Capucine Vever investit les volumes généreux de la chapelle de l’Oratoire du Musée d’arts de Nantes (Loire-Atlantique) du 10 mai au 21 septembre 2025. Le film adopte le point de vue de l’océan, dont le niveau s’élève sous l’effet du réchauffement climatique mondial, menaçant gravement l’île de Gorée, au large du Sénégal.
À la direction artistique de l’installation Dunking Island – littéralement « l’île qui boit la tasse » – on retrouve Patrice Joly, directeur du centre d’art contemporain Zoo à Nantes, et Marie Dupas, responsable de l’art contemporain au Musée d’arts de Nantes.

Dans l’écrin de la chapelle de l’Oratoire, Capucine Vever, accompagnée du compositeur Valentin Ferré pour une musique originale de 35 minutes, a conçu un dispositif acousmatique sur mesure. Six écrans vidéo et vingt sources sonores – réparties entre seize enceintes et quatre caissons de basses – composent une expérience immersive, spatialisée et enveloppante. Le texte et la voix sont signés du musicien sénégalais Wasis Diop, qui mêle récit en wolof et en français. Ses chants s’inspirent de la tradition lébou, ancrée chez les pêcheurs et agriculteurs sénégalais.
L’océan, personnage principal, déploie ses mouvements, ses ressacs et sa faune dans cette œuvre immersive où le visiteur déambule au cœur d’une embarcation dérivant au large de l’île de Gorée. Dunking Island interroge la vulnérabilité du littoral sénégalais face à la montée des eaux, symptôme du changement climatique global.
Le tournage a eu lieu dans la baie de Dakar. Le spectateur traverse visuellement les époques coloniales – portugaise, néerlandaise, anglaise, française – sur cette île de Gorée qui fut, du XVe au XIXe siècle, l’un des plus grands centres de commerce d’esclaves de la côte africaine.
L’histoire de Gorée entre en résonance avec celle de Nantes, ville qui prit une part active à la traite négrière. Depuis une trentaine d’années, Nantes œuvre à faire mémoire de ce passé, notamment avec l’exposition emblématique Les Anneaux de la Mémoire en 1992. Dunking Island s’inscrit dans ce travail de reconnaissance et de transmission.
Capucine Vever, née en 1986, vit et travaille à Pantin (93). Diplômée de l’École nationale supérieure d’art de Paris-Cergy et de l’Université de Cergy-Pontoise, elle développe depuis 2009 des récits sous forme de vidéos, installations et créations sonores.