FINBARR O’REILLY LAURÉAT DU PRIX CARMIGNAC DU PHOTOJOURNALISME

Le 11e Prix Carmignac du photojournalisme, consacré à la République démocratique du Congo (RDC), a été attribué au photographe canado-britannique Finbarr O’Reilly. Le reportage de Finbarr O’Reilly a débuté en janvier, avant que la pandémie ne bouleverse nos vies et nos modes de fonctionnement. En raison de l’aggravation de la situation sanitaire internationale et de la fermeture progressive des frontières, Finbarr O’Reilly et l’équipe du Prix – en lien étroit avec les membres du jury et du pré-jury de la 11e édition – ont repensé leur mode opératoire et adapté le Prix et le reportage à la crise.

La Fondation Carmignac a donc l’honneur de présenter Congo in Conversation (Congo en conversation) de Finbarr O’Reilly, un reportage collaboratif en ligne qui, avec la coopération étroite de journalistes et photographes congolais (ou basés en RDC), traitera des défis humains, sociaux et écologiques que le Congo affronte aujourd’hui.

Enté sur un site Internet créé spécifiquement et relayé sur les réseaux sociaux, Congo en conversation sera un flux inédit d’écrits, de reportages photos et de vidéos. Mis régulièrement à jour, il permettra de découvrir comment la RDC endure cette nouvelle crise et s’adapte aux réalités qui façonnent désormais nos vies.

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Vendors at a street market in Goma, eastern Democratic Republic of Congo, April 25, 2020. Many Congolese survive on their daily earnings and cannot afford to follow health advisories on maintaining social distance.

Congo en conversation
La 11e édition du Prix Carmignac du photojournalisme se propose d’explorer avec un optimisme prudent l’avenir de la République démocratique du Congo, en documentant les dures réalités qui freinent l’essor d’un pays exploité depuis des génÉrations. Avec la pandémie de coronavirus, le projet se focalise sur la manière dont les Congolais affrontent cette crise sanitaire mondiale alors que le pays émerge à peine d’une épidémie dévastatrice d’Ebola et de la pire flambée de rougeole au monde. Les hôpitaux américains et les villages italiens constituent aujourd’hui la ligne de front de la pandémie mondiale, mais les épidémiologistes et autres experts en santé publique prévoient que le coronavirus va se propager dangereusement au sud et submerger des nations en développement, déjà accablées par des systèmes de santé défaillants, des gouvernements fragiles et des populations appauvries pour lesquelles la distanciation sociale est pratiquement impossible.

CONGO CORONAVIRUS
A member of the COVID-19 response wears protective equipment at the entrance to a building in the Gombe commune of Congo’s Capital, Kinshasa, in mid-March, 2020. The responders were at the main entrance of the building to raise awareness among apartment residents about social distancing and to take the temperature of anyone entering or leaving the building, where there are around 75 families and offices. Justin Mukangara/Fondation Carmignac

Le Prix Carmignac offre à des voix congolaises une tribune pour contribuer à la conversation mondiale. Cette pandémie est déjà en train de confronter les nations les plus pauvres du monde au plus grand défi économique depuis des décennies. Près de la moitié des emplois en Afrique pourraient être perdus, selon l’ONU, et les citoyens vivant sous des régimes faibles ou répressifs courent le risque majeur d’être exclus de la course mondiale aux médicaments et aux respirateurs. Un autre virus – celui de la rougeole – ravage déjà la RDC. Depuis janvier 2019, plus de 6 500 enfants en sont morts et 335 000 autres ont été infectés, selon les dernières données de l’OMS. Le tout dans un pays toujours en guerre avec lui-même, où des dizaines de groupes armés s’affrontent régulièrement dans les provinces de l’Est et où, ces derniers mois, d’obscures milices ont massacré des centaines de civils.

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Vendors and shoppers at Kituku market on the shores of Lake Kivu in Goma, eastern Democratic Republic of Congo, April 2, 2020. Many Congolese survive on their daily earnings and cannot afford to follow health advisories on maintaining social distance.

La RDC a cependant un avantage. Ayant affronté ces dix-huit derniers mois l’une des pires épidémies d’Ebola, avec 3 453 cas et 2 273 morts, le pays a des outils pour répondre à une nouvelle flambée virale. Cette crise montre que les respon- sables congolais suivent de près les recommandations de l’OMS et une réponse rapide est cruciale pour endiguer le virus.

Le 24 mars, le président Félix Tshisekedi a déclaré l’état d’urgence natio- nale et fermé les frontières pour limiter les infections. Déjà habitué aux mesures de prévention contre les infections virales, le pays a maintenu des pratiques essentielles d’hygiène publique: contrôle généralisé de la température, mise en place de stations de lavage des mains aux points d’entrée, installation de lavabos dans les lieux publics (marchés, centres de santé, etc.), distribution de savons et de produits détergents, et une campagne de sensibilisation aux risques de contamination à base d’affiches, de dépliants, de spots radio et via les réseaux communautaires.

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It is Sunday, April 05 at 9:05 pm. Gombe is preparing for its 14-day lockdown. The grocery stores and shops are already closed and this part of the busy city is empty of its regulars. Gombe is the administrative centre of Kinshasa, considered the epicenter of the Covid-19 pandemic affecting DR Congo. To date, records show that Gombe has more than 70 percent of cases in the national territory. Currently there are approximately 377 infected people in DR Congo.

