficiel de son sujet. Tout est effleuré, rien n’est creusé. Le film semble hésiter entre le biopic romancé et la fresque historique, sans jamais trouver une réelle identité. Là où l’architecture brutaliste repose sur des formes massives et imposantes, le film, lui, reste fragile et creux. Les thématiques abordées — l’exil, la désillusion, le rapport à l’art et au pouvoir — sont esquissées mais jamais pleinement explorées. Cette superficialité atteint son paroxysme dans une conclusion qui frôle le ridicule, cherchant désespérément à conférer une aura mythique à son personnage principal, alors que le film n’a jamais pris le temps de nous convaincre de son génie.

Le point culminant de cet échec narratif se situe vers la fin, lorsque le couple principal, en proie au désespoir, lance une sentence prétendument lourde (mais vide) de sens : « L’Amérique est pourrie… tout est pourri ici ! ». Une déclaration qui se veut incisive, mais qui résonne comme une ligne forcée, symptomatique d’un scénario qui préfère la démonstration caricaturale à la subtilité.

En voulant ériger un monument cinématographique à l’image de l’architecture qu’il célèbre, The Brutalist finit par ressembler à un édifice inachevé : une façade imposante mais trompeuse derrière laquelle il ne reste que du vide. Le monument est trompeur, car il est inversé au lieu d’être renversé.

Rennes. Programme Construire des territoires numériques solidaires au Couvent des Jacobins

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Le Forum des Interconnectés est le rendez-vous national annuel incontournable du numérique et des acteurs publics. L’édition 2025 aura lieu à Rennes les 10 et 11 mars au Couvent des Jacobins. La thématique des échanges est « Construire des territoires numériques solidaires ».

Durant de ces deux jours, Les Interconnectés, structure nationale, propose avec Rennes Ville et Métropole des tables rondes, des retours d’expériences, des ateliers qui rassemblent plus d’une centaine d’intervenants venus de toute la France pour partager leur expertise et leur témoignage. Cinq thématiques clés, fléchées par des couleurs, sont organisées en parcours tout au long de ces deux journées : les communs numériques au service des territoires, numérique émancipateur, une IA responsable et sous contrôle, numérique frugal au service de l’environnement, numérique démocratique et innovant. 

La capitale bretonne n’accueille pas par hasard cet événement : elle dispose d’un écosystème numérique très riche, avec 4 200 entreprises et 30 000 emplois dans le secteur, des filières d’excellence telles que la cyber sécurité ou la e-santé, plusieurs centaines de start-up, 9 laboratoires de recherche, et participe à l’attractivité du territoire (3ème pôle de recherche publique national), y compris à l’international. 

Le numérique et la donnée sont aujourd’hui des outils indispensables. La Ville de Rennes et Rennes Métropole optent pour un numérique responsable, localement implanté, maîtrisé, inclusif et co-construit avec les citoyens et les acteurs locaux, visant à faire converger leurs stratégies de transitions environnementale, sociale, démocratique et numérique. Le numérique permet par exemple de déployer massivement les énergies renouvelables, d’encourager le covoiturage, ou encore d’adapter la gestion des ressources aux prévisions et aux dérèglements climatiques. Mais cela doit se faire tout en garantissant l’égalité d’accès et en favorisant la qualité de vie des habitants. Le numérique est ainsi mis au service du territoire. La Ville de Rennes et Rennes Métropole déploient, en partenariat avec de nombreux acteurs, des dispositifs innovants visant à assurer un numérique responsable, au service du territoire et de ses habitants.

Parmi les nombreuses propositions du programme, les conférences suivantes vous permettront d’appréhender tout particulièrement la politique numérique menée par la Ville de Rennes et Rennes Métropole :
• Lundi de 11h30 à 12h30 : Faire le numérique avec les concitoyens 
• Lundi de 15h15 à 16h15 : Financer l’inclusion numérique
• Lundi de 16h30 à 17h30 : Coopération territoriale sur la donnée pour la transition écologique
• Mardi de 14h à 15h : L’engagement vers un numérique pour toutes et tous 

L’Intelligence Artificielle (IA) sera également au cœur des discussions. En tant que territoire numérique solidaire, Rennes cherche à répondre aux enjeux actuels en matière d’IA et de cybersécurité, tout en contribuant à construire le cadre éthique et de confiance nécessaire à toute avancée. Deux jours autour du numérique, ouverts aux acteurs publics et privés.

Horaires
• Lundi 10 mars : de 10h à 19h

Consulter le programme à télécharger en pièce-jointe ou le site officiel de l’évènement pour plus d’informations sur le programme détaillé, les intervenants présents et les horaires des tables rondes, des retours d’expériences, des ateliers, etc.

Rennes. Ferveur, un bar-restaurant dédié au sport sur le Mail

Depuis le 1er mars 2025, le mail François Mitterrand de Rennes abrite un nouveau bar-restaurant orienté sport : Ferveur. Le lieu mêle sport, bonne bouffe et musique, le tout dans la bonne humeur. Et ce ne sont pas les sourires de l’équipe qui diront le contraire.

Sur le mail François Mitterrand de Rennes, la nouvelle façade orangée ainsi que la terrasse vêtue de tables blanches et de chaises marron clair attirent le regard le long de l’avenue bétonnée. Le soleil de ce début du mois de mars se reflète sur les couleurs vivifiantes qui font le visage de Ferveur.

ferveur rennes

Le mot « ferveur » renvoie à l’engouement, l’enthousiasme, on le retrouve souvent dans le milieu du sport, notamment dans les groupes de supporters. En choisissant ce terme en particulier comme nom, c’est cette énergie que le gérant Antoine Ruffault a voulu transmettre à son bar-restaurant. Il partage aussi son amour pour cette discipline.

À l’intérieur, on retrouve dans la décoration de Ferveur les couleurs de l’extérieur. Elle a été choisie avec goût et dans les tendances actuelles en matière d’ambiance. Des boules disco suspendues au plafond donnent un côté pêchu, des miroirs agrandissent la pièce et un jeu de fléchettes à proximité du bar fait de l’œil aux arrivants.

À base de produits frais et de saison, le menu s’oriente sur des propositions culinaires qui se rapprochent de la bistronomie. La carte est restreinte – trois entrées, quatre plats et trois desserts – et montrent une envie de privilégier la qualité à la quantité. C’est un bon point. En entrée, nous nous sommes laissés tenter par le velouté de butternut accompagné de sa quenelle de fromage frais et de son filet d’huile d’herbes. Peut-être un des derniers de la saison vu l’agréable chaleur des rayons de soleil qui traversent les baies vitrées aux encadrements boisées et qui réchauffent la terrasse. Le fromage frais apporte une fraîcheur agréable en bouche, les croûtons de pain un croquant réussi et les morceaux de butternut une texture supplémentaires. Les carnassiers pourront opter pour la terrine de campagne relevé de son ketchup de betterave et confiture d’oignons rouges au vin rouge.

En plats, il y en a pour tous les régimes et c’est appréciable : pièce du boucher, pêche du jour et burger en version carnée et végétarienne, avec un steak de soja dont la première bouchée peut perturber le palais tant la ressemblance est frappante. Si le burger manque un peu de condiments à l’intérieur, la cuisine a fait le choix de proposer la salade en accompagnement, aux côtés de frites maison croustillantes et bien dorées. Petit coup de cœur tout de même pour la crème de brie qui garde une belle subtilité. Comptez 17€90 pour l’entrée et le plat, un tarif légèrement plus élevé que d’autres propositions du midi, mais la qualité et le goût des produits sont là.

Pour les gourmands, les desserts ne laisseront pas indifférents : un mi-cuit au chocolat avec des éclats de meringue au cacao ; du riz au lait à la vanille et pommes tatin avec son crumble et caramel au beurre salé ; un financier et sa garniture multiple à base de divers agrumes.

À Ferveur, on passe un bon moment avec son assiette, mais on parle aussi de sport. Toutes les semaines, des matchs sont ainsi diffusés, La journée du samedi 8 mars se déroulera sous le signe du foot avec Irlande-France à 15h15 et Rennes-PSG à 17h. Le lieu souhaite aussi mettre en place des soirées de musique, avec des concerts et des djs set, mais pour cela il faudra attendre encore un peu et suivre son actualité sur les réseaux sociaux.

Infos pratiques : Restaurant Ferveur, 18 mail François Mitterand, Rennes. Horaires : Dimanche : 15:00-23:00 Lundi : 10:00-23:00 Du mardi au samedi : 10:00-1:00

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La semaine de quatre jours : une révolution du travail en marche

L’idée d’une semaine de quatre jours gagne du terrain à l’échelle mondiale. Ce modèle de travail, qui réduit le temps de travail sans perte de salaire, est testé dans de nombreux pays et entreprises. Les défenseurs de cette approche estiment qu’elle bénéficie autant aux employés qu’aux employeurs, tout en ayant un impact positif sur la société dans son ensemble (American Psychological Association, 2025).

L’expérimentation du travail sur quatre jours repose sur un principe simple : travailler moins d’heures mais plus efficacement. Cette approche a été adoptée par des entreprises privées et des administrations publiques, avec des résultats variés selon les contextes. Plusieurs pays ont mis en place des programmes pilotes ou adopté des politiques permettant un passage progressif à la semaine de quatre jours. Parmi eux :

  • Belgique : Les employés peuvent opter pour une semaine de quatre jours en compressant leur temps de travail sur moins de jours.
  • Japon : Dans un contexte de surmenage chronique, certaines entreprises testent la semaine de quatre jours pour améliorer la qualité de vie des salariés.
  • Royaume-Uni : L’un des essais les plus significatifs a montré que la majorité des entreprises ayant participé au programme ne souhaitent plus revenir à la semaine de cinq jours (The Straits Times, 2024).
  • Allemagne : Un programme pilote a été brièvement testé, et de nombreuses entreprises estiment qu’il est difficile de revenir en arrière (Bloomberg, 2024).
  • États-Unis (Utah) : L’État de l’Utah a expérimenté la semaine de quatre jours pour les fonctionnaires, mais l’initiative a été arrêtée faute d’économies suffisantes (Ere.net, 2025).

Ces initiatives montrent que si la semaine de quatre jours n’est pas encore une norme universelle, elle s’installe progressivement dans différents secteurs et pays. Dans le secteur privé, de nombreuses entreprises ont décidé de passer définitivement à la semaine de quatre jours après des essais réussis. En Islande et Au Royaume-Uni, des centaines d’entreprises ont adopté ce modèle de façon permanente, constatant une amélioration du bien-être des employés et une hausse de la productivité (Computerworld, 2025). De même, Le Monde (2023) rapporte que même le secteur public britannique commence à intégrer ce modèle de travail.

Les avantages côté travailleurs sont multiples :

Amélioration du bien-être

  • Réduction du stress et du burnout : Les employés ressentent moins de pression et de fatigue.
  • Meilleur équilibre vie professionnelle / vie personnelle : Plus de temps pour la famille, les loisirs et le repos.
  • Baisse des arrêts maladie et de l’absentéisme, signe d’une meilleure santé mentale et physique.

Maintien, voire augmentation, de la productivité

  • Contrairement aux craintes initiales, la productivité ne chute pas.
  • Dans plusieurs secteurs, elle a même augmenté grâce à une meilleure organisation du travail.
  • Les réunions inutiles ont été supprimées et les tâches mieux réparties pour maximiser l’efficacité.

Impact positif sur l’égalité des genres

Bien que le modèle ait montré des avantages significatifs, il n’est pour autant pas exempt de défis :

  1. Pas toujours adapté à tous les secteurs
    • Dans des domaines comme la santé ou la logistique, il peut être plus complexe d’adopter un rythme de quatre jours sans compromettre la continuité des services.
    • Certaines entreprises ont dû embaucher davantage de personnel pour compenser la réduction du temps de travail.
  2. Problèmes économiques et organisationnels
    • Ere.net (2025) explique que l’expérience menée dans l’État de l’Utah n’a pas généré les économies espérées, ce qui a conduit à l’abandon du projet.
    • La transition vers la semaine de quatre jours demande un réaménagement des horaires et des flux de travail, ce qui peut être difficile pour les entreprises habituées à un modèle plus traditionnel.
  3. Des résultats variables selon les contextes
    • Financial Times (2024) rapporte que Tokyo prévoit de permettre aux fonctionnaires de travailler quatre jours pour encourager la natalité, mais l’impact à long terme reste incertain.
    • En Allemagne, l’expérimentation a été trop brève pour en tirer des conclusions définitives (Bloomberg, 2024).

Malgré ces défis, de nombreux experts estiment que la semaine de quatre jours représente l’avenir du travail. La réduction du temps de travail sans perte de salaire devient une revendication majeure des syndicats et des mouvements en faveur du bien-être au travail. Les entreprises y voient aussi un moyen de se différencier dans un marché où la flexibilité et la qualité de vie deviennent des critères essentiels pour attirer les talents Alors que certains États comme le Royaume-Uni avancent rapidement sur cette question, d’autres restent plus prudents.

En France, plusieurs entreprises ont adopté la semaine de quatre jours, chacune adaptant ce modèle à ses besoins spécifiques. Voici quelques exemples notables :​

1. Exystat Cette entreprise de 17 salariés, spécialisée dans la biométrie des études cliniques, a expérimenté la semaine de quatre jours en janvier 2023. Les horaires sont passés de 40 à 35 ou 36 heures par semaine, réparties sur quatre jours au lieu de cinq. Les résultats ont été positifs, avec une amélioration du bien-être des employés et une productivité maintenue.

2. Pimpant PME spécialisée dans la vente de produits rechargeables, Pimpant a adopté la semaine de quatre jours en juin 2023. Les employés travaillent 32 heures sur quatre jours, avec un jour de repos le mercredi ou le vendredi. Cette organisation a conduit à une meilleure qualité de vie pour les salariés et une augmentation de la productivité.

3. L’Agape Ce restaurant situé à Limoges a mis en place la semaine de quatre jours pour ses cinq salariés. Cette initiative a permis aux employés de mieux concilier vie professionnelle et personnelle, tout en maintenant la qualité du service offert aux clients. ​

4. Yprema Entreprise spécialisée dans le recyclage de matériaux, Yprema a progressivement réduit le temps de travail de ses 104 employés depuis 1997. En 2024, elle est passée à une semaine de 32 heures sur quatre jours, avec un jour de repos tournant le mercredi ou le vendredi. Cette transition a été bénéfique pour le bien-être des salariés et la performance de l’entreprise.

5. Structa Fabricant français de mobilier de bureau basé dans la Drôme, Structa a adopté la semaine de quatre jours en mars 2023. Les 70 salariés travaillent 36 heures sur quatre jours, avec le vendredi en repos. Cette organisation vise à améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle et à renforcer l’attractivité de l’entreprise.

6. Elmy Entreprise lyonnaise engagée dans la transition énergétique, Elmy a testé la semaine de quatre jours dès 2022.Les 100 salariés ont vu leur semaine réduite d’une demi-journée supplémentaire en septembre 2023, travaillant ainsi 32 heures payées 35, avec un jour de repos le mercredi ou le vendredi. Cette initiative a conduit à une réduction du stress et une amélioration de la qualité de vie des employés. 

7. LDLC Le groupe LDLC, spécialisé dans la vente de matériel informatique, a adopté la semaine de quatre jours en janvier 2021 pour ses 1 000 employés. Les salariés travaillent 32 heures par semaine sans réduction de salaire. Cette initiative a permis une augmentation de la productivité et une amélioration du bien-être des employés.

8. Welcome To The Jungle Cette entreprise de recrutement a mis en place la semaine de quatre jours en 2019. Les employés travaillent quatre jours par semaine sans augmentation des heures quotidiennes ni réduction de salaire. Cette organisation a conduit à une meilleure qualité de vie pour les salariés et une augmentation de la productivité. ​

9. Weglot Société développant des logiciels, Weglot a testé la semaine de quatre jours sur deux sessions de trois mois en 2023. Malgré les ajustements nécessaires, l’entreprise a adopté définitivement ce modèle en 2024, constatant une amélioration de la qualité de vie des employés et une productivité maintenue.

Gosné : Sébastien Chesnay ouvre le restaurant La ferme des saveurs

Le 4 mars 2025 marque une date importante pour la commune de Gosné (Ille-et-Vilaine) avec l’ouverture du restaurant La ferme des saveurs. Ce nouvel établissement gastronomique prend place au cœur du centre-bourg dans une ancienne ferme rénovée.

