La chasse est un sujet qui divise l’hexagone. Samedi 21 septembre, le sujet sera d’actualité lors d’une mobilisation nationale à Paris, place Iéna. Elle devrait réunir des milliers d’opposants à la chasse à l’appel de différentes associations. C’est l’occasion de faire le point sur les arguments de ces dernières.
Chasse-Tradition
La chasse est perçue comme une « tradition » ancestrale. L’homme vivait de chasse, de pêche et de cueillette dans la préhistoire. Mais l’homme moderne est bien loin des conditions de vie de cette période. Le fusil a remplacé la lance et l’arc (encore que certains pratiquent encore ce sport) et les gibiers chassés sont en principe réglementés. De fait, certains oiseaux migratoires font l’objet d’interdiction comme la Palombe ou l’Ortolan, toutefois leur chasse jouit d’une tolérance tacite en certains lieux de France. Les chasseurs constituent une force électorale non négligeable. Autre tradition pointée du doigt : la chasse à courre qui consiste à poursuivre un animal avec un équipage de chiens et des rabatteurs, tandis que les chasseurs sont à cheval pour rattraper l’animal épuisé et l’achever. La France reste l’un des derniers pays à pratiquer ce type de chasse, l’Angleterre ayant interdit sa pratique pourtant historique.
Danger
Les traditions n’ont pas empêché les évolutions des armes. Nous sommes loin du temps des mousquets et arquebuses. Aujourd’hui, certains n’hésitent pas dans d’autres pays que la France à utiliser des armes automatiques ou des armes de guerre. En pratique, près de 60 personnes ont été tuées lors de la saison de chasse 2012-2013 en France ; la nouvelle saison démarre avec déjà 6 morts… Ajoutons les blessés et les zones de promenade devenant dangereuses en période de chasse. À quand l’obligation de porter et garder un gilet fluo en promenade lorsque l’on passe en face de zones d’affut ?…
Passe-droits
Ce qui heurte sans doute le plus la sensibilité des « non-chasseurs », c’est le droit de suite. Autrement dit, un chasseur a le droit de pénétrer dans toute propriété où l’animal se réfugie, si l’association de chasse locale l’a déclarée comme territoire de chasse. Toutefois, la loi autorise le propriétaire du terrain à déposer une demande d’interdiction. Il doit manifester cette opposition au Préfet du département. Cette notification doit être faite six mois avant le terme de la période de cinq ans correspondant au renouvellement des apports dans l’association communale de chasse agréée. À défaut, elle prend effet à l’expiration de la période suivante. Une loi peu connue et quelque peu alambiquée.
Régulation des espèces
L’argument principal des amoureux de la chasse repose dans la régulation des espèces. L’homme, par son action, a beaucoup perturbé la répartition des espèces et certaines prolifèrent faute de prédateurs, abattus par le passé (loups, aigles, ours) tandis que d’autres trouvent dans nos cultures une nourriture abondante. Force est de constater que les milieux naturels des cerfs, sangliers et autres gibiers, se sont réduits comme peau de chagrin. Si le débat peut porter sur la régulation de certaines espèces, le véritable problème interroge la cohabitation entre l’homme et le vivant. Les opposants prônent justement une régulation naturelle des espèces qui n’ont aucunement besoin de l’intervention de l’homme. Le débat est particulièrement animé avec les ours des Pyrénées ou les loups des Alpes qui se retrouvent abattus après avoir été réintroduits dans des parcelles proches de troupeaux. Mais le compte des victimes est compliqué avec les chiens errants. Quant aux gardiens de troupeaux, ils n’ont plus l’habitude de faire cohabiter troupeaux et vie sauvage, comme par le passé où le berger était conscient qu’il perdrait des animaux dans sa saison. La marge bénéficiaire réduite des éleveurs accentue d’autant cette pression, élargissant le problème à la chaine de distribution.
Bref, le débat autour de la chasse se traduit souvent par une opposition violente, ce fut le cas l’année passée à Abbeville, de la part des chasseurs. Certaines voix font montre d’esprit de conciliation comme celle d’Allain Bougrain-Dubourg de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). Une manifestation chassant l’autre, après les antis, les pros ferons certainement entendre leurs voix auprès de certains élus.