Clickbait de Si Parmiggiani, et si rien n’était réel désormais ?

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Clickbait de Si Parmeggiani, traduit par Bénédicte Dazy, est paru aux éditions Jonglez le 5 septembre 2024. Dans une fusion d’images et de narration, l’auteur nous guide dans A visual journey through AI-generated stories, un « voyage au pays de l’intelligence artificielle ». Il cherche à susciter le trouble et questionner l’hyperréalisme des images générées. Réussi ? 

Depuis son apparition, l’intelligence artificielle réinvente la créativité et s’attire les foudres de graphistes et artistes angoissés d’être remplacés. On se souvient encore de la (fausse) controverse après que Jason Allen ait remporté en 2021 le prix de la catégorie arts numériques / photographie manipulée numériquement pour l’œuvre Théâtre d’Opéra Spatial, réalisée grâce à l’I. A. générative Midjourney. L’utilisation d’un tel logiciel est certes accessible à tous et toutes, certains étant en accès gratuit, les connaissances personnelles qu’on lui transmet font la différence quant à la qualité du résultat. Est-ce réellement une menace ou plutôt une opportunité pour les esprits créatifs ? La question de ce fameux remplacement trouve un début de réponse dans les pages de Clickbait de Si Parmiggiani.

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Clickbait signifie littéralement “piège à clics”. Le titre fait étrangement penser au fameux “titre putaclic”, stratégie très répandue dans les médias qui consiste à trouver un titre aguicheur pour inciter au clic. Quel est le « piège à clics » de Si Parmiggiani ? Comme son sous-titre l’indique, l’auteur nous invite à un « voyage au cœur de l’intelligence artificielle » par le biais d’un album photo conçu exclusivement à partir de l’IA. L’idée ingénieuse d’un tel ouvrage ne peut qu’attiser la curiosité. 

Dans Clickbait, chaque histoire naît dans une géographie différente, mais l’auteur joue avec les temporalités. Le lecteur parcourt des mondes parallèles, tantôt fantasmés, tantôt plus pragmatiques, souvent surréalistes. Il voyage dans les années 60 d’une Italie futuristico-kitsch et fait la connaissance de certains habitants d’Anchorage (Alaska), il est projeté à San Francisco en 2081, etc. Si quelques images sont troublantes de réalité, la majorité beaucoup moins malheureusement… Les images, trop lisses, manquent de relief et de caractère, de vie peut-être ? Les personnages sont plus proches des poupées de cire, que des êtres humains. Peut-être que l’auteur questionne-t-il justement cette perfection visuelle omniprésente dans notre société, autant dans la publicité que sur les réseaux sociaux ? Le manque de précision dans les détails, comme des mains pas abouties, montre néanmoins qu’il y a un bug dans cette matrice utopique. Est-ce volontaire ? Alors que l’on aimerait être à la recherche d’un élément qui trahirait l’artificialité de l’image, c’est le contraire qui arrive, on cherche ce qui pourrait faire croire à leur authenticité.  

Si Si Parmiggiani propose de jolis mondes irréels et révèle les possibilités créatives de l’intelligence artificielle, on regrette néanmoins qu’il ne dépasse pas ce stade. Nous ne doutons pas sur le fait qu’il s’agit d’images générées par I.A. Bien qu’intéressante, l’idée semble inaboutie et on se demande à qui s’adresse la publication. Les fans de photographie ? de science-fiction ? Les photographes professionnels ? Ces derniers seront rassurés quant à la capacité de l’IA à prendre leur place. Mais peut-être est-on passé à côté du réel intérêt de l’ouvrage. 

Si Parmiggiani, Clickbait, voyage au cœur de ‘lintelligence artificielle, éditions Jonglez, septembre 2024, 39€90

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