L’histoire de La ferme des saveurs commence avec une rencontre entre Jean Dupire, maire de Gosné, et Sébastien Chesnay, chef et gérant du Bistrot des Saveurs à La Bouëxière. Devant le succès de son établissement initial, souvent contraint de refuser des clients par manque de place, l’idée d’ouvrir un secoond restaurant a germé. C’est ainsi qu’un accord a été conclu pour étendre son activité à Gosné.

bistrot des saveurs

Originaire de Janzé, Sébastien Chesnay cumule 36 ans d’expérience dans la restauration. Il a commencé son apprentissage à 14 ans dans des établissements prestigieux tels que Pen’Roc à Saint-Didier et La Fontaine aux Perles à Rennes. Après une expérience en tant que caviste à Ar Milin à Châteaubourg, il a servi 17 ans dans l’Armée de terre comme maître d’hôtel sommelier au sein de la Région Terre Nord-Ouest (RTNO). Il est ensuite retourné à Ar Milin en tant que responsable d’établissement avant de se lancer à son compte en 2020 avec le Bistrot des Saveurs à La Bouëxière.

L’aménagement du restaurant de Gosné comprend :

  • Deux salles de restauration pouvant accueillir 30 et 40 couverts
  • Une cuisine de 45 m2
  • Un bar à vin
  • Une terrasse extérieure

Horaires et fonctionnement

  • Le bar à vin sera ouvert les jeudis, vendredis et samedis soirs de 18h à 23h, avec une offre de planches et tapas.
  • Le bistrot proposera un service du mardi au vendredi midi, avec un menu incluant une entrée, un plat et un dessert.
  • Le restaurant gastronomique sera ouvert les jeudis, vendredis et samedis soirs (commande avant 20h30) et le dimanche midi avec une carte proposant trois entrées, trois plats et trois desserts.
  • Une fermeture un dimanche par mois est prévue, en alternance avec le Bistrot des Saveurs.
ferrme des saveurs gosne

Chesnay Sébastien, restaurant Le Bistrot des Saveurs 23 Rue Théophile Rémond, La Bouëxière, et 15 place de l’église, Gosné. Contact : 0223429772 et 0299559266

Jean-Louis Debré, homme politique et littéraire, est décédé

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Jean-Louis Debré, figure de la politique française, est mort dans la nuit du 3 au 4 mars 2025 à l’âge de 80 ans. Fils de Michel Debré, ancien Premier ministre, et petit-fils du pédiatre Robert Debré, il a consacré sa carrière au service de l’État et aux institutions républicaines, mais aussi à l’écriture.

Après des études de droit et de sciences politiques, il devient magistrat, notamment juge d’instruction. Il rejoint le Rassemblement pour la République (RPR) dès sa création en 1976 et est élu député de l’Eure en 1986, s’affirmant comme une voix influente de la droite républicaine. Nommé ministre de l’Intérieur en 1995 sous la présidence de Jacques Chirac, il gère notamment la vague d’attentats terroristes qui touche la France cette année-là. En 2002, il accède à la présidence de l’Assemblée nationale, qu’il occupe jusqu’en 2007, où il se distingue par sa défense des prérogatives du Parlement. Il est ensuite président du Conseil constitutionnel jusqu’en 2016, veillant au respect de la Constitution.

Jean-Louis Debré avait aussi une passion pour l’histoire et le récit des grandes figures de la République. Dans Les oubliés de la République (2008), il mettait en lumière des personnalités politiques injustement reléguées dans l’ombre, leur redonnant une place dans la mémoire collective. Son travail de biographe a notamment permis de réhabiliter des destins méconnus qui ont pourtant façonné l’histoire politique de la France.

oublies republque jean-louis debre

Son amitié avec Jacques Chirac, forgée dans les coulisses du pouvoir et à travers des décennies d’engagement commun, a donné naissance à plusieurs ouvrages où il racontait leur complicité et les coulisses de la politique sous la Ve République. Dans Ce que je ne pouvais pas dire (2016), il livrait des mémoires où il évoquait son passage au Conseil constitutionnel et ses désaccords avec certaines évolutions politiques.

Jean-Louis Debré avait aussi un regard aiguisé sur les évolutions de la société française et les transformations du pouvoir. Dans Dictionnaire amoureux de la République (2021), il partageait sa vision de la France républicaine, expliquant les valeurs qui lui étaient chères et retraçant les grandes heures de la vie démocratique. IIl savait raconter l’histoire sans jamais tomber dans le didactisme, insufflant à ses récits une vitalité. Sa plume était celle d’un homme qui aimait profondément son pays et ses institutions, mais qui n’hésitait pas à en dénoncer les travers avec humour et clairvoyance.

dictionnaire republique debre

Ladisparition de Jean-Louis Debré ne marque pas seulement la fin d’un grand serviteur de l’État, mais aussi celle d’un écrivain engagé et d’un témoin de son temps politique. Son œuvre littéraire demeure un témoignage des coulisses du pouvoir de l’histoire de la République française et des grandes figures qui l’ont façonnée.

Photo de une par Jackolan1 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

BD Billy Lavigne : un western classique et atypique

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Le western bd est à la mode. Anthony Pastor, en respectant les codes, donne pourtant à ce genre un magnifique coup de modernité.

Les ciels sont comme ceux de Van Gogh à Auvers sur Oise : tourmentés et plein de volutes. Ceux du peintre néerlandais sont, pour la plupart, lumineux, flamboyants comme peuvent l’être ceux d’un été étouffant. Les ciels d’Anthony Pastor, qui surplombent la silhouette de cow-boy de Billy Lavigne sont au contraire essentiellement noirs et sombres. C’est que la vie vient de s’effondrer au dessus de la tête du jeune vacher: « Ouvre les yeux, Billy. Le ciel est noir. Ta mère est morte ». Ainsi commence sans ambages le récit d’une voix off qui va guider le lecteur dans les méandres d’un passé mystérieux et compliqué. Ainsi s’ouvrent les pages du début où des mustangs courent sous des nuages d’orages. Ainsi débute une histoire où les révélations s’emboîtent les unes dans les autres comme des poupées gigognes.

bd billy lavigne

Dans sa BD précédente, La femme à l’étoile, qui ouvrait le triptyque en cours, Anthony Pastor portait un regard contemporain sur un récit de genre typé et codé. Dans un huis clos oppressant et enneigé, il narrait l’histoire d’une squaw en fuite avec le jeune Zach. On découvrait peu à peu au fil des pages, les secrets enfouis de leurs existences respectives. Pastor superposait les souvenirs, comme les pièces d’un puzzle qui se dévoilait peu à peu pour finalement offrir un récit féministe d’une héroïne décidée à ne pas respecter les principes d’une société violente et patriarcale.

Cette fois-ci, l’héroïne est une femme décédée, noyée ou assassinée dont le portrait tracé par les souvenirs des hommes qui l’ont connue, et pour certains aimée, est celui d’une femme libre, une Frenchie, devenue institutrice et mère de ce Billy Lavigne, au nom à la consonance française. L’enfant va grandir sous l’ombre de deux hommes, le Capitaine et le Colonel, deux hommes puissants qui ont aimé sa mère et dont l’un d’eux est certainement son géniteur. Qui est le père ? Une question à la réponse essentielle qui va traverser les 120 pages de ce récit introspectif mais haletant.

Si Anthony Pastor démythifie les codes du western, il garde de la conquête de l’Ouest la violence physique, l’absence de morale et la loi du plus fort ou du plus riche. Les scènes traditionnelles de dressage des chevaux sauvages ou les chevauchées dans une nature vierge sont magnifiques. Mais le dessinateur y ajoute sa touche personnelle, celle d’un pas de côté pour voir les scènes de genre différemment. Billy Lavigne est le meilleur des cow-boys. Viril certes, mais il est aussi fragile, à la quête de son identité qui ne saurait se résumer à ses qualités professionnelles. Bien entendu, il y a aussi le Bon, la Bête et le Truand, mais là encore ces qualificatifs se mélangent pour dresser une galerie de personnages complexes au point de nous inciter à reprendre notre lecture au début pour tenter de cerner les caractères réels de chacune et chacun. Qui est vraiment qui dans ce drame qui relève presque de l’antique ?

Le récit est sans relâche, dans une tension permanente à l’image du visage sans cesse tourmenté de Billy. Pastor, utilisant la voix off du destin, ne nous donne pas toutes les clés dès le départ. Le monde manichéen du western se transforme ici en univers ambigüe ou chacun cherche sa place dans une communauté repliée sur elle même qui s’épie et se craint.

Difficile après Giraud, Ralph Meyer, Boucq et tant d’autres de créer un nouvel univers graphique dans ce genre si codé. Pourtant Pastor y parvient tant dans ses paysages du Texas sauvage et inviolé, que dans ses personnages inquiétants, incertains, aux silhouettes typées mais aussi inoubliables. On retrouve la lumière brûlante chère à l’Algérie de Jacques Ferrandez et son trait noir encerclant les personnages et leurs expressions. Malgré un format d’album relativement modeste le sentiment d’espace gigantesque nous envahit.

Un troisième album, devrait clôturer ce triptyque. Un Retour au Yellowstone que nous attendons avec impatience. Un album a priori « sans violence, ni coup de feu ». Un autre pas de côté en somme.

bd billy lavigne

Billy Lavigne de Anthony Pastor. Éditions Casterman. 152 pages. 22€. Parution : 5 Mars 2025. Feuilleter

Une édition spéciale de 1500 exemplaires avec coffret et tiré à part est disponible dans les librairies Canal BD.

Nicole Zeizig donne la parole aux Silencieuses mercredi 12 mars 2025

Dans le cadre du festival Ré-elles, le documentaire Les Silencieuses de Nicole Zeizig est projeté à la bibliothèque Lucien Rose de Rennes, dans le quartier du Thabor, mercredi 12 mars 2025. Avec une grande sensibilité, la réalisatrice interroge la maternité comme norme sociale en donnant la parole à des femmes qui n’en ont pas eu, par choix ou non. La projection sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice.

Organisé à Rennes par l’association Comptoir du doc depuis 22 ans, le festival Ré-elles s’engage à mettre en lumière, à travers le documentaire, les luttes féministes, la diversité, les dénonciations contre les discriminations et les violences de genres. Cette année, la programmation se fait plus que jamais l’écho de craintes sociétales et de droits aujourd’hui menacés ou remis en question. Parmi les œuvres cinématographiques programmées se trouve Les Silencieuses de Nicole Zeizig. Dans ce documentaire, la réalisatrice aborde le sujet de la non-maternité. Elle filme cinq témoignages de nullipares. Ce mot, que l’on catégorise de prime abord comme péjoratif à l’entente, désigne les femmes qui n’ont jamais vécu d’accoucher. Ce terme est d’ailleurs le même en zoologie pour désigner une femelle animale qui n’a jamais mis bas.

les silencieuses nicole zeizig

Elles n’ont pas voulu en avoir, elles ont avorté, car pas le bon moment, ou elle n’ont pas réussi. Chacune a sa raison, mais aucune n’a d’enfant. Dans Les Silencieuses, Nicole Zeizig donne la parole à cette minorité invisible, voire marginalisée, qui vit dans une société où la maternité est encore un modèle d’accomplissement. Inspirée de son expérience personnelle, la réalisatrice crée un espace pour ces femmes que l’on entend trop rarement dans les débats publics, qu’on juge, parfois inconsciemment, sans savoir si cette absence d’enfant est un choix ou indépendant de sa volonté.

Nicole Zeizig a choisi d’interroger l’injonction à la maternité en partant à la rencontre de celles qui n’ont pas de voix pour se faire entendre. Les mouvements cassent le silence et expriment ce que l’on tait. Plusieurs parcours de vie révèlent le poids social qui pèse sur les femmes concernant leur rôle reproducteur dans le but de déconstruire ces normes sociales qui définissent, encore trop souvent, la féminité par la maternité.

les silencieuses nicole ziezig
Anne

Pourtant, c’est un fait, toutes ne rêvent pas de couche culottes. À tour de rôle, dans des décors différents mais toujours dans l’espace public, une femme se trouve face à la caméra. Comme si le temps était venu de lui donner cette chance de raconter son histoire aux yeux de tous et toutes. La raison de ce choix, le comportement de l’entourage ou encore les questions qu’il pose, elles se livrent avec comme accompagnement le léger bruit de l’extérieur (le vent, la rue, etc.) « J’ai tout fait pour faire attention […] Je n’ai jamais pris de risque, jamais », signe Patricia. « Entre 40 et 50 ans, on peut se poser d’autres questions, est-ce un regret ? », continue-t-elle, satisfaite d’être une tante plutôt qu’une mère, sans trop savoir si cette question est la sienne ou celle induite par l’entourage.

« Je me dis que j’aurais aimé aimer faire des enfants », Patricia.

La simplicité du cadrage laisse toute la place aux discours poignants de chacune d’entre elles. Le documentaire traverse avec délicatesse et sensibilité plusieurs âges, entre 40 et 65 ans. Il montre un large spectre et ne se cantonne pas exclusivement aux femmes qui ont fait le choix de ne pas enfanter. Au refus de la maternité de certaines se superpose le regret des autres : il inclut celles qui ont désiré un enfant trop tard ou qui n’ont jamais réussi, car c’est aussi un fait : l’absence de maternité peut ne pas dépendre de la femme, mais d’autres circonstances de la vie. La pression sociale à ce sujet peut ainsi alourdir un mal-être ou des traumatismes profonds. « Je n’ai jamais voulu faire d’enfant, je voulais fonder une famille. Je voulais faire un enfant parce que c’était le père qui me donné envie de fonder quelque chose avec lui », confie Fred. « Le fait d’être maman ne me manque pas aujourd’hui […] C’est plus cet inconnu qui me manque, savoir quelle mère j’aurais été. » Quelques minutes plutôt, on découvrait le parcours de Françoise aujourd’hui âgée de 65 ans : « Quand mon gynécologue m’a dit vous êtes une nullipare, ça m’a fait comme un coup de poignard ». Malgré le fait qu’elle ait essayé d’avoir des enfants à partir de 30 ans, elle n’y est pas parvenu, et parle de « choc fondateur ».

Pendant le visionnage, on peut penser à la rhétorique d’Emmanuel Macron autour du « réarmement démographique », il y a un peu plus d’un an, qui provoquait un tollé. Ce documentaire pousse la réflexion au delà de l’absence de maternité : il interroge des modèles sociaux quand le situation est subie par la femme et questionne la possibilité des femmes à disposer de leur corps quand elle est volontaire. En ça, il est universel.

Les Silencieuses de Nicole Zeizig, mercridi 12 mars 2025, à 18h30. Gratuit.
Bibliothèque Thabor – Lucien Rose de Rennes

Disponible jusqu’au 18 septembre 2025 sur France TV.

Le Tueur au Fil d’Or : une enquête géante interactive qui doit faire ses preuves

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Le Tueur au Fil d’Or est thriller interactif en ligne qui fait appel à l’intelligence artificielle. Créée par Frédérique Lemonnier, l’expérience personnalisée débarque en France le 30 mars 2025.

L’Enquête Géante : Le Tueur Au Fil d’Or
Frédéric Lemonnier
Frédéric Lemonnier

Une enquête géante sur 12 semaines

Derrière ce projet ambitieux se cache Frédéric Lemonnier, entrepreneur passionné par les énigmes et les nouvelles technologies. Avec Le Tueur au Fil d’Or, il propose une expérience unique où des milliers de joueurs du monde entier seront appelés à résoudre un mystère criminel. Le jeu s’étend sur 12 semaines : chaque semaine révèle un nouveau meurtre et de nouveaux indices à découvrir. Mais attention, seuls les plus perspicaces parviendront à percer le secret du tueur. « L’idée était de proposer quelque chose de nouveau, un format qui permet aux joueurs de s’investir sur la durée. 12 semaines, c’est parfait pour maintenir l’intérêt tout en offrant un défi intellectuel. »

L’un des éléments les plus innovants de Le Tueur au Fil d’Or est l’utilisation de chatbots (agents conversationnels) ultra-réalistes. Ces derniers, alimentés par une intelligence artificielle avancée sans toutefois détailler la technologie exacte, permettent aux joueurs de dialoguer avec les suspects de l’enquête. Chaque interaction est unique, car les chatbots réagiront différemment selon les questions posées. « Nous avons utilisé une technologie de chatbot qui permet des conversations totalement personnalisées. Cela rend l’enquête plus immersive, chaque joueur vivra une expérience différente », précise Frédéric Lemonnier.

