Bretagne. Le thé aurait-il un avenir florissant dans notre région ?

thé Bretagne

Plusieurs dizaines de plantations de thé ou de projets d’installations sont actuellement recensées en Bretagne. Avec son exploitation à Languidic dans le Morbihan, Denis Mazerolle fait figure de pionnier en France avec sa plantation sur les berges du Blavet. Aujourd’hui, il n’a plus l’exclusivité.

Les grandes origines de production du thé sont la Chine où il est cultivé depuis 800 ans, l’Inde, le Sri Lanka, le Japon et aussi le Kenya. La culture du thé demeure une activité agricole encore rare dans notre pays avec seulement une trentaine d’exploitations. Depuis une dizaine d’années et pour un tiers, elle serait présente en Bretagne, compte tenu des atouts que présente la région, notamment sa météo ! La Bretagne bénéficie d’un climat océanique tempéré avec des températures modérées tout au long de l’année. Ce sont des températures ni trop chaudes ni trop froides qui conviennent au théier Camellia sinensis pour son appellation scientifique, soit entre 10° et 30°degrés, ce qui est compatible avec les conditions climatiques bretonnes. De plus, le théier prospère dans des environnements humides, et là aussi la Bretagne remplit des conditions favorables avec sa pluviométrie abondante et régulière, car la croissance du théier, cette plante de terre de bruyère semi rustique, nécessite un sol bien arrosé et bien drainé. Autre avantage pour la Bretagne et ses quatre départements : ses sols sont souvent acides, et le théier préfère des sols légèrement acides…

La cueillette du thé en Bretagne se fait au mois de mai, car c’est la récolte du printemps, après la période d’hivernage, qui est la plus prisée de toutes

Dans le Morbihan

Denis et Weizi Mazerolle ont fondé, déjà en 2006, à Languidic une plantation de thé qu’ils ont baptisée Filleule des Fées. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 13 000 plants issus de graines et de boutures de camélias en culture biologique qui poussent sur leurs trois sites dans le département : à l’écluse Trébihan, Manerven et Quistinic. Actuellement, les théiers Cuilü de la Filleule des Fées sont en pleine pousse : une zone réservée au thé oolong qui demande une pousse plus développée (photo de droite).

Le lycée horticole de Saint-Jean-de-Brévelay/Hennebont : Parce que leur culture de thé restait petite et que les feuilles avaient tendance à jaunir, Arnaud Billon, le directeur d’exploitation du lycée en compagnie de Marine Chotard, enseignante en technique horticole chargée du projet thé, ont fait un voyage de deux semaines en Chine dans la province du Yunnan en novembre 2023. Ils sont revenus diplômés de leur formation par l’école de l’Institut technique de thé de Jurong. Cet enseignement leur permet maintenant de développer et d’améliorer leur production de théiers au sein de l’établissement scolaire.

Dans le Finistère

Déjà en 2020, Michel Thévot, passionné de botanique, a fait pousser 2 000 théiers au moulin de Kérouzéré à Sibiril, dans le nord du département, sur d’anciens marécages. Le climat du Léon est parfait pour le thé : il ne fait jamais froid et on note peu de différence de température entre le jour et la nuit ! Il y a le courant océanique Gulf Stream, les embruns, et l’humidité qui remonte de la terre et qui donne une chaleur idéale. Chaque récolte ramassée par Michel Thévot produit vingt kilos de petites feuilles qui, une fois séchées, donnent trois kilos de thé. Il  obtient un thé blanc, vert, rouge ou noir à l’arôme inédit.

Émile Auté est un ancien restaurateur qui crée sa marque de thé en 2015. Il se spécialise dans l’association de thés d’origine à de vrais morceaux de fruit. Soucieux de l’empreinte écologique, il se lance dans sa propre culture en Bretagne et rejoint la confédération paysanne. Spécialisé dans la transformation des productions de différents sites, il effectue un travail de récolte à plein temps au service des producteurs afin de valoriser les particularités de chaque lieu. Il s’engage activement dans la création de thés de terroir et contribue à forger une identité distincte pour le thé breton. La récolte et la transformation sont entièrement réalisées à la main par Émile et son équipe. Ses plantations personnelles sont à Saint-Pol-de-Léon, dans la baie de Morlaix.

En Ille-et-Vilaine

Bastien Lamarque s’est installé en 2021 avec 350 plants de théiers dans son champ à Cardroc (non loin de Saint-Gondran). C’est aujourd’hui qu’il récolte ses premières feuilles. Paysagiste de formation et enseignant dans la filière agricole, il a beaucoup voyagé, notamment au Costa Rica où il a constaté la déforestation pour alimenter le café ! C’est avec ses étudiants qu’il met en place ce projet et s’implante comme agriculteur biologique dans son jardin expérimental sous le nom de Horthéus. Ses plants sont originaires de Chine, du Japon et de Géorgie. Pour l’automne 2024, il espère passer sa production à 2000 plants, d’autant plus que le printemps pluvieux de cette dernière saison permet une terre humide, fraîche et non collante, donc idéale !

Malo Bara défend à Minihic-sur-Rance une approche paysanne, agroécologique pour un thé biologique, local avec un projet qui comprend une dimension pédagogique à Le Minihic-sur-rance. Avec ses formations en philosophie, au maraîchage et aux plantes médicinales, il a planté 1 500 théiers de cinq variétés différentes. Pour lui, le thé blanc est le plus facile à obtenir, car il suffit de laisser les feuilles se flétrir au soleil avant de les passer dans un séchoir. Le thé vert demande une étape de roulage et une cuisson des feuilles dans un wok (grande poêle) avant le séchage. Quant au thé noir, le processus nécessite une phase d’oxydation plus poussée !

thé breton
Malo Bara

C’est aussi à Minihic-sur-Rance que Camille Ducret est spécialiste du thé et le fait découvrir sur son lieu de travail, dans les Ateliers du Thé. Elle propose aux visiteurs des dégustations de feuilles de thé fraîches qui viennent juste d’être cueillies, uniquement bretonnes bien sûr ! La dégustation est accompagnée de renseignements pédagogiques sur la culture du thé, les différentes variétés, etc. Elle en profite pour dire que le thé produit par Malo Bara est doux avec une petite pointe sucrée, tout en finesse et en rondeur…

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dégustation proposée par Camille Ducret en présence de Malo Bara qui a fourni ses feuilles de thé

Dans les Côtes d’Armor

À Erquy, l’entreprise Biogroupe, créée en 2009 dans le respect de l’environnement et  dont la principale production est le kombucha, boisson à base de thé fermenté légèrement acide est dirigée par Laurent Coulloumme-Labarthe ; elle a aussi relevé le défi de faire pousser des théiers avec une première récolte de 2500 plants et des premiers essais en laboratoire en octobre 2021. L’idée pour l’entreprise d’une quarantaine de salariés est de produire son propre thé issu d’un projet global de compensation carbone. Son objectif est de valoriser le patrimoine agricole local, de bocager, et aussi de planter du thé à Erquy pour avoir une production de matières premières totalement autonome. À terme, Biogroupe espère atteindre 50 000 plants d’ici quelques années, avec plus ou moins une dizaine de récoltes par an. 

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l’équipe de biogroupe

L’activité de production de thé en Bretagne reste encore marginale, car elle n’en est qu’au stade de création de la filière. Cependant, elle se développe de plus en plus ! Elle pourrait à l’avenir être la terre promise du thé, car son arôme séduit beaucoup les consommateurs… 

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Bleuenn Morvan
Bleuenn Morvan est correspondante de presse dans les Côtes-d'Armor

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