Durant les négociations sur le nucléaire iranien à Genève, la position française a été dissonante par rapport à celles des 5 grandes puissances (USA, Russie, Allemagne, Angleterre et Chine). L’Iran n’a pas manqué de dénoncer ce fait.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appliqué la ligne définie avec le président François Hollande. Il a fait capoter la proposition amenée par John Kerry, laquelle semblait faire le consensus à l’exception du côté israélien. Il est vrai qu’elle n’avait pas été présentée auparavant aux autres nations et comportait nombre d’imperfections. Mais depuis l’échec de la position française en Syrie, la France veut, à tout prix, se distinguer en ne s’alignant pas sur les autres. Sauf qu’en l’occurrence, elle met en danger le processus de paix et rejoint à la fois les va-t-en-guerre de la droite israélienne et les dictatures du golfe persique qui s’opposent à la concurrence iranienne. Cela fait un quart de siècle que les faucons israéliens dénoncent la menace nucléaire de l’Iran, empêchant et refusant tout accord sur ses propres armes et recherches nucléaires. Un quart de siècle durant lesquels d’autres pays comme le Pakistan, la Corée du Nord représentent des risques réels bien plus grands. Bien qu’imparfait, l’accord proposé par John Kerry représentait une avancée majeure dans le processus d’accalmie, sinon de paix, dans le Golfe. Cette feuille de route ne ressemble en rien aux Accords de Munich et Kerry n’a rien d’un nouveau Chamberlain.
L’enjeu de ces négociations ne porte pas que sur le nucléaire, mais bien sur la géopolitique du golfe et sur la capacité de puissances « non alignées » à disposer de l’énergie nucléaire, voire de l’arme nucléaire. Pendant ce temps, la France a tenté de vendre des centrales nucléaires en Libye du temps de Khadafi (voir l’affaire des infirmières bulgares avec Nicolas Sarkozy) ou vend des centrales au Vietnam. Pendant ce temps, le Pakistan dispose toujours de l’arme nucléaire, vestige de la guerre froide, quand il fallait s’opposer à l’ennemi soviétique.
Cette perspective d’ouverture de l’Iran permettait un rééquilibrage des forces dans le golfe persique où les régimes autoritaires saoudiens, qataris ou de Dubai sont mis à mal par des revendications sociales. Les entreprises françaises ont été mises sur la touche en Iran sous la pression américaine et son « blocus » économique. Mais il se dit en coulisses que des accords économiques accompagnaient cette négociation, accords dont la France n’était pas. Pas sûr que cette nouvelle position française qui se met à dos le régime modéré de Téhéran soit d’une grande aide.
Que dire de plus ? Si ce n’est qu’il devient patent que le dernier héritier de la tradition diplomatique française était le président Jacques Chirac. À force de remaniements et de (re)virements, le Quai d’Orsay a perdu la tête. Et son influence à l’Élysée est supplantée par le régime de conseillers communicants que François Hollande privilégie à la suite de Nicolas Sarkozy.
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Accord sur le nucléaire Iranien : la France seule contre tous