Une mini-enquête gratuite pour tester l’expérience

Avant de se lancer dans l’aventure du Tueur au Fil d’Or, les joueurs auront la possibilité de tester une mini-enquête gratuite intitulée Vol au Musée. Cette enquête introductive permet de se familiariser avec les mécaniques du jeu et d’explorer l’univers du thriller interactif. Le principe est simple : un tableau précieux a disparu lors d’un gala au Musée Delacroix, et il vous incombe de découvrir le coupable. « C’est une façon de tester l’expérience sans pression. Les joueurs pourront s’exercer avant le lancement de l’enquête principale. »

Lors des tests, la rédaction a cependant constaté que les chatbots redirigeaient la conversation vers des sujets plus favorables à leur programme, nuisant à l’immersion (et peut faire naître une petite frustration chez le joueur…). La majorité des recherches d’indices, elle, ne se résumait malheureusement qu’à des jeux de puzzle… mais Frédéric Lemonnier lui-même reconnaît les limites et prévoit des améliorations : « Nous avons vu lors de notre première enquête que certains joueurs étaient un peu perdus. C’est pour cela que nous avons ajouté un chatbot d’accompagnement qui guidera les joueurs tout au long du jeu, en leur fournissant des étapes à suivre et des indices si nécessaire. »

Des énigmes et des scènes de crime interactives

L’expérience ne s’arrête pas néanmoins aux chatbots. Le Tueur au Fil d’Or propose des scènes de crime interactives qui permettent aux joueurs d’explorer des reconstitutions numériques détaillées. Des indices sont cachés dans chaque scène et les joueurs devront fouiller minutieusement pour les retrouver. « C’est une expérience beaucoup plus complexe que la mini-enquête. Chaque scène de crime est un véritable puzzle à résoudre. Les joueurs devront être attentifs aux moindres détails pour avancer », explique Frédéric Lemonnier.

L’Enquête Géante : Le Tueur Au Fil d’Or
L’Enquête Géante : Le Tueur Au Fil d’Or

Chaque indice trouvé permet aux joueurs d’avancer dans l’enquête, mais attention : chaque indice demandé et chaque aide sollicitée auront un impact sur le score final. Le jeu fonctionne avec un système de points qui tient compte du temps mis pour résoudre l’affaire et du nombre d’indices sollicités.

Bien que le jeu soit avant tout une expérience individuelle, Le Tueur au Fil d’Or met aussi l’accent sur l’aspect communautaire. Les joueurs pourront partager leurs théories et leurs découvertes avec d’autres enquêteurs via des groupes en ligne. Les participants pourront ainsi se soutenir mutuellement et échanger des informations pour résoudre l’enquête ensemble. Au bout des 12 semaines d’enquête, les meilleurs détectives auront démêlé tous les indices et résolu l’affaire du Tueur au Fil d’Or. Mais seuls les plus observateurs parviendront à démasquer l’identité du tueur et son véritable mobile.

Un parcours passionnant pour Lemonnier

Frédéric Lemonnier, qui baigne dans l’univers du digital depuis les années 90, se décrit comme un véritable passionné de nouvelles technologies et de jeux en ligne. « J’ai été champion du monde de Warcraft 2 et depuis, je n’ai cessé de plonger dans l’univers des jeux et des technologies », confie-t-il. « Ce projet m’a particulièrement séduit car il allie mon amour des énigmes à des technologies de pointe pour offrir une expérience totalement immersive. »

Son parcours entrepreneurial est marqué par de nombreux projets innovants, comme la création d’un média local ou l’organisation de la fête nationale du Mojito. Avec Le Tueur au Fil d’Or, Frédéric Lemonnier affirme explorer un nouveau terrain : l’enquête criminelle interactive. « Je n’ai jamais vu un jeu d’enquête proposer une telle immersion grâce à des chatbots IA avancés. » Plusieurs jeux similaires existent néanmoins déjà sur le marché, notamment une enquête interactive de 12 semaines avec des chatbots IA dont la sortie est prévue le 15 mars 2025. Si le concept n’est pas inédit, l’enthousiasme de Frédéric Lemonnier pour son projet n’en est pas moins palpable, promettant de repousser les limites de l’interactivité.

l'enquête géante, Le tueur au fil d'or

Une offre exclusive de lancement

L’idée d’une enquête en ligne géante avec chatbots et scènes de crime interactives ne peut qu’être excitante, mais il reste à confirmer la solidité de l’expérience dans la pratique, notamment les interactions avec l’IA et le gameplay. Le jeu se distingue par sa durée de 12 semaines, et ses différents modes de jeu possible permettent aux joueurs de progresser à leur rythme. Le suspense et la qualité de l’expérience doivent cependant encore être vérifiés lors des premières semaines de jeu.

Si vous êtes curieux, l’offre de lancement à 34,99 € (au lieu de 99,99 €) est une bonne occasion de tester l’aventure, avec une mini-enquête gratuite à découvrir.

Date de lancement : 30/03/2025
Tarif Normal : 99.99€
Accessible en ligne, depuis n’importe où
Inscription dès maintenant sur : Le site officiel

Ploeren. Gwenc’hlan Broudic expose la fragilité de l’eau au Triskell

Le centre culturel Le Triskell de Ploeren dans le Morbihan expose Aqua Fragilis de Gwenc’hlan Broudic jusqu’au 29 mars 2025. Dans ses clichés, le photographe évoque des préoccupations climatiques et personnelles en trois phases : l’état solide, l’état liquide et l’état gazeux.

Au départ, le projet Aqua Fragilis ou Les états de l’eau repose sur l’eau. Cette denrée est riche et puissante, mais également fragile et en péril. Le travail photographique de Gwenc’hlan Broudic a été pensé en trois volets pour représenter les trois états de l’eau : l’état solide, quand il est de glace sur la banquise ; l’état liquide avec Sfumaqua : l’eau de pluie, l’eau des rivières et l’eau du robinet ; et l’état gazeux avec Brumes et nebula, dans la vapeur d’eau de l’atmosphère, à venir. Ce sont trois états, trois atmosphères pour une même préoccupation environnementale et artistique. Le végétal est le catalyseur, ainsi que le minéral. Avec la photographie, Gwenc’hlan Broudic les immobilise dans le temps et leur futur devient immuable.

Aqua Fragilis

Quand un glaçon fond dans un verre, il y a fusion. Quand l’eau, placée dans un congélateur, solidifie en glace, il y a solidification. Il arrive que la neige disparaisse sans fondre et se transforme directement en vapeur sans passer par l’état liquide : c’est la sublimation. Inversement, de la vapeur d’eau peut se condenser directement en givre ou en glace lorsqu’il fait très froid. Enfin, l’eau qui bout dans une casserole se transforme en vapeur d’eau, par évaporation.

L’exposition Aqua Fragilis, avec sa cinquantaine de photographies, est traversée par des questions récurrentes de l’histoire de l’art. Elle aborde les questions de la lumière, du motif, de l’esthétique et celles des notions liées au temps, aux natures mortes et aux vanités…

Le photographe s’inspire ici de la peinture classique. Il joue avec la lumière et la matière pour figer l’instant et s’interroger sur notre rapport à la nature. Son regard est sensible et épuré. L’exposition invite le public à une immersion poétique et engagée.

Biographie de Gwenc’hlan Broudic :

Ancien élève de l’école des Beaux-Arts et diplômé de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne, Gwenc’hlan Broudic exerce la profession d’assistant de conservation au musée de la Compagnie des Indes à Port-Louis dans la Morbihan. Mais Gwenc’hlan Broudic a aussi la fibre artistique et son travail photographique est surprenant de grande qualité !

Aqua fragilis
Gwenc’hlan Broudic

Entre abstraction architecturale et autres contes, il révèle un vrai talent pour la photographie. Ses cadrages sont précis et sa composition est particulièrement soignée, également la mise en valeur des couleurs. Il aime la restitution de la réalité. 

Gwenc’hlan Broudic est membre du collectif La Veduta à Quimperlé dans le Finistère. Créé en 2000, l’association culturelle propose un large choix d’activités : des ateliers artistiques, des cours de danse, des concerts, des expositions et des conférences. il y en a pour tous les curieux avides de découvertes culturelles. L’équipe de La Veduta est composée de passionnés de la culture et leur dynamisme transporte le public dans un univers artistique et poétique…

Infos pratiques :

Exposition Aqua Fragilis de Gwenc’hlan Broudic, jusqu’au 29 mars 2025
Espace culturel Le Triskell – 3, rue des deux moulins à  Ploeren (56)
Gratuit – Entrée libre pour tous

Contact : 02 97 40 11 91

Une rencontre avec l’artiste est organisée le samedi 29 mars, à 11 h, au Triskell.

Rennes dessine des pictos culturels pour les personnes handicapées

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Jusqu’à présent, chaque structure culturelle de Rennes et sa métropole concevait sa propre charte graphique, ce qui pouvait rendre difficile la compréhension des supports de communication pour le public, notamment les personnes en situation de handicap. Ce temps est révolu !

Partant de ce constat, les directions « culture » et « communication » de Rennes métropole ont mis en place un groupe de travail à l’automne 2023. Ce groupe rassemblait des services de la métropole, cinq structures culturelles et cinq associations travaillant dans le domaine du handicap. Jusqu’au printemps 2024, des réunions ont eu lieu dans l’objectif de produire une charte graphique uniformisée et une série de pictogrammes en accès libre. L’ambition ? Offrir des supports de communication culturels plus clairs et accessibles à tous.

Une pictothèque en ligne : un outil gratuit et accessible

Rennes a désormais mis en ligne une bibliothèque de pictogrammes gratuits, permettant de rendre la culture plus compréhensible pour tous, qu’ils soient en situation de handicap ou non. Cette initiative repose sur le principe que le pictogramme, par sa simplicité et son impact visuel immédiat, constitue un moyen de communication efficace.

La pictothèque propose environ cinquante pictogrammes disponibles en formats .svg et .png, répartis en quatre grandes catégories :

  • Familles de handicap : moteur, visuel, cognitif, auditif.
  • Dispositifs d’accessibilité : boucle magnétique, gilet vibrant, audiodescription, etc.
  • Description de l’offre culturelle : nature de l’activité (jeux vidéo, visite guidée, rencontre…), contexte (assis, debout, en extérieur…) et discipline (archéologie, peinture, sculpture…).
  • Modalités d’accueil : adresse, horaires d’ouverture, billetterie…

Cette ressource, disponible gratuitement sur le site marques.metropole.rennes.fr, a été conçue pour être utilisée par tous les acteurs culturels. Son objectif est d’aider à concevoir des supports de communication clairs et accessibles. En outre, la démarche repose sur un principe d’amélioration continue : de nouveaux pictogrammes pourront être ajoutés grâce à un guide d’usage accompagnant le kit à télécharger. Cette ouverture favorise une adaptation constante aux besoins du public et une diffusion large des bonnes pratiques en matière d’accessibilité culturelle.

Rennes. Comptoir du doc déroule le festival Ré-Elles du 9 au 16 mars 2025

L’association Comptoir du Doc invite à la 22e édition du festival Ré.Elles du 9 au 16 mars 2025, en partenariat avec Les Champs Libres. Entre projections, rencontres et débats, cet événement met à l’honneur le cinéma documentaire et les droits des femmes, avec un objectif clair : faire entendre les voix trop souvent marginalisées et inverser le rapport de force.

Soutenu par la Ville de Rennes, le Festival Ré.Elles, anciennement DocuFéminin, célèbre le cinéma documentaire tout en résonnant avec les multiples facettes des luttes féministes : « Ce nouveau nom est plus explicite et il fait un clin d’oeil à l’écriture inclusive et à toutes les “elles” qui sont dans le spectre du féminisme », confie Natalia Gómez-Carvajal qui est chargée de la programmation du festival. 

Reelles 2025 rennes

La sélection des films de la programmation est le resultat de longues recherches de Natalia, notamment en assistant à des festivals et en échangeant avec des sociétés de production. Les adhérents de l’association prennent ensuite le relais en intégrant les comités de sélection. « Notre objectif avant tout, c’est de vulgariser le cinéma documentaire pour le partager au plus grand nombre. Ainsi, il est important d’avoir plusieurs profils et pas seulement des cinéphiles qui sont très calés. » Cette diversité enrichit le dialogue entre différentes perceptions et sensibilités. Le documentaire, quant à lui, explore une pluralité de formes narratives, oscillant entre tradition et singularité, avec une empreinte à la fois intime et universelle.

Le festival donne de la visibilité à des documentaires qui ne passent qu’une fois à la télévision et qui n’ont ainsi pas toujours la chance d’être suffisamment reconnus. Il n’y a pas forcément de thématique, le souhait est avant tout de montrer plusieurs visions du féminisme, de dénoncer les discriminations et les violences de genres qui se perpétuent. Garder une certaine cohérence entre les documentaires sélectionnés est parfois intéressant pour créer des parallèles dans les discussions et les débats. 

les sirenes de dieppe
Les sirenes de Dieppe

Une programmation universelle et puissante

Les festivités commencent avec la projection de Si c’est ça le destin de Helga Reidemeister dimanche 9 mars au FRAC Bretagne. La protagoniste est Irene Rakowitz et la réalisatrice suit ses conflits avec ses filles, avec son ex-mari. C’est un documentaire vrai et brut, dans lequel le spectateur est amené à s’interroger sur la question de déterminisme. Mardi 10 mars, au cinéma Arvor, vous pourrez découvrir Bye Bye Tibériade de Lina Soualem. L’histoire de Hiam Abbass qui quitte son village palestinien, laissant sa famille derrière elle, pour réaliser son rêve d’être actrice en Europe. Elle revient sur ses pas trente ans plus tard avec sa fille, à la découverte des générations de femmes qui l’ont précédée. Il s’agit par ailleurs de la seule séance payante du festival.

Nicole Zeizig, réalisatrice du documentaire Les Silencieuses, sera à la bibliothèque Lucien Rose mercredi 12 mars à 18h30 pour assister à la diffusion et échanger avec le public. Elle donne la place et le moyen de s’exprimer à des femmes faisant partie d’une minorité invisible. Les comédiennes sont sourdes ou malentendantes, elles n’ont pas d’enfant, par choix ou non, et communiquent par le corps et la voix pour enfin être entendues. Le débat qui suit la projection sera traduit en langue des signes. 

Samedi 15 mars, Trans Memoria de Victoria Verseau et Les Sirènes de Dieppe de Nicolas Engels et Nicolas Birkenstock apporteront un regard commun sur la transidentité. Trans Memoria, c’est l’histoire de Victoria qui s’interroge sur sa transition et sur ce qui la définit en tant que femme. À travers le deuil qu’elle doit faire de son amie, elle retourne en Thaïlande, où elle s’était fait opérer avec cette amie et entame un double voyage, au sens propre, mais également un voyage dans le temps. Cette histoire, pourtant personnelle, parle à un public universel qui se questionne sur la quête de nos rêves les plus fous et le sentiment qui découle de leur réalisation. Les Sirènes de Dieppe apporte une note un peu plus joyeuse et festive. Sous l’ambiance festive et colorée d’un cabaret à Dieppe se cache une réflexion plus profonde qui s’articule autour de luttes et de résistances contre les violences multiples. La projection du documentaire sera suivie d’un temps d’échange avec les deux cinéastes.

Pour clôturer ce riche après-midi, l’écoute collective du documentaire sonore Le Chien dans la maison de Pauline Nulle Part sur les travailleuses du sexe est prévue au Café des Gallets.

Le festival se termine dimanche 16 mars avec deux projections qui invitent le spectateur à découvrir une autre culture, à s’ouvrir au monde autour de thématiques toujours aussi universelles. Le premier documentaire est Les Miennes de Samira El Mouzghibati. La réalisatrice met en avant les conflits intergénérationnels et les femmes musulmanes qui quittent parfois leur pays d’origine avec leurs enfants pour aller en Europe et se retrouvent confrontées à des chocs culturels. La réalisatrice sera présente pour échanger avec le public. Ma Planète volée de Farahnaz Sharifi, c’est le récit d’une vie après la révolution iranienne et l’arrivée de l’Etat islamique qui opère une scission entre l’intime et la vie publique. La réalisatrice met en dialogue ses archives personnelles qui retracent son enfance en Iran et des archives de familles en exil pour raconter une autre histoire de son pays, touchante et authentique. 

