Les 1, 2 et 3 octobre 2021, les Bordées de Cancale étaient de retour pour célébrer le chant traditionnel marin autour de conférences, soirées et concerts chaleureux. Sa 21e édition fut l’occasion de découvrir et tester le cabestan, installé depuis quelques semaines au Musée des arts et traditions populaires. Cap sur un événement bien bordé…
Organisé par l’association Phare Ouest, les Bordées de Cancale est un festival qui ouvre ses portes chaque année afin de célébrer le chant traditionnel et maritime. Une des caractéristiques du chant de marin est d’avoir deux chœurs qui se répondent l’un l’autre. Cela se traduit durant le festival par l’engagement du public qui donne la réplique aux chœurs des artistes professionnels.
Belle manière de célébrer un patrimoine immatériel singulier autour du collectage, une valeur mise à l’honneur par les organisateurs et les participants du festival. Bref, les Bordées de Cancale se caractérisent par cette mise en valeur des chanteurs présents pour l’occasion et par le travail collectif réalisé autour des chants et des textes mis à l’honneur.
« Une programmation riche et originale qui valorise le collectage, des conférences sur le patrimoine maritime, des lieux de concerts intimes et chaleureux, des chanteurs qui s’expriment sans sonorisation au milieu de leur public, voilà l’esprit d’une fête à dimension humaine où le public peut librement exprimer sa part d’artiste ! ».
Cap sur l’Amérique du Nord et Terre-Neuve
Une manière de se rassembler autour d’un patrimoine régional qui resserre les liens. Pour ce faire, la programmation choisit chaque année un thème qui favorise une approche riche et complète du patrimoine musical maritime. Celui sélectionné cette année aura ravi les participants.
Le cap mis sur l’Amérique et Terre-Neuve a été l’occasion de découvrir des chants au répertoire québécois, canadien, cajuns (relatif aux francophones de Louisiane, comprenant entre autres les descendants des Acadiens d’Acadie, et à leur culture, llf), Amérindiens, des Appalaches et de Terre-Neuve. Une diversité qui confirme la richesse du patrimoine maritime. Les artistes invités participaient à cette redécouverte.
Le vendredi et le dimanche, le duo Biard Buffenoir proposait une découverte de chants amérindiens. Depuis 30 ans, les deux artistes ont séjourné dans des réserves amérindiennes au nord et au sud des États-Unis. Au cours de ces expériences hors du commun, ils ont appris des chants qu’ils accompagnent de percussion. Une approche sensible et respectueuse de chants provenant de cultures dont la préservation et la transmission ont parfois été compromises. Ils ont interprété des chants de jeu, des chants d’appel à la danse, des chants honorifiques ou, encore des chants dits chants pour rire. L’occasion de découvrir un patrimoine méconnu.
Le trio familial formé d’Eric, Isabelle et Gurvan Martin était également présent sur le festival. Les trois artistes ont partagé leur musique profondément enracinée dans la culture des Cajuns. « C’est dans leurs mains que de vieilles chansons sont ainsi ramenées à la vie, prêtes pour une nouvelle et intense carrière », précisait les organisateurs des Bordées de Cancale.
En bref, une ville en fête l’instant d’un week-end pour un moment de partage haut en couleur. Son originalité : être un festival sans sonorisation et ainsi permettre aux animations de se répandre dans toute la ville en créant une proximité unique avec le public présent pour l’événement.
Oh eh, oh eh matelot !
Il ne s’agit pas ici de reprendre les comptines qui ont bercé notre enfance, mais plutôt de redécouvrir un héritage transmis depuis des générations. C’est ainsi que dans le village s’égrenaient les artistes réunis pour le festival. Le clou du spectacle : la découverte du cabestan installé durant l’été au Musée des arts et traditions populaires de Cancale. Propriété de l’association Phare Ouest, organisatrice des Bordées de Cancale, il a été réalisé en 2013 par les élèves du l’ESAT de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine. Cet objet, curieux pour les contemporains, servait sur les navires à hisser les voiles. Les chants accompagnaient toujours les manœuvres physiques, voire épuisantes, des marins. Ils permettaient de rythmer ces tâches difficiles et de redonner courage à l’équipage.
« C’était un peu le rêve de l’association depuis 15 ans. AVOIR la possibilité de pouvoir enseigner les chants marins traditionnels notamment les chants de travail dans leur contexte d’origine. Car ces chants étaient faits durant des manœuvres physiques, » confiait l’association Phare Ouest.
Le festival a été l’occasion de présenter cette nouveauté au public et de l’initier à ces pratiques. Il était possible d’essayer et de faire tourner ce grand cabestan tout en entonnant les fameuses chansons de marins.
Tout au long de l’année l’association Phare Ouest propose également des cours de chants pour enfants et adultes, ainsi que des veillées chantées. Une manière ludique et créative de faire vivre et transmettre un patrimoine traditionnel hors du commun.
Revivez le festival et retrouvez l’association Phare Ouest sur le site web