Ozzak est une plateforme internet et une application gratuite lancée par le trio nantais Mélanie Cinvet, Cédric Mérouani et Sylvain Mante en juin 2022. Le but : rendre plus accessible le cinéma et développer la curiosité des amateurs et amatrices du 7e art en proposant des tarifs réduits dans les cinémas partenaires. L’Arvor est l’un d’entre eux.
Selon le Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC), la fréquentation des salles de cinéma a atteint 152 millions d’entrées en 2022, soit un retrait de – 26.9 % par rapport à la moyenne pré-covid. Les raisons principales avancées sont les restrictions sanitaires levées seulement à la mi-mars et une offre de films porteurs moins quantitative que celle des années précédant la pandémie. En sus, l’augmentation des tarifs se révèle un frein tout aussi important pour nombre de foyers, obligés de sélectionner avec plus de minutie le choix des films à visionner en salles obscures. Conscients de cet obstacle, les trois amateurs et amatrice de cinéma Mélanie Cinvet, Cédric Mérouani et Sylvain Mante ont pensé une application originale qui propose des tarifs réduits aux utilisateurs.
Mélanie Canivet est la chargée de la relation commerciale avec les cinémas partenaires, Cédric Mérouani le directeur technique qui s’est occupé de la plateforme Ozzak (le site et l’application) et Sylvain Mante s’occupe de la communication grand public. Depuis 2019, ces trois amis se sont associés pour former l’équipe d’Ozzak, dont le nom renvoie aux trois grandes cérémonies de cinéma : O pour Oscars, Zza pour Cesars et K pour Cannes. Ingénieux n’est-ce pas ?
L’idée est née en 2019 après une séance de cinéma un samedi soir… dans une salle quasi vide. « Notre changement de statut a aussi été un facteur, Mélanie et moi sommes passés d’étudiants à jeunes actifs », souligne Sylvain Mante avant d’ajouter avec humour : « On ne bénéficiait plus de tarifs réduits, mais notre pouvoir d’achat n’avait pas triplé pour autant. » Tous ces facteurs les amènent à se demander comment aller au cinéma sans pour autant exploser son budget et permettre aussi aux cinémas de remplir les sièges vides perdus à chaque séance… « En 2019, l’augmentation du prix était constante d’année en année, puis il y a eu une réelle augmentation depuis un an, voire quelques mois dans certains cinémas. » En cause : le retour de crise et l’augmentation des énergies qui impacte fortement les cinémas. « Certains sont obligés d’augmenter leur prix, mais d’autres groupes ont une volonté stratégique de passer sur du premium, ce qui passe par l’augmentation tarifaire. »
Après avoir questionné plus de 500 spectateurs et testé la faisabilité du projet, la plateforme et l’application sont lancées en juin 2022. L’équipe souhaite apporter une réelle solution en répondant à un besoin autant du côté des exploitants que des spectateurs. « Beaucoup de seniors utilisent l’application malgré les tarifs réduits pour pouvoir y aller plus souvent », donne-t-il comme exemple avant de préciser : « Le but était de chercher des solutions pour atteindre un large public et améliorer la fréquentation de certains créneaux ».
L’application et la plateforme sont toutes deux gratuites et permettent de s’adresser à un public plus large, avec ou sans smartphone. Ozzak repose sur un modèle économique de réussite avec les cinémas. « On est rémunérés par la structure en fonction du nombre de places vendues grâce à la plateforme. » Le cinéma décide du nombre de places mises en vente, des horaires proposés et du prix fixé. En moyenne, une quinzaine de places par séance sont mises en ligne, entre 30 et 50 % moins cher que le tarif plein. Pour l’Arvor de Rennes, un cinéma d’art et essai au tarif élevé de 9€70, la place revient à 6€50 ; ce qui est d’autant plus raisonnable que le nouveau bâtiment comme son emplacement peinent à attirer les foules. « Les cinémas créent généralement un tarif intéressant pour tout le monde, mais moins avantageux qu’une carte d’abonnement ou carte de places pour que ces propositions restent privilégiées. »
Après un peu moins d’un an de service, Ozzak compte 26 cinémas partenaires (Paris et sa région, Clermont-Ferrand, Bordeaux mais aussi dans la Drôme et l’Ardèche). En Bretagne, notre portefeuille pourra profiter des bienfaits de l’application à l’Arvor de Rennes, au Chateaubriand de Combourg et au Rex de Pontivy. Non loin de là, les cinémas de Basse Goulaine, ville à proximité de Nantes, et de Guérande se sont aussi associés au projet. « On arrive à toucher tout le spectre des exploitations de cinéma, autant les cinémas art et essai, grand public, indépendants que municipaux et associatifs », s’enthousiasme Sylvain. Environ 9 000 places ont été vendues sur la plateforme, près de 7 000 personnes sont inscrites sur le site et 5 000 sur liste d’attente, c’est-à-dire qu’ils patientent jusqu’à l’arrivée de la plateforme à proximité de chez eux.
Vouée à évoluer dans les prochains mois, la première version de l’application se révèle très instinctive et facile d’utilisation. Il suffit d’entrer sa localisation pour découvrir l’ensemble des propositions cinématographiques à proximité. Plutôt que de commencer la recherche par le nom de notre cinéma habituel, Ozzak souhaite mettre en avant les films projetés. Le trio cherche ainsi à développer la curiosité des cinéphiles pour qu’ils se laissent surprendre par des longs-métrages qu’ils n’ont pas forcément l’habitude de regarder. « Le frein principal était le prix, ce qui a aussi un impact dans le choix des films », explique Sylvain. « Pour plus de 13 ou 14 €, on n’a pas envie d’être déçu donc on s’oriente automatiquement vers la suite d’un film qu’on connaît ou une typologie de films dont on a l’habitude. On ne tentera pas un long-métrage sur lequel on a des doutes. » De cette manière, ils souhaitent rendre la sortie de cinéma plus spontanée.
Dans le prolongement de la plateforme, les Nantais ont créé le jeu de société James Dîne, dont une campagne de financement participatif est actuellement en cours, jusqu’au 28 avril 2023. « On ne veut pas qu’Ozzak soit juste un site internet de réservation de places, on aimerait vraiment que le nom soit identifié comme un acteur du cinéma. Ça passe par différents canaux et le jeu de société faisait sens de ce point de vue-là », conclut Sylvain.