Par ailleurs, plusieurs courts-métrages seront projetés lors du festival jeudi 13 mars. L’un d’eux se verra décerner le Prix Jeune Public Ré.Elles, remis vendredi 14 mars par les élèves des classes d’horlogerie du lycée Jean Jaurès.

Infos pratiques :

Si c’est ça le destin, Helga Reidemeister : dimanche 9 mars à 16h au FRAC (19 avenue André Mussat), Rencontre avec la programmatrice de la Cinémathèque du Documentaire à la BPI, Marion Bonneau. Gratuit

Bye Bye Tibériade, Lina Soualem : lundi 10 mars à 20h15 au Cinéma Arvor (11 rue de Chatillon). Payant

Jeudi 13 mars : Séance courts-métrages de 19h à 22h30 au Musée des Beaux-Arts. Gratuit

Les Silencieuses, Nicole Zeizig : mercredi 12 mars à 18h30 à la Bibliothèque Lucien Rose (11 Square Lucien Rose), Débat avec la réalisatrice traduit en langue des signes. Gratuit

Trans Memoria, Victoria Verseau : samedi 15 mars à 14h30 à l’auditorium des Champs Libres. Gratuit. Public averti.

Les sirènes de Dieppe, Nicolas Engels et Nicolas Birkenstock : samedi 15 mars à 17h à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec les deux cinéastes. Gratuit. Public averti.

Les Miennes, Samira El Mouzghibati : dimanche 16 mars à 14h30 à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec la réalisatrice. Gratuit.

Ma planète volée, Farahnaz Sharifi : dimanche 16 mars à 17h à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec les distributeurs. Gratuit.

Programmation complète

Colombie : le président veut légaliser le cannabis et repenser la production de cocaïne

​Il y a 3 semaines, le président colombien Gustavo Petro a provoqué un séisme, du moins un débat, en déclarant : « La cocaïne n’est pas pire que le whisky. » Cette phrase illustre la volonté du dirigeant de remettre en cause la politique mondiale de lutte contre la drogue, largement influencée par les États-Unis. La Colombie, plus grand producteur de cocaïne au monde, a légalisé le cannabis médicinal en 2016, mais son commerce pour usage récréatif reste pénalisé. Gustavo Petro vient de demander au Parlement de complètement légaliser le cannabis récréatif.

 « La cocaïne n’est pas pire que le whisky. » Cette comparaison, qui peut sembler provocatrice, s’inscrit dans une logique plus large de critique de la prohibition et de la criminalisation des drogues en Colombie. Pour Gustavo Petro, il est temps de repenser la manière dont le monde traite la question des stupéfiants et d’adopter une approche basée sur la régulation plutôt que sur la répression.

Cette déclaration n’a pas tardé à susciter des réactions contrastées. Les partisans du président estiment qu’il soulève une question pertinente sur l’hypocrisie de la politique antidrogue mondiale. « Pourquoi la consommation de whisky est-elle socialement acceptée alors que la cocaïne est diabolisée, alors que toutes deux sont des substances psychoactives aux effets délétères ? », a argumenté le sociologue colombien Daniel Pardo dans une tribune publiée dans El Espectador.

D’un autre côté, ses opposants dénoncent une banalisation dangereuse de la cocaïne. L’ancien président colombien Iván Duque a réagi avec virulence : « C’est une déclaration irresponsable qui envoie un message désastreux aux jeunes. La cocaïne détruit des vies et finance des organisations criminelles. »

L’échec de la guerre américaine contre la cocaïne

Depuis les années 1970, les États-Unis ont investi des milliards de dollars dans la lutte contre le trafic de drogue en Amérique latine, notamment via le Plan Colombie lancé en 2000. Pourtant, malgré des décennies de répression, la production et l’exportation de cocaïne colombienne n’ont jamais été aussi élevées.

Un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié en 2023 indiquait que la surface cultivée de coca en Colombie avait atteint un record historique, avec plus de 230 000 hectares. De plus, la demande mondiale ne faiblit pas, notamment en Europe et aux États-Unis, où la consommation de cocaïne continue de croître.

« La guerre contre la drogue n’a pas réduit la consommation ni la production. Elle a seulement renforcé les cartels et accru la violence », a déclaré Gustavo Petro lors d’un sommet latino-américain sur la drogue en 2023. Il milite pour un changement radical : « Nous devons arrêter de criminaliser la feuille de coca et proposer des alternatives économiques aux cultivateurs. »

Une proposition radicale : la régulation de la cocaïne ?

Dans le prolongement de ses prises de position, Petro plaide pour une approche plus pragmatique et moins punitive. Il estime que la dépénalisation ou la régulation de certaines drogues pourrait permettre de réduire la violence des cartels en coupant leur principale source de revenus.

« Le problème n’est pas la feuille de coca en elle-même, mais l’interdiction qui transforme son commerce en un marché clandestin ultra-violent », explique le chercheur colombien Alejandro Gaviria, ancien ministre de la Santé.

Cette approche s’inscrit dans une tendance globale où plusieurs pays, comme le Canada et certains États américains, ont déjà opté pour la dépénalisation du cannabis. Mais l’idée d’une régulation de la cocaïne reste hautement controversée, notamment à Washington, qui craint une explosion de la consommation et un affaiblissement du contrôle sur les cartels.

Un changement de paradigme à venir ?

Si la position de Gustavo Petro choque, elle pose néanmoins une question essentielle : la politique antidrogue actuelle est-elle efficace ? Devant l’augmentation continue de la production et du trafic de cocaïne, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une approche moins répressive et plus axée sur la santé publique.

« La prohibition a échoué. Il est temps d’explorer de nouvelles solutions », conclut Gustavo Petro. Reste à voir si la Colombie pourra entraîner d’autres pays dans cette réflexion ou si la pression internationale maintiendra un statu quo.

Une première légalisation : celle du cannabis

Le président colombien, a récemment appelé à la légalisation du cannabis pour lutter contre la violence liée à son interdiction. Il a déclaré que l’interdiction de la marijuana en Colombie « n’apporte que de la violence » et que sa légalisation permettrait de « sortir cette culture de la violence ». 

Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large en Amérique latine, où des pays comme l’Uruguay et le Mexique ont déjà légalisé l’usage récréatif du cannabis. Cependant, en juin 2023, le Sénat colombien a rejeté un projet de loi visant à légaliser la vente de cannabis récréatif. Le projet proposait d’interdire la vente et la consommation de cannabis dans certaines zones publiques, y compris les universités, et de promouvoir le traitement de la toxicomanie.

Les partisans de la légalisation estiment que cela pourrait réduire la violence associée au trafic de drogue en privant les organisations criminelles de revenus importants. Cependant, des études suggèrent que la légalisation du cannabis n’est pas une solution miracle pour éliminer le crime organisé et la violence en Colombie. Bien qu’elle puisse réduire la taille du marché illégal du cannabis, un marché gris persisterait probablement, alimenté par des groupes criminels cherchant à maintenir leurs profits. 

De plus, l’intégration des petits producteurs locaux dans le marché légal pourrait être entravée par le contrôle territorial exercé par des groupes criminels, ce qui pourrait limiter l’impact de la légalisation sur la réduction de la violence. Il est donc essentiel que les politiques de régulation du cannabis soient coordonnées avec des politiques de sécurité pour protéger ces producteurs et les intégrer efficacement dans le marché légal.

La situation de la légalisation du cannabis en Europe est en pleine évolution, avec des approches variées selon les pays.Voici un aperçu des législations actuelles :​

Pays européen ayant légalisé le cannabis récréatif :

  • Malte : En décembre 2021, Malte est devenu le premier pays de l’Union européenne à légaliser la consommation récréative de cannabis. Les adultes peuvent posséder jusqu’à 7 grammes de cannabis et cultiver jusqu’à quatre plants chez eux. ​
  • Allemagne : Depuis le 1ᵉʳ avril 2024, les adultes peuvent posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis en public et cultiver jusqu’à trois plants à domicile. De plus, des « cannabis social clubs » permettent la distribution contrôlée aux membres. ​

Pays ayant dépénalisé ou toléré la consommation :

  • Luxembourg : La consommation privée de cannabis est autorisée, et la culture à domicile est permise sous certaines conditions. ​
  • Pays-Bas : Bien que la vente de cannabis soit techniquement illégale, elle est tolérée dans les « coffeeshops » sous certaines conditions. La possession de petites quantités pour usage personnel est également tolérée. 
  • Espagne : La consommation et la culture privées de cannabis sont dépénalisées. Les « cannabis social clubs » permettent aux membres de cultiver et de partager du cannabis dans un cadre privé. 

Pays envisageant des réformes :

  • Suisse : Des projets pilotes sont en cours pour évaluer l’impact de la légalisation du cannabis récréatif. ​
  • République tchèque : Des discussions sont en cours concernant la légalisation du cannabis récréatif. ​

Pays renforçant les restrictions :

  • Italie : Le gouvernement envisage de restreindre l’industrie du « cannabis light », limitant la production et la vente de produits dérivés du chanvre, y compris ceux à faible teneur en THC. ​

France : La consommation de cannabis reste illégale, malgré un taux d’usage parmi les plus élevés d’Europe. Des débats sur la légalisation sont en cours, notamment en raison des avantages en termes de santé publique, de recettes fiscales et d’une réduction importante d’une criminalité qui concentre une partie importante des offres de l’ordre et de la magistrature.

La promession suédoise : l’alternative écologique à l’inhumation et à la crémation

Connaissez-vous la promession qui venait du froid ?

Depuis 1999, la Suède s’impose comme pionnière dans le domaine des funérailles écologiques grâce à une méthode révolutionnaire : la promession. Développée par la biologiste suédoise Susanne Wiigh-Mäsak, cette technique funéraire offre une alternative respectueuse de l’environnement à l’inhumation traditionnelle et à la crémation. À travers un processus innovant, la promession permet une décomposition plus rapide et un retour à la terre dans des conditions optimales, réduisant ainsi l’empreinte écologique des rites funéraires.

La promession repose sur l’utilisation d’azote liquide à -196 °C, une méthode qui permet de préserver la dignité du défunt tout en favorisant un cycle de retour à la nature. Voici les étapes clés de ce processus :

  1. Congélation du corps : Le défunt est plongé dans un bain d’azote liquide, ce qui le refroidit instantanément à une température extrêmement basse.
  2. Fragmentation : Une fois durci par le froid, le corps est placé sur une table vibrante qui le réduit en fines particules, sans brûler ni polluer l’environnement.
  3. Élimination de l’eau et des métaux : L’eau contenue dans les particules s’évapore naturellement, et les métaux issus de prothèses ou plombages dentaires sont retirés pour éviter toute contamination du sol.
  4. Dépôt dans une urne biodégradable : La poudre obtenue est placée dans une urne en amidon de maïs ou en cellulose, 100 % biodégradable.
  5. Inhumation écologique : L’urne est enterrée à faible profondeur, permettant aux nutriments de nourrir directement la terre et d’accélérer la régénération des sols.

Contrairement à l’inhumation classique, qui entraîne une lente décomposition et la contamination éventuelle des nappes phréatiques, la promession évite ces inconvénients. Elle est aussi plus propre que la crémation, qui libère du CO₂ et des polluants comme le mercure. En prime, l’urne biodégradable favorise un retour rapide à la terre. Les nutriments sont absorbés en quelques mois, enrichissant la biodiversité.

Au-delà de l’aspect écologique, la promession reflète l’idéal suédois du lagom – ni trop, ni trop peu, juste ce qu’il faut. Un dernier geste simple, équilibré et en accord avec la nature. Cette philosophie trouve écho dans de nombreuses traditions spirituelles qui prônent une connexion respectueuse avec l’environnement.

Bien que la promession ait été développée en Suède il y a plus de deux décennies, son adoption reste freinée par des obstacles réglementaires et culturels. Mais la prise de conscience écologique aidant, plusieurs pays commencent à s’intéresser à cette alternative. La France, par exemple, réfléchit à encourager les pratiques funéraires durables et réduire l’impact environnemental des enterrements.

La Prof de Freida McFadden : dissection illusoire du trouble et de la vérité

Il y a des thrillers qui s’infiltrent dans l’esprit du lecteur comme un poison lent, insidieux. La Prof de Freida McFaddenThe Teacher – est de ceux-là. Après le succès fulgurant de La Femme de ménage, l’auteure revient avec une nouvelle partition sombre, une tragédie domestique qui s’enroule autour de la figure d’Eve Bennett, une enseignante dont la vie parfaite va se décomposer sous l’effet d’un venin invisible.

War es ein Traum ?

Chaque matin, Eve se lève aux côtés de Nate, son mari. Une routine bien huilée, familière, rythmée par les baisers furtifs et les horaires scolaires. Enseigner les mathématiques à la Caseham High School est une vocation. Une stabilité qui semble inébranlable. Jusqu’au moment où le passé revient à sa porte. Un scandale a secoué l’établissement l’année précédente : un professeur accusé d’avoir eu une liaison avec une élève, Addie. Et aujourd’hui, Addie est assise dans la classe d’Eve. Rien de plus normal, en apparence. Mais pourquoi cette adolescente semble-t-elle obsédée par elle ? Pourquoi cherche-t-elle à s’immiscer dans sa vie, à lui murmurer des secrets qu’elle ne devrait pas connaître ?

Prof Freida McFadden

Dès les premières pages, La Prof impose une tension sourde, une dérive lente mais inéluctable vers l’angoisse pure. McFadden excelle dans la mise en scène de l’incertitude : qui ment ? Qui manipule qui ?

Le regard d’Addie est omniprésent. Elle ne se contente pas d’être une élève dans cette classe ; elle en devient le point de focalisation, le détonateur d’un malaise grandissant. Eve commence à percevoir sa présence comme une menace, une intrusion qui dépasse le cadre scolaire. « J’ai le sentiment que partout où je vais, elle est déjà là. Qu’elle me regarde d’un peu trop près. Et ce sourire… il ne ressemble pas à celui d’une adolescente normale. »

McFadden déploie l’un de ses talents les plus acérés : jouer avec la perception du lecteur. Eve est-elle trop suspicieuse, ou bien Addie cache-t-elle réellement quelque chose ? Et surtout, que cache Eve elle-même ? Eve a-t-elle enfoui une vérité dérangeante au plus profond de son inconscient ? Addie agit-elle comme un élément déclencheur, réveillant des souvenirs ou des désirs que l’héroïne refuse d’affronter ? « Pourquoi ai-je l’impression d’avoir déjà vécu cette scène ? Comme si mon propre esprit m’empêchait d’accéder à un souvenir que je ne devrais pas oublier… »

Ce motif du déjà-vu, de l’étrangeté familière (unheimlich), est une clé freudienne : quelque chose d’enfoui resurgit sous une autre forme, menaçante et dérangeante. Addie, en tant qu’élément perturbateur, incarne peut-être cette part d’ombre d’Eve, ce double inversé qui sait ce qu’elle-même ignore (ou veut ignorer). Plus loin encore, la La Prof peut être interprété comme un affrontement entre Eve et son Ombre – cette part obscure d’elle-même qu’elle refuse de voir. Addie n’est pas seulement une élève manipulatrice ; elle est la projection des peurs, des désirs refoulés et des angoisses d’Eve. À mesure que l’histoire avance, Eve oscille entre fascination et répulsion envers Addie. Elle cherche à s’en éloigner tout en étant irrémédiablement attirée par elle : « Je devrais la dénoncer, je devrais m’éloigner… mais quelque chose me pousse à en savoir plus. C’est comme si elle me connaissait mieux que je ne me connais moi-même. »

Jung dirait que cette attraction-répulsion révèle la confrontation entre l’ego d’Eve et son propre Animus, la figure masculine inconsciente qui façonne son rapport à l’autorité, au désir et à la domination. Addie, par son regard perçant et son attitude trouble, joue ce rôle de miroir inversé, obligeant Eve à explorer ses propres parts d’ombre.

McFadden excelle dans l’art du twist, et La Prof ne fait pas exception à la règle. Plus l’intrigue progresse, plus le lecteur est pris dans une spirale de doutes et de faux-semblants. La force du roman réside dans cette ambiguïté constante : chaque vérité est un mensonge en sursis, chaque certitude se fissure. Eve, que l’on croyait protagoniste et victime, commence à révéler ses propres failles. Ses souvenirs se déforment, des vides apparaissent dans sa chronologie. La tension ne naît pas seulement de la peur d’Addie, mais de la peur d’elle-même. Qui est Eve ? Quel est son rôle véritable dans cette histoire ?

