Hellfest bilan 2016 : un mois après la clôture du premier festival de musique metal en France, et avant que les rumeurs ne commencent à prendre sur la future programmation, Unidivers vous propose de revenir sur cette édition 2016 qui s’est tenue les 17, 18 et 19 juin à Clisson.
Promise comme telle, la onzième édition du Hellfest fut un grand cru. L’association Hellfest Productions, ses partenaires et tous les bénévoles présents ont offert aux 53 000 festivaliers présents quotidiennement à Clisson une expérience indécemment unique et délicieusement démente, du côté de la programmation comme de l’organisation. Mais commençons par les quelques points noirs de cette édition. De nombreuses critiques ont été formulées, notamment sur les réseaux sociaux, quant à la fréquentation trop importante du festival. Il était parfois difficile de se déplacer sur le site, notamment devant les deux scènes principales, et l’attente s’est avérée relativement longue sur les stands du Merchandising et des recharges Cashless le premier jour.
Des critiques entendues par Ben Barbaud, le directeur du festival, qui y répond chiffres à l’appui –le festival n’a accueilli que 3 000 festivaliers en plus par rapport à l’année précédente – et y voit surtout le succès des groupes programmés sur les Mainstage. Au point qu’en souffrent les groupes qui jouent en même temps que les têtes d’affiche.
Force est de constater que la popularité du festival le force à devoir revoir son aménagement devant les deux Mainstage
confesse-t-il dans ses remerciements post-festival. Une première annonce pour l’année prochaine (le Hellfest 2017 se déroulera du 16 au 18 juin) ?
Du reste, il sera difficile de trouver matière à critiquer le Hellfest. Côté concerts, le Hellfest 2016 aura comblé les festivaliers les plus exigeants. Du show pyrotechnique de Rammstein à la grande messe du Ghost, de l’imposant concert de Gojira à la performance mystique de Moonsorrow, des festives compositions de Korpiklaani à l’ultime concert en France de Black Sabbath. L’absence d’annonce d’une troisième tête d’affiche aura été vite oubliée tant le live des Twisted Sister fut électrisant. Quelques déceptions toutefois comme Gutterdämmerung – l’ambitieux projet cinématographique de Bjorn Tagemose aurait gagné à être sous-titré en français –, mais rien qui ne puisse faire regretter son billet.
Fidèle à lui-même, le festival a su être à la hauteur des attentes, en prenant notamment en compte les nombreuses remarques faites à la suite de l’édition 2015. L’engagement avait été pris par le festival d’améliorer l’accès à la Warzone, la scène dédiée au punk et au hardcore. Promesse tenue puisque les festivaliers ont non seulement profité d’une scène agrandie, mais aussi d’un tout nouvel espace réservé à la restauration. Surplombée par une imposante statue en hommage à feu Lemmy Killmister, le bassiste icônique de Motörhead, la nouvelle Warzone a offert un refuge salutaire à de nombreux festivaliers pendant ces trois jours d’enfer !
Autre surprise de cette édition 2016, le Hellfest a accueilli une nouvelle attraction et pas des moindres : une descente en tyrolienne devant les deux Mainstage. Qu’on s’y presse entièrement nu ou déguisé, la « Descent » a ravi et fait rire un grand nombre de festivaliers, et ce, malgré une attente conséquente. Et impossible de ne pas mentionner le magnifique feu d’artifice lâché en hommage à Lemmy Killmister, sur la musique de Motörhead.
Reste à remercier la météo, annoncée mauvaise, mais finalement clémente, et qui a permis à tous de passer un agréable moment sur le festival. Remercions surtout l’ensemble des bénévoles, des salariés, des personnels de secours et de sécurité présents sur le site qui ont veillé à la bonne tenue du festival. Mention spéciale aux désoiffeurs, qui ont parcouru le festival de long en large pour soulager l’inassouvissable soif des festivaliers.
Unidivers a d’ailleurs pu rencontrer deux de ces acteurs de l’ombre, sans lesquels le festival ne serait pas aussi beau et accueillant. Illustrateur depuis plus de vingt ans, Vincent Boulanger, alias Follenn, met ses talents au service du Hellfest en en dessinant logos, t-shirts, etc.
