Les chats et la biodiversité. Peut-on vraiment reprocher à un félin de suivre son instinct ?

Chat chasseur Muséum national d’histoire naturelle

Les chats, ces compagnons fidèles de millions de foyers, sont également des prédateurs puissants. Bien qu’ils apportent une grande joie à leurs propriétaires, leur présence en nombre dans les écosystèmes peut avoir des conséquences sérieuses sur la faune locale. Des études montrent que la prédation des chats menace particulièrement les espèces vulnérables. Comment concilier amour des félins et protection de la biodiversité ?

Le chat est un carnivore instinctif, doté de nombreuses capacités qui font de lui un prédateur redoutable. Grâce à sa musculature, son agilité, sa vue nocturne et son ouïe fine, il est parfaitement équipé pour traquer ses proies. Ce qui peut surprendre, c’est que même un chat de propriétaire (un chat nourri, identifié, stérilisé et soigné dans un foyer) bien nourri continue à chasser. Bien que ces chats soient souvent gardés à l’intérieur ou dans des espaces protégés, ils conservent leur instinct de chasseur et peuvent exercer une pression sur la faune locale, notamment dans les zones périphériques des habitations. Selon une étude menée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) lancée en 2015, un chat domestique passe en moyenne trois heures par jour à la chasse, une activité qui devient encore plus importante pour les chats libres (nourris, soignés, mais vivant principalement à l’extérieur), qui peuvent y consacrer jusqu’à 12 heures quotidiennes.

Les chats - Répartition des proies selon la classe (SFEPM)

Les chats tuent principalement des petits mammifères, comme des souris, mais aussi des oiseaux (mésanges, merles, etc.), et parfois des reptiles. En France, les chats domestiques, errants et haret peuvent tuer des millions d’oiseaux et de petits mammifères chaque année. À l’échelle mondiale, une étude parue dans la revue Nature en 2013 a estimé que les chats tuent entre 1,3 et 4 milliards d’oiseaux et entre 6,3 et 22,3 milliards de petits mammifères annuellement.

En France, la situation est particulièrement préoccupante pour les oiseaux de jardin, qui subissent non seulement la prédation des chats, mais aussi la perte d’habitats, l’utilisation de pesticides et l’urbanisation croissante. Bien que la prédation par les chats soit l’une des trois principales causes de mortalité chez ces oiseaux, elle s’ajoute à ces autres facteurs environnementaux.

Les chats haret sont des chats domestiques retournés à l’état sauvage, ils vivent et se reproduisent librement dans la nature, échappant à toute gestion humaine directe. Bien qu’ils soient issus de chats domestiques, ces félins peuvent se révéler particulièrement problématiques pour la biodiversité, car ils vivent sans intervention et continuent à chasser en grand nombre. Ils exercent une pression considérable sur les populations d’oiseaux, de petits mammifères et d’insectes, en particulier dans les zones rurales ou les espaces naturels. La présence de chats haret, combinés à celle de chats errants ou de propriétaires non contrôlés, peut également avoir des conséquences graves sur des espèces locales vulnérables, comme le chat forestier (Felis silvestris), une espèce protégée qui subit une pollution génétique due aux croisements avec des chats domestiques. Ces croisements ont des conséquences sur l’intégrité génétique de l’espèce sauvage, contribuant à sa diminution et menaçant la biodiversité.

Les propriétaires de chats ont un rôle déterminant à jouer dans la réduction de cette prédation. Avoir un chat implique une responsabilité : offrir un environnement sûr et enrichissant pour l’animal, mais aussi prendre des mesures pour minimiser son impact sur la faune. La stérilisation est l’une des premières étapes à prendre pour limiter la prolifération des chats errants. De plus, une alimentation de qualité et des jeux adaptés peuvent réduire le besoin de chasser.

Pour les propriétaires de jardins, plusieurs solutions sont possibles telle l’installation de dispositifs comme des grilles anti-chat. Placer les mangeoires et nichoirs en hauteur peut aussi protéger les oiseaux et autres petites créatures. L’utilisation de colliers avec clochettes ou de colliers colorés permet de rendre les chats plus visibles pour les oiseaux, ce qui diminue leur taux de capture.

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Un appel à la cohabitation respectueuse

Le chat est un animal qui, tout en étant un compagnon précieux pour beaucoup, peut avoir des effets non négligeables sur la biodiversité s’il n’est pas correctement géré. Les solutions existent et si chaque propriétaire adopte des mesures responsables, il est possible de limiter les dégâts.

Aimer un chat, c’est aussi en accepter la nature de prédateur et prendre des mesures pour le préserver tout en protégeant la biodiversité autour de soi. L’objectif n’est pas de considérer le chat comme un ennemi, mais de trouver un équilibre qui respecte à la fois les besoins de nos animaux domestiques et ceux de la faune sauvage.

France Nature Environnement (FNE) Les chats sont ils en train de detruire la biodiversite ?

Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM) Chat Domestique et Biodiversité

Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Fiche médiation faune sauvage: Chats domestiques – août 2024 de la LPO.

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