Avec le changement d’heure, les soirées sont plus longues. Et quelques rayons de soleil printanier invitent à profiter d’un banc dans un parc à la pause déjeuner ou d’une chaise longue sur le balcon ou la terrasse. Et quoi de mieux qu’un bon roman pour parfaire ces moments privilégiés. Vous ne savez pas quoi choisir en librairie ? Comme chaque mois, voici un petit florilège des meilleures parutions littéraires.
La juriste Camille Kouchner a fait la une avec son premier livre, La familia grande (Seuil, 2021), un récit familial qui brisa l’omerta de la grande famille de son beau-père. Elle revient ici avec un premier roman. Immortels (Seuil, 4 avril 2025) est l’histoire d’une femme qui se réveille dans une chambre d’hôpital à la suite d’un cancer du sein. Mais cette amputation s’allie à une autre perte, celle de Ben, son ami de jeunesse. Depuis sa naissance, elle vivait avec lui un lien fusionnel. En nous en parlant, elle se confie aussi sur sa propre vie, celle d’une femme qui a toujours dû se battre.
Lauréate du Prix Femina en 2001 puis du Prix Goncourt en 2009, Marie Ndiaye propose une fois de plus un très beau texte sur la liberté, sur les non-dits et le silence avec Le bon Denis (Mercure de France, 3 avril 2025, feuilleter). D’une langue riche et profonde, l’auteur explore les peurs et les désirs de ses personnages.
Un peu de nostalgie avec Jean-Philippe Blondel. Il nous emporte vers Un été 79 (L’Iconoclaste, 3 avril 2025). C’est peut-être les dernières vacances en famille dans le Vercors pour les Royer. Le couple cinquantenaire envisage le divorce. Leurs deux fils, de caractères bien différents, se détestent. Mais dans cette ambiance de village vacances, la lumière peut-elle se faire une place au cœur des silences pesants et des désillusions ? L’auteur sait parfaitement restituer le basculement des couples, la complexité des relations filiales et le mal-être adolescent.
Écrivain voyageur, Sylvain Tesson nous emmène voir Les piliers de la mer (Albin Michel, 2 avril 2025, feuilleter), ces aiguilles de roche qui s’élèvent sur les côtes maritimes. De l’Aiguille d’Étretat au Totem Pole de Tasmanie, des stacks écossais au cap Horn, une aventure physique et philosophique à l’assaut de la périlleuse question de la rébellion.
Il n’avait pas publié de romans depuis plusieurs années. Alessandro Baricco, l’auteur italien de Soie ou de Novecento pianiste, vient nous parler d’Abel (Gallimard, 3 avril 2025, traduit par Lise Caillat). Et il nous emmène au far-west avec un récit intense et sensible. Abel Crow est shérif et tireur d’élite. Mais il est aussi philosophe. Aussi ne se contente-t-il pas de tirer lors de duels périlleux, il se cherche un destin. Et pour cela, il s’entoure de trois femmes, son amante, sa petite sœur et une sorcière. Un récit atypique et envoûtant, comme sait le faire cet excellent conteur.
Yoko Ogawa possède elle aussi un univers particulier et mystérieux. Et cela se manifeste dès le titre de ce recueil de nouvelles, Scènes endormies dans la paume de la main (Actes sud, avril 2025, traduit par Sophie Refle, extrait). Par le biais des narratrices de ces huit nouvelles, l’auteur décline les thèmes qui lui sont chers. Aliénation, amour, maternité, soumission sont ici illustrés dans une précision de style et une sensualité toujours entre rêve et réalité.
Deborah Lévy explore dans Bleu d’août (Sous-sol, 3 avril 2025, traduit par Céline Leroy) le basculement d’une pianiste au sommet de sa carrière. Elsa M. Anderson quitte la salle de concert de Vienne en pleine représentation. D’Athènes à Londres en passant par Paris, la musicienne croise une inconnue qui semble avoir les mêmes désirs qu’elle. Un double qui la confronte à son passé. Un portrait éblouissant et mélancolique d’une femme en quête d’identité.
