Clarté est une petite ampoule qui a un rêve, celle de devenir une étoile… Du 26 au 28 décembre 2021, la création du compositeur rennais David Monceau éclairera la chapelle du conservatoire de Rennes. La singularité de ce conte musical, expérience sensitive, embarquera le public dans un rêve éveillé d’une heure.
Compositeur, auteur et réalisateur autodidacte, David Monceau a la particularité d’être un musicien avec 25 ans de carrière de danse à son actif. Ce véritable touche-à-tout à la nature créative a suivi une formation en arts plastiques, avant de commencer la danse et d’être accepté, un an seulement après avoir débuté la discipline, au Centre national de danse contemporaine d’Angers. « J’ai une imagination débordante et j’ai besoin de l’assouvir », déclare-t-il. « Mon côté obsessionnel me pousse à me donner à fond dans tout ce que je fais. Pour la danse, je voulais suivre tous les cours, apprendre tous les niveaux de subtilité, être traversé par les énergies que le corps pouvait dégager… »
Cependant, un problème physique l’oblige à arrêter la danse pendant deux ans. Il a alors 24 ans et trouve dans la musique une échappatoire et un moyen de ne pas sombrer. Guitariste depuis l’âge de 15 ans, le futur compositeur cherche à aller plus loin et acquiert des machines afin de composer et bricoler ses premiers morceaux… Quand il reprend la danse, arrêter la musique est inenvisageable. Après deux ans d’absence au plateau, devoir mettre de côté cette discipline devenue une passion se révèle un véritable déclic. « Mon rapport à la danse et celui à la musique est différent. J’ai déjà chorégraphié des projets, mais je n’ai jamais aspiré à devenir véritablement chorégraphe », explique-t-il. « Alors que dès que j’ai approfondi l’univers musical, c’était viscéral, j’ai voulu aller plus loin. » Il trouve alors la voie qui lui permet de s’exprimer et d’exprimer son imagination.
Olyphant, une musique pour l’imagination
Cette imagination débordante se traduit par la création d’environ 700 morceaux depuis le début de sa carrière – compositions personnelles, pour des pièces de danses et autres spectacles.
Du 26 au 28 décembre 2021, il éclairera la chapelle du conservatoire de Rennes, sise 30 rue Hoche, d’une de ses plus récentes créations, le conte musical Clarté. Dix ans après sa première invitation, pour le spectacle Olyphant (2011), le musicien revient dans le cadre des Tombées de la nuit pour une nouvelle envolée musicale en cette période de Noël. À l’instar du conte, le recueil de chansons, joué par un orchestre d’instruments à vent, se révélait une traversée atypique, caractéristique de la singularité de son travail.
Depuis, 10 ans ont passé et ce sont autant d’années qui ont forgé le projet Olyphant, devenu un véritable studio d’expérience musicale. Distillant une musique douce principalement instrumentale, David Monceau ne cesse de créer un son à son image, propice au réveil d’un imaginaire propre à chacun. La douceur de ses compositions se rapproche de l’ambient, style de musique électronique, dans sa qualité atmosphérique et visuelle. « Je suis très attaché à ce que la musique travaille dans son évocation. Encore plus que les harmonies, l’organisation rythmique et métronomique d’un projet, je m’intéresse aux timbres, ce qui fait les caractéristiques d’un son et la façon dont sont fabriqués les instruments », renseigne-t-il. « C’est autour de ces idées que je vais concevoir une mélodie. » Fan incontesté des bandes originales de film, David se nourrit de ces musiques qui parviennent à plonger le spectateur dans un monde parallèle, le temps d’une séance ou d’un spectacle. « Je suis un grand fan du compositeur italien Ennio Morricone », précise-t-il.
Intuitif et instinctif, David se laisse porter dans les élans émotifs que nous réserve la musique et guider dans ces expériences sensibles. Il sait pertinemment que cette approche, due à son expérience en tant que danseur, est singulière face aux autres musiciens. « Je fais partie des personnes qui débordent d’idées et travailler en collaboration me recentre et permet de moins m’éparpiller », confesse-t-il en pensant à Clarté, composé en collaboration avec l’arrangeur-compositeur David Euverte. « David a une culture musicale bien plus importante que la mienne, qui ai davantage une culture dramaturgique des spectacles, instinctive. Je suis un réel danseur qui fait de la musique. »
John Barry, Richard Hawley, dont il admire particulièrement la délicatesse, ou encore les débuts de Danny Elfman sont autant de références qui leur ont servi à l’émergence de la poésie de Clarté. « Le décalage dans Edward aux mains d’argent, entre une musique adaptable à un conte ou ballet de danse et un film plutôt contemporain avec un personnage principal, à certains égards, effrayant, crée la poésie. Je m’inspire de ce genre de procédé. », nous apprend-il.