« Parfois, je me demande si tout cela est réel, ou si c’est moi qui le rends réel. » McFadden ne se contente pas de raconter une histoire ; elle construit un labyrinthe mental. Elle force le lecteur à remettre en question chaque élément, chaque dialogue, chaque interaction. Elle pousse à l’obsession, à la paranoïa, à cette sensation d’être traqué par une vérité qu’on ne veut pas voir.

La Prof est un thriller qui s’infiltre sous la peau. Il ne se contente pas de distiller le malaise, il s’en empare et le fait grandir jusqu’à l’insupportable. Avec une écriture simple mais incisive, Freida McFadden dresse un portrait psychologique intense, où chaque personnage semble tour à tour bourreau et victime, menteur et authentique. Si l’intrigue repose sur des codes classiques du thriller psychologique, elle les exploite avec une intelligence redoutable, transformant une simple histoire de harcèlement en un gouffre de complexité psychologique.

Ist das ein Traum, eine Illusion oder ein Albtraum ?

La traduction du roman The Teacher, paru aux États-Unis en 2024, paraîtra le 16 avril prochain chez City Éditions.

Article connexe :

La Femme de ménage de Freida McFadden : un thriller psychologique vendu à 5 millions d’exemplaires

Depuis sa parution en 2023, la série en 3 tomes du thriller psychologique La Femme de ménage de Freida McFadden s’est imposée comme un succès retentissant avec déjà 5 millions d’exemplaires vendus. Captant l’attention des lecteurs par son intrigue haletante et ses retournements de situation imprévisibles, ce roman s’inscrit dans une tradition littéraire de haut vol où le rapport hégélien entre maîtres et serviteurs, la manipulation psychologique et la lutte des classes se télescopent dans une danse macabre.

Millie, jeune femme en difficulté, saisit ce qu’elle pense être une chance inespérée en intégrant le personnel de la famille Winchester. Son rôle semble simple : entretenir leur luxueuse demeure new-yorkaise, récupérer leur fille à l’école, préparer les repas et, chaque soir, s’enfermer dans sa chambre mansardée. Une existence rythmée, anodine en apparence, jusqu’à ce que sa patronne, Nina Winchester, commence à dévoiler des failles déroutantes. L’instabilité suinte par tous les pores de cette femme trop parfaite, trop affable, dont les humeurs oscillent entre un sourire figé et une cruauté sourde. Et puis, il y a cette rumeur persistante qui plane comme une ombre sur la maison : Nina aurait tenté de noyer sa propre fille.

secrets femme menage

Lentement, insidieusement, McFadden resserre l’étau autour de Millie. Une sensation d’étouffement s’installe lorsque l’héroïne réalise que la porte de sa chambre ne se verrouille que de l’extérieur. « Je m’approche de la porte de ma chambre, et c’est là que je réalise. La poignée tourne dans le vide. Je suis enfermée à clé. De l’extérieur. » Un infime détail, presque anodin, mais qui fait basculer la perception de l’espace domestique : ce foyer chaleureux se mue en piège oppressant. Qui détient vraiment le pouvoir ici ? Qui observe, qui manipule, qui dévore qui ?

McFadden adopte un style d’une redoutable efficacité. Son texte, épuré et nerveux, s’appuie sur des chapitres courts, presque saccadés, qui déclenchent un sentiment d’urgence. Son art du suspense est d’une grande ruse : elle distille à chaque fin de chapitre une information troublante, une émotion crue, une perception bancale, forçant le lecteur à tourner la page encore et encore, comme happé dans un engrenage infernal.

La narration, à la première personne, ancre le lecteur dans la psyché de Millie, une voix teintée d’incertitude et d’inquiétude croissante : « Nina Winchester me regarde de haut en bas comme si elle prenait la mesure d’un objet qu’elle envisage d’acheter, et non d’une personne. Son sourire est large mais ses yeux restent froids. » Une écriture quasi-cinématographique qui capte l’essence du thriller domestique : cette sensation d’un cadre familier, rassurant en apparence, qui se fissure lentement pour révéler l’abîme sous la surface.

Derrière son intrigue efficace, La Femme de ménage esquisse une réflexion plus profonde sur la lutte des classes et les dynamiques de domination sociale. Le roman s’inscrit dans la lignée du domestic noir, ce sous-genre du thriller où la maison bourgeoise devient le théâtre de rapports de force pervers. On pense inévitablement à Rebecca de Daphné du Maurier, ou encore à Le Tour d’écrou d’Henry James, où le domestique devient le témoin impuissant des dérives d’une aristocratie en déliquescence.

La Femme de Ménage voit tout

Nina Winchester incarne la vacuité d’une élite oisive, où le pouvoir se réduit à une forme de cruauté gratuite. « Vous n’avez pas d’endroit où aller. Vous n’avez rien. Vous êtes à moi. » Dans un jeu de miroirs saisissant, McFadden met en scène un renversement subtil des rôles : la victime d’hier peut-elle devenir le bourreau de demain ?

L’un des tours de force du roman réside dans sa manière de brouiller les repères du lecteur. Millie n’est pas seulement une victime passive : à mesure que l’histoire progresse, elle s’affirme, dévoile ses propres parts d’ombre. Le thriller ne se contente pas de jouer avec la peur, il joue avec la vérité. Les apparences trompeuses érigent un labyrinthe mental où la méfiance devient la seule boussole. « Parfois, je mens. » Cette phrase récurrente vient semer le doute, creusant une incertitude permanente : qui manipule qui ?

La Femme de ménage est un de ces thrillers qu’on dévore en une nuit, emporté par sa cadence implacable et son jeu d’ombres psychologiques. Si l’intrigue est magistralement construite, elle cédé parfois à une mécanique trop huilée, où le suspense finit par desservir la crédibilité. Mais qu’importe : ce roman n’a pas prétendu réinventer le genre, seulement en exploiter les rouages avec un brio indiscutable. Et à ce jeu-là, Freida McFadden s’impose comme une maîtresse du thriller domestique.

Un roman anxiogène, addictif, et déroutant. Mais surtout, un roman qui sait exactement comment vous piéger.

Femme de ménage de Freida McFadden, date de parution 2022 ; Le Secret de la Femme de Ménage ; 2023; La Femme de Ménage voit tout, 2024.

Sortir à Rennes. Les rendez-vous incontournables de mars 2025

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Le mois de mars à Rennes promet de nombreuses surprises de qualité et de rendez-vous immanquables. En voilà quelques-uns, issus de l’actualité de nos partenaires (cliquez sur l’image pour plus d’information) :

corine pelluchon
infinite triangle
rue des livres rennes
more aura rennes tombees

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La Fête du Court Métrage revient à Rennes du 19 au 25 mars 2025

La nouvelle édition de La Fête du court métrage revient du 19 au 25 mars 2025. Rennes ne sera pas en reste : Clair Obscur et ses partenaires souhaitent promouvoir la pluralité des formes et le renouvellement des talents du court. Au programme : projections, films en réalité virtuelle, rencontres…

Plus d’une cinquantaine de films, plus d’une dizaine de programmés, un atelier d’écriture, un film en réalité virtuelle seront au programme. Parmi les rendez-vous rennais de la semaine :

Mercredi 19 mars à 19h : Projection et rencontre / programme Talents d’aujourd’hui 1/2

Fiction, animation, documentaire, expérimental, nouveaux formats, tour d’horizon – non exhaustif – de la relève du cinéma français !
En présence de Violette Gitton, réalisatrice de Ce qui appartient à César (nommé au César du meilleur court métrage de fiction) et Talent de La Fête du court métrage 2025 !

  • Ce qui appartient à César de Violette Gitton (2023, 17’54)
  • La Photographe de Alexander Graeff (2023, 20’42)
  • Gigi de Cynthia Calvi (2023, 13’55 – animation – documentaire)
  • L’Aînée de Alma Jodorowsky (2024, 19′)
  • Suleyman de Mehdi Hamnane et Yanis Hamnane (2023, 27’05)

Vendredi 21 mars à 20h15 : Projection et rencontre / programme Hommage à Laurent Achard

Programme de cinq courts métrages en hommage à Laurent Achard, disparu en mars 2024. Cinéaste discret, talentueux et rigoureux, Laurent Achard laisse derrière lui une œuvre cohérente et sensible à découvrir absolument. Ses courts métrages sont peu vus. Le cinéaste a fait l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque française. En présence de Gaël Teicher, producteur et distributeur (La Traverse).

  • Dimanche ou les fantômes (1994, 30′)
  • Une odeur de géranium (1996, 30′)
  • Le Tableau (2013, 31′)
  • De ma fenêtre (2021, 4′)
  • La Peur, petit chasseur (2004, 9′)

+ Projection bonus : Plus qu’hier, moins que demain de Laurent Achard (France, 1998, 1h26) samedi 22 mars à 18h au cinéma Arvor – En présence de Gaël Teicher.

Samedi 22 mars à 15h30 : Projection et ciné-goûter / programme Qui mange quoi ? – À partir de 3 ans

Petits et grands, animaux et créatures en tous genres : tout le monde est invité à notre super festin en images !
Projection suivie d’un goûter offert par Clair Obscur.

Lundi 24 mars à 20h15 : Projection et rencontre / programme Made in Rennes ?

Florilège de films courts récemment tournés à Rennes ou d’initiatives rennaises. Au programme, deux films de fiction et quatre films d’animation qui témoignent du dynamisme et du savoir-faire de la production cinématographique à Rennes !
En présence de cinéastes et producteur·rices (noms en attente).

  • De ses propres ailes de Nicolás Conte, Rosario Carlino (2024, 9’ – animation – Vivement Lundi !)
  • Fait d’amour de Clémence Dirmeiki (2024, 23’ – Respiro productions)
  • Trois cent mille kilomètres par seconde de Clément Courcier (2024, 12’ – animation – JPL Films)
  • La 300e tête de Olivier Jean et Thierry Cattant (2024, 9’ – animation – JPL Films)
  • Violeta de Xavier Champagnac (2024, 22’ – Les Salines Films)
  • Vie et Mort des écrans de veille dans une salle informatique de Mathilde Rémy (2024, 9’ – Animation – Faire Meute)

Voir le programme rennais complet

Gueux versus ZFE : vers une nouvelle révolte sur les traces des Gilets jaunes ?

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), instaurées pour améliorer la qualité de l’air en milieu urbain, sont en train de devenir un point de crispation majeur en France. Ce qui aurait pu rester une simple mesure environnementale se transforme en véritable poudrière sociale, à l’image des mobilisations passées, comme celle des Gilets jaunes. Désormais, un nouveau mouvement, uporté par l’écrivain Alexandre Jardin et le chanteur Daniel Guichard, se cristallise autour des « gueux », ces automobilistes relégués hors des centres-villes faute de moyens pour s’adapter aux nouvelles normes de circulation.

ZFE et justice sociale : un rejet massif

Dès les premières mises en place des ZFE en 2015, peu de réactions avaient émergé, les interdictions restant limitées et les contrôles peu appliqués. Mais en 2025, l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 et supérieurs concerne 11,4 millions de voitures en France, une restriction qui touche en priorité les classes populaires et rurales, là où l’usage de la voiture est essentiel. Un rejet massif s’est exprimé dans une consultation de la Métropole du Grand Paris, avec 94 % d’avis défavorables.

Cette situation rappelle le mouvement des Gilets jaunes, né en réaction à la hausse des taxes sur le carburant en 2018. Dans les deux cas, la question du pouvoir d’achat et du mépris ressenti envers les « petits » automobilistes est au centre des revendications. Ce sentiment de déclassement alimente une fracture sociale et territoriale : d’un côté, les métropoles engagées dans la transition écologique, de l’autre, une France périphérique contrainte et pénalisée.

panneau ZFE

Entre passivité politique et réactions locales

Devant cette contestation, la réponse politique a oscillé entre temporisation et durcissement. En 2024, le ministre de l’Écologie Christophe Béchu a revu à la baisse le nombre de villes concernées, passant de 40 à seulement deux métropoles obligées de mettre en place une ZFE : Paris et Lyon. Toutefois, ces ajustements n’ont pas suffi à apaiser les tensions.

Si certaines villes, comme Lyon, durcissent le ton avec des contrôles et des verbalisations renforcées, d’autres collectivités hésitent encore à appliquer strictement la réglementation. Le parallèle avec la crise des Gilets jaunes est frappant : une mesure impopulaire, soutenue par l’exécutif mais largement contestée par une partie de la population, et une application différenciée selon les territoires.

La mobilisation des « gueux » : vers une nouvelle révolte populaire ?

L’initiative d’Alexandre Jardin marque un tournant dans la contestation. Par des manifestations hebdomadaires pacifiques devant les mairies, les « gueux » entendent se faire entendre sans recourir à la violence. Ce mode d’action contraste avec les débordements qui avaient marqué le mouvement des Gilets jaunes, mais pourrait tout autant peser sur l’agenda politique.

Le choix du terme « gueux » est significatif : il renvoie à une classe sociale méprisée, rappelant les revendications des sans-culottes de la Révolution française ou des paysans lors des jacqueries médiévales. Cette rhétorique, qui oppose une élite déconnectée au « peuple réel », pourrait trouver un écho grandissant à mesure que les sanctions liées aux ZFE se durcissent.

Une opportunité pour l’extrême droite ?

Derrière la contestation des ZFE se cache un enjeu électoral majeur. Une étude de l’Ifop montre que le vote en faveur du Rassemblement national (RN) est particulièrement fort parmi les populations dépendantes de la voiture. En 2022, ce vote a atteint 49 % chez ces électeurs, contre 28 % chez ceux n’ayant pas besoin d’un véhicule au quotidien.

Le parallèle avec la montée du populisme aux États-Unis est éclairant. Comme Alexandre Jardin l’a souligné, les Démocrates américains ont perdu une partie de la classe populaire en imposant des politiques perçues comme technocratiques et déconnectées des réalités du terrain. En France, la rigidité des politiques écologiques pourrait avoir un effet similaire : alimenter une défiance accrue envers les partis traditionnels et renforcer l’attractivité du RN, seul parti à s’être clairement opposé aux ZFE dès 2022.

Vers une refonte des politiques écologiques ?

Les ZFE ne sont pas qu’une simple question de pollution de l’air : elles incarnent un clivage entre urbains et ruraux, riches et pauvres, gouvernants et gouvernés. Comme pour les Gilets jaunes, l’absence d’écoute et de concertation pourrait transformer une contestation en crise sociale majeure.

La question qui se pose désormais au gouvernement est celle de la légitimité de ces mesures. Peut-on imposer une transition écologique sans alternative viable pour les plus précaires ? L’histoire récente montre que le refus d’entendre les signaux d’alerte peut conduire à des crises bien plus profondes. À l’exécutif de décider s’il souhaite désamorcer la colère des « gueux » avant qu’elle ne prenne une ampleur incontrôlable.

Entretien vidéo. L’extraordinaire BD Révolution des Lorientais Florent Grouazel et Younn Locard

La bande dessinée Révolution de Florent Grouazel et Younn Locard était présentée aux Champs Libres de Rennes lors du festival littéraire Jardins d’Hiver. Une rencontre avec les auteurs de cette série multi-primée qui raconte la Révolution française depuis la rue était prévue dimanche 2 février 2025. Retrouvez leur entretien dans l’émission spéciale Faites-moi lire aux Champs libres.

C’est au lycée, à Lorient, que Grouazel et Locard se rencontrent. Les deux jeunes hommes, passionnés de dessin tous les deux, se lient d’amitié et s’envolent pour le pays du neuvième art, la Belgique. Ensemble, ils intègrent l’école de la bande dessinée de Saint-Luc de Bruxelles avant de publier leur premier récit en 2013, Eloi. C’est l’histoire d’un jeune pêcheur kanak dans le colonialisme du XIXe siècle. Dans la foulée, les deux dessinateurs ne bullent pas et attaquent l’écriture de leur deuxième bande dessinée, plus qu’ambitieuse, Révolution.

