Bazouges-la-Pérouse. Découvrez le Château de la Ballue et son jardin maniériste

château de la Ballue

A une vingtaine de kilomètres du Mont Saint-Michel, le château de la Ballue sis à Bazouges-la-Pérouse en Ille-et-Vilaine est une beauté cachée du patrimoine breton. Le lieu abrite un ravissant jardin qui célèbre en 2024 le cinquantième anniversaire de sa renaissance.

château de la Ballue

Le jardin du château de la Ballue est un véritable chef-d’œuvre de l’art topiaire et maniériste. Dans son écrin de verdure somptueux et luxuriant, il impose de l’ordre à la nature et propose au public de vivre le temps d’une visite, une expérience sensorielle inoubliable qui mêle l’Histoire, la beauté naturelle et l’innovation artistique quelle que soit la saison. Certains diront que le visiteur, qui découvre cet univers de verdure soigneusement sculpté, est comme une Alice au pays des merveilles curieuse et émerveillée !

Ces jardins, construits en 1974 par les propriétaires de l’époque Claude Artaud et son époux François Hebert Stevens, sont une toscane bretonne où un enchevêtrement de surprises égare les visiteurs dans un dédale de formes et de couleurs qui se déploient sur huit hectares. Ils jouent avec les perspectives, les volumes, les ombres et les lumières qui se conjuguent au fil des heures de la journée. Vue du ciel, c’est un cubisme végétal ressemblant à un jeu de société !

Les jardins sont composés de treize chambres de verdure à l’italienne avec différentes scènes et différentes ambiances. Le thème baroque de l’illusion est le guide pas à pas du promeneur…

Pour commencer la visite, une impressionnante et majestueuse cour d’honneur  accueille le public avec son jardin régulier fleuri qui met en valeur la façade nord du château style Louis XIII. Elle est bordée de trois majestueux tilleuls de plus de 250 ans d’âge et de grandes caisses à orangers provenant de l’Orangerie de Versailles.

La cour d’honneur dirige les visiteurs vers le jardin maniériste, prédécesseur du jardin à la française qui a été inspiré par les créations italiennes du XVI e siècle, telle celle du Belvédère du Vatican en 1502. L’esprit du jardin maniériste perdure dans les créations françaises jusque dans les créations du jardinier du roi Soleil : André Le Nôtre (1613-1700). C’est précisément le roi de France Louis XIV (1638-1715) qui impose le jardin régulier dit : à la française. Le jardin maniériste est commun avec le jardin à la française en ce qui concerne les parterres ; la rotule, point central du jardin qui réunit les deux diagonales et joue avec :  les perspectives ; le trompe l’oeil ; la symétrie géométrie ; les bosquets des senteurs, bosquet mystérieux, bosquet de musique, les bosquets à attrape, héritage typique des jardins baroques italiens, qui cache des jets d’eau espiègles qui surgissent à l’approche d’un promeneur ; l’allée de tilleuls ; et l’architecture qui joue avec les courbes et les irrégularités pour surprendre et charmer tel un labyrinthe. Une clématite qui grimpe le long des murs, ajoute une touche romantique à cet espace ludique. Rien n’est laissé au hasard dans ce merveilleux tableau végétal, et chaque chambre de verdure révèle une facette de l’histoire des lieux.

Le maniérisme se détache cependant du jardin à la française par le traitement de la nature. Là où il se plaît à développer les courbes et les irrégularités, le jardin à la française affectionne plutôt la rectitude et l’infini…

  • château de la Ballue
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Chaque chambre du jardin de verdure nous révélant une facette de l’histoire des lieux.

Le bosquet de fougères rend hommage au passé artisanal du château. Il est  mystérieux, sombre et énigmatique et évoque une cathédrale végétale gardée par des thuyas imposants. Il s’y échappe un parfum de jasmin et de chèvrefeuille qui enveloppe les visiteurs. L’espace est intime et ombragé et bénéficie du doux murmure de la fontaine toute proche.

Le théâtre de verdure propose une scène de gazon entourée de hêtres flamboyants qui crée un spectacle en plein air, ouvert vers le ciel.

Les glycines, supportées par des colonnes d’ifs, forment une arcade spectaculaire qui invite à la promenade et à la rêverie ; longue de sept mètres, cette allée débouche sur le temple de Diane : un autre point fort du jardin et un hommage architectural à la déesse de la chasse qui offre des perspectives grandioses sur le jardin baroque en contrebas.

