Avec ses 2,5 millions d’utilisateurs, l’application Geev, don d’objets et de nourriture entre particuliers, veut démocratiser le réflexe anti-gaspillage à grande échelle. Son succès s’explique notamment par l’engouement de ses membres, fervents défenseurs d’une économie circulaire plus solidaire. Créé par Hakim Baka et Florian Blanc en 2017, le projet s’est d’abord développé à travers des groupes Facebook. Depuis la fin du premier confinement, en mai 2020, les dons explosent et atteignent aujourd’hui le cap des 6 millions.
La genèse du projet Geev remonte à 2016. Vivant à Paris à ce moment-là, les deux co-fondateurs Hakim Baka et Florian Blanc ont constaté qu’un grand nombre d’objets en bon état était quotidiennement abandonné sur les trottoirs de la capitale. La cause ? Faute de solution, beaucoup d’habitants se résignent à jeter lorsqu’ils n’arrivent pas à vendre. Les deux entrepreneurs créent alors les groupes Facebook « adopte un objet » afin de remédier à ce gaspillage. Les membres peuvent y poster des photos d’objets qu’ils souhaitent donner, leur donnant ainsi une seconde vie. Devant l’appétence des utilisateurs, les groupes se sont rapidement multipliés partout en France.
Afin de se consacrer pleinement au marché prometteur du particulier, Hakim Baka et Florian Blanc décident de prolonger le projet sous la forme d’une application gratuite. Le modèle économique de Geev repose principalement sur les annonceurs qui font de la publicité sur Geev. Elle devient alors la première application de don d’objets et de nourriture en France, se revendiquant comme une alternative à la vente et au gaspillage. Désormais, l’équipe réunit une quinzaine de personnes à Bordeaux. Intermédiaire entre les utilisateurs, l’application veut favoriser la confiance et la simplicité. « Nous faisons l’intermédiaire entre les particuliers afin qu’ils puissent faire des échanges facilement. Le processus de don est très simple. Il suffit de poster une annonce avec les photos de l’article puis de discuter avec les utilisateurs intéressés. Je peux ensuite choisir la personne à qui j’ai envie de donner. L’accessibilité est le principal intérêt de notre application, car si nous voulons que les gens donnent, il faut que ce soit le plus simple et le plus rapide possible. »
Geev veut inspirer un réflexe anti-gaspillage et sensibiliser les utilisateurs à ne pas surconsommer en proposant la récupération comme alternative éco-responsable. Alors que la société commence à prendre conscience qu’elle doit changer ses modes de consommation, la crise sanitaire s’est révélé un véritable moteur vers ces nouvelles résolutions. Ainsi, les dons ont connu une véritable expansion dès la fin du premier confinement. À chaque don, l’utilisateur reçoit en retour un crédit appelé une « banane » lui permettant d’acquérir un autre objet. « Au départ, nous avions fermé notre service pendant le mois de mars afin de limiter au maximum les interactions. Nous avons consulté nos utilisateurs et suite à leur demande, nous avons décidé de rouvrir pour permettre les dons alimentaires. Lorsque nous avons pu rouvrir entièrement l’application, nous avons constaté un boum incroyable. Les utilisateurs avaient mis de côté leurs objets pour pouvoir les donner à la fin du confinement. »
La carte des Geevers dans la ville de Rennes. Les utilisateurs peuvent faire une annonce pour demander un don spécifique.
L’application possède une communauté extrêmement soudée et fidèle d’utilisateurs, les « Geevers ». Dès la création des premiers groupes Facebook, une proximité forte s’est installée entre l’équipe et les utilisateurs. Geev a ainsi inauguré au mois de juin son premier club ambassadeur : sur la base du volontariat, chacun peut devenir ambassadeur de la marque et agir directement sur le fonctionnement de l’application. Ces ambassadeurs peuvent notamment participer à des votes pratiques ou assister à des réunions zoom afin de juger les prochaines nouveautés. « Nous essayons de rester le plus connecté possible à notre communauté. Dans notre politique interne, c’est très important de parler aux utilisateurs, notamment sur les réseaux sociaux ou par messagerie. Toutes les semaines, des personnes de l’équipe font des dons, rencontrent des utilisateurs et échangent avec eux. Nous nous présentons toujours comme membre de l’équipe et nous leur demandons des retours. Cela nous permet aussi de ne pas rester dans notre tour d’ivoire. »
« Notre objectif est de promouvoir l’économie circulaire et la solidarité. Nous avons une communauté très généreuse. la première Geeveuse de France a fait au total 83 000 dons. C’est grâce à leur engagement que nous pouvons promouvoir le fait d’aider les autres. »
Maureen Marinier, Responsable Communication chez Geev.
L’un des prochains grands enjeux de Geev est de réussir à s’exporter à l’international, notamment en Europe. Une ouverture qui reste secondaire, car il reste encore de nombreuses étapes à activer dans le territoire français. « Le don est universel. Nous aimerions nous développer à moyen terme en Allemagne ou au Royaume-Uni. L’usage du don pourrait se démultiplier assez facilement dans ces pays-là. »
L’application Geev est disponible gratuitement sur IOS et Android. Retrouver toutes les nouveautés sur la page Facebook et la page Instagram de l’application.