La 17e édition du festival Court Métrange réserve une nouvelle fois de belles surprises cinématographiques. Parmi elles, en partenariat avec l’association Comptoir du doc, la diffusion du documentaire Liberami de l’anthropologue et réalisatrice Federica di Giacomo. Projeté dimanche 26 septembre au cinéma Arvor, à 18h, le documentaire vous emporte en Sicile où le père Cataldo pourchasse l’esprit malin sur Terre, parce que oui, tout n’est pas que fiction dans la vie…
Parallèlement à la compétition internationale dévorée goulûment par les festivaliers chaque année, le festival Court Métrange propose, depuis 2018, une programmation de longs métranges, des classiques du cinéma. On se souvient notamment de l’esthétique divinement horrifique de Suspiria de Dario Argento (1976) en 2018 ou de la poésie cinématographique de Ghost Story de David Lowery en 2019 (2017).
L’édition 2021 ne déroge pas à la règle et en cette rentrée, une nouveauté se faufile même dans leur diabolique programme. Aux côtés des films La Main du diable de Maurice Tourneur (1943) et de L’Exorciste de William Friedkin (1974), le documentaire Liberami de Federica Di Giacomo s’invitera dans la salle obscure du cinéma Arvor, dimanche 26 septembre.
Après un premier partenariat en 2019 avec la programmation « Revers, Comptoir du doc invite… », les associations Unis vers 7 arrivé et Comptoir du doc récidivent dans la collaboration pour une séance étrange et inquiétante. D’autant plus que l’heure ne sera pas à la fiction, mais bien au réel… « Pour Revers, j’avais proposé à Court Métrange de sélectionner deux courts-métrages pour une séance qui alliait documentaire et fiction, autour d’une même thématique », déclare Pierre Commault, chargé de programmation.
De cette invitation, était née la séance hybrique « T’as l’air bizarre ? », une projection autour de personnes en dehors des normes dites conventionnelles : le documentaire d’animation Folie douce folie dure de Marine Laclotte (2017), le court-métrage fantastique Le jour où Maman est devenue un monstre de Joséphine Hopkins (2017) et le documentaire L’Ordre de Jean-Daniel Pollet (1974).
En réponse à cette première sollicitation, Court Métrange convoque pour sa 17e édition l’esprit maléfique qui se terre à Comptoir du doc pour une soirée sous de diaboliques hospices… « J’ai toujours trouvé intéressant de documenter le surnaturel. Ce genre de sujet oblige les cinéastes à trouver des dispositifs, car ce type de sujet ne peut pas être filmé facilement, ce n’est pas une chose donnée, visible. Ils doivent créer une ambiance, faire comprendre que quelque chose de surnaturel se passe », déclare Pierre Commault.
À l’instar de ce qui était proposé avec Revers, les deux associations cherchent à croiser les publics, notamment le public de la fiction, majoritaire face à celui du documentaire. « Cette programmation permet d’amener des personnes plus habituées à la fiction vers le format documentaire afin de leur montrer que le docu n’est pas forcément l’image reçue du documentaire télé, peut-être un peu plan-plan… On peut aussi trouver des images, des scènes fortes dans ce format-là. Et inversement pour le public du film documentaire. »
Récompensé par le prix Orizzonti du meilleur film à la 73e édition de la Mostra de Venise, le documentaire italo-français Liberami de l’anthropologue Federica di Giacomo (2016) suit le quotidien du père Cataldo, prêtre spécialisé dans la pratique de l’exorcisme.
Sera abordée la possession, un des thèmes privilégiés du cinéma d’épouvante, réalisé bon an mal an, selon les productions… Un choix judicieux puisqu’il donnera le pendant documentaire du célèbre film de William Friedkin, L’Exorciste, diffusé samedi 25 septembre à 21 h. « J’ai été surpris de voir à quel point les souvenirs que j’avais du film ressemblaient à ce qui était montré dans le documentaire : des images fortes dans lesquelles des personnes calmes se transforment complètement. Des femmes possédées prennent une voix rauque, totalement étrangère, et se mettent à insulter et blasphémer, et qui sont prises de convulsions », précise le chargé de programmation.
Le côté hollywoodien de Friedkin se confrontera ainsi à la routine du prêtre. Peut-être moins spectaculaire, mais tout aussi fort. Face à des scènes impressionnantes par leur véracité, le documentaire pousse les esprits les plus cartésiens à s’interroger. Que vous soyez croyants ou non, il questionnera votre conscience sur l’existence des forces occultes dans notre bas monde. « Peut-être est-ce de l’autosuggestion, une croyance issue de la religion ou une forme de désordre mental qui se manifeste à ce moment-là… mais on sent que quelques se passe. »
La foi et les rites religieux rencontrent le monde moderne et social. Au-delà de l’exorcisme, Federica Di Giacomo, anthropologue de formation, s’intéresse à la société sicilienne et au rapport que cette dernière entretient avec son prêtre. « Toute la violence de la société sicilienne transparaît dans le documentaire », précise Pierre. « Le père d’une fille possédée demande par exemple si c’est la faute de son travail, mais on ne sait pas vraiment quel travail il fait, juste qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis. On sent des rapports sociaux difficiles, le documentaire révèle beaucoup de la manière de vivre d’une communauté. » Sans trop en dire, la fin de Liberami peut également se lire comme une ouverture vers L’Exorciste, projeté la veille au cinéma Arvor…
Exorciste, mais également guide et parfois même psychologue, le père Cataldo donne une nouvelle dimension à la représentation du personnage de l’exorciste. Loin d’être d’un super héros, warrior qui combat le mal, le religieux, relativement âgé, ressemble à celui que l’on peut croiser dans notre ville. Il dégage néanmoins une prestance impressionnante, lors des messes d’exorcisme par exemple. « On sent qu’ils ont une grande influence, des personnes d’horizons très différents viennent leur demander conseil. Ils sont un peu considérés comme les bergers de la communauté. »
Cet aspect anthropologique se traduit notamment par une neutralité dans la manière de filmer, et par l’absence de voix off. La réalisatrice suit simplement plusieurs personnages et laisse le spectateur observer, sans donner d’avis… À vous de vous faire le vôtre.
Liberami de Federica di Giacomo (1h29), dimanche 26 septembre 2021, à 18 h, festival Court Métrange, en partenariat avec le Comptoir du Doc.
Une discussion et buffet sont prévus à la suite de la projection
INFOS PRATIQUES :
Cinéma Arvor
11 rue de Chatillon
35000 Rennes
TARIFS
Normal : 9,20€
Senior – À partir de 65 ans : 7,90€
Famille nombreuse, Cezam et Club Handistar : 7,90€
(sur présentation d’un justificatif)
Demandeur d’emploi : 7,00€
(sur présentation d’un justificatif de moins de 3 mois)
Étudiants, Lycéens, Collègiens : 6,90€
(sur présentation d’un justificatif de l’année en cours)
Enfants – 14 ans : 4,50€
Carte Sortir : 5,50€ (3,50€ pour le titulaire de la carte)
Carte Sortir Enfants – 14 ans : 4,50€ (3,00€ pour le titulaire de la carte)
– L’accueil billetterie est ouvert tous les jours de 13h30 à 21h00.
– Règlements acceptés : Cartes Bancaires, espèces, chèques.
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