Révolution BD
Grouazel Locard
Jardin d'Hiver aux Champs Libres
Florent Grouazel à gauche, Younn Locard à droite

Paru en 2019 aux éditions Actes Sud, le premier tome de Révolution intitulé Liberté dépeint les différents paysages de l’année 1789. La même année, l’œuvre reçoit le Prix Bulles d’Humanité, le Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique, le Prix Millepages, et sa reconnaissance lui vaut en 2020 un Fauve d’or à Angoulême dans la catégorie du meilleur album. En 2023, Florent Grouazel et Yann Locard reviennent avec le deuxième volume, Égalité, qui se concentre sur l’année 1791. « Il nous a fallu plus de cinq ans pour écrire Liberté, nous nous fixons quatre ans de travail pour le prochain épisode Ou la mort », soulignent les deux auteurs.

« Nous nous sommes attaqué à une période historique souvent bourrée de clichés, d’une révolution où les personnages restent souvent mal ou pas du tout représentés. » C’est dans une volonté de raconter autrement l’histoire, et en s’appuyant sur les travaux de l’historien Pierre Serna, que les deux dessinateurs ont préféré donner de l’importance à différents personnages fictifs ou inspirés de personnes réelles plutôt qu’à de grandes figures de l’époque.

Dans le premier tome, le lecteur suit Marie, une petite fille débrouillarde aux allures de Cosette qui survit dans les bas-fonds de Paris. Il y a aussi sa sœur Louise, domestique qui s’émancipe tant bien que mal. Le personnage d’Abel de Kervélégan, un noble quimpérois qui préfère la bouteille plutôt que d’assister aux débats de la nouvelle Assemblée Nationale, a vraiment existé. Tout comme Reine Audu (ou Louise-Renée Leduc), dame poissarde aux Halles. Il y a aussi Jérôme Laigret, animateur réactionnaire de la gazette royaliste Le Lys Ardent et dont les traits se rapprochent fortement d’Eric Zemmour. Autant de personnages que de micro-histoires pour sentir l’effondrement du Vieux Monde.

Révolution BD
Grouazel Locard
Jardin d'Hiver aux Champs Libres
Extraits de Révolution, Tome I Egalité

« Plusieurs de nos protagonistes sont des femmes », précisent-ils. « Si elles ne sont pas oubliées, les femmes sont toujours dépeintes dans l’Histoire à travers leur inventions ou par le biais d’hommes importants. On oublie trop souvent qu’elles ont fait et font partie de la dynamique collective de la société. » Ainsi, Révolution représente des femmes de différents âges et différents statuts, en premier ou arrière-plan, dans de beaux appartements comme dans les rues, mais toujours révoltées. Elles entraînent les hommes, elles combattent et se politisent en assistant aux réunions et dans les tribunes de l’Assemblée.

Pas de grands noms ni de faux héroïsme, la dizaine de personnages que l’on suit dans les différents quartiers de Paris reste des personnes de la vie du XVIIIe, issus de plusieurs milieux. Tous livrent à chaque page leur sentiment au milieu d’une époque en plein bouleversement. « Nous nous sommes, bien sûr, attachés fidèlement à toute l’esthétique historique, des costumes à l’architecture, mais ce qui nous importe c’est plutôt ce qu’il se passe dans la tête de chaque personnage à tel moment, et selon leur statut. » Avec des recherches approfondies et accompagnés par plusieurs historiens, scientifiques et anthropologues, Grouazel et Locard ont réussi le pari de ressusciter en bande dessinée la capitale française en pleine révolution.

À l’aide d’un passionné de cette époque qui reconstitue la ville de Paris en 3D, les auteurs ont également pu reproduire certains quartiers et bâtiments tels qu’ils étaient en ces années-là, comme le Palais des Tuileries.

Révolution BD
Grouazel Locard
Jardin d'Hiver aux Champs Libres
Extraits de Révolution, Tome I Egalité

« Raconter des récits différents des écrits académiques est un bon moyen de faire résonner le passé avec l’actualité. L’écho est d’autant plus puissant quand on pense aux combats contre les privilèges, de plus en plus important aujourd’hui ». On pense notamment au mouvement des Gilets Jaunes à Paris, très souvent relié au mouvement révolutionnaire de 1789. Dans Révolution, pas de gilets fluorescents, mais la même volonté de renverser les gouvernants au nom de la justice et de la liberté.

Au fil de la bande dessinée, la lecture nous perd dans les rues et dans les chemins de campagne, ne sachant plus où se passent la situation. Pas de géographie précise ni d’histoires figées, nous nous laissons porter par le parcours de chaque personnage, au loin comme de très près. Rythmé par les débats à l’Assemblée Nationale, par la foule aux Halles ou la fumée des canons dans les rues, Révolution met en scène l’atmosphère bruyante et violente infligée à la population affamée. Dans tout ce bouillonnement, l’image se fige parfois et fait apparaître de grand tableaux, presque silencieux, marquant ainsi de courtes pauses dans le récit.

Révolution BD
Grouazel Locard
Jardin d'Hiver aux Champs Libres
Extrait de Révolution, Tome II Livre 1 Liberté

Ces deux tomes, long de près de 1000 pages, s’est bâti à quatre mains : « C’est un long travail de recherche dans un premier temps, expliquent Grouazel et Locard. Nous nous partageons nos recherches via nos lectures puis, dans un second temps, nous nous inventons des situations et des personnages. Nous attaquons ensuite l’écriture, les dialogues, les décors et les personnages. Ce n’est qu’après que vient le travail d’illustration, et une fois les storyboards terminés, nous nous répartissons les scènes. C’est un long travail d’harmonisation, même si nos styles sont proches et que nous utilisons les mêmes outils, à savoir la plume et de l’encre de Chine ».

La fin de la trilogie annoncée, si tout va bien, dans deux ans, se focalisera sur l’année 1792. « Nous avions commencé un gros travail pour le deuxième tome, nous avons dû le scindé en deux. Il faudra donc attendre encore un peu pour le deuxième livre du tome II intitulé Ou la mort ».

Grouazel et Locard clôtureront le Festival Jardin d’Hiver dimanche 02 février. La rencontre à 16h à l’Auditorium des Champs Libres avec les auteurs qui pourront répondre aux questions du public, sera suivi d’une séance de dédicaces.

Révolution BD
Grouazel Locard
Jardin d'Hiver aux Champs Libres
Extraits de Révolution, Tome I Egalité

INFOS PRATIQUES :

Rencontre avec Grouazel et Locard le 02 février à 16h. 1h. Gratuit.

Festival littéraire Jardin d’Hiver, du 31 janvier au 02 février aux Champs Libres, 10 cour des Alliés, 35000 Rennes.

Article connexe :

Entretien vidéo. Julia Thévenot entre magie et féminisme avec Mille Pertuis

Dans le cadre du festival Jardins d’Hiver à Rennes, l’autrice Julia Thévenot nous a plongés dans son univers littéraire unique avec son dernier roman Mille Pertuis. Entretien vidéo :

Autrice et éditrice, Julia Thévenot est particulièrement active dans le domaine de la littérature jeunesse. Traitant de thématiques universelles avec sensibilité et audace, son œuvre mêle réflexion sociale, féminisme et fantastique. Elle a également publié plusieurs albums jeunesse et travaille sur des projets de bande dessinée. Son univers propose une exploration de réalités parallèles tout en interrogeant des questions fondamentales de société.

Julia Thévenot
Julia Thévenot (Photo par Cha Gonzalez)

Dans le cadre de la nouvelle édition de Jardins d’Hiver, Julia Thévenot animera deux événements. À 14h30, elle proposera une Promenade littéraire de 30 minutes, un moment intimiste pendant lequel elle partagera ses influences et les ouvrages qui l’ont marquée. À 16h15, elle animera la rencontre « La quête de soi dans un monde de sorcières », dans laquelle elle expliquera comment son dernier roman, Mille Pertuis, aborde la question du corps féminin et de l’adolescence à travers la magie. Cette rencontre permettra d’approfondir les thèmes du livre, notamment la croissance intime, la découverte de soi et la magie comme outil de rébellion. Les événements, accessibles gratuitement sous réserve de places disponibles, offrent une occasion unique de découvrir l’univers fascinant de l’autrice.

Mille Pertuis Tome 1 : la sorcière sans nombril
Julia Thévenot

Publié aux éditions Gallimard Jeunesse, Mille Pertuis est un diptyque où se mêlent sorcellerie et exploration de l’identité féminine. L’histoire suit Ortie, une jeune héroïne évoluant dans un monde peuplé de sorcières où la magie n’est pas un simple pouvoir, mais un acte profondément intime, parfois dérangeant. Julia Thévenot décrit ainsi son approche de la sorcière : « Je voulais renouer avec l’aspect inquiétant de la sorcière, loin des représentations lisses et civilisées. Dans Mille Pertuis, la magie a un coût : elle est physique, organique, un peu dégoûtante ». Dans cet univers, les sorcières utilisent leur propre corps – fluides corporels, sang, larmes, salive – pour accomplir des rituels. Cette magie, brute et organique, contraste avec la magie « propre » des récits populaires.

Ce roman se distingue des récits traditionnels de fantasy, il fait de la sorcellerie un processus douloureux, lié aux émotions et à l’adolescence. Ortie utilise ses fluides corporels pour se définir et grandir, la magie devenant ainsi un miroir de la quête de soi. Mille Pertuis pose un regard sans concession sur l’adolescence et la place du corps féminin dans un monde qui le marginalise. Julia Thévenot souligne l’aspect féministe de son ouvrage : « Apprendre à grandir en tant que femme, c’est apprendre à accepter son corps et sa puissance. » Les sorcières du roman se réapproprient leur force dans un monde qui les juge.

L’autrice ne craint pas de bousculer ses lecteurs. Si certains ont été déstabilisés par la crudité de sa magie, Julia Thévenot y voit une réussite : « Mon but était de renouveler le genre et d’apporter une perspective différente. Je voulais que la magie soit en phase avec notre époque, qu’elle soit ancrée dans le quotidien. » Avec son style audacieux et sa vision subversive, elle parvient à mêler des éléments familiers à des aspects dérangeants, créant ainsi une atmosphère magique et inquiétante, mais captivante.

Ce processus de création a pris plusieurs années à se concrétiser. L’autrice a partagé qu’elle laissait souvent ses idées « mijoter » pendant plusieurs années avant de se lancer dans l’écriture. « Pour les univers denses, il faut que ça mijote. Parfois pendant quatre ans. » Elle a ainsi appris à laisser les éléments se constituer lentement avant de poser ses premiers mots. Parmi les premières images qui ont nourri Mille Pertuis, elle cite des scènes à la fois enfantines et dérangeantes, comme celle de garçons jouant dans une machine à laver, ou l’image d’une sorcière adolescente blessée qui répare son corps avec calme et maîtrise.

Au fil de ses expériences d’écriture Julia Thévenot a appris à ne pas saturer ses romans de trop d’idées. « Ne pas essayer de tout mettre dans le premier roman. » Cette leçon importante lui a permis de mieux structurer ses récits, en évitant de surcharger l’histoire. Elle souligne aussi l’importance du rythme : « Depuis que j’ai découvert l’importance du rythme dans la langue, mes romans sont devenus plus agréables à lire à voix haute. » Cette sensibilité au rythme et à la structure fait partie intégrante de son écriture, contribuant à la fluidité et à l’impact de ses récits.

INFORMATIONS PRATIQUES

Promenade littéraire avec Julia Thévenot
1er février 2025, 14h30
Durée : 30 min
Bibliothèque des Champs Libres
Inscription sur place, dans le hall d’accueil

La quête de soi dans un monde de sorcières
1er février 2025, 16h15
Durée : 1h
Bibliothèque des Champs Libres (5e étage)
Entrée libre, sous réserve de places disponibles

Quand de Gaulle et Adenauer appellent à boycotter les produits américains

Scène : Paris, 1963. Dans le salon feutré de l’Élysée, le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer se retrouvent pour discuter des affaires du monde. Un majordome vient de leur servir un café bien français, accompagné de petits biscuits (allemands, par pure courtoisie).

De Gaulle (se lissant la moustache, le sourcil levé) : Ah, mon cher Konrad, il faut que nous parlions d’un problème grave.

Adenauer (sirotant son café avec prudence) : Je vous écoute, Charles. S’agit-il encore de la perfidie anglaise ?

De Gaulle : Pire ! Les Américains.

Adenauer (soupirant) : Ah… encore ?

De Gaulle : Toujours ! Voyez-vous, ces derniers temps, leurs enfants turbulents font de nouvelles sottises.

Adenauer (intrigué) : Quels enfants ?

De Gaulle : Trois garnements qui ont récemment tourné aux voyous, que dis-je, aux pirates. Un certain Trump, un Vance, et un… comment s’appelle-t-il déjà… ? Ah oui ! Musk.

Adenauer (fronçant les sourcils) : Jamais entendu parler. Ils sont présidents ?

De Gaulle : Non, mais ils veulent l’être, ou pire, ils agissent comme s’ils l’étaient déjà.

Adenauer (levant les yeux au ciel) : Ah… Une épidémie chez eux.

De Gaulle : Exactement. Imaginez : Trump, c’est un enfant capricieux, irrespectueux, imbu de volonté de puissance, qui crie plus fort que tout le monde, renverse la soupe sur la table et se persuade que c’est la faute des Mexicains.

Adenauer : Hmpf. Déjà que Nixon me donne des sueurs froides…

De Gaulle : Et puis il y a ce Vance. Un paysan qui veut se faire empereur et qui confond la fermeté avec l’entêtement d’un sanglier.

Adenauer : Un sanglier américain… donc un gros cochon.

De Gaulle (tapant du poing sur la table) : Exactement ! Et Musk, c’est le pire de tous. Un jeune néo-nazi qui joue avec des fusées, insulte les journalistes et prétend que la planète entière est son terrain de jeu.

Adenauer (hochant la tête) : Hmm… Et votre solution ?

De Gaulle : Le boycott, mon cher Konrad.

Adenauer (perplexe) : Vous voulez boycotter les Américains ?

De Gaulle (se levant dramatiquement) : Non, leurs produits ! Ces machines abrutissantes qu’ils nous vendent, leurs automobiles trop grandes, leurs sodas pleins de sucre, leurs films où tout explose pour rien !

Adenauer (souriant légèrement) : Vous n’êtes pas fan de Hollywood, Charles ?

De Gaulle : Hollywood ? C’est la foire aux imbéciles ! Des cow-boys qui galopent sans but, des héros qui ne savent que tirer… et toujours cette prétention d’être « les sauveurs du monde ».

Adenauer (amusé) : Et que proposez-vous ?

De Gaulle : La grandeur de l’Europe, mon ami ! Un boycott intelligent. Remplaçons leurs gadgets par nos propres merveilles !

Adenauer (haussant un sourcil) : Avez-vous une alternative européenne aux automobiles américaines ?

De Gaulle (un temps de silence, puis en haussant les épaules) : Nous avons… la 2CV.

Adenauer (s’efforçant de ne pas rire) : Charles, j’admire votre patriotisme, mais si nous devons combattre la décadence américaine avec une voiture qui a le bruit d’un mixeur, nous allons perdre la guerre.

De Gaulle (faisant un geste impérial) : Détrompez-vous ! La simplicité et l’élégance l’emporteront toujours sur le chaos !

Adenauer (soupirant) : Bon… boycott des produits américains, donc ?

De Gaulle (triomphant) : Naturellement. Nous sommes l’Europe. Nous sommes la civilisation. Nous ne pouvons pas laisser ces pirates nous dicter leurs lois !

Adenauer (prenant un biscuit allemand et croquant pensivement) : Très bien, Charles. Mais on garde quand même le jazz ?

De Gaulle (après un moment d’hésitation) : … Bon d’accord, on garde le jazz. Mais rien d’autre !

(Fin de l’échange. Le rideau tombe sur ces deux figures d’un autre temps, pendant qu’un avion américain atterrit à Orly, rempli de jeans Levi’s et de Coca-Cola clandestin.)

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Alerte méningite à Rennes : La campagne de vaccination de 100 000 jeunes est lancée

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​Devant une recrudescence exceptionnelle des cas de méningite à méningocoques B dans la métropole de Rennes, les autorités sanitaires ont décidé de lancer une campagne de vaccination massive ciblant 100 000 jeunes âgés de 15 à 24 ans.

Afin de répondre aux questions concernant cette campagne de vaccination, l’ARS Bretagne met en place un numéro vert (0800 35 00 17)  (appel gratuit, service ouvert de 10 h à 17 h).

meningite rennes
1. Combien y-a-t-il de cas au total sur le territoire de Rennes Métropole ? 

