Il existe de nombreuses solutions pour ne pas jeter à la poubelle les vêtements que l’on ne porte plus. La manière la plus répandue est la collecte des relais locaux, mais il existe d’autres intermédiaires : les confier à des associations qui les remettent en état pour les redistribuer aux personnes dans le besoin, à des ressourceries et boutiques solidaires, les confier à des stylistes de mode adeptes du recyclage ou les donner aux entreprises de recyclage par l’effilochage des tissus. Les vêtements usagers peuvent également être transformés en briques pour devenir un matériau isolant dans la construction.
Parce que la société de consommation a engendré une évolution toujours plus rapide des modes, vecteurs d’une production toujours plus importante de vêtements et de linges de maison, la gestion des déchets textiles a dû s’organiser face à cette abondance. Encore quatre millions de tonnes de textile sont jetés chaque année en Europe. Le textile usagé est le premier des déchets à avoir été collecté en vue de sa réutilisation. D’abord transmis dans le cadre familial de génération en génération, les vieux vêtements ont essentiellement une vocation humanitaire. Quel que soit le point de collecte choisi, 90% des textiles déposés seront réutilisés ou recyclés, soit dans la filière textile, soit dans de nouvelles filières. Seuls 10% seront incinérés. Alors, ne jetez plus vos vieux habits ! Donnez-leur la chance d’avoir une seconde vie !
Le recyclage textile s’organise partout sur la planète car des solutions existent pour que cette richesse ne soit pas perdue et pour préserver notre environnement. Des nouveaux métiers apparaissent et des millions de personnes peuvent profiter de filières de recyclage qui apportent des petits boulots à de nombreuses familles dans les pays en développement.
Si vous avez un dressing trop plein de vêtements que vous ne portez plus, sachez qu’il a de nombreux points de collectes textiles. Les plus connus sont les 30 000 conteneurs du Relais qui collectent la majorité des textiles en France. Le Relais est une société coopérative dont l’objectif est social et écologique. C’est une entreprise de revalorisation de textile, dont le but est de lutter contre l’exclusion par la création d’emplois.
En Bretagne, 1900 conteneurs sont répartis dans toutes les villes et campagnes de la région. Le Relais Bretagne emploie 150 salariés dont 55 personnes en contrat de réinsertion professionnelle. Ils collectent des vêtements, des chaussures et du linge de maison. Toute cette récupération est transportée dans le centre de tri d’Acigné en Ille-et-Vilaine : 55% du textile collecté est exporté en Afrique (au Burkina Faso, au Sénégal, à Madagascar) et en Europe de l’Est ; 29 % sont recyclés en matière première : isolateur thermique et acoustique ; 10 % sont transformés en chiffon d’essuyage pour les industries ; les 6% restants correspondent aux vêtements de bonnes qualités, de marques, parfois neufs. Ils sont envoyés dans les cinq magasins Ding Fring d’Ille-et-Vilaine : à Rennes, à Chantepie, à Saint-Grégoire, à Saint-Malo et à Vitré et aussi dans la boutique de Laval (53). A notre que les conteneurs Le Relais débordent souvent ; il est bien triste de voir tant de vêtements jonchés le sol. Plus de collectes semblent nécessaires.
Les associations caritatives, telles que Emmaüs, le Secours populaire, le Secours catholique et bien d’autres collectent les vêtements en bon état pour exclusivement les redistribuer aux personnes qui en ont besoin, aussi bien en France qu’à l’international. Les surplus sont vendus lors de braderies et brocantes solidaires.
Le collège Beaumanoir dans le Morbihan a sa boutique solidaire. Une fois les vêtements collectés, puis triés par les élèves, ceux-ci les exposent dans leur boutique baptisée New Love, un ancien appartement de fonction qui a été spécialement rénové pour cette activité. L’objectif des collégiens est de créer du lien en contribuant au recyclage textile tout en se perfectionnant dans la vente grâce à un support bien réel. Dans un décor vintage y compris dans la salle d’attente avec sa cabine d’essayage, les élèves mettent en vente des vêtements pour hommes, femmes, enfants et bébés et des tas d’accessoires de seconde main. La vente se fait au poids : en 2021 un kilo était vendu pour 2 euros ou 2 galais (la monnaie locale). La boutique est ouverte à tout public chaque vendredi après-midi.
Le réemploi par l’upcycling, c’est la transformation qu’en feront les stylistes : par exemple, une chemise pour homme deviendra un joli chemisier pour femme entre leurs mains. Cette pratique de la seconde main est devenue une des tendances fortes de l’économie circulaire. Son objectif est de valoriser les produits usagés en leur donnant une nouvelle vie plus qualitative.
La valorisation en matière à effilocher concerne plusieurs secteurs d’activités : les premiers débouchés ont été sous forme de feutres pour l’automobile ; dans la matelasserie : des feutres pour protéger les meubles lors de déménagements ; dans le bâtiment pour des isolants thermiques ou/et phoniques ; pour donner de la matière première aux papeteries.
Dans le pays de Fougères en Ille-et-Vilaine, les 70 conteneurs Le Relais ne servent plus uniquement à la redistribution. Certains textiles, la plupart en coton, sont triés, défibrés puis transformés industriellement pour constituer le Métisse, un isolant performant et de haute qualité. Depuis 2017, le Métisse est devenu un matériau d’isolation solidaire et durable pour lutter efficacement contre le froid, contre la chaleur et aussi contre le bruit grâce à des propriétés acoustiques exceptionnelles. Il a été le premier isolant textile à être labellisé. Seul 1% du textile est jeté à la déchetterie car vraiment inutilisable !
Transformer des vêtements usagés en briques écologiques, c’est l’idée anti-gaspillage de Clarisse Merlet qui a créé son entreprise : FabBRICK à Paris. Sensible à l’écoconstruction et aux enjeux environnementaux, Clarisse Merlet, à l’origine de ce projet, est architecte de profession. Elle recycle depuis cinq ans les vieux vêtements en briques écologiques et esthétiques, pour créer du mobilier et des cloisons isolantes. Sortis des bacs de collecte, les habits abîmés et déchirés sont choisis de préférence en coton par Clarisse Merlet : « le 100% jean est un très bon isolant et réagit bien au feu et à l’humidité ». Ensuite, elle pèse le textile, puis le mélange avec de la colle écologique et non polluante. Une fois mélangée et malaxée, la préparation est prête à être compressée en machine mécanique donc sans aucune énergie. Il faut compter deux semaines de séchage, et le tour est joué !
Aujourd’hui, le talent de designer de Clarisse Merlet attire l’attention des grosses enseignes et son entreprise de dix salariés enchaîne les missions auprès des collectivités et des agences d’architecture. Depuis 2021, elle collabore avec les marques Levis, Decathlon, Galeries Lafayette, Printemps et Aigle, pour récupérer des tenues et des chutes de vêtements qu’elle transforme en lampes et en objets de décoration. La même année FabBrick enregistrait 65000 briques fabriquées.