Et je termine avec un auteur moins connu qui a pourtant eu un beau succès public avec son premier roman, L’odyssée de Sven ( Buchet-Chaste, 2022). Nathaniel Ian Miller propose avec Dans nos pierres et dans nos os (Buchet-Chastel, 3 avril 2025, traduit par Emmanuelle Heurtebize, extrait) une épopée familiale islandaise. Après une tentative d’installation à Reykjavik, Orri retourne dans la ferme familiale au cœur de l’Islande. Là, il découvre les aléas de la vie d’agriculteur. Il faut jongler avec les caprices de la météo, les forces et faiblesses des parents et ses propres affaires de cœur. Avec humour et tendresse, l’auteur américain signe un magnifique roman islandais sur les défis du changement, les grandes décisions et l’art difficile de la transmission.
Avec l’actuel festival international Quais du Polar, à Lyon du 4 au 6 avril 2025, le roman noir est à l’honneur. Et c’est l’occasion de retrouver Caryl Ferey avec Gindadráp (Gallimard, 3 avril 2025), un huis clos magistral au cœur de la nature déchaînée et des paysages magnifiques des îles Féroé. Au milieu des cadavres d’une chasse à la baleine, flotte le corps du vieux chef du Gindadáp. Soren Barentsen, capitaine de police, doit se hâter de résoudre l’enquête avant que les rumeurs les plus folles et la violence se propagent sur l’île où se trouvent deux militants écologistes.
Freida McFadden, l’auteur du best-seller La femme de ménage, est attendue avec son nouveau roman La prof (City, 16 avril 2025, traduit par Karine Forestier). Eve et son mari Nate, respectivement professeur de mathématiques et d’anglais vivent une vie harmonieuse. Pourtant l’an dernier, un scandale a empoisonné l’atmosphère du lycée où ils enseignent. En effet, un enseignant aurait eu une liaison avec Addie, une élève. Malheureusement cette année, Addie se retrouve dans la classe d’Eve et de Nate. Ève ne lui accorde aucune confiance. Et lorsqu’elle soupçonne ses secrets, il est déjà trop tard. Un roman machiavélique et addictif.
Retour de Pétronille Rostagnat avec Sur leurs traces (Harper Collins, 2 avril 2025). Jérémy Bouscarat est infirmier à l’hôpital Lariboisière. Une nuit, alors qu’il fume devant les urgences, une voiture pile face à lui. Au volant, une femme en état de choc ; à l’arrière, deux enfants blessés par balle. Mais quand le commandant Alexane Laroche arrive, la femme a disparu. C’est à la fois une course contre la montre pour l’enquêteur et une quête obsessionnelle pour l’infirmier.
Impossible de passer sous silence le nouveau roman de R.J. Ellory. Everglades (Sonatine, 10 avril 2025, traduit par Étienne Gomez) est un thriller psychologique puissant et humain. En 1976, le shérif Garrett Nelson est blessé lors d’une arrestation en Floride. Sur les conseils de sa thérapeute, il accepte un poste de gardien de prison dans les Everglades. Un suicide, une évasion, et Garrett retrouve son instinct d’enquêteur. Dans ce milieu clos, au cœur d’une nature hostile, il constate rapidement que les murs renferment des secrets dangereux et bien gardés.
En version poche, on retrouve côté littérature française Les jours mauves (Livre de Poche, 30 avril 2025) de Kalindi Ramphul. Pour respecter les dernières volontés de son père, une jeune femme part en road trip dans les Pyrénées. Un récit plein de poésie, d’humour et de tendresse.
À noter aussi Aliène (Points, 4 avril 2025) l’étonnante pseudo-enquête sur la domination et l’animalité de Phoebe Hadjimarkos Clarke.
En littérature étrangère, place à la littérature ukrainienne avec Andreï Kourkov et Le cœur de Kiev (Liana Levi, 3 avril 2025, traduit par Paul Lequesne, lire un extrait) qui nous ramène en 1919 avec le jeune Samson, membre de la milice qui doit faire respecter les décrets du nouveau pouvoir bolchevique auprès d’une population affamée.
Pour le roman noir, restons sur l’actualité de Freida McFadden avec La psy (J’ai lu, 16 avril 2025, traduit par Karine Forestier, feuilleter).