Unidivers : Que représente le festival pour toi ?
Follenn : Une renaissance sur le plan personnel ! La première année où je suis allé au festival en tant que Clissonnais, ça a été une claque monumentale. J’ai redécouvert mon amour de la musique. J’ai découvert le Hellfest, ses décors, son ambiance. En tant qu’illustrateur j’ai passé des années à imaginer ce que je pouvais leur apporter sans jamais oser approcher les gens du Hellfest !
U. : En quoi consiste ton travail pour le Hellfest ?
Follenn : Je travaille avec eux depuis deux ans. C’est arrivé un peu par hasard. Je suis rentré dès les premiers temps au Hellfest Cult, le club des adorateurs du Hellfest : j’ai alors rencontré Alexxx, le chargé de com du Hellfest qui, voyant mon boulot et mes projets, m’a proposé de collaborer. Et tout s’est accéléré, j’ai été amené à concevoir des logos de t-shirts, d’écussons, de drapeaux, etc., et même mon propre projet d’affiches sur le Hellfest. Je travaille en totale liberté et indépendance, même s’ils peuvent me donner des pistes de recherche et de réflexion.
U. : Tes dessins contribuent à l’image du festival et à son ambiance que ce soit pendant celui-ci ou sur les réseaux sociaux. À quel point penses-tu que l’ambiance soit importante dans ce festival ?
Follenn : Je ne suis qu’une petite pierre à l’édifice imaginé par Ben Barbaud. Mais c’est vrai que l’ambiance contribue à la réussite de ce festival. Je suis juste un intervenant extérieur qui par ses images essaye de montrer son amour du festival ! J’aimerais aussi rappeler que c’est Mush, le graphiste officiel du Hellfest depuis des années qui a imaginé, conçu la plupart des codes graphiques du Hellfest.
Karen Beranger, 37 ans, réside à La Bernardière (à 7 km de Clisson) est quant à elle professeure de français au collège. Le temps d’un weekend, elle devient bénévole au Hellfest.
U. : Qu’est-ce qui t’a motivée à être bénévole au Hellfest alors ?
Karen Beranger : Je n’y avais jamais été comme festivalière. Mais j’entendais beaucoup de retours positifs, de remontées exceptionnelles. J’avais envie de découvrir, de comprendre l’attrait qu’avaient les gens pour ce genre. Et les décors avaient l’air grandioses vus de l’extérieur ! Alors je me suis inscrite avec une amie l’an dernier. Ça c’est tellement bien passé que j’y suis retourné cette année. On est bien encadrés par l’association Animaje et l’ambiance entre bénévoles est super : on rigole, on s’entraide. Les festivaliers sont tellement sympas, ils nous ont dit 1 000 fois merci ! Aucune agressivité, aucune méchanceté, ce sont des gens très calmes.
U. : Quel est ton rôle comme bénévole ?
Karen Beranger : Moi je m’occupe des poubelles. Tout serait beaucoup plus sale sans notre travail sur le camping et sur le site. Il y a aussi des bénévoles aux caisses, aux bars, à la cuisine et à l’encadrement pour les bénévoles, à la surveillance à l’entrée et à la sortie, et les désoiffeurs. On travaille douze heures en tout : moi cette année je travaille samedi et dimanche, ça fait six heures par jour.
U. : Quels sont les avantages offerts aux bénévoles ?
Karen Beranger : On a un espace où on est entre bénévoles et la nourriture est offerte. En dehors des heures de travail, on peut faire des concerts, la grande roue, se poser. L’an dernier on a aussi été invités à une soirée rétrospective en novembre avec le repas offert, un concert, et un visionnage de photos et diaporamas. Et on a aussi eu un tee-shirt Hellfest !
Maintenant que les portes de l’enfer se sont refermées, il ne reste plus qu’à attendre l’année prochaine. En attendant, pour revivre l’édition 2016, Hotel F1 a eu la très bonne idée de concevoir une carte interactive du festival, et nos confrères du Monde celle de vidéos à 360°.
Auriane Loizeau & Thomas Moizan