Chrysanthème à la Toussaint, mais pourquoi cette fleur est-elle liée à la mort ?

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Chaque année le 1er novembre, dans notre pays, une part massive de nos concitoyens demeurent fidèles à la traditionnelle visite au cimetière, souvent en famille. Les Français fleurissent les tombes de leurs défunts des quelque 2 500 cimetières que compte le sol hexagonal. Le chrysanthème demeure la plante la plus choisie, mais pourquoi et depuis quand ?

Si l’appellation du Chrysanthème est grecque et signifie La fleur d’or, son origine est asiatique. Cette plante vivace est cultivée en Chine et en Corée depuis 2000 ans. Les Chinois la vénéraient et la travaillaient à la manière des bonzaïs. Le chrysanthème appartient à la famille des astéracées qui ravirent par leurs multitudes de variétés, leurs formes, leurs silhouettes et leurs couleurs vives.

En France, cette fleur est étroitement associée à la mort et à la Toussaint. C’est hélas une bien mauvaise image que cette très belle plante traîne derrière elle, car le chrysanthème est une fleur extraordinaire qui décline une élégance raffinée et une palette de couleurs subtiles et délicates. 

Il en va autrement dans d’autres pays, sur d’autres continents, où le chrysanthème est tendance : en Australie, le chrysanthème est offert pour la fête des mères ; en Orient et Extrême-Orient, il est symbole de longévité et d’immortalité. 

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Au Japon, le chrysanthème est associé au symbole national. Le blason de la famille impériale représente un chrysanthème à seize pétales, qui figure sur les passeports et les pièces de monnaie, également dans les entrées des bâtiments diplomatiques à l’étranger. Un festival lui est même consacré et une coutume veut qu’une pétale de chrysanthème au fond d’un verre de vin apporte le bonheur et la bonne santé. 

Toujours au Japon, parce que le chrysanthème est aussi un symbole d’éternité : de la même manière que les Français lancent, pendant une cérémonie de mariage, du riz sur les mariés, les Japonais jettent des pétales de chrysanthèmes sur les mariés.  À Tokyo, tous les ans, dans le parc principal : Shinjuku-gyoen sont exposés 1 200 espèces de chrysanthèmes spectaculaires et la population vient les admirer par dizaines de milliers…

En 1789, Pierre Blancard est capitaine de marine français (1741-1826). Il est le premier à importer en France des boutures de chrysanthèmes depuis la Chine. Il faut pourtant attendre encore 130 ans pour que les Français s’intéressent à cette plante, car avant la Première Guerre mondiale, les familles se recueillaient sur les tombes de leurs défunts et y déposaient des bougies ou des lanternes.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les chiffres annoncent le lourd tribu que la France a payé, avec 1,4 million de combattants morts et disparus, auxquels s’ajoutent quatre millions de blessés, dont 40% sont invalides et 14% sont des gueules cassées…

Pour célébrer le premier anniversaire de l’armistice de la Grande Guerre, le mardi 11 novembre 1919, Georges Clémenceau (1841-1929), président du Conseil des ministres, soutenu par le président de la République Raymond Poincaré (1860-1934), demande aux Français de fleurir les tombes des poilus, tombés au combat au cours de ces quatre années de guerre, pour leur rendre hommage.

Les Français choisissent des chrysanthèmes blancs pour fleurir les tombes des soldats morts pour la France, parce que cette fleur est facile d’entretien, qu’elle est l’une des rares plantes qui fleurit encore en novembre. De plus, elle a la qualité d’être résistante au froid et même au gel.

Rapidement, au fil du temps, les Français décident de fleurir toutes les tombes, celles de leurs morts, celles de tous les défunts, quelque soit l’origine de leur décès, avec des chrysanthèmes de toutes les couleurs : blancs, jaunes, mauves, etc. Le jour privilégié pour fleurir les tombes devient la Toussaint ! Plus tard, d’autres fleurs sont ensuite retenues comme, les bruyères,  les cyclamens, les pensées et les roses de Noël.

Aujourd’hui, la fleur de la Toussaint par excellence est toujours le chrysanthème avec au total 23 millions de pots vendus en cette période de l’année, dans notre pays…

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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