TEENAGE KICKS. LA BIENNALE D’ART URBAIN 4.0 ARRIVE À RENNES

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Jusqu’au 27 octobre 2019, la 4ème édition de Teenage Kicks – Biennale d’Art Urbain revient en Bretagne. Avant de voguer vers les contrées malouines et nantaises, le programme de Rennes s’annonce haut en couleurs : muralisme, expositions, graffiti, performances et concerts. Aux commandes ? Yannick Bims, Mathias Brez, Patrice Poch et une foule de personnes qui les aide ! Entretien avec Patrice et Mathias dans les coulisses de l’exposition Inside Out #3, à la Courrouze.

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Mathias Brez, co-fondateur de la biennale d’art urbain, Teenage Kicks.

Unidivers – Depuis 2013, la Biennale d’Art Urbain Teenage Kicks promeut la création urbaine ocntemporaine, sa diversité et son importance dans l’histoire de l’art. Comment avez-vous envisagé cette quatrième édition ?

Mathias Brez – D’abord avec appréhension (rires). À la fin de chaque édition, on ne se pense pas forcément capables d’en réaliser une nouvelle, mais une fois le projet lancé, on se dit simplement « allez, on y va ».

La programmation artistique dépend du lieu donc trouver le lieu d’exposition central induit beaucoup dans la suite de l’organisation. On commence par partager nos envies afin de réaliser une programmation large et selon l’endroit, on affine en fonction du travail des artistes. Le but est de savoir quels artistes sont les plus adaptés au lieu choisi pour une bonne mise en valeur de leur travail.

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Détail d’une oeuvre réalisée par Patrice Poch

Patrice Poch – Nous ne parlons pas en termes de ligne directrice, l’édition se construit au fur et à mesure. Mathias était plus présent sur la direction artistique les éditions précédentes, mais cette année, il gère beaucoup d’autres affaires inhérentes au projet donc on a pris le relais avec Yannick [Bims]. Par contre, les décisions se valide toujours à trois.

L’arrivée de Yannick apporte également un nouveau souffle. Il a une vision plus jeune, ce qui a permis à des artistes d’être présents cette année. L’artiste allemande Runa n’a pas encore 19 ans et se retrouve à peindre dans le cadre d’une biennale. Cet échange d’idées est enrichissant pour Teenage Kicks. Le but est de se faire plaisir, on ne s’impose rien.

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Aperçu des oeuvres de Loulou PIcasso, (FRANCE), Runa (ALLEMAGNE) et Ruin (AUTRICHE)

Unidivers – Depuis la création de Teenage Kicks, avez-vous senti une évolution dans les mentalités en ce qui concerne les arts urbains ?

Mathias Brez – Promouvoir les arts urbains est devenu quasi une évidence pour la ville, il n’est plus nécessaire de défendre le projet. C’était beaucoup plus compliqué en 2013. Il a fallu faire preuve de pédagogie et expliquer ce qu’étaient les arts urbains. Et cette année, des partenaires comme Art Norac (à l’initiative des Ateliers de Rennes – Biennale d’Art Contemporain) nous aide. Une réalité que nous pensions difficilement envisageable à la création de Teenage Kicks.

Patrice Poch – Un vrai changement s’est opéré à ce niveau-là. La première édition était fabriquée de bric et de broc. Elle a été réalisée avec les moyens du bord, mais pour le lancement d’un projet de ce type, il s’agissait tout de même d’un gros événement. Teenage Kicks s’est structuré au fil des éditions. L’équipe est aujourd’hui plus conséquente, beaucoup de personnes nous aide.

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Unidivers – Avec son intégration dans les galeries et sa présence aux ventes aux enchères, certains voient cette « démocratisation » des arts urbains comme une institutionnalisation…

Patrice Poch – Il y a forcément une institutionnalisation et selon moi, elle est nécessaire. Elle permet de garder une trace. Plutôt que de la voir comme un problème, je la perçois comme un plus. Bien qu’on en soit encore loin, il est important que les lieux d’exposition commencent à représenter ce type d’art et l’accepte comme un art à part entière justement. Cependant, accéder à des lieux plus officiels, présenter des expositions monographiques ou des projets collectifs n’est pas encore chose facile. 

