Carole Fromenty, Architexture #9

Deux projets ont été retenus par le Comité de sélection de l’appel à projets artistiques Unidivers 2016 : Architexture de Carole Fromenty et Une Obscure échappée de Lionel Tarchala et Nicolas Barette.

 

Rêver des îles, avec angoisse ou avec joie, peu importe, c’est rêver qu’on se sépare, qu’on est déjà séparé, loin des continents, qu’on est seul et perdu – ou bien c’est rêver qu’on repart à zéro, qu’on recrée, qu’on recommence. (Gilles Deleuze, « Causes et raisons des îles désertes », 1953)

Les îles ont ceci de singulier, qu’entourées par la mer, ce sont des terres closes, peuplées ou désertes, fermées par les mers, écrins de fantasmes exotiques et libertaires pour certains, mais aussi espaces de confinement et de solitude. Elles représentent tantôt un monde meilleur, tantôt des lieux de bestialité absolue. Ce sont des lieux où, comme Robinson, on peut perdre la notion du temps et donc espérer que son cours s’est suspendu.

Pour les insulaires, elles ont longtemps été l’unique lieu connu. Il fallait alors imaginer les autres terres puisque trop lointaines pour être accessibles. Ceci a permis alors de penser des géographies imaginaires. Les îles ont toujours été propices à la narration. Dans la littérature, si elles sont des étapes éprouvantes pour Ulysse, elles se transforment en baleine dans les Mille et une Nuits, disparaissent comme l’Atlantide ou bien volent pour Gulliver et sont bien trop petites pour qu’on s’y querelle comme l’île de Lilliput. On y imagine aussi de terribles huis clos, des règlements de compte, des orgies et des meurtres, mais aussi la félicité, des trésors enfouis et des promesses de paradis.

Les cartographes du Moyen-âge semaient dans l’Océan un certain nombre d’îles imaginaires, qu’ils plaçaient sous le patronage de saint renommé, dans un désir de faire coïncider des pseudo découvertes géographiques et leurs données religieuses.

Parmi ces îles fantastiques, inventées par ces crédules cartographes, est l’île de Saint Brandan. Cette île fantôme est alors devenue l’objet d’une quête insensée durant des siècles.

Quelle merveilleuse perspective lorsque l’on crée que rendre crédible une représentation imaginaire, que notre image mentale devienne si tangible que ses spectateurs ne doutent plus de sa réalité. Faire exister un imperceptible royaume de tous les possibles.

Carole Fromenty

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Carole Fromenty
Carole Fromenty

Carole Fromenty est née en 1965, diplômée en design textile de l’EAA Lyon en 1989. Vit et travaille à Rochetaillée sur Saône.

Carole Fromenty s’est tout d’abord spécialisée dans le motif et l’impression textile.

Actuellement inscrite au cœur des courants contemporains réformateurs de la pratique de l’art textile, elle engage dans son travail, un dialogue social et culturel, un commentaire historique, un examen des questions personnelles de l’identité, de l’interdépendance, de l’équilibre. Ses travaux résultent souvent d’une hybridation des genres : dessins, broderies, photographies, tissus et objets s’y mêlent et sont traversés de correspondances et de références multiples.

Elle participe à de nombreuses manifestations d’art textile contemporain en France et à l’étranger (biennales du textile d’Angers, Tournai, Vilnius, Venise, Côme, Mexico…). Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques (acquisition Musée Jean Lurçat et Prix de la création à Vilnius en 2012).

Elle enseigne aussi le design textile à l’École nationale Supérieure des Beaux Arts de Lyon où, de son expérience de designer textile acquise auprès de nombreux éditeurs et studios de création, elle communique son intérêt pour les signes et les motifs et considère le tissu comme un support d’expression actuel, paradoxal, à la fois social et intime, technique et symbolique.

Expositions récentes :

2015 — La Grande Galerie .Savasse. 26
2013 — Du Rhône à la Baltique. Centre Thormann-Speicher. Wismar. Allemagne
2013 — Festival du lin, Chapelle de St Pierre-le-vieux. 76
2012 — Xe triennale internationale des textiles. Musée Lurçat. Angers. 49
2011 — Prix de la création 7th International Biennial of Textile « Vanish/Survive ». Gallery “Arka”. Vilnius. Lituanie
2011 — 7e Triennale Internationale des Arts Textiles Contemporains. Tournai. Belgique
2011 — Galerie Intuiti. Paris. 75
2011 — Biennale du textile. Museo di Palazzo Mocenigo. Venice. Italie
2011 — Magico textil . VI Biennale de l’art textile contemporain. WTA-Aire. Mexico. Mexique
2011 — 4° Concorso europeo per un merletto a fuselli. Museo didattico della Seta – Como .