Depuis le début de l’année 2025 et à date du 26 février 2025, 17 cas ont déjà été recensés dont 11 en Ille-et-Vilaine. De plus, parmi les cas survenus sur le territoire de Rennes Métropole, 6 cas sont concernés par une même souche.

Cette situation classe donc le territoire de Rennes Métropole en situation d’hyperendémie c’est-à-dire qu’il présente une augmentation durable de l’incidence pour un sérogroupe donné par rapport à l’incidence habituellement observée dans un secteur géographique.
 

2. De quand date l’apparition des 1ers cas liés à la même souche 
  • depuis décembre 2024, 3 cas d’infections invasives à méningocoque de type B ont été signalés en lien avec l’établissement d’enseignement supérieur de Rennes School of Business (RSB)
  • fin janvier 2025, 3 cas d’infections invasives à méningocoque de type B ont été déclarés au sein d’une famille sur la métropole de Rennes.

A ce jour, ces cas sont âgés de 15 à 24 ans
 

3. Y-a-t-il eu des décès ? 

Une personne est décédée. Les infections invasives à méningocoques sont des infections graves.
 

4. Pourquoi n’en avons-nous pas entendu parler auparavant ? 

Les cas d’infections invasives à méningocoque (IIM) font l’objet d’une surveillance épidémiologique permanente par Santé publique France dans le cadre de la surveillance des maladies dites « à déclaration obligatoire » par les professionnels de santé. 

Le signalement d’un cas d’IIM par un professionnel de santé donne systématiquement lieu à des investigations épidémiologiques et microbiologiques par l’ARS, Santé publique France et le Centre national de référence des méningocoques et Haemophilus influenzae » (CNR) à l’institut Pasteur.

L’analyse génomique, par le CNR des souches des bactéries responsables des cas d’IIM à Rennes Métropole révèle une infection par une seule et même souche. L’enquête menée par l’ARS Bretagne et Santé publique France n’a pas permis de retrouver de lien épidémiologique entre les différents cas, impliquant vraisemblablement une circulation et l’installation de cette souche sur ce territoire.

Dès lors que, sur un territoire donné, une augmentation anormale du nombre de cas reliés à une même souche est détectée, une alerte sanitaire est déclenchée, entrainant la mise en œuvre d’actions (sensibilisation des professionnels de santé et du grand public) par les autorités sanitaires. C’est ce qui se passe actuellement sur le territoire de Rennes Métropole. 
 

meningite rennes
5. Le nombre de cas est-il susceptible d’augmenter ? 

Comme mentionné plus haut, les cas d’infections invasives à méningocoques font l’objet d’une surveillance épidémiologique permanente. Comme pour toute maladie transmissible avec une transmission entre les individus par le biais de contacts étroits, il y a un risque de diffusion de la maladie. 

Des cas peuvent continuer à apparaître, du fait de la présence de la bactérie dans la gorge de personnes sans symptômes (les porteurs asymptomatiques), la bactérie continuant à se transmettre entre les individus. Sans que l’on sache parfaitement pourquoi, certaines personnes vont déclencher la maladie et d’autres pas.
 

6. Quelles mesures sanitaires ont déjà été prises ? 

Dès la survenue d’un cas d’infection invasive à méningocoque, les contacts étroits (contact à moins d’un mètre, en face à face, pendant au moins une heure) familiaux, amicaux et professionnels sont identifiés. Il leur est proposé à titre préventif un traitement antibiotique afin de prévenir la transmission de la maladie.
 

7. Mon médecin est-il informé de l’existence d’un nombre anormalement élevé de cas d’infections invasives à méningocoque sur Rennes Métropole ? 

L’ARS a informé l’ensemble des professionnels santé et établissements de santé du territoire de Rennes Métropole de cette situation.
 

8. Pourquoi évoque-t-on la situation de l’établissement Rennes School of business (RSB) ? 

Plusieurs cas sont en lien avec l’école Rennes School of Business, ce qui suggère une circulation de la bactérie. Une campagne de vaccination spécifique est donc organisée à destination des étudiants et professionnels de cet établissement. Les étudiants et les professionnels en ont été informés. 
 

9. Si je ne fréquente pas l’école de Rennes School of business, dois-je me faire vacciner ? 

OUI si j’ai entre 15 et 24 ans et que j’habite ou je suis scolarisé, étudiant ou je travaille sur le territoire de Rennes Métropole. 

Le territoire de Rennes Métropole a été classé en hyperendémie. Face à ce constat, les autorités sanitaires proposent la vaccination contre le méningocoque B à la population particulièrement impactée, à savoir tous les jeunes de 15 à 24 ans, habitants, scolarisés, étudiants ou travaillant à Rennes Métropole, soit au total 100 000 personnes.
 

10. Quand va démarrer la campagne de vaccination ? 

La campagne de vaccination démarre le  lundi 3 mars 2025 au sein de l’école Rennes School of Business, puis à partir du jeudi 6 mars chez les professionnels de santé de ville et en centres de vaccination.  Elle s’étalera sur plusieurs semaines consécutives afin de permettre à l’ensemble de la population cible d’accéder à la vaccination. 
 

11. Y a-t-il suffisamment de doses ?  

Oui, le nécessaire a été fait auprès du laboratoire pour garantir l’approvisionnement des pharmacies.
 

12. Concrètement comment je fais ? 

La vaccination Méningocoque B en pratique 

Vous êtes âgé entre 15 et 24 ans et vous êtes donc concerné par la campagne de vaccination Méningocoque B organisée sur le territoire de Rennes métropole 

En pratique, vous avez le choix entre plusieurs possibilités : 

  • Vous faire vacciner directement par les professionnels de santé libéraux : médecins, sage-femmes, infirmiers et pharmaciens à partir de jeudi 6 mars 
  • Vous faire vacciner directement en centre de vaccination à partir du jeudi 6 mars. Des centres de vaccination sont d’ores et déjà prévus à Villejean, Beaulieu 
  • Vous faire vacciner à l’école Rennes School of Business uniquement si vous y étudiez à partir du lundi 3 mars1 – La vaccination directement par des professionnels de santé libéraux : médecins, sages-femmes, infirmiers et pharmaciens. La vaccination auprès des sages-femmes, infirmiers et pharmaciens peut se faire sans prescription délivrée préalablement par le médecin généralisteVous pouvez d’ores et déjà prendre votre RDV avec le professionnel de votre choix pour une consultation à compter de jeudi 6 mars. 
    • Si vous vous faites vacciner par un médecin, une sage-femme, ou un infirmier, vous devez récupérer votre vaccin au préalable auprès d’une pharmacie en vous munissant : 
      • de votre carte vitale
      • votre carte de mutuelle 
      • votre carnet de santé si vous l’avez 
    La vaccination est prise en charge dans ce cas à 100 %. 
    Vous devez être accompagné d’un parent si vous êtes mineur 
    • Si vous vous faites vacciner en pharmacie, vous devrez également présenter : 
      • votre carte vitale, 
      • votre carte de mutuelle
      • votre carnet de santé si vous l’avez 
    La vaccination est prise en charge dans ce cas à 100 %.
    Vous devez être accompagné d’un parent si vous êtes mineur Pour ceux qui ne disposent pas de mutuelle, ni de couverture sociale, 
    il est conseillé de se rendre en centre de vaccination pour pouvoir bénéficier d’une vaccination gratuite dont le financement est assuré par l’ARS Bretagne. 2 – La  vaccination directement en centre de vaccination 
    • Vous devez présenter : 
      • une pièce d’identité 
      • votre carnet de santé si vous l’avez 
    Vous devez être accompagné d’un parent si vous êtes mineur 3 – la vaccination au sein de l’établissement Rennes School of Business est réservée aux étudiants de cette école. Une prise de RDV est organisée par l’école 
12. Comment me tenir informé de l’évolution de la situation ? 

En suivant l’actualité sur le site internet et les réseaux sociaux de l’ARS Bretagne : Facebook, Linkedin et sa page Instagram dédiée à la santé publique : @pourmasante_

Chez l’adulte ou l’enfant capable de s’exprimer, les symptômes :

  • Maux de tête ;
  • Nausées ;
  • Vomissements ;
  • Fièvre ;
  • Raideur de la nuque ;
  • Hypersensibilité à la lumière (on parle de photophobie) ;
  • Taches (purpura) sur le corps

Rennes 2. Le Tremplin Musiques Actuelles dévoile les lauréats de l’édition 2025 

Le Tremplin Musiques Actuelles « À vous de jouer ! » vous invite à célébrer son dixième anniversaire au Tambour de l’université de Rennes 2 le 2 avril 2025 avec les lauréats 2025 : Tanork, Isia-Lou et Tris & The Soap Horrifique. Les trois groupes issus de l’université de Rennes auront l’opportunité d’être accompagné.es par des professionnels et démontrer leurs talents lors d’un concert enregistré en live. Retour sur ces jeunes musicien.nes, leurs parcours, leurs projets et leurs rêves.

Événement proposé dans le cadre des Journées Arts et Culture dans l’Enseignement Supérieur, le Tremplin Musiques Actuelles sélectionne chaque année, depuis 2014, des groupes issus des université de Rennes. Avec comme objectif la mise en lumière des talents musicaux de la scène locale, le concours « À vous de jouer ! » lançait ses ouvertures aux inscriptions en septembre. Pour candidater, les critères étaient simples : être étudiant.e dans une des universités de Rennes ou être constitué pour moitié d’étudiant.es et présenter trois créations musicales. Un jury de professionnel a par la suite évalué l’originalité, la qualité et la créativité des morceaux. Cette année encore, trois formations musicales aux styles éclectiques ont eu la chance d’être choisies pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé au Jardin Moderne, au 4bis ou au Diapason pendant deux jours, d’une interview live sur la Radio partenaire C-Lab, et d’une captation audio et vidéo du concert donné le 2 avril prochain au Tambour.

Tanork

Tremplin musiques actuelles
Tanork
Eflam, Morgann et Melaine

Tanork, c’est un trio de musiciens de death metal constitué de Melaine à la basse et au chœur, de Eflam à la guitare et au chant et Morgann à la batterie. Le groupe d’une vingtaine d’année a déjà un beau bagage musical à Rennes : il s’est déjà produit sur les scènes du bar l’Uzine, du Melody Maker ou encore du Ty Anna, et semble bien décidé à secouer la tête le 2 avril prochain lors du concert donné au Tambour de Rennes 2. « En plus du concert, le Tremplin nous donne l’opportunité d’une résidence artistique de deux jours au Jardin Moderne, accompagné par des techniciens du son dont Hugo Le Fèvre et Alexandre Pollet. Il faut maintenant qu’on arrive à caler une date entre nos cours et nos jobs étudiants… » Et aussi d’organiser leur emploi du temps avec celui de Morgann, en formation bac pro à Nantes. Melaine, lui, est en L1 musicologie et Eflam en L2 breton.

Les deux Rennais jouent ensemble depuis cinq ans tandis que Morgann rejoint Tanork l’année dernière : « C’était indispensable d’avoir un batteur dans l’équipe, déjà pour ne pas passer pour des petits amateurs de garage, mais aussi pour avoir plus d’opportunités de monter sur scène ». Ainsi réuni, le groupe a déjà pu se produire au Mennecy Metal Fest dans l’Essonne et au Barbeuk Metal Fest en Maine-et-Loire. « Le Tremplin permettrait de montrer notre nouvelle direction artistique aux organisateurs de concerts et de festivals, avec notamment l’enregistrement de l’EP qui sera de meilleure qualité que notre premier album ».

Tanork dévoile un death metal brutal qui s’accompagne de dissonances et de voix gutturales aux airs de films d’horreur. Eflam explique cette technique de chant propre au metal : « Au niveau de la gorge, nous avons ce qu’on appelle des fausses cordes vocales que je peux faire vibrer en descendant dans les fréquences et qui donne cette voix saturée si caractéristique du “growl”. C’est une technique que j’ai apprise avec mon père, avec des tutos YouTube ou en criant tout seul dans ma chambre ! » (rires). Une musique brutale, politique et engagée pour traiter de sujets d’actualité comme l’écologie, les violences animales ou les violences policières. Influencé par les groupes métal comme Death, Gojira, Suffocation ou le groupe rennais Hard Mind, Tanork lui ne chante exclusivement qu’en breton. Une singularité dans ce domaine musical qui ne compte aujourd’hui qu’une dizaine de groupes seulement. « Notre rêve ultime serait de monter sur les scènes des festivals Motocultor ou le HellFest ! Symboliquement ce serait fort et puis ce sont des événements que l’on ne rate jamais depuis tout jeune ».

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Isia-Lou

tremplin musiques actuelles
isia-lou

Autant à l’aise avec ses propres compositions qu’avec des reprises de chanson, du folk au rock, Isia-Lou présente un style poétique et folk. Nourrie au rock alternatif, des Pixies à Kate Bush, et par les textes de la chanteuse québécoise Klô Pelgag, Isia-Lou grandit à Plouasne dans une famille de musiciens. C’est donc tout naturellement qu’elle commencera à écrire ses premières chansons à treize ans. Guitare à la main, elle livre, à son image, un style introspectif et mélancolique accompagné de douces envolées vocales. « Je me définirai comme une artiste folk ou indi folk, style qui s’est presque imposé à moi puisque que je chante à la guitare, en solo et quasiment en anglais ! » mais des influences rock ressortent aussi, comme dans la chanson Revolution Grrrrl Style, hommage au groupe punk et féministe Bikini Kill. 

Artiste introvertie, Isia-Lou n’a pourtant aucune appréhension quant au concert qu’elle donnera le 2 avril prochain : « Je suis habituée à chanter devant différents publics pour des fêtes de village, des guinguettes, les fêtes de la musique. J’ai même eu l’occasion de jouer sur scène ouverte au festival La Nouvelle Vague, à Saint-Malo ». Avec un premier EP enregistré “maison” avec son père en septembre, avant les inscriptions au Tremplin, Isia-Lou ne poste que très peu de démo sur les réseaux sociaux : « Je trouve que ça donne un côté trop définitif à mes chansons et préfère plutôt poster des reprises ». Le 4bis l’accueillera pour une résidence de deux jours avec des musiciens professionnels pour préparer son tout premier concert à Rennes, au Tambour. Elle présentera ses compositions parmi une quinzaine de morceaux de son répertoire avec pour objectif de se produire, à l’avenir, le plus possible à Rennes : « Même si mon rêve serait de faire de la musique mon métier, je n’abandonne pas mes études pour autant. La suite, on verra ! ». 

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Tris & The Soap Horrifique

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tris & the soap horrifique

Tris, artiste compositrice, guitariste et chanteuse est ici accompagnée par The Soap Horrifique : Anna au synthé, Solenn à la guitare et Louise à la basse et au vocoder. Mais ne vous fiez pas à son nom, ce groupe n’a rien de soporifique ! Il se décrit comme un mélange de pop-rock et indie-pop plein de tonus. C’est en septembre 2024 que se forment les quatre musiciennes avec pour objectif de s’inscrire au Tremplin. Les voici fraîchement lauréates, prêtes à monter sur la scène du Tambour ! Élèves du conservatoire, Anna, Louise et Solenn ont déjà une grande expérience musicale et scénique. Pour Tris, “le cerveau créatif du groupe”, la musique a commencé dès l’âge de trois ans : « J’ai toujours fait de la musique, en commençant dans ma chambre, puis j’ai fait mes premières scènes et enregistrements à 15 ans ». 

« Même si ça ne ressemble pas à ce que je compose, je tire mes influences de la britpop, un genre musical des années 90 comme Blur, Elastica, Pulp, Sleeper par exemple, mais aussi des années 60’s et 70’s avec Dylan, The Beatles ou Jane Birkin dont je suis fan », explique Tris. Elle peut passer d’une chanson glam rock à du slut pop avec des guitares saturées où ses personnages jouent du trash et de l’humour. Pourtant, les sujets évoqués dans ses textes sont personnels et délicats. Le tragique est alors tourné en dérision comme dans Dream Girl : « La femme de mes rêves n’est jamais venue, du coup je suis devenue la femme de mes rêves ». Des lignes percutantes qui résonnent avec le vécu de l’artiste queer et femme trans. « Mes textes racontent à la foi les joies d’être une jeune femme queer, et en même temps les difficultés de l’être dans ce monde. Une de mes chansons est par exemple une lettre d’adieu à mon père, parce que même si ma transition est la plus belle chose qui me soit arrivé, la perte de mes proches reste extrêmement douloureux ». 

