Blade Runner 2049 : Relever le défi de faire une suite au Blade Runner de Ridley Scott (avec Harrison Ford) réalisé en 1982 n’est pas une mince affaire et il faut saluer l’efficacité du réalisateur Denis Villeneuve en la matière. Si le premier long-métrage connut des débuts difficiles, avant de devenir au fil des décennies un objet de culte, il a finalement presque éclipsé l’œuvre littéraire pas toujours facile de Philip K. Dick, auteur de SF californien dopé aux amphèts et à l’acide, trop tôt arraché à l’affection planétaire de ses fans inconsolables…
En 2049, la société humaine est au-delà du chaos écologique : épizooties massives, black out informatique et catastrophe climatique ont laissé un monde exsangue où les arbres et les animaux ne sont qu’un souvenir photographique. La nourriture est produite dans des fermes industrielles à partir de vers et autres larves riches en protéine. La société humaine est sous tension, fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs « serviteurs » créés par bio-ingénierie.
L’action se passe à Los Angeles envahi par un brouillard saumâtre. L’officier K. est un Blade Runner, c’est aussi un réplicant : il fait partie d’une force d’intervention du LAPD (Los Angeles Police Department) de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Il n’est pas là pour se poser des questions et on sait lui rappeler à coup de Test Voight Kampff sa condition. Au cours d’une de ses missions de recherche et de « neutralisation » d’anciens modèles de réplicant échappés au contrôle humain, K découvre un secret dissimulé depuis longtemps et capable de changer le monde en particulier le rapport vicié que les hommes ont aux réplicants et que ceux-ci pourraient peut être se passer de leur créateur… Cette découverte perturbe fortement K. pourtant celui-ci mène une existence confortable, un logement et une relation sentimentale avec une entité féminine que l’on pourrait qualifier d’Intelligence artificielle (IA).
À ce moment du film on bascule de l’univers de Philip K. Dick à celui de William Gibson et en particulier au roman Idoru : un homme y tombe amoureux d’une IA ce qui crée un petit cataclysme sociétal… Pour en revenir à K, son IA préférée décide l’appeler Jo : de Jo à Joseph K on s’achemine vers Kafka. La découverte de K est une menace pour lui et son entourage : c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies… d’où des scènes épiques et bien enlevées avec le retour d’Harrison Ford qui garde un certain panache. Au-delà du propos immédiat du film, une des questions posées est celle du transhumanisme, du dépassement d’Homo Sapiens par tous les moyens technologiques possibles : les réplicants en sont une, mais le « passage » à l’Intelligence artificielle (IA) que suggère William Gibson dans ses romans en est une autre pour les humains en quête de divinité et d’immortalité… Les films sont comme certains vins, ils ont besoin de vieillir pour être appréciés. En tout cas ce film est superbe.
Blade Runner 2049 est un film de science-fiction américano-britannico-canadien, réalisé par Denis Villeneuve. Il fait suite au premier film réalisé par Ridley Scott sorti en 1982 et adapté du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick. Durée : 164 minutes.
https://www.youtube.com/watch?v=zOJzua24pi4
Photo Blade Runner 2049 ©2017 Alcon Entertainment
Scénaristes : Hampton Fancher et Michael Green, d’après les personnages créés par Philip K. Dick.
Acteurs : Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas…
Compositeurs : Hans Zimmer et Benjamin Wallfischer.