Avec Carmen dans quelques semaines, les toréadors sont donc à l’honneur cette année à l’opéra de Rennes. Celui d’Adolphe Adam, indiscutablement plus confidentiel, a pourtant été une agréable découverte, d’abord parce que c’est une œuvre pleine de charme et qu’elle a été l’occasion de découvrir de jeunes artistes au talent assez prometteur.

Le Toréador est aussi une excellente excuse pour se livrer à un exercice intelligent qui consiste à opérer un mix entre artistes confirmés et élèves du pôle d’enseignement supérieur, spectacle vivant, autrement dit Le Pont supérieur. D’un côté quatre instrumentistes, de l’autre deux jeunes chanteuses ont donc l’occasion de se mettre en valeur et ils ne s’en sont pas privés.Impossible de vraiment juger la performance personnelle des musiciens, puisqu’ils sont noyés dans un ensemble, toutefois Lucas Robin au violon et Eszter Borka au violoncelle délivrent un travail exempt de tout reproche. Constant le Barh se montre très appliqué et fait honneur au pupitre des bois avec un bon travail à la clarinette, le pompon revient à Camille Chaumont, à la flûte, mise en valeur par une partition qui lui laisse une belle occasion de briller.

Reste donc le rôle de Coraline, qui pour l’occasion sera partagé entre Marie Lombard et Héloïse Guinard, toutes deux étudiantes au Pont supérieur. Ce partage rend lui-même les choses plus intéressantes. Si ces jeunes filles interprètent le même personnage, leur approche est assez différente. Pas question d’établir des comparaisons, aussi stériles qu’inutiles, la personnalité n’est pas à mettre en question. Marie Lombard sait avec adresse mettre ses atouts à son service. Ses jolis traits asiatiques, son sourire plein de charme apportent un petit plus à une voix en forme d’instrument bien dominé. Il y a chez cette jeune fille les marques d’une certaine rigueur et ses aigus comme ses pianissimi sont irréprochables, un vrai beau potentiel. Tout petit bémol sans grande importance, on a quelques difficultés à bien comprendre le passage parlé du tout début, au débit un peu rapide.
De son côté Héloïse Guinard, servie par une voix agréable, joue habilement avec le public en alternant fragilité et détermination. Si elle se montre parfois un tout petit peu timide, elle est pourtant bien présente lorsqu’il convient de donner de la voix au plein sens du terme. Elle incarne même le personnage de Coraline avec une féminité qui nous embarque tous comme de beaux naïfs. Stéphanie d’Oustrac lui prodigue ses conseils, elle retiendra notre attention.

Le Toréador, un opéra-comique de Adolphe Adam, a été donné les 6 et 7 avril 2017 à l’Opéra de Rennes
Direction musicale: Jean-Luc Tingaud
Ensemble instrumental du Pont Supérieur
Don Beflor: Vincent Billier
Coraline: Héloïse Guinard* / Marie Lombard*
Tracolin: Marc Larcher
*étudiantes du Pont Supérieur
En partenariat avec le Pont Supérieur – Pôle d’enseignement supérieur spectacle vivant – Pays de Loire Bretagne et avec le Conservatoire à Rayonnement Régional de Rennes