La majeure partie du pays est confinée, mais des millions de Congolais dépendent de l’économie informelle et vivent en marge, avec peu ou pas de protection sociale. Vendeurs de rue, commerçants et conducteurs de motos taxis survivent au jour le jour et disposent rarement de biens ou d’épargne. Beaucoup n’ont ni eau cou- rante ni électricité, que le gouvernement a pourtant promis de fournir pendant la pandémie. Et le principe de distanciation sociale est encore impossible à respecter alors que beaucoup de Congolais vivent dans des chambres ou des quartiers surpeuplés.

Avec un réseau de journalistes et contributeurs travaillant dans le respect de l’éthique et des standards journalistiques professionnels, le projet «Congo en conversation» du Prix Carmignac a pour vocation de documenter les atteintes aux droits humains et à l’environnement en offrant des analyses inédites, des instantanés de la vie et des luttes quotidiennes dans cet immense pays au moment où il affronte une crise sanitaire sans précédent.

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Red Cross burial and mourners attend the burial of an 11-month old girl who died in the town of Rutshuru in North Kivu province during the Ebola outbreak, February 2020. Finbarr O’Reilly

CONTRIBUTEURS

Arlette Bashizi est une photographe indépendante basée à Goma qui couvre la musique, la culture et la vie quotidienne. Elle est membre du @collectifgomaoeil et du Réseau des femmes photographes du Congo.

Justin Makangara est un photojournaliste et blogueur indépendant basé à Kinshasa. A travers ses reportages, il se concentre sur des sujets peu médiatisés tels que la justice, la politique, la musique et la vie quotidienne. Il est membre de la Fédération Africaine sur l’Art Photographique et boursier de la VII academy.

Al-Hadji Kudra Maliro est un journaliste et caméraman indépendant basé à Beni qui couvre le conflit, l’épidémie d’Ebola et l’actualité locale. Il est le correspondant pour l’Est du Congo de l’Associated Press.

Baron Nkoy est un journaliste basé à Kinshasa, réalisateur de films documentaires. Son travail explore la pauvreté dans les communautés locales et les efforts déployés pour provoquer des changements positifs. Il est membre de la Fédération internationale des journalistes agricoles et de l’Union nationale de la presse congolaise.

Moses Sawasawa est un photographe indépendant basé à Goma, qui couvre les questions humanitaires, la culture, la santé et la vie quotidienne. Il est le cofondateur de @collectifgomaoeil, qui promeut une représentation positive du Congo.

Pamela Tulizo est une artiste et photographe documentaire basée à Goma. Son travail se concentre sur les questions sociales et l’image des femmes dans son pays. Motivée et inspirée par son histoire personnelle – sa famille et sa communauté ne l’ont jamais acceptée en tant que photographe, censément un métier d’homme. Elle réside actuellement à Bruxelles en attendant que les frontières de la RDC s’ouvrent à nouveau. Elle collabore également à l’Agence France Presse.

Ley Uwera est une photojournaliste indépendante basée à Goma et correspondante de la BBC en République Démocratique du Congo. Elle est titulaire d’un diplôme de journalisme de l’Université de Cepromad. Elle réalise des reportages sur les conflits et documente l’évolution sociale et culturelle de la partie orientale du continent Africain, avec un intérêt particulier pour le Congo. Ley est contributrice d’Everyday Africa et est membre de la Fondation Internationale des Femmes dans les Médias.

Bernadette Vivuya est une journaliste-réalisatrice basée à Goma, dans l’Est de la RDC. Elle travaille sur les questions de droits humains, d’environnement, d’exploitation des matières premières, et porte un intérêt tout particulier pour les sujets qui témoignent de la résilience de la population de cette région touchée par de nombreux conflits.

Steve Wembi est un journaliste d’investigation basé à Kinshasa qui a travaillé comme correspondant pour le New York Times, Al Jazeera et Xinhua. Il est titulaire d’un diplôme en criminologie de l’Institut d’Etudes sur la Justice Pénale du Kenya.

Finbarr O’Reilly
Finbarr O’Reilly

Biographie de Finbarr O’Reilly

Finbarr O’Reilly, photographe indépendant et journaliste multimédia, est l’auteur d’un récit de souvenirs paru chez Penguin Random House en 2017, Shooting Ghosts, A U.S. Marine, a Combat Photographer, andTheir Journey Back from War (La chasse aux fantômes, retour du front d’un Marine et d’un photographe de guerre). Choisi pour réaliser les images de l’exposition « Crossroads Ethiopia » autour du prix Nobel de la paix 2019 Abiy Ahmed Ali, il est fréquemment publié dans le New York Times et son travail lui a valu de nombreuses récompenses professionnelles, dont le premier prix dans la catégorie Portraits au World Press Photo Awards en 2019. Il a également été lauréat du World Press Photo of theYear en 2006 . Finbarr O’Reilly a vécu douze ans en Afrique occidentale et centrale et couvert vingt ans de conflits en République démocratique du Congo, au Tchad, au Soudan, en Afghanistan, en Libye et à Gaza. Titulaire de bourses des universités de Harvard,Yale et Columbia, il est administra- teur d’ACOS Alliance, regroupement d’organisations de presse dédié à la protection des journalistes indépendants et locaux dans le monde. Il retourne régulièrement en RDC et au Rwanda, où il a habité entre 2001 et 2004. En 2019, il a passé des mois à documenter de l’intérieur la deuxième plus grande épidémie d’Ebola et à réaliser

Ebola in Congo pour la chaîne PBS. Le documentaire montre des agents de santé risquant leur vie pour combattre le virus dans une région dévastée par des décennies de conflits. Finbarr O’Reilly, installé à Dublin, est l’un des grands témoins de Under Fire: Journalists in Combat (Sous le feu : des journalistes au combat), documentaire sur les dommages psychologiques du reportage de guerre, sélectionné pour les Oscars 2012 et lauréat d’un Peabody Award en 2013.

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