Tout l’été, l’Office de Tourisme de Rennes propose des visites originales afin de découvrir (ou redécouvrir