Dans le cadre de la 12e édition du festival Court Métrange a eu lieu à Rennes, vendredi 2 octobre 2015, une nuit blanche consacrée au cinéma fantastique. Pour la quatrième année consécutive, les nyctalopes et autres créatures de la nuit rennaise sont venus nombreux frissonner dans la fauve moiteur du Cinéville…

Pour cette quatrième édition, les organisateurs ont fourni une programmation de qualité, qui plus est, très cohérente par rapport à l’ambiance créée. Si les entractes nous rapportent un écho légèrement déçu, les gens semblent tout de même ravis. Un habitué de l’événement regrette cependant que le FIST – Films Insolites et Séances Trash – n’organise plus la soirée. On y perdrait en gore mais aussi en amusement. L’intérêt de cette nuit demeure : partager ensemble une soirée cinématographique hors-norme. Règne dans cette foule, plutôt composée de jeunes aficionados du fantastique, une atmosphère détendue. Quelques personnes sont déguisées.
Il faut bien dire que le premier film projeté, L’Échine du diable de Guillermo Del Toro, est un excellent choix de la part des organisateurs de la soirée. On retrouve, plus encore que dans Le Labyrinthe de Pan, un fantastique poussé à l’extrême. Le glissement ne fera jamais qu’affleurer dans un univers, non seulement réel, mais aussi très réaliste. Le contexte est directement celui du franquisme. Guillermo del Toro semble originer l’intrusion fantastique dans le traumatisme des enfants confrontés et à la guerre et à leurs imaginations angoissées. Visionner ce film revient à réfléchir à ce qu’est véritablement le fantastique, par exemple, à ce qu’il peut nous dire de l’Histoire. En cela, le mettre en début de séance revenait à introduire l’événement et à montrer, surtout, que le fantastique ne se résume pas à la noirceur, aux corbeaux, ou à quelques vagues clichés encore nettement répandus.

La deuxième partie de la soirée, ponctuée par les interventions réjouissantes des organisateurs, venus faire gagner places de cinéma, pass Court Métrange et autres cadeaux, fut consacrée à une sélection de plusieurs courts métrages, d’une qualité assez inégale. À noter le baroque et décalé Notre Dame des Hormones du cinéaste indépendant Bertrand Mandico, ou à l’inverse, d’une esthétique toute en sobriété et minimalisme, le superbe film de Fredrik S. Hana, Autumn Harvest. De manière globale, la sélection, pour le moins décevante, ne brillait ni dans la forme – effets grossiers, exagérés, inauthenticité quasiment systématique – ni dans le contenu, simplement inexistant. On peut s’amuser de L’Ours noir, film d’horreur parodié et vaguement polémique, mais pour autant songer qu’il existe des courts métrages, qui plus est fantastiques, autrement plus intéressants.

