La semaine des langues régionales, qui se déroule du lundi 13 au dimanche 19 novembre 2023, s’attache à sensibiliser le grand public à la diversité linguistique. Les langues régionales et leurs dimensions culturelles constituent un atout et un enjeu pour la population. Cette semaine s’adresse à toutes les régions à forte identité : l’Alsace, la Provence, le Poitevin, l’Occitanie, la Catalogne, La Corse, le Pays Basque, les territoires d’outre Mer et évidemment la Bretagne…
Les Bretons sont fiers d’être bretons ! Parler cette langue régionale qui leur appartient, leur permet de garder un lien avec leurs ancêtres, qui parlaient naturellement cette langue. Pourtant, il fût une époque où parler le breton n’était pas bien perçu, notamment à l’école où elle était interdite au profit du français devenu obligatoire. Aujourd’hui, la langue régionale doit vivre et s’intégrer dans le monde moderne grâce aux médias et à l’enseignement. Depuis 2004, le breton et le gallo sont officiellement reconnus, aux côtés du français, comme les langues de la Bretagne.
Le 15 mars 2022 une convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne a été signée à Rennes par les présidents des quatre universités bretonnes et Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne. Cette convention intègre la protection patrimoniale des langues de Bretagne et leur promotion. Elle offre un cadre nouveau autour de deux axes :
1) Le développement et la transmission des langues régionales passera par : l’augmentation de l’enseignement, soit passer de 19 000 élèves actuellement à 30 000 en 2027 ; le développement des sites d’enseignement bilingue dans les trois réseaux : public, privé et réseau associatif Diwan ; obtenir la généralisation progressive de l’enseignement de la langue bretonne dans les cours du 1er degré, d’abord dans le Finistère puis sur le reste du territoire académique ; Le développement de l’enseignement en option du breton dans le 2e degré avec sa généralisation dans 30 collèges d’ici 2027 (contre 4 aujourd’hui) ; l’enseignement du gallo dans le 1er degré puis en continuité dans le 2e degré ; des mutations facilitées pour les enseignants bilingues qui souhaitent revenir en Bretagne ; Les quatre universités proposeront le breton dans toutes leurs licences et masters.
2) L’usage des langues régionales dans la vie quotidienne et dans l’espace public se développera avec : une signalétique en langues régionales sur les bâtiments publics et une autre bilingue français-breton sur les routes nationales ; la pratique des langues bretonnes dans l’animation, la culture, les sports et les loisirs ; avec un développement des politiques audiovisuelles et radios existantes et plus de moyens seront alloués à l’Office public de la langue bretonne ; des incitations seront faites auprès des communes pour qu’elles délivrent des livrets de famille bilingues français-breton.
L’écrivain breton Hervé Lossec, né à Lesneven au Pays de Léon dans le Finistère, a écrit une trentaine d’ouvrages sur la culture bretonne, et en particulier sur la langue bretonne. Pour son livre titré Les Bretonnismes, l’écrivain explique qu’il s’agit d’un ouvrage consacré à l’influence du breton sur la langue française, qu’on entend chez les jeunes et les moins jeunes. Il explique que peu d’ouvrages ont été consacrés à ce sujet et que les natifs de Basse-Bretagne ignorent le plus souvent qu’ils en émaillent leur conversation quotidienne en langue française.
À la sortie de son livre, Hervé Lossec, bretonnant de langue maternelle puisqu’il n’a appris le français qu’à l’école à l’âge de 5 ans 1/2, connaît le succès avec 150 000 ouvrages vendus : les Bretonnismes se classe 9e livre le plus vendu en France ! L’écrivain sort ensuite le tome 2 : Les Bretonnismes de retour, avec encore plus de mots, d’expressions et de tournures sur des thèmes différents, et notamment avec l’ajout de mots d’injures…
Serge et Nicolas Buanic sont deux frères bigoudens : l’un est professeur, diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales, et l’autre est archiviste paléographe. Dans Les Mots bretons dans la langue française, ils dressent un décompte précis des mots bretons passés au français. Au total, ils recensent 171 mots de la langue française issus de la langue régionale bretonne.
Le plus connu est certainement le mot baragouiner qui vient du breton bara c’est-à-dire “pain”, et gwin qui veut dire “vin”. Les Bretons demandaient ainsi à boire et à manger dans les bars parisiens et baragwin devint un langage inintelligible dans les oreilles des Français. Les mots balzn et balain désignent les genêts avec lesquelles étaient fait les balais, mot qui dérive ensuite en balayage, balayeuse et balayette.
Gwelan veut dire pleurer et rappelle le cri de l’oiseau goëland, Maen hir : maen signifie “pierre” et hir veut dire “long”, devient la pierre dressée “le menhir” et Bizou, qui est un anneau au doigt, devient “bijou”.
Le film Noz (2020), deuxième long métrage de Soazig Daniellou, sera diffusé lundi 22 novembre à 23 h sur France 3 Bretagne. Le tournage s’est déroulé en juin et juillet 2019 dans plusieurs communes du Finistère : à Logonna-Daoulas, Plougastel-Daoulas, Sizun, Le Relecq-Kerhuon, Plouzané et pour une grande majorité du temps dans les quartiers de Recouvrance, et du port de la ville de Brest, de nuit.
L’histoire : « Kevin sort de prison et revient à Brest. Il retrouve son amie Liza qui a cependant refait sa vie. Elle souhaite le tenir loin de son nouvel équilibre et de son fils aîné, un adolescent rebelle… » L’intrigue tourne autour d’une famille parlant le breton qui milite pour l’environnement et les droits de l’Homme. Noz rappelle quinze années de l’histoire de la Bretagne : du naufrage de l’Erika et sa marée noire d’hier jusqu’à la crise des réfugiés d’aujourd’hui. À chaque génération, son combat, mais tous sont des militants qui se retrouvent dans leur langue, le breton.