À la fin de La danse des vivants, publié en 2016 aux Éditions Albin Michel, Antoine Rault nous laissait en pleine interrogation quant au devenir du personnage principal de son roman, Charles Hirscheim, rescapé amnésique de La der des der. Charles a été victime du monstrueux combat entre la France et l’Allemagne ; reconnu mort par les autorités françaises et par son propre père, la France a décidé d’en faire un espion sous le pseudonyme de Gustav Lerner…
Dans La traversée du paradis, nous traversons les années 1920. Le Traité de Versailles fait la douleur et la honte de l’Allemagne, la grippe espagnole a emporté des millions d’hommes, de femmes, d’enfants et la Russie de Lénine et des bolcheviks fait régner la Terreur rouge.
On retrouve notre héros antihéros, toujours espion allemand, qui va être envoyé en mission en Russie pour le compte de l’Allemagne. Se faisant passer pour un communiste, avec quelques camarades d’infortune, il va partir à la recherche de Tamara, jeune femme qu’il a rencontrée dans un bordel berlinois et dont il est tombé éperdument amoureux. La jeune femme a mystérieusement disparu, pourquoi ? Pour qui ? L’affaire s’annonce complexe et délicate face aux autorités russes qui n’ont de cesse de lutter contre l’espionnage, contre tous les étrangers qu’ils jugent automatiquement comme des personnes dangereuses, comme des ennemis du communisme, de la nouvelle politique économique que Lénine souhaite mettre en place.
Dans ce grand roman d’amour et d’aventures, Antoine Rault raconte le destin de personnages inoubliables, Allemands, Russes et Français, à travers lesquels il dresse le portrait de toute une époque : celle de l’Europe des années vingt bouleversée par la guerre et la Révolution communiste. Avec une précision d’orfèvre, l’auteur nous dépeint la vie quotidienne des Russes de Petrograd, de Moscou qui pour partie croient en la Grande Révolution et servent les dirigeants de l’époque, Lénine, Trotsky et les autres et celles et ceux qui subissent la terreur imposée par ces dictateurs qui se cachent derrière la dictature du prolétariat et imposent la terreur quotidienne via la Tcheka, police politique qui n’hésite pas à torturer et à tuer sous peine d’être suspectée d’opposition au pouvoir en place. Il n’y a pas que le climat qui s’impose comme glaçant ; il y a les ambiances instaurées par les serviteurs de Lénine qui épouvantent page après page, avec une vérité criante et rouge, rouge comme le sang des innocents qui coule dès lors qu’ils n’entrent pas dans le moule décidé par les défenseurs des principes de Marx et Engels. Mais il faut se méfier des apparences, souvent l’enfer peut-être pavé de « bonnes intentions ».
Antoine Rault est si pertinent dans sa démarche littéraire, sa plume est si juste et précise quant à la psychologie des personnages qu’il m’a donné l’envie de me replonger dans la grande littérature russe, notamment Crime et châtiment de Fiodor Dostoïesvki.
La traversée du paradis, Antoine Rault, Éditions Albin Michel. 560 pages. Parution : mars 2018. Prix : 22,90 €.
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Rencontres dédicace :
1-2 septembre 2018
Salon Les Écrivains en Provence à Fuveau
16-18 novembre 2018
Salon Antoine Rault à Creil