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est l’actuelle propriétaire du domaine. Elle veille à la préservation de ce patrimoine unique en intégrant des pratiques durables. Elle récupère l’eau de pluie pour irriguer le jardin, et les déchets verts sont compostés sur place. Aucun produit chimique n’est utilisé, de manière à entretenir les espaces verts le plus écologiquement possible ; pour la taille, pas de machine, juste l’œil et le doigté du jardinier.  La propriétaire est aussi engagée aussi pour la biodiversité : de nombreuses espèces d’oiseaux et de chauves-souris peuplent le domaine…

Histoire du château

 Parce qu’il se situe sur une colline qui délimite les pays de Combourg et de Fougères, le château de la Ballue a été fortifié très tôt. Forteresse des Marches de Bretagne, le château est construit au début du XVIIe siècle. À la fin du Xe siècle, il fait partie d’une chaîne de défense qui suit le fleuve côtier le Couesnon, de Fougères jusqu’à la mer. Il appartient à la famille Chesnel au XIIe siècle. En 1513, il devient par alliance la propriété des Seigneurs de la Roche Jagu. A partir de 1555, il est vendu successivement à Claude de Rieux puis en 1556 à la famille Québriac, puis par succession en 1604 à celle des Hérouville. Le château est alors composé d’une tour flanquant le logis, d’un portail, d’un pont-levis avec deux tours, le tout cerné de murs et de fossés. Les habitants du pays s’y réfugièrent plusieurs fois pendant les guerres de la Ligue. Il possédait aussi un colombier et deux chapelles. De mariages en héritages, la seigneurie de La Ballue est acquise par le roi de France Henri IV (1553-1610) qui l’offre, pour services rendus, au duc de Brissac. Ce dernier vend le domaine en 1615 à Gilles de Ruellan (1545-1627),  aristocrate breton, conseiller d’Etat et au parlement de Bretagne, et ami de Richelieu (1585-1642).

 En 1620, le château est reconstruit par Gilles de Ruellan et comprend un bâtiment avec deux ailes et un haut pavillon central. Il fait démolir la forteresse primitive et construit le château actuel. La Ballue est érigée en marquisat en 1622 : elle exerce à la Bazouges-la-Pérouse un droit de haute justice et possède un droit de quintaine près du cimetière, sur la route de Combourg. Déjà à cette époque, les jardins sont ce que la nature produit de plus beau et de plus rare. Le marquisat de la Ballue reste la résidence de l’aîné des fils de Gilles de Ruellan et le fief de six générations de marquis de la Ballue successives, avant de devenir le quartier général de la chouannerie pendant la Révolution Française.

Entre 1820 et 1866, le château accueille une verrerie spécialisée dans la gobeleterie et le vase de chimie. Le jardin en terrasses existait au XVIIIe siècle. La première orangerie a été construite vers le milieu du XIXe siècle : elle est actuellement une salle d’exposition sur l’art des jardins. 

château de la Ballue

En septembre 1939, alors que la France déclare la guerre à l’Allemagne, le château de la Ballue renoue avec l’histoire et s’improvise gardien du plus faible face à l’oppresseur : une vingtaine de jeunes filles juives y sont cachées et bénéficient de la protection de la propriétaire Madame Frémont. 

De nos jours, nombreux sont les clients à se bousculer aux portes des quatre chambres d’hôtes du château : beaucoup d’entre eux viennent des quatre coins du monde. L’ancienne grande écurie et la tour de l’horloge ont été conservés avec le cellier, les deux remises et le passage central. Plusieurs pièces ont conservé leurs boiseries du XVIIIe siècle. A l’ouest, un bois mène à l’étang de la Ballue…

HORAIRES PRATIQUES

Les jardins du château de la Ballue à  Bazouges-la-Pérouse (35)

Ouverture :

– Tous les jours jusqu’au 30 septembre

– du 1 er octobre au 11 novembre et du jeudi au dimanche : de 10h à 18h30

– les jours fériés, les vacances de la Toussaint et celles de Pâques 

Tarifs : plein : 10,50 € – réduit : 8,50 € (pour les étudiants, pour les 10 à 18 ans, pour les demandeurs d’emploi et pour les personnes en situation de handicap) – gratuit pour les moins de 10 ans.

Contact : 02 99 97 47 86  et/ou chateau@la-ballue.com

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Nolwenn Denis
Nolwenn Denis est correspondante de presse en Ille-et-Vilaine

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