Du 13 au 24 mai 2025, la 78ᵉ édition du Festival de Cannes promet un grand cru. Sous la présidence de Juliette Binoche, le plus prestigieux festival de cinéma du monde se place résolument sous le signe de l’engagement, de l’émotion et de la diversité cinématographique.
Une présidence incarnée par Juliette Binoche
Figure iconique du cinéma mondial, Juliette Binoche succède à Greta Gerwig à la tête du jury. À 61 ans, l’actrice oscarisée et primée dans les plus grands festivals (Cannes, Venise, Berlin) apporte à la manifestation son aura, son éclectisme artistique et sa conscience politique.
Une sélection officielle entre stars mondiales et cinéastes exigeants
Parmi les noms attendus (sous réserve de confirmation) : Scarlett Johansson, qui présentera son premier film en tant que réalisatrice, Hafsia Herzi en compétition, et Rebecca Zlotowski hors compétition. Le vétéran Richard Linklater évoquera Jean-Luc Godard, tandis que Wes Anderson, Jafar Panahi et Kirill Serebrennikov font leur retour sur la Croisette. Le chanteur Bono est aussi le sujet d’un film très attendu.
Le blockbuster « Mission Impossible – The Final Reckoning », avec Tom Cruise, sera projeté hors compétition le 14 mai, dans un Grand Théâtre Lumière attendu au tournant.
Un hommage vibrant à Robert De Niro
L’immense Robert De Niro, 81 ans, devrait recevoir une Palme d’or d’honneur lors de la cérémonie d’ouverture. Treize ans après avoir présidé le jury, l’acteur de Taxi Driver, Heat ou Raging Bull incarne l’histoire vivante d’un cinéma à la fois populaire et audacieux.
Un Festival sous l’ombre portée de #MeToo
À la suite du rapport de la commission parlementaire sur les violences sexistes et sexuelles dans la culture (voir notre article), le Festival entend prendre ses responsabilités. La présidente Iris Knobloch a affirmé vouloir faire de Cannes un « lieu de renversement des mentalités », reprenant à son compte les paroles fortes de la députée Sandrine Rousseau. La parole se libère peu à peu à Cannes, qui semble désormais déterminé à faire évoluer ses pratiques.
Focus sur les sélections parallèles : diversité, radicalité, queer cinema
- Semaine de la critique (14–22 mai) : Présidée par Rodrigo Sorogoyen, après sa défection en 2024, cette section mettra à l’honneur les nouveaux talents du cinéma mondial. Le jury comprendra notamment Daniel Kaluuya, Jihane Bougrine, Josée Deshaies et Yulia Evina Bhara.
- Queer Palm : Le cinéaste Christophe Honoré dirigera le jury de ce prix qui met en lumière les représentations LGBTQIA+ au cinéma. Il a salué cette distinction comme une « tendresse et un combat », dans un contexte de remise en question mondiale des droits queer.
- Carrosse d’or : Attribué par la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF), il sera remis à Todd Haynes. Le réalisateur de Carol ou Velvet Goldmine incarne une forme de radicalité douce et inventive, célébrée pour sa puissance narrative et émotionnelle.
Laurent Lafitte de retour en maître de cérémonie
Neuf ans après une première prestation remarquée, Laurent Lafitte retrouvera le micro des cérémonies d’ouverture et de clôture, incarnant une certaine élégance à la française, non sans mordant.
Sélection officielle (sous réserve de confirmation) :
- En compétition :
- The Phoenician Scheme de Wes Anderson
- Eddington d’Ari Aster
- Jeunes Mères de Jean-Pierre et Luc Dardenne
- Alpha de Julia Ducournau
- Renoir de Chie Hayakawa
- The History of Sound d’Oliver Hermanus
- La Petite Dernière d’Hafsia Herzi
- Sirat d’Oliver Laxe
- Nouvelle Vague de Richard Linklater
- Two Prosecutors de Sergei Loznitsa
- Fuori de Mario Martone
- O Secreto Agente de Kleber Mendonça Filho
- Romería de Carla Simón
- Sentimental Value de Joachim Trier
- A Simple Accident de Jafar Panahi
- Sound of Falling de Mascha Schilinski
- Dossier 137 de Dominik Moll
- Eagles of the Republic de Tarik Saleh
- The Mastermind de Kelly Reichardt
- Un Certain Regard :
- La Misteriosa Mirada del Flamenco de Diego Céspedes
- Météors d’Hubert Charuel
- My Father’s Shadow d’Akinola Davies Jr
- L’Inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier
- Urchin de Harris Dickinson
- Homebound de Neeraj Ghaywan
- Tôi Yamanamino Hikari de Kei Ishikawa
- Eleanor the Great de Scarlett Johansson
- Karavan de Zuzana Kirchnerova
- Aisha Can’t Fly Away de Morad Mostafa
- Heads or Tails? de Matteo Zoppis et Alessio Rigo de Righi
- Once Upon a Time in Gaza de Tarzan Nasser et Arab Nasser
- The Last One for the Road de Francesco Sossai
- Promised Sky d’Erige Sehiri
- Pillion de Harry Lighton
- The Plague de Charlie Polinger
Hors compétition :
- Mission: Impossible – The Final Reckoning de Christopher McQuarrie, avec Tom Cruise, sera projeté le 14 mai.
Cannes 2025 s’annonce comme une édition charnière, entre l’affirmation de nouvelles voix, le retour de figures majeures et la volonté affirmée d’embrasser les mutations profondes du monde du cinéma. À la croisée de l’art, du glamour et de l’éthique, la Croisette pourrait bien vibrer cette année d’une intensité nouvelle.
