Nos futurs : Camille Brunel vous invite à Repenser la rencontre avec les animaux car Je est un animal

Je est un animal Repenser la rencontre avec les animaux. Camille BRUNEL
Je est un animal Repenser la rencontre avec les animaux. Camille Brunel

Les baleines cristallisent plusieurs de nos enjeux de société : elles en révèlent les maux tout en nous offrant une partie des solutions face aux défis environnementaux. À la croisée de la recherche scientifique, de l’activisme environnemental et de l’art, plongez dans Nos futures, le vendredi 21 mars à 10h30 à l’auditorium des Champs libres, dans l’univers de ces mammifères marins avec Camille Brunel, auteur d’Éloge de la baleine, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et Olivier Adam, bioacousticien spécialiste des sons des cétacés. Retrouvez dans quelques jour l’entretien de Camille Brunel sur le plateau de Faites-moi lire où il présentera son ouvrage Je est un animal sous-titré Repenser la rencontre avec les animaux.

Je vous survole, je file entre vos pieds, je respire sous l’eau, je vous coupe le souffle. En moi, vous reconnaissez la merveille. Vous respectez aussi le mystère, comme s’il existait, de votre « je » au mien, une frontière que vous n’osez franchir. Par prudence, par réflexe, par philosophie, vous restez à distance de moi. À quoi bon ? Vous pouvez m’approcher. Que je sois moineau, fourmi, requin, orque, primate, je partage avec vous l’éclat vital, improbable et vertigineux, de la conscience.

Quiconque a vécu auprès d’un animal connaît ce grand secret, que la science permet aujourd’hui de clamer haut et fort : nous, animaux, sommes des gens aussi. Conscients, pensants, précieux. Concevons alors un monde où, après des siècles d’hésitations, l’humanité des animaux est enfin reconnue.

D’empire humain, la planète peut devenir ce territoire immense où se croisent et se rencontrent des myriades d’intelligences, de personnes, de familles, de peuples. Dans des milliards de têtes multiformes, au fil d’expériences d’un jour, de dix ans ou de deux siècles, quelque chose dit « je » : je est un animal.

Dans Je est un animal, paru aux éditions Ulmer, Camille Brunel propose une réflexion approfondie sur la relation entre l’humain et l’animal en remettant en question la manière dont nous percevons et traitons les autres espèces.

L’ouvrage commence par une Lettre aux animaux, où l’auteur exprime sa prise de conscience progressive de l’exploitation des animaux et de leur statut dans notre société. Il souligne le paradoxe de l’admiration pour les animaux sauvages tout en ignorant ou maltraitant les animaux domestiqués. « J’ai eu honte de mon admiration pour les animaux sauvages, libres et beaux, et de mon mépris pour le bétail que je n’avais jamais questionné. »

Camille Brunel opère une remise en question radicale en déconstruit la façon dont nous aurions construit une séparation artificielle entre les humains et les (autres) animaux. Il soutient qu’une position anthropocentriste empêche nos société de reconnaître l’intelligence, la sensibilité et la personnalité des animaux. « Sur cette planète, que nous vous avons prise, notre attitude est celle d’une nuée de sauterelles. Quadrillé par nos soins, le monde est couvert d’élevages, d’abattoirs et de bateaux de pêche. »

Le titre de Je est un animal inverse la célèbre formule de Rimbaud, « Je est un autre », pour affirmer que l’humain est avant tout un animal. Ce changement de perspective implique une refonte de notre rapport aux autres espèces. « Je préfère ainsi – indifférent à ce que « je suis » – « je est un animal ». Et pas grand-chose d’autre. Dire « je » n’a rien d’incroyablement humain. »

Dans ce dessein, Camille Brunel brosse en une série de portraits d’animaux. Chacun illustre une capacité ou une expérience qui bouleverse notre conception de la vie animale. Par exemple, un perroquet gris du Gabon capable de compter jusqu’à six, ou un orang-outan qui utiise une plante médicinale pour soigner une plaie. « Je est une fourmi champignonniste capable de jardiner. »

Il met également en avant les découvertes scientifiques prouvant que les animaux possèdent des formes de conscience et d’intelligence. La Déclaration de Cambridge sur la conscience (2012) et la Déclaration de New York (2024) sont citées pour montrer l’évolution de notre compréhension des animaux. Et bien d’autres arguments encore sont déployés par Camille Brunel à l’appui de sa thèse. Bref, « ce que nous nommons « règne animal » est un royaume aux frontières disputées. »

Un échange qui promet un entretien riche entre deux personnes qui aiment être bavards comme une pie et non muets comme une carpe, sans passer du coq à l’âne, et qui sont malins comme un singe et rusés comme un renard.

Je est un animal. Je est un animal. Repenser la rencontre avec les animaux. Camille Brunel. 216 pages. Format : 14 x 21 cm. ISBN : 9782379223891. 2024. 21,00 €