L’idée n’était pas de concevoir des pièces acoustiques, mais de reprendre les éléments classiques d’un conte musical, avec un castelet, élément de décor de théâtre, et des personnages animés tels des marionnettes, en les modernisant. Notamment utilisé par Tchaïkovsky, le celesta évoque l’onirisme, les contes et la magie. Le teremin, instrument étrange et insaisissable, joue avec le mouvement et la guitare des années soixante apporte du caractère par un son brillant, mais pas agressif. Les synthétiseurs modernisent quant à eux l’ensemble. « J’ai travaillé à l’enregistrement de sons et de bruits particuliers pour qu’une rythmique plus organique se développe. » Entre le premier et le dernier, les instruments, de générations différentes, forment un composite éclectique de timbres qui créent un univers. « On a mis l’accent sur la brillance, sur le développement des structures. On est dans une musique proche d’une musique de films qui narrerait un road-movie. »
Clarté, « un hymne à la liberté »
Au moyen de plusieurs techniques (théâtre d’objet, vidéo) et partitions (voix, musique, lumière), le musicien rennais, accompagné par les claviers de David Euverte et la voix de Camille Kerdellant, plonge le spectateur dans la féerie de l’histoire de Clarté, petite ampoule qui a des rêves plein la tête et veut devenir une étoile. « Clarté parle autant aux adultes qu’aux enfants. Le compromis est délicat, mais le texte, par moment accessible, est truffé de petits clins d’œil à destination des adultes. Toute la fabrication participe à faire travailler l’imagination des spectateurs. » Ces clins d’œil s’expriment notamment par le biais de nombreux jeux de mots ou l’exploration de termes relatifs à l’univers spatial.
« Clarté va traverser des aventures et croiser des gens qui la contrediront, mais elle croit en ses rêves et ne s’avouera pas vaincue. » Pensé comme un hymne à la liberté, Clarté est également, à certains égards, autobiographique : elle se rend à l’école pour être éclairée avant de s’inscrire dans une école de danse, de croiser une voyante qui la guidera dans sa destinée… Et entre deux actions concrètes, la petite ampoule disparaît au profit de voyages plus abstraits, où toute place est laissée à l’imagination du public et à la lumière. « On a voulu tester plein de choses pour travailler la lumière, mais de manière abstraite : on réalise des travellings, on fait apparaître des points, des tâches ou on provoque des mouvements de lumière. »
La lumière se révèle aussi un moyen de retranscrire les émotions des personnages, tout comme les yeux. Après tout, pour une ampoule, l’important est de voir. « Lui mettre des yeux était indispensable. On a d’abord penser à une animation, mais Alexandre Boulic [conception scénographique, lumière et film, ndlr.] a trouvé l’idée des yeux en papier autocollant », raconte-t-il. « Ils sont identiques, on a seulement joué sur les tailles. Cette différence les rend très expressifs. »
La fragilité du support papier apporte volontairement un côté bricolage à l’atmosphère onirique. « On a voulu mettre l’accent sur le côté bricolage pour un résultat plus fragile, sensible. » De la même manière, David Euverte et David Monceau ne sont pas cachés du public. « On montre la fabrication et en même temps le spectacle. Montrer la manière dont on fabrique fait travailler l’imagination », conclut-il.
L’histoire de ce petit être qui rêve d’un avenir plus lumineux parlera à l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Et dans cette expérience sensitive et émotionnelle, entre dramaturgie et voyage abstrait, il pourra contempler les deux compagnons tirer les ficelles de cette fable initiatique, véritable rêve éveillé d’une heure.
DISTRIBUTION
David Monceau (conception et écriture des chansons), David Monceau et David Euverte (musique live), Alexandre Boulic (conception scénographique, lumière et film), David Monceau et Camille Kerdellant (dramaturgie et texte), Camille Kerdellant (voix off), May Monceau (graphisme des ampoules).
dimanche 26 décembre 2021 : 15:00 > 16:00, Chapelle du Conservatoire, Rennes
lundi 27 décembre 2021 : 15:00 > 16:00, Chapelle du Conservatoire, Rennes
lundi 27 décembre 2021 : 19:30 > 20:30 Chapelle du Conservatoire, Rennes
mardi 28 décembre 2021 : 15:00 > 16:00 Chapelle du Conservatoire, Rennes
mardi 28 décembre 2021 19:30 > 20:30 Chapelle du Conservatoire, Rennes
A lire également sur Unidivers.fr :
RENNES. FINIS TON ASSIETTE ! UN BANQUET DÉMOCRATIQUE AUX TOMBÉES DE LA NUIT
Rennes 2. Voyage musical extraordinaire avec le pianiste Melaine Dalibert le 17 octobre