Portraits de cinéma. Le Rennais Baptiste Leblanc, compositeur de musiques de film, entre passion et défis

baptiste leblanc
Baptiste Leblanc

De Hans Zimmer à John Williams, certaines musiques de film résonnent aujourd’hui comme des classiques incontournables. Facteur d’émotions, la musique est un élément indispensable de chaque film. Cependant, à l’instar de nombreux autres métiers, l’émergence de nouvelles technologies se révèle un appréciable outil complémentaire autant qu’une potentielle menace. Le Rennais Baptiste Leblanc, compositeur de musiques de film, a fait de sa passion son métier. Il a partagé son parcours professionnel avec Unidivers. 

Baptiste Leblanc compose des musiques de fiction, de documentaire et d’animation depuis près de dix ans. Il en fait aujourd’hui son métier, bien que cette passion ne date pas d’hier : « J’ai commencé la musique très tôt, j’avais 6 ans quand j’ai commencé la guitare », précise le compositeur. C’est au lycée qu’il a commencé ses premières compositions à la guitare. Suite logique, il poursuit ses études dans cette voie en entrant à la Music Academy International de Nancy puis un master en composition de musique à l’image à Lyon.

Baptiste Leblanc

De la passion à la professionnalisation

Désormais, il consacre la plupart de son temps à la composition de musique. « Je travaille sur des courts-métrages, des documentaires, un peu de séries, des albums pour des éditeurs, pas mal de choses assez variées », détaille Baptiste. Le compositeur ne veut pas se ranger dans une case ou dans un style particulier. Il aime tester de nouvelles choses et tente de rester large : « J’aime beaucoup la dimension onirique, donc j’essaie de retranscrire ça en musique », raconte l’artiste. « J’utilise beaucoup l’orchestre et le synthé, l’hybridé, pour avoir de nouvelles textures. »

Dans la recherche de projets, le processus peut varier considérablement : « En général, ce sont des rencontres avec des réalisateurs que l’on croise au quotidien ou sur des festivals qui débouchent sur des projets », explique Baptiste. Néanmoins, trouver des collaborations n’est pas toujours si simple : « Il y a beaucoup de démarchage dans les boîtes de production, les boîtes de montage, tout ce qui touche à l’univers du cinéma, c’est compliqué ».

L’art de la composition entre tradition et innovation

Récemment, Baptiste a travaillé avec l’école Creative Seeds dans le cadre des festivals Court Métrange, Travelling et du Festival national du film d’animation de Rennes. Il adapte son processus de création en fonction du sujet et du projet : « J’ai eu des films où on m’a donné des images et des moodboards et d’autres où j’ai le film final et je dois composer sur ça ». La discussion avec le réalisateur, qui va mettre en avant ce qu’il recherche, est la première étape. Ensuite, tout se joue dans l’accord entre image et son. « Il faut chercher ce que la musique peut apporter à l’image, chercher le rythme dans le montage. » Il est parfois difficile de trouver un accord avec le réalisateur, car chacun a sa perception et sa propre représentation.

La durée de composition d’un morceau est assez fluctuante : « En général, j’aime bien prendre du recul, laisser mûrir, regarder une ou deux fois et laisser les choses se faire quand on a le temps », confie Baptiste. Il peut aussi bien passer une journée sur un projet de 25 minutes qu’une semaine sur un autre de 5 minutes. Tout repose sur la synchronisation, l’harmonie, le phrasé et la métrique.

Aujourd’hui, la plupart des compositeurs travaillent sur l’ordinateur. Baptiste développe : « On a des logiciels qui émulent les instruments, avec des banques de sons qui vont interpréter un violon, une flûte, etc. » Les instruments dits traditionnels ne sont pas pour autant laissés sur le banc de touche. « J’ai quelques instruments chez moi, j’enregistre la basse, la guitare, tout ce qui est instruments à cordes. J’ai un violon pour faire des effets sonores, ça marche assez bien. »

« Il y a eu une grosse période où on utilisait presque plus que l’ordinateur et maintenant ça tend à revenir vers l’instrument traditionnel. »

Baptiste trouve ses inspirations dans le travail de plusieurs compositeurs : « J’aime beaucoup Alexandre Desplat pour citer un compositeur français et chez les Américains, John Powell, John Williams, Hans Zimmer, les grands classiques. » Le musicien s’inspire également de ce qu’il écoute au quotidien : « J’écoute beaucoup de rock progressif, de métal, du jazz aussi pendant une période. L’idée est d’écouter le plus de choses pour piocher à droite à gauche ».

Un métier qui évolue avec de nouvelles technologies

Le métier de compositeur fait face à de nombreux obstacles et défis. Les réductions budgétaires et l’instabilité dans le métier d’intermittent du spectacle, notamment en raison de l’industrialisation de la musique, mettent beaucoup d’artistes dans une position inconfortable : « J’ai parlé avec plusieurs collègues compositeurs qui ont perdu en 20 ans peut-être la moitié de ce qu’ils gagnaient à l’époque », confie Baptiste. À cela s’ajoutent les nouvelles technologies qui remplacent parfois le travail qu’auraient fourni plusieurs professionnels : « Il y a énormément de banques de sons et des éditeurs qui proposent des librairies musicales avec de la musique toute faite qui coûte moins cher qu’un compositeur ».

Comme dans beaucoup de secteurs, l’ascension de l’intelligence artificielle pose question. En effet, elle peut être un outil pour trouver plus facilement des notes et des styles et ainsi permettre aux artistes de consacrer davantage de temps à autre chose. Une étude menée par la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) a récemment montré que 35 % des 15 000 compositeurs et éditeurs interrogés reconnaissent avoir déjà eu recours à l’IA. Cependant, son émergence semble être une menace et d’ici 2028, leurs revenus pourraient chuter de 27 % à cause de l’intelligence artificielle.

Malgré cette vision floue sur l’avenir de la profession, Baptiste reste optimiste : « S’il y a des jeunes qui veulent se lancer, il ne faut pas hésiter. C’est un beau métier mais il faut de la passion ». En parallèle de son métier de compositeur, qui ne lui permet pas de vivre, il donne des cours dans une école de cinéma et est bruiteur et monteur son. Il aimerait s’investir dans d’autres projets, notamment des longs-métrages et documentaires sur des contrats plus longs. Actuellement, il travaille sur une composition pour la compétition du Festival de court-métrage de Clermont-Ferrand : « Il faut réussir à sortir du lot, c’est un concours qui est international avec des compositeurs de haut niveau ». Souhaitons-lui bonne chance !

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