Bang on time, c’est le nouvel album des Rennais de Bikini Machine. Une machine à voyager dans le temps dont les 10 titres nous transportent non dans le passé mais convoquent dans notre présent des styles musicaux surannés. Sous les électro-chocs mélodiques de Bikini Machine, ces figures âgées se mettent à remuer et finissent même par sacrément bien danser. Entre passé, présent et futur, Bang on time arrive pile à l’heure.
A-t-on besoin, surtout en temps de crise, de musiques aussi « rétro », pardon : « vintage » ? Confondrions-nous, par besoin de réconfort et de repères, relent et talent ? Réflexions de première écoute. Ce n’est que l’écume de la musique, la surface visible (clinquante) d’une audition rapide.
Les écoutes suivantes, affinent et approfondissent. Il y a de la créativité là-dedans. Ce n’est pas une imitation servile : sincérité, entrain et inventivité débordent largement un cadre a priori restrictif. Certes, les codes stylistiques sont respectés – soul blanche, swing 50’s, surf, rock sixties teinté de pop psyché – mais ils sont intégrés grâce à une énergique harmonie. Le mélange ne tourne pas à la soupe.
Si certains titres plus incisifs auraient mérité un supplément de hargne et de profondeur, Stagger man (que ne renierait pas un Style Council de la meilleure période) et Everybody’s in the Know viennent aisément combler le manque. La production est à la fois musclée et subtile, elle offre une profondeur qui n’enlève rien au groove qui a fait une bonne part de la réputation du groupe. C’est donc pile à l’heure un sérieux virage vers une musique moins potache. Mention spéciale à The Shade of my soul, mélopée mélancolique hypnotique et dansante, avec son clavier clin d’œil à John Barry.
Bikini Machine, Bang on Time, CD 10 titres, novembre 2014, Yotanka Productions, 14 euros