Derrière son personnage scénique trash et déjanté se trouve en réalité une artiste introvertie que son groupe pousse à se mettre en avant, autant sur les réseaux sociaux qu’en concert où les performances scéniques tissent un théâtre visuel. À Rennes, c’est au Marquis de Sade que Tris & The Soap Horrifique se souvient avec émotion de leur premier show, marquant le début d’une belle aventure : « Chacune a pu jouer avec différentes personnes par le passé mais avec Tris on a réussi très rapidement à trouver une unité sonorité, et cette cohésion a façonné l’identité du groupe ». Le 2 avril prochain, ce sera la première fois qu’elles pourront s’enregistrer en plus d’avoir une captation vidéo de leur concert (pop à souhait !). « Notre objectif avec le Tremplin est évidemment de se faire connaître sur la scène locale et se faire un réseau, notamment grâce au deux jours de résidence au Diapason, le rêve ultime étant de se produire au Trans Musicales ! »

Retrouvez le concert le 2 avril prochain à 21h au Tambour, sur le Campus de l’Université de Rennes 2.

Tu mues, tu meurs à l’Aire Libre : Histoires de rap et d’adolescence

Dans le cadre de son temps fort Bal #2, le théâtre l’Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande accueille Tu mues, tu meurs !(?)! du rappeur-conteur Forbon N’Zakimuena et du musicien Adam Carpels, samedi 29 mars 2025. Dans le prolongement de la première création du rappeur, le duo aborde dans ce spectacle hybride l’estime de soi pendant l’adolescence et notre construction à cette période.

L’adolescence… « une expérience de malade ». Vous souvenez-vous de la vôtre ? De ce flot d’émotions, d’expériences et de découvertes qui vous submerge par son intensité ? Bien que nous l’ayons tous vécus, nous oublions (très) facilement cette période de notre vie une fois devenus adultes. Pourtant, elle est charnière dans notre vie, peut-être une des plus difficiles. Des événements fondateurs – premiers émois amoureux et sexuels, amicaux aussi, orientation professionnelle, etc. – nous construisent et nous font évoluer. Ce sont ces instants que Forbon N’Zakimuena et Adam Carpels ont choisi d’aborder dans une création transdisciplinaire. Tu mues, tu meurs !(?)! est une invitation à se reconnecter à l’adolescent qu’on était pour mieux comprendre, peut-être, ce que cette période signifie réellement.

tu mues tu meurs
Tu mues, tu meurs !(?)!, spectacle de Forbon N’Zakimuena & Adam Carpels © Warm Prod

Dans un aller-retour constant entre l’intime et le collectif, le conteur-rappeur Forbon N’Zakimuena inscrit ces récits dans le rapport à l’autre. Peu importe le sujet, le fond reste le même : il s’intéresse à la manière dont on se rencontre soi-même grâce aux autres. « Je pense qu’on se construit tous grâce à l’altérité. Ce qui m’anime, c’est de savoir comment, à travers soi, on entre en résonance avec autrui et comment on se nourrit de ça », introduit Forbon N’Zakimuena. Ses mots résonnent avec La Rencontre de Charles Pépin, essai philosophique dans lequel l’auteur montre, en s’appuyant sur des exemples culturels (cinéma, littérature, etc.), que toute vraie rencontre est aussi une découverte de soi et une redécouverte du monde.

Les histoires de Forbon s’écrivent dans la collecte de paroles et l’écoute des autres, pierre angulaire de son travail. « C’est passionnant d’entendre parler des gens, de les voir s’ouvrir et prendre confiance petit à petit ». Cette collecte nourrit le récit et la création sonore. « L’idée, c’est qu’on entende les voix rencontrées pour créer un dialogue », en mettant un point d’honneur à respecter cette parole qui lui est chère, tout en l’inscrivant dans le cadre d’un spectacle. « En tant que collecteur, je me sens responsable de ces mots qu’on a accepté de me confier. C’est un défi de taille. Un peu comme un journaliste au final. » 

tu mues tu meurs

Tu mues, tu meurs !(?)! prolonge cette sensibilité mise à nu dans sa première création, Simple, qui abordait la question de la paternité. Ce deuxième spectacle, né de la rencontre de deux personnes, raconte l’histoire de deux destins croisés autour d’un même imaginaire, le rap. Alors que le public découvrait un Forbon seul sur scène dans Simple, il le retrouve ici en duo avec le musicien Adam Carpels. La pièce a pris forme dans l’échange et le partage de leurs souvenirs d’adolescents, et des émotions et événements fondateurs qui les ont traversés. « Ce spectacle est important, parce qu’il a scellé notre rencontre », précise-t-il. « On s’est nourri autant de la vie d’autres personnes que de la nôtre. » Le duo n’a pas eu peur de se livrer pour proposer une forme qui leur appartient, remplie de leurs expériences passées. 

Cette œuvre transdisciplinaire utilise des documents sonores, du récit et du rap afin d’apporter du dynamisme et une pluralité de voix. Les deux artistes portent des récits sincères et de puissants morceaux de rap dans un espace où ces différents médiums existent, et font entendre un même message de plusieurs manières.

À leurs côtés, un troisième personnage s’invite sur la scène : Sol, l’ami imaginaire. Il permet d’interroger les outils utilisés par les adolescents afin d’entretenir l’estime de soi. « J’avais des amis imaginaires sur lesquels je me reposais dans des moments de solitudes », confie Forbon. « Ils m’ont aidé à me construire en tant qu’enfant. Ce sont des choses qui ne me quitteront pas, même aujourd’hui à 35 ans. »

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Tu mues, tu meurs !(?)!, spectacle de Forbon N’Zakimuena & Adam Carpels © Warm Prod

« On voulait donner un message positif aux adolescents, et un message de résilience. On peut être maître ou maîtresse de sa vie assez tôt. »

Avec cette pièce, le binôme invite à ouvrir le dialogue entre adolescents, mais aussi entre adultes et entre adultes et adolescents. « Les collectes se sont toutes bien passées, peut-être même trop bien », rit-il. Dans un aller-retour entre son propre vécu et ce qui est ressorti des échanges, le duo a prolongé ses réflexions et s’est ouvert à d’autres questionnements, comme la place des adultes aux côtés des adolescents. Comment peut-on donner aussi facilement une parole intime à une personne qu’on connaît à peine ? : « Je pense qu’il est question du temps que les adultes leur donnent. C’est quelque chose que j’ai moi-même expérimenté, il n’y avait pas beaucoup d’adultes autour de moi qui avait le temps de me demander comment j’allais, sincèrement. C’est important de se sentir accompagné », exprime-t-il avant de conclure : « Je commence moi-même à avoir des pré-adolescents à la maison et, en tant qu’adultes, je me mets à la place de certains parents. Ce n’est pas tout le temps facile d’être pleinement proches de ses enfants, mais c’est important de rester alerte sur leur construction, tout autant que sur sa propre construction en tant qu’adulte. Et, parfois, avoir le courage et la force de revenir en arrière s’il le faut. »

Retrouvez Tu mues, tu meurs !(?)! de Forbon N’Zakimuena et Adam Carpels au théâtre l’Aire Libre, 2 place Jules Vallès à Saint-Jacques-de-la-Lande.

Samedi 29 mars 2025, à 20h30 (45 min)
Dès 12 ans
Tarifs : 6 -> 16€ / PASS. Billetterie

Article connexe :

Alain Veinstein : portrait de l’artiste en chien perdu

Dans Chien perdu et autres chiens trouvés publié aux éditions Flammarion, Alain Veinstein écrit sur les chiens. Plus précisément, il écrit une histoire d’amour originale : l’histoire d’un homme ravagé par la perte de sa chienne qu’il recherche dans ses photographies. Beaucoup d’autres chiens s’y trouvent, mais pas le sien…

Un homme vit en solitaire dans un village du Sud jusqu’à ce qu’un chien errant vienne coller à ses pas, entrer dans sa vie et lui apporter l’infini amour que seuls savent donner les chiens, comme le dit quelque part Schopenhauer. Mais pourra-t-il survivre à la perte de sa chienne ? « « J’ai perdu mon chien », annonçait Samuel Blumfeld aux rares personnes du village à qui il lui arrivait d’adresser la parole… Personne ne prêtait attention à la nouvelle. »

Tel est le début du stupéfiant récit que nous donne aujourd’hui Alain Veinstein, illustre voix radiophonique, après avoir remisé (en 2014) son micro.

alain Veinstein chien perdu autres chiens retrouvés

Et c’est donc en taiseux, en solitaire, en réprouvé que se présente le protagoniste de ce récit qui rapporte le lien d’amour entre un chien perdu et lui-même, sans qu’on sache au juste qui est le plus perdu dans cette affaire. Le protagoniste, qui sort d’une histoire sentimentale qui a mal tourné, est un écrivain compulsif qui ne connaît pas le succès et qui a fui le monde et ses vanités pour s’enfermer dans une maison de village dont il garde jalousement les volets clos, sans jamais fréquenter personne, hormis le responsable de la supérette, la pharmacienne et le patron du café du Commerce où il lui arrive, de loin en loin, d’écluser une bière. Seul un groupe d’enfants lui parle et dont il sent, latente, une curieuse agressivité, devinant là « une douce barbarie sur fond de splendeur ». Le seul être à rechercher son contact est une chienne qui le suit partout jusqu’à ce qu’il consente à lui ouvrir la barrière de son jardin, et la voilà chez lui, chez elle, cette magnifique airedale – « sa longue tête plate montrait de petits yeux foncés et vifs »– qui n’est que langue de tendresse, et qu’il appellera du seul nom qui convienne à cet homme si économe de parole, Litote. D’ailleurs cette chienne n’aboie jamais, aussi discrète et retenue que son « maître » – mot incongru en l‘occurrence, parlons plutôt d’amitié ou d’amour, car avec elle pour compagne – un mot qui dit bien plus qu’animal de compagnie – ce Samuel a l’impression que « sa vraie vie [va] enfin commencer ». En cela, Veinstein rejoint Roger Grenier, dont on se souviendra qu’il était venu à Rennes présenter son superbe braque Ulysse aux Kundera, ces exilés inconsolables d’avoir laissé à Prague leur meilleur ami : « Celui-là est fait pour donner et recevoir l’amitié et l’amour », disait l’illustre maître d’œuvre des éditions Gallimard.

Les-Larmes d'ulysse

On peut ici parler de couple, dont le ciment est fait de confiance réciproque, et c’est cet émerveillement de l’homme qui reçoit cet amour comme une offrande, un miracle de la nature au milieu de tant de dénuement ou d’horreur :

« Il ne voulait entendre parler que de « bonheur »… Ça n’était que du bonheur que de la suivre du regard et de constater qu’elle semblait avoir trouvé ce qu’elle avait sans doute longtemps cherché après avoir passé son temps à être rudoyée. Elle plaçait toute sa confiance en lui. Il lisait dans ses yeux. Elle aimait lui lécher les bras à petits coups de langue. Par quelle décision mystérieuse était-elle tombée sur une véritable écoute, un vrai lieu au milieu d’un territoire infini de haine ou d’indifférence. »

Cet homme, qui porte un nom étrange aux yeux du village est la cible d’ « attaques sans fondement » du fait de son « origine indémêlable ». L’auteur ne nous en dira jamais plus, sauf qu’en toute fin, lorsque les enfants exerceront leur agressivité, aussi incontrôlée qu’impérieuse, sur le chien, lapidé puis noyé, ils laisseront pour signature cette étrange déclaration de l’un des tortionnaires : « Le sionisme reçoit une gifle ». Et cela rejoint ces expressions toutes faites énoncées au début du récit : « Une vie de chien… Je ne suis pas ton chien… Interdit aux chiens et aux Juifs ». N’oublions pas que le protagoniste est un taiseux et un écrivain de peu de mots, et qui nous livre cette auto-description finissant sur un joli trait d’humour de la part de quelqu’un qui tint l’antenne pendant tant d’années :

« À force de rester silencieux tout le jour, il avait le plus grand mal à parler. Il avait perdu le peu de force d’expression qu’il avait laborieusement acquise au fil des ans… Les mots ne coulaient pas de source. Il leur fallait pour prendre leur place un temps dont il ne disposait pas à chaud, dans le feu de l’action. Heureusement que faire de la radio ne l’avait jamais tenté. »

alain Veinstein chien perdu autres chiens retrouvés

Et c’est aussi ce qui le lie à sa chienne, formant avec elle un couple uni, disons même soudé : « Tous deux étaient des silencieux, taillés dans le même bloc de pierre. Tous deux avaient appris à serrer la mâchoire ». Car l’on sait dès le départ que ce terrier airedale a connu véritablement une vie de chien battu, pourchassé, tourmenté… et c’est ce destin qui finalement s’accomplira tout à trac – « du jour au lendemain », note, non sans ironie, le narrateur qui n’oublie pas que l’auteur anima pendant trois décennies, sur France-Culture une émission ainsi intitulée – par la volonté maléfique des enfants, des adolescents brutaux et barbares, tout droit issus du roman emblématique de William Golding, Sa Majesté des mouches (1954) :

« Ils prirent la pelle dans la brouette, le fils Leblanc lui en donna un coup sur le crâne de toutes ses forces… Le petit Georges et le fils Leblanc lui assénèrent de violents coups de pied. Le petit Robert apporta sa contribution. Les muscles de la chienne se tendaient et se durcissaient. Un filet de sang coulait de son nez… Puis le petit Louis parla de lapidation… Ils allaient l’achever à coups de pierre. Jusqu’à ce que la mort s’ensuive, répétait le fils Leblanc, heureux de la formule, dont il se servait volontiers… La chienne était meurtrie de douleurs. Il y avait du sang partout. « On va la foudroyer de plein fouet », se félicitait le petit Louis. »

Et c’est là, en fait, que commence le récit qui est le fait d’un auteur omniscient venu recueillir le témoignage de cet homme, ce Samuel Blumfeld au nom si étrange aux oreilles des villageois, que « la disparition de Litote et la nouvelle de sa mort avaient laissé dans un état de stupeur, mêlé de désarroi ». Ainsi sommes-nous au quotidien quand nous nous réveillons et écoutons les nouvelles. Un Cioran l’a bien dit qui, ouvrant sa radio tout en faisant sa toilette et préparant son rasoir, déclare tout aussitôt après, en reposant le tout : « À quoi bon ? » Rousseau a tout faux : l’homme n’est pas né bon. À l’origine de l’humanité, nous avons la légende biblique, cette parabole, qui fait de Caïn l’assassin de son frère. Et Nietzsche est devenu fou en voyant un cocher fouetter violemment son cheval. Le spectacle du mal est insupportable, nous dit pareillement Veinstein, et la conclusion de ce livre plein de tendresse et d’amertume, nourri d’un pessimisme alimenté par une histoire tragique qui n’est que vice sans fin, est justement celle du retrait, du silence :

« J’ai fini par convaincre Samuel qu’il avait peut-être mieux à faire que consacrer ses vieux jours à ruminer son chagrin. C’était promis, il penserait à autre chose, il ne parlerait plus que des événements heureux… Il serait résolument du côté de la vie… Une confrontation avec le silence… Et son regard s’ancra dans l’inconnu qui deviendrait désormais son paysage. »

Écrit comme un long poème en prose – et l’on se rappellera qu’Alain Veinstein est d’abord un poète, couronné du prix Mallarmé – , ce livre se lit d’un trait, retenu par l’infinie tendresse d’un homme et d’un chien, comme un collet d’amour les unissant tous deux dans la même réprobation publique, conquis par l’immense beauté/bonté de ces lignes qui disent tellement en disant si peu – « moins on en dit, plus on en dit », dit en conclusion le narrateur –, et où chacun fera son chemin à la lumière de ce qu’il vit, voit, subit, accepte ou rejette. Avec pour seul guide, cette recommandation ultime : « il était urgent d’apprendre à lire et à écouter ». Tout lecteur éclairé et amateur de lecture utile et belle en fera ses orges. Et l’on retiendra, pour finir, cette magnifique maxime de Schopenhauer, justement citée par l’auteur : « Qui n’a jamais eu de chien ne peut savoir ce que signifie aimer et être aimé. »

Alain Veinstein, Chien perdu et autres chiens trouvés, éditions Flammarion, 160 p., 18 €. Parution : 6 novembre 2024. Feuilleter