Le Châle de cachemire de Rosie Thomas

Le Châle de cachemire – Out of India

Titre d’une platitude absolue(*), photo de couverture tout droit sorti du catalogue d’un tour-opérateur sans imagination… On se dit qu’on ne va pas aller jusqu’au bout des 500 pages. Mais après quelques « feuilles qui comme des flocons d’or, dégringolent des arbres » et des « cris qui redoublent dignes d’un drame à l’opéra », on est vraiment avec Mair dès son arrivée de à Leh (capitale du Ladakh).

rosie thomas, cachemireLa jeune femme qui « rompait rarement avec son absence de routine très étudiée » a décidé de partir en Inde, suite à la découverte d’un châle d’une beauté exceptionnelle lors du débarras de la maison de famille galloise, après le décès de son père veuf. Commence alors un chassé-croisé entre deux époques, l’Inde contemporaine et celle de 1941 quand son grand-père Evan était missionnaire à Leh, marié à Nerys. Des problèmes de santé amènent l’épouse aimante et frustrée à accepter l’invitation d’un couple aisé qui demeure sur un house-boat à Srinagar. Dans la capitale du Cachemire, la communauté britannique vit dans l’insouciance les dernières et « délicieuses » heures du colonialisme. Nerys rencontre le Suisse Rainer Stamm, « suspect, aventurier et charlatan » pour la bonne société de la ville. Officiellement alpiniste et magicien. Officieusement espion. Tout est en place pour un roman à l’eau de Rosie ? Non, c’est plus complexe. La romancière anglaise a exploré l’Inde du Nord afin de se documenter sur l’histoire, la géographie, la politique et l’économie locales. Son sens de l’observation aigu restitue avec finesse et vérité les conditions de vie et les rapports humains et sociaux.

« Il faut que tout change pour que rien ne change », pensait le prince de Lampedusa.  Ce qui est vrai en Sicile ne l’est pas forcément sur les autres continents. Ce récit épique évoque de façon vivante la fin d’un monde.  Qui n’est pas sans nous rappeler Out of Africa.

* qui diffère d’ailleurs de l’original, The Kashmir shawl. L’important ici n’étant pas la matière, mais l’origine géographique. « Le châle du Cachemire » eut été plus pertinent.

Le Châle de cachemire, par Rosie Thomas, traduit de l’anglais par Marie-Axelle de La Rochefoucauld. 22,50 €.  www.editionscharleston.fr

 

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Marie-Christine Biet
Architecte de formation, Marie-Christine Biet a fait le tour du monde avant de revenir à Rennes où elle a travaillé à la radio, presse écrite et télé. Elle se consacre actuellement à l'écriture (presse et édition), à l'enseignement (culture générale à l'ESRA, journalisme à Rennes 2) et au conseil artistique. Elle a été présidente du Club de la Presse de Rennes.

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