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1 COMMENTAIRE

  1. Sachez cher Mr que la finesse et la delicatesse ne sont dissociées en aucune façon de ce roman que vous qualifiez de grave et profond. Comment pouvez-vous sanctionner d’immature un auteur qui en est à son 12 ème roman de qualité et de sincérité. La plumme est alerte et le ton est juste. Reconnaissez qu’avant la révélation de Foenkinos vous ignoriiez Charlotte Salomon. Attelez vous plutot à comprendre comment une France collabo a pu laisser déporter et gazer une jeune femme de 26 ans enceinte !
    Et si je puis vous faire une recommandation, ne pompez pas sur Elisabeth Philippe des Inrocks.

    • Cher Mr,
      
La maturité, à l’image de la la profondeur, nécessite parfois du temps, beacuoup de temps. En l’attendant, mieux vaut se méfier des colères assassines. Vous pouvez ne pas partager mon point de vue, mais souffrez de le respecter : non, le ton de l’auteur n’est pas juste. Et la posture de M. Foenkinos dans ce roman me dérange. 
Que vous aimiez cet auteur est votre droit le plus strict ; moi-même j’aime ce qu’il écrit assez souvent, mais son écriture ici me déçoit ; comme Sollers l’a fait, avec la sienne, dans un ancien temps et sans doute plus encore. Cela étant, je vous remercie de me faire remarquer que Mme Philippe partage mon point de vue ; pour ma part – étant donné que votre ton me met dans la position de me justifier – sachez que je ne lis plus depuis bien longtemps ce quotidien d’Ille-de-France que vous citez. Reste que ce point de vue commun est partagé par de nombreuses personnes de ma connaissance qui ont lu Charlotte, en particulier plusieurs de mes proches qui réfléchissent depuis bien longtemps afin de comprendre pourquoi il y a eu la collaboration et tant de proches morts dans les camps. Et si je puis vous faire une recommandation : lisez l’extraordinaire Etty Hillesum mais aussi Une femme à Berlin, Histoire d’une Allemande d’Haffner, Le pianiste de Szpilman, mais encore Imre Kertész, Jonathan Littell, Irène Nemirovsky, voire, pour ouvrir le sujet, Vie et Destin de Grosmann ou Lingua Tertii Imperii de Klemperer. La place de l’ego, de la narration et de la langue y sont singulièrement autres. Le lecteur sort de ces lectures grandit. Et il se réjouit encore plus de vivre dans un pays démocratique où le pluralisme des points de vue n’est pas bridé par quelques aficionados auto-proclamés censeurs.

      Cordialement cher Mr,

  2. Ce que je trouve dommage, ce n’est pas que vous n’ayez pas aimé ce livre, chacun a le droit d’avoir et d’exprimer sa propre opinion, nous sommes dans une démocratie comme vous le dites si bien, mais que vous vous permettiez de juger l’auteur, donc sa personne et nom son œuvre, je trouve ça déplorable. Vous n’aimez pas que l’auteur intervienne personnellement par ses réflexions dans son récit, alors vous allez peut être vous mettre à juger aussi Milan Kundera et le décrire comme immature et insipide avec son “l’insoutenable légèreté de l’être”

    • Bonsoir Madame,
      Mais je n’attaque personne. Je dis simplement que littéralement le traitement de son sujet me paraît bancal rapporté à son projet personnel d’investissement et de construction d’une certaine image de soi dans et à travers la narration.
      Quant à Kundera, je ne saisis vraiment pas le parallèle.
      Après on peut débattre de tout, chère Florence, comme des goûts et des couleurs.
      Bonne soirée,

  3. J’ai de la chance de posséder un exemplaire de Vie ou Théâtre ? de Charlotte Salomon (j’espère qu’il sera réédité) mais je n’ai pas pu lire le livre de David Foenkinos. Le style est vraiment mauvais, sans âme. Charlotte si vivante ne méritait pas ça !

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