Depuis septembre 2024, le Ministère de la Culture a inscrit les cafés et les bistros de France au patrimoine culturel immatériel. Symbole d’un art de vivre à la française, l’objectif est de lutter contre leur disparition, particulièrement dans les zones rurales.
Dans les territoires ruraux en France, les cafés sont en voie de disparition. Il reste de nos jours en moyenne, un café par commune en France. Alors qu’on comptait 500 000 bistrots en France en 1900, ils sont moins de 40 000 en 2024. Les villes sont aussi impactées par la perte de ces lieux de convivialité : entre les années 2000 et 2023, années Covid comprises, 20% de bistrots ont fermé dans la capitale. Dans les années 1970-80, on en comptait encore entre 5 000 et 6 000 à Paris ; aujourd’hui il y en a un peu plus de 1 000…
Pour ne pas laisser mourir ce lieu central de rencontres, de liens sociaux, notamment au sein des petites communes, le ministère de la Culture a inscrit les bistrots et les cafés au patrimoine culturel immatériel français au chapitre “pratiques sociales et festives, en septembre dernier”, fin septembre 2024. C’est une reconnaissance importante pour la profession et le résultat de six années de démarches et de mobilisations défendues par l’Association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les cafés et bistrots de France, présidée par Alain Fontaine. Créée en 2018, l’association des défenseurs des bistrots et cafés visait pourtant au départ un classement à l’Unesco. Le président Fontaine et ses membres avaient obtenu une première victoire le 4 juin 2024 avec l’inscription des bistrots et des cafés par le Comité du Patrimoine Ethnologique et Immatériel (CPEI). Le premier objectif accompli, Alain Fontaine ne renonce pas pour autant à porter le dossier jusqu’à l’Unesco…
Se rendre au café ou au bistrot le matin, avant de se rendre sur son lieu de travail, en attendant son bus ou son train, est pour certaines personnes une habitude, un rituel pour bien commencer la journée et prendre le temps de lire son journal, le temps d’un petit noir ! Il en est de même après sa journée de labeur : s’arrêter au bistrot, bavarder de choses et d’autres, parfois juste de la pluie et du beau temps peut aussi être un moment de récréation, pour faire une pause dans son quotidien…
Pour d’autres, cette convivialité liée à la mixité sociale est plus importante encore, parfois la seule occasion de rencontrer du monde. Le bistrot, avec ses tables et chaises bien accueillantes, son comptoir chargé de verres, de cacahuètes et de gâteaux apéros, propose parfois une petite restauration familiale. Les bars, faisant face à ses hauts tabourets et ses murs remplis de souvenirs et de décorations, sont souvent le théâtre de jeux de cartes, d’une partie de fléchettes ou de babyfoot, de conférences, d’expositions, de tout un panel d’activités sociales ou culturelles, souvent le seul lieu de rencontre pour nos aînés…
La Corse en tête, puis la Bretagne en seconde position sont les deux régions françaises qui figurent aux toutes premières places concernant le nombre et la densité de débits de boissons dans notre pays.
Cette ambiance bistrot, la Bretagne ne l’a pas laissé tomber ! Les bars et les Bretons, c’est toujours une grande histoire d’amour, malgré une chute de presque de moitié depuis les années 1980 ! Les nombreuses zones touristiques parviennent cependant à tirer leur épingle du jeu : des villes, comme Carnac (56), Quiberon (56), Saint-Malo (35), Arzon (56), etc. Rennes en Ille-et-Vilaine conserve 182 bars et cafés, et Brest dans le Finistère en possède encore 152. Quant à Lorient, ville maritime du Morbihan, elle est la ville bretonne qui possède la plus forte densité en bars par rapport à sa population : avec ses 99 cafés et bistrots, elle affiche un taux de 1,71 pour 1 000 habitants, fréquentation qu’elle doit à ses six ports…
Dans les communes rurales de Bretagne, les bistrots à thèmes remettent le bar en selle et continuent de jouer un rôle de vecteur de lien social.
L’Association pour la reconnaissance de l’art de vivre dans les cafés et bistrots de France entretient l’idée de lancer d’autres initiatives comme une Journée nationale des bistrots et cafés, des actions de sensibilisation autour des jeunes pour encourager aux métiers des bistrots, et pourquoi pas une exposition patrimoniale grand public dans un lieu prestigieux. L’association souhaite rendre les gens fiers de travailler dans ces lieux…