Frappé et dévisagé par les incendies de l’été 2022, le site de Brocéliande dans les départements du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine commence à revivre. Il est surveillé de près, l’objectif étant de préserver cette forêt millénaire des risques de nouveaux départs de feu : d’abord par les patrouilles des écogardes ; mais aussi par des propriétaires forestiers qui effectuent des travaux pour sécuriser l’accès des pompiers diminuant ainsi les risques d’incendie. Après dix mois d’un spectacle de désolation, le paysage reprend enfin vie et un tapis de mousse a fait son apparition depuis peu.
Tout le monde s’en souvient en Bretagne et partout en France, le mois d’août 2022 a été meurtrier pour cette terre de légendes et célèbre forêt de Brocéliande. Toute une population a été meurtrie d’apprendre que 600 hectares ont été touchés par les incendies dont 400 hectares ont été entièrement ravagés par les flammes. Le feu avait pris son départ à quatre endroits différents sur la commune de Campénéac dans le Morbihan la nuit du jeudi 11 août, ce qui avait orienté rapidement les enquêteurs sur la piste d’un incendie volontaire et criminel.
Il a fallu 48 heures acharnées, jusque dans la journée du samedi 13 août, pour fixer ce terrible incendie par 400 soldats du feu, dont beaucoup étaient venus prêter main forte aux sapeurs-pompiers bretons avec 120 engins professionnels au total : de Loire-Atlantique, du Loir-et-Cher, de la Mayenne, de Normandie, de Val-d’Oise, d’Essonne et même de l’Est de la France : d’Alsace, de Haute-Marne et de la Côte d’Or. Fondus dans le dispositif opérationnel du Morbihan, tous ces pompiers venus des quatre coins du pays avaient été d’une efficacité immédiate. Deux avions bombardiers Air Tractor AT 802 suédois avaient également participé à la lutte contre le feu dans le cadre de la solidarité européenne. Ils se ravitaillaient en eau dans le lac au Duc de Ploërmel (56).
Les agriculteurs du secteur avaient apporté un soutien très précieux aux opérations. Grâce à leurs citernes (normalement utilisées pour le lisier) ils pompaient l’eau dans l’étang communal de Campénéac et véhiculaient dans un relais incessant, des tonnes d’eau à proximité des zones à traiter, là où les fourgons des pompiers venaient s’alimenter.
Par bonheur, les incendies n’avaient fait aucune victime mais 170 personnes avaient été évacuées. La plupart avaient été accueillies dès le départ du feu à la salle polyvalente de Campénéac, la commune étant devenue le QG (Quartier Général) des opérations. Municipalité et associations humanitaires apportaient leur aide morale et alimentaire aux services de secours et aux évacués, jour et nuit. Parmi ces derniers, les religieuses de l’abbaye de la Joie Notre-Dame de Campénéac gardaient le sourire, remontaient le moral et réconfortaient les autres personnes.
Aucune habitation n’a été endommagée, à l’exception du moulin de Rohan en retrait du village de la ville André à Campénéac. Le moulin à vent de Rohan du 18e siècle était construit en pierres de pays : le schiste pourpre. Il y a environ un siècle, il avait perdu ses ailes et avait maintenant l’apparence d’une tour ronde. Rénové entièrement, à l’extérieur, comme à l’intérieur, il était devenu il y a dix ans, un gîte de 40 M2, au charme atypique. Le moulin de Rohan avait participé à la première saison de Ma Maison est la plus originale de France, une émission sur la chaîne de télévision M6, le 13 février 2013.
Aujourd’hui, la forêt de Brocéliande est placée sous haute surveillance. Agréés par le préfet et assermentés par le procureur de la république d’Ille-et-Vilaine, des écogardes ont reçu des missions. Le dispositif cherche à améliorer la protection du patrimoine naturel grâce à des actions de surveillance, de sensibilisation, de médiation et de prévention auprès des usagers de la nature. Au sein de Brocéliande, les écogardes ont deux rôles : le premier étant de patrouiller en vérifiant le moindre centimètre à l’encontre d’un départ de feu, de la moindre étincelle sur les 7500 hectares de la forêt de Paimpont, de jour comme de nuit car l’été 2023 n’est pas à l’abri de départ de feu ; leur second objectif est pédagogique. Ils vont à la rencontre des visiteurs, promeneurs ou randonneurs, pour les informer et les sensibiliser aux risques d’incendie dus à l’imprudence, à la négligence comme par exemple celle de jeter son mégot de cigarette sans penser aux graves conséquences que ce geste inconscient peut engendrer. Ils surveillent aussi les rituels, issus des légendes arthuriennes, parfois pratiqués encore de nos jours par des adeptes qui emploient l’usage de bougies.
Les traces des incendies de l’été dernier sont encore visibles dans le paysage, les arbres sont encore calcinés, même si un tapis de mousse recouvre le sol et est source d’espoir de renouveau ! Les écogardes sont facilement identifiables puisqu’ils portent l’écusson Ecogarde sur l’épaule de leurs uniformes. Ils expliquent notamment que le risque de départ de feu est bien présent, en raison d’herbes très sèches, d’ajoncs assez bas et de pins à mi-hauteur qui peuvent alimenter un départ de brasier en lui donnant une force plus puissante. Ils étonnent aussi par leurs annonces, à savoir que les forêts bretonnes sont encore plus propices aux feux que le pourtour méditerranéen.
Il a été constaté, que la présence de proximité des écogardes est rassurante et appréciée des usagers et des populations voisines.