Portraits de cinéma. Delphine Jouan, coordinatrice de l’accueil des tournages en Bretagne

Bretagne cinéma
©Bretagne Cinema Fanny Sabatier

Depuis plusieurs années, la Bretagne s’affirme comme une destination de choix pour les tournages de cinéma. Grâce à la création de Bretagne Cinéma en 2020, la région attire des projets à la fois nationaux et internationaux. Delphine Jouan, coordinatrice de l’accueil des tournages en Bretagne, a partagé avec Unidivers sa vision de l’essor cinématographique de la région et de ses perspectives à venir.

Delphine Jouan est arrivée en Bretagne il y a sept ans et travaille désormais comme responsable d’accueil des tournages pour Bretagne Cinéma, poste qu’elle occupait auparavant à Montpellier pour l’ex région Languedoc Roussillon. Photographe de formation, elle est entrée dans le milieu du cinéma par cette porte. Il existe des accueils de tournage dans chaque région de France pour proposer une délocalisation, parfois même dans des lieux peu connus. Bretagne Cinéma est un organisme encore jeune puisqu’il existe depuis 2020, mais a déjà fait ses preuves au cours des quatre dernières années.

delphine jouan
Delphine Jouan

Faire de la Bretagne une région attractive

La gestion d’accueil des tournages demande une grande logistique et il est parfois difficile d’imaginer tout le travail qui se cache derrière : « Nous travaillons pour l’ensemble de la région Bretagne afin de faciliter le bon déroulement des films qui vont être tournés sur le territoire », explique Delphine Jouan. « On travaille beaucoup sur des pré-repérages et on a une base de données des décors qui nous permet d’être force de proposition sur les projets ». Il existe également un site qui répertorie tous les particuliers qui se proposent pour accueillir chez eux des tournages : Ma maison fait du cinéma. Ce dispositif permet notamment de mettre en valeur certains lieux, restaurants ou châteaux de la région : « Forcément, quand on parle de la Bretagne, les gens pensent au littoral, mais aujourd’hui, des tournages viennent dans les villes et les campagnes bretonnes », souligne Delphine. « Il y a notamment eu la série Déter pour France TV slash qui a été tournée dans un lycée agricole. Ils sont donc venus pour le côté rural ». Ce tournage a particulièrement marqué Delphine, car il s’est réparti sur deux cents jours, et en comptant l’installation et le rangement presque un an. Beaucoup de techniciens et techniciennes locaux ont été embauchés pour cette série.

La région bretonne est dans la course pour accueillir des tournages et ainsi promouvoir son patrimoine local : « On travaille en réseau, on se rencontre. On est en concurrence joyeuse », ajoute-elle. Toutes les régions sont fédérées par Film France-CNC et la plupart des films peuvent être tournés dans n’importe quelle région. Le choix dépend principalement des fonds d’aide régionaux et de la politique de soutien ainsi que des talents locaux qui peuvent être proposés. Quatre personnes travaillent sur l’accueil des tournages chez Bretagne Cinéma. La situation géographique de Rennes est un gros avantage, car la ville se trouve à 1h30 en train de Paris.

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Tournage en forêt de Huelgoat © Bretagne Cinema Fanny Sabatier

Favoriser l’intégration des talents locaux

Au-delà des décors et des lieux, l’objectif est aussi de mettre en avant les talents et professionnels locaux : « Nous avons une base de données qui répertorie les techniciens, les comédiens, et nous facilitons leur mise en relation avec les prestataires du cinéma ». Cette base, qui comptait 300 techniciens et techniciennes en 2019, en répertorie aujourd’hui 550. Pour promouvoir au maximum la Bretagne, il y a un vrai travail sur le terrain : « Il faut aller prospecter des projets, aller dans les principaux festivals, que ce soit à Cannes pour le festival du film international, à Annecy pour l’animation ou encore à Clermont-Ferrand pour le festival international du court-métrage », détaille Delphine.

Structurer la filière du cinéma à l’échelle régionale permet notamment de créer de l’emploi, ce qui débouche sur des retombées économiques, tout en donnant une bonne image de la région. Bretagne Cinéma met en avant tous les types de films : du long-métrage au documentaire, en passant par le court-métrage : « L’idée, c’est d’être présent dans la diversité de ce qu’offrent le cinéma et l’audiovisuel ». La Bretagne a une ouverture à l’international qui passe notamment par la promotion lors de Festivals internationaux comme celui de Cannes ou d’Annecy.

Des progrès notables depuis 2019

« La région Bretagne s’est engagée sur une nouvelle politique cinéma et audiovisuelle qui a commencé en 2019. C’est à ce moment que Bretagne Cinéma a été créée et des moyens et subventions supplémentaires ont été donnés au cinéma. On a donc vu l’effet bénéfique sur le territoire. » Ce changement de politique culturelle a notamment permis la diversification des projets pour la télé ou pour les plateformes. Le nombre de jours de tournage n’a fait qu’augmenter depuis 2020. L’année 2023 a par ailleurs été un vrai tremplin pour le cinéma en Bretagne. Pour 41 projets tournés (courts-métrages, longs-métrages et fictions audiovisuelles confondus), on compte 808 jours de tournage. En termes de localisation, 46% des tournages ont lieu en Ille-et-Vilaine, 29% dans le Morbihan, 19% dans le Finistère et enfin 6% en Côte d’Armor.

Bretagne Cinéma
Tournage Brocéliande © Bretagne Cinema Delphine Jouan

Parmi ces derniers, la série policière Brocéliande, sortie en septembre 2024 sur TF1+, compte 5,6 millions de téléspectateurs et 1,8 millions de retombées économiques directes sur le territoire (emplois, prestataires, hôtels). Les Fantômes, de Jonathan Millet, a été produit par la société bretonne Films Grand huit et est sorti au cinéma le 3 juillet. Il a déjà été récompensé (prix Louis-Delluc du meilleur premier film décerné au réalisateur) et a bénéficié d’une reconnaissance internationale pendant la Semaine de la Critique à Cannes. Le studio breton Personne n’est parfait a accueilli une partie du tournage de Sauvages, un film d’animation de Claude Barras paru en octobre au cinéma. Pour les sorties à venir en 2025 : Slocum et moi de Jean-François Laguionie, un film d’animation produit par JPL Films et sélectionné au festival de Cannes, est attendu dans les salles le 29 janvier et L’Attachement de Carine Tardieu, tourné à Rennes, le 19 février.


La Bretagne profite pleinement de l’essor du cinéma pour dynamiser son activité économique et culturelle. Alors que la majorité des tournages et de l’industrie cinématographique étaient concentrés en Île-de-France il y a encore quelques années, la saturation de cette région et ses limites ont ouvert la voie aux régions moins centrales, comme la Bretagne, qui apportent désormais leur contribution au rayonnement du secteur audiovisuel.

Infos pratiques :

Bretagne Cinéma : bilan des années précédentes

Contact : +33 (0)6 28 31 73 78 delphine.jouan@cinema.bretagne.bzh

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