La BD JOSÉPHINE BAKER résonne comme le jazz : elle vibre comme une danse de Music Hall. Mais qui dit aussi le combat des Noirs, des pauvres et des femmes. C’est une BD qui raconte la vie de Joséphine Baker. Magnifique et instructif.


Sa trajectoire sociale est fulgurante, menant la jeune espiègle des faubourgs miséreux de St Louis en 1906 aux châteaux du sud de la France soixante ans plus tard. Les auteurs ont le talent d’intégrer, comme les meilleurs historiens, la vie de leur « héroïne » dans le contexte social de l’époque. La ségrégation raciale américaine est omniprésente au début du siècle aux États-Unis et conjuguée à la misère matérielle et affective, elle va constituer pour la future vedette, un socle de vie et une motivation qui nourriront ses multiples engagements.

Sa force, elle la tire probablement d’une forme d’insouciance et de joie de vivre que Catel par son dessin retranscrit à merveille : deux simples traits pour tracer des yeux écarquillés, un trait pour une bouche gourmande et insolente de la jeune adolescente, annoncent déjà les formidables mimiques immortalisées par de célèbres photos. La dessinatrice met en scène merveilleusement, et avec le minimum de moyens apparents, toute la gouaille et la plasticité de la danseuse dans cette BD Joséphine Baker. Tout est mouvement avec l’Américaine, mouvement et musique. Le dessin restitue le rire qui résonne dans les pages et la chorégraphie endiablée qui renvoie Mistinguett à un second rôle. Faisant ployer les courbes, sous le trait plus ou moins épais de son crayon, Catel met en mouvement le corps de caoutchouc de la danseuse noire américaine dans des spectacles qui deviennent de magnifiques vignettes graphiques.

Tout au long de ce cheminement de liberté, on aura également côtoyé, Simenon en devenir, Le Corbusier, amant éperdu, Jean Cocteau, le couturier Poiret et tant d’autres (*), acteurs de ces années de libéralisation lente, mais réelle des mœurs, de ces années dites « folles » avant que la Seconde Guerre mondiale ne brise cet optimisme contagieux.
« Catel et Bocquet » va vite devenir une marque déposée comme « Lagarde et Michard ». Une marque de justesse historique, mais aussi d’originalité et de plaisir.
La BD JOSÉPHINE BAKER Catel et Bocquet est parue aux Éditions Casterman dans la Collection Écritures, septembre 2016, 407 pages. 26,95 €.
Scénario : José-Louis Bocquet
Dessin : Catel
(*) Comme pour les deux biographies précédentes, à la fin de l’ouvrage, une cinquantaine de pages sont consacrées à la biographie des personnages apparaissant dans la BD, démontrant le caractère historique et documentaire du travail réalisé par les deux auteurs.
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JOSEPHINE BAKER : hommage à une grande Dame
Le Château des Milandes, labellisé « Maison des Illustres » en 2012 se veut avant tout un lieu rendant hommage à l’une des plus exceptionnelles femmes du XXe siècle. Il est aussi incroyablement habité par l’âme de l’artiste.
Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour .
Joséphine Baker
