Saint-Jacques-de-la-Lande butte de la Maltière. Hommage aux fusillés du 30 décembre 1942

Vendredi 30 décembre 2022 à 10 h 30 sera célébré le 80e anniversaire de l’exécution des Fusillés de la butte de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande. Un hommage sera rendu aux résistants rennais, brétilliens, mais aussi ploërmelais, notamment Henri Calindre et Louis Chérel.

La commémoration rendra hommage aux 25 hommes tombés le 30 décembre 1942 et à toutes les victimes fusillées en ce lieu par les balles d’un peloton d’exécution allemand pour avoir résisté face à l’idéologie nazie. Au total, 76 résistants bretons ont été exécutés du mercredi 17 juillet 1940 jusqu’au vendredi 4 août 1944, jour où la ville de Rennes est libérée par la 4e division américaine du général John Shirley Wood.

80 ans après, à l’heure où les voix des derniers témoins s’éteignent, l’essentiel est de maintenir la mémoire de ces hommes et de leur engagement. Afin de marquer cet anniversaire, la Ville de Saint-Jacques-de-la-Lande propose durant 7 semaines une programmation riche autour d’expositions, de débats, de conférences et de visites guidées. Le public sera invité à découvrir ce lieu occupé par l’ennemi dès le début de l’occupation et transformé en terrain militaire et en stand de tir.

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Un grand nombre de victimes étaient originaires de l’Ile-et-Vilaine. Parmi elles, on notera la présence de deux Ploërmelais : Henri Calindre et Louis Chérel.

Henri Calindre vient au monde à Ploërmel le 21 mars 1907. Il est le fils du libraire et éditeur de la rue de la gare : Henri-Eugène Calindre et de Marie-Mathurine, née Allocher. Son père meurt, alors qu’il est encore très jeune et sa mère élève seule ses 3 enfants. Il fait ses études au Petit Séminaire de Ploërmel. Titulaire d’une capacité en droit, Henri Calindre commence sa carrière, en qualité de clerc d’avoué à l’Étude Lorieux. Il sera ensuite secrétaire à la mairie de Ploërmel. En parallèle, il écrit un certain nombre de textes. Passionné de théâtre, il monte sur scène et interprète des pièces, souvent en gallo. Son nom de scène est “Mistringue”. En 1934, il édite Les monologues du Pays gallo.

En 1939, la guerre éclate. Henri est mobilisé à Bordeaux, puis démobilisé en Normandie. Il retrouve son emploi à la mairie de Ploërmel à l’été 1942 et s’occupe du ravitaillement. Il anime les fêtes locales à Ploërmel et dans les communes voisines. Vêtu en blouse et chapeau-ruban, il raconte la vie des paysans, qui ne parlent que le patois, qui découvrent la modernité sans la comprendre, comme l’invention du téléphone ou du cinéma.

La résistance le contacte en décembre de la même année. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1942 un avion britannique parachute des armes au-dessus du lac au Duc pour équiper la résistance. Il signe là sa première mission et s’engage le 1er janvier 1943. C’est Honoré Chamaillard, chef de section du bureau des opérations aériennes, qui le recrute à la demande du colonel Passy et de la mission aérienne de Bretagne. À partir de ce moment, Henri Calindre devient pour tous « Mistringue » : son nom d’artiste devient son nom de code. Il fait également partie du réseau Vengeance des Corps Francs du Morbihan et en charge du recrutement et de l’instruction des nouveaux membres. Il s’occupe de l’inventaire de l’armement et de leurs dépôts et fait le lien avec Émile Guimard pour la remise en état des armes destinées à tous les groupes de maquisards du département. Mais, suite à une dénonciation, le réseau Vengeance est harcelé par la gestapo en janvier et février 1944.

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Le 2 février, Mistringue et Louis Chérel, résistant avec lequel il fait équipe, sont blessés dans un accident de la route au retour d’une mission à Rennes. Mécanicien de profession et réfractaire au Service du Travail Obligatoire (STO), Louis est alors membre du Bureau des opérations aériennes (BOA) et, comme notre comédien devenu résistant, sous-lieutenant au sein du 12e bataillon des Forces françaises du Morbihan.

Dénoncés, les deux hommes sont arrêtés le 3 mars à l’hôpital puis transportés à la prison de Vannes, malgré les protestations du docteur Rousset. Ils sont transférés au camp Margueritte de Rennes le 22 avril, puis à la forteresse de Penthièvre sur la presqu’île de Quiberon le 7 juin. Tous les 2 sont torturés, mais les deux hommes ne parlent pas, ne trahissent pas. Ils gardent le silence, malgré les 300 coups de nerf de bœuf affligés. Cette terrible torture physique fait ensutie place à la torture morale : les Allemands les obligent à assister à la fusillade de leurs camarades, Le Gall et les deux frères Caillaux. Le 29 juin 1944, Henri Calindre, Louis Chérel et 19 autres résistants sont jugés par le tribunal militaire allemand KF 748. Il est condamné à mort comme Franc-tireur. Le lendemain, le 30 juin, ils sont tous fusillés sur la butte de la Maltière dans le camp militaire de Saint-Jacques-de-la-Lande.

Henri Calindre, dit Mistringue, avait 37 ans et n’avait pas d’autre famille que sa mère avec qui il était resté vivre avant la guerre. Louis Chérel avait quant à lui 24 ans. Tous deux ont reçu la mention « Mort pour la France ». Henri Calindre est décoré à titre posthume de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance et Louis Chérel est cité au Corps d’Armée avec attribution de la Croix de guerre. En 1950, le titre d’Interné-Résistant lui a également été attribué ainsi que la médaille de la Résistance. Son père Joseph Chérel, résistant lui aussi est mort sous la torture à la prison Marguerite de Rennes.

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La butte de la Maltière, en lisière de Rennes, demeure le haut lieu de la mémoire des fusillés de la Résistance en Bretagne.

Tous les événements sont gratuits et ouverts à tous

Découvrez ici le programme clair et détaillé des 80 ans de la Maltière

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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