Unidivers Au total, une cinquantaine d’artistes venus du monde entier sont invités sur le temps de la biennale. Comment organisez-vous la sélection ? 

Patrice Poch – Une line-up est mise en place pour chaque lieu, une quinzaine d’artistes pour la Courrouze et une trentaine de personnes d’artistes pour le mur de la gare, boulevard du Colombier. 

De manière générale, nous essayons d’avoir une mixité dans le choix des artistes, même si ça peut parfois s’avérer compliqué. Elles sont de plus en plus importantes dans le milieu et beaucoup sont talentueuses. On trouve important de montrer autant leur travail que celui des artistes hommes. 

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Jean-Louis Dupré est Loulou Picasso, peintre membre du groupe Bazooka, collectif d’artistes français actif de 1974 – 1978. 

On aime aussi avoir un certain suivi des artistes. Nous proposons à ceux qui ont travaillé sur un mur de réaliser une exposition ou l’inverse. Ça permet de les voir créer dans différentes conditions. En 2017, Loulou Picasso (Jean-Louis Dupré) et Amandine Urruty ont par exemple participé à l’exposition « Marquis de Sade », il y était question de petits formats. Loulou Picasso est peintre à l’origine et a fait parti du groupe Bazooka, très important dans le graphisme français. C’est une des premières fois qu’il fait du muralisme donc l’approche est différente. C’est un challenge pour eux.

Le graffeur rennais Mioshe a réalisé un mur en 2013 et cette année, il est présent aux côtés de Thomas Tudoux pour l’exposition « Épuiser les opportunités du monde » aux Ateliers du Vent (du 07 au 29 septembre 2019). Mettre en lumière les artistes locaux est important aussi. War proposera une performance à la Courrouze, samedi 27 septembre à la tombée de la nuit.

Dr Ponce en action sur un des murs du Hall PC4, à la Courrouze

Unidivers Pendant près d’un mois, le public va découvrir des expositions, du muralisme et des performances artistiques. Parmi ce foisonnement de propositions : « Inside Out #3 », le lieu central de la biennale, une exposition immersive réalisée par une quinzaine d’artistes, en plein cœur d’une friche, et le fameux « Wall of fame ».

Mathias Brez L‘hôtel Pasteur a accueilli l’exposition les deux éditions précédentes, mais avec les travaux actuels, ce n’était pas possible. Le hall PC4 (bâtiment de l’ancien projet du pôle éducatif de la CourrouzeN.D.L.R) est un lieu autant ambitieux que magique. Réaliser cette exposition dans ce bâtiment donne une nouvelle dimension à l’événement.

« Avec Inside Out #3, l’objectif est de montrer la diversité créative dans une exposition hors norme, avec des murs qui englobent le public », Patrice Poch.

 
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Détail de l’oeuvre de Ruin (AUTRICHE), exposition ” Inside Out #3 ” au hall PC4 de la Courrouze.

Patrice Poch Inside Out #3 est d’ampleur plus grande cette année, ne serait-ce qu’en termes de superficie. Avec cette idée d’exposition immersive dans une friche, le propos d’Inside Out se situe à la frontière entre les formes muséales et celles de l’art urbain – tout en mettant l’accent sur la diversité.

Chaque artiste travaille une pièce ou un mur. Ruin (Autriche) et Vasilis Markosian (Grèce) se connaissaient avant Teenage Kicks et voulaient travailler ensemble. Il était intéressant de les faire collaborer dans une pièce.

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L’artiste YS (FRANCE) travaille à base d’encre de chine. Une longue préparation du mur est nécessaire avant de commencer l’oeuvre.

La graffeuse YS (France) a recouvert son mur de papier de soie afin de peindre à l’encre de chine. J’ai déjà mentionné la jeune Runa et Loulou Picasso, une référence en peinture qui réalise très peu de muralisme. Le duo Kid Kreol & Boogie (La Réunion) ont travaillé une pièce entière pour Inside Out #3 et ont réalisé un mur à l’antipode MJC.

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Kid Kreol & Boogie (LA REUNION) créent un imaginaire créole qui prend racine dans l’Océan Indien. En tant que plasticiens, leur but est de proposer de « l’image » là où la culture réunionnaise se base essentiellement sur l’oralité, la musique ou se perpétue dans les cercles familiaux.

Parallèlement aux œuvres, Jennifer Aujame a réalisé un documentaire sur le montage d’Inside Out. Des interviews d’artistes permettent de comprendre le travail de chacun. Il sera projeté sur un des murs du Hall. 

Le graffeur Seth (France) est passé nous rendre visite par surprise. Il avait participé aux éditions précédentes – un mur à Saint-Malo et un à Rennes, visible du métro Pontchaillou. On lui a proposé de faire un petit quelque chose…

L’idée avec « Wall of fame » est de faire le lien avec le graffiti. Pour l’occasion, des Dj set et des concerts de groupes locaux sont organisés le dimanche, Bikini Gorge et Tchewsky & Wood.

 

Unidivers Aux côtés de toutes ces techniques, la photographie trouve également sa place. Jusqu’au 28 septembre 2019, l’exposition « Les bons copains » est présentée à la Maison des associations. Quelle en est l’intention ? 

Patrice Poch À travers le médium photographique, « Les bons copains » apporte un autre regard sur l’univers du graff. Pour la troisième édition (2017), la Maison des associations avait déjà accueilli Silvio Magaglio, photographe parisien important pour la scène graffiti français (exposition « Highway to Liège »). 

« Les bons copains » propose de découvrir le travail photographique d’un collectif, issu de la Bretagne qui suivent les graffeurs qui peignent sur trains. À travers leurs photographies, ils tentent de retranscrire les ambiances et le déroulement des actions.

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Détail de l’oeuvre de Kashink (France)

Unidivers  Une dernière question. Selon vous, quel est l’enjeu majeur des arts urbains aujourd’hui ? 

Patrice Poch Le graffiti part d’une reconnaissance sociale. Tout commence à New York et Philadelphie (États-Unis) à la fin des années 60, avec des jeunes en quête d’identités. Au début, ce n’était que des noms écrits dans la rue, d’abord à l’intérieur des bouches de métro puis à l’extérieur. Vers la fin des années 70, on retrouve les prémices et l’introduction dans les galeries, mais à l’origine, il naît d’une volonté d’adolescents. D’où le nom Teenage Kicks d’ailleurs : on commence à l’adolescence, mais on ne sait pas quand on s’arrêtera. Certains arrêtent et d’autres deviennent artistes.

«Ce qui est dans ce que l’on appelle le street art, c’est une souplesse de mélanger les techniques et de se les approprier », Patrice Poch

C’était encore difficile à la fin des années 90 et début 2000 de faire entrer le graff dans les lieux institutionnels. Le public avait des préjugés, dans l’esprit du public, ce n’était que du tag illégal. L’avènement d’Internet a changé la façon de communiquer et l’échange de techniques. Avant le début des années 2000, tout était cloisonné : le graffiti, les pochoiristes, etc. Aujourd’hui, toutes ces techniques se rencontrent. 

Les gens se permettent plus de mélanges, écouter plusieurs styles de musique par exemple, ou mélanger les techniques, etc. Le graffiti est lié à la liberté, mais des règles se créent toujours à un moment donné et des codes apparaissent. 

Unidivers – Je vous remercie Mathias Brez et Patrice Poch.

Retrouvez notre article sur Mioshe ici.

Les associations Graffiteam et +2Couleurs présentent Teenage Kicks, Biennale d’art urbain – Rennes / Saint Malo / Nantes


Du 3 septembre au 27 octobre 2019 (À Rennes, jusqu’au 29 septembre 2019)

Gratuit

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Inauguration de l’exposition Inside Out #3, samedi 7 septembre 2019, de 16 h à 18 h – Hall PC4, Avenue Jules Magniez (face à Digitaleo)

Comment y aller ?

Accès bus #13 et C#6 – Arrêt Coeur de courrouze
Vélostar Station courrouze

Retrouver toute la programmation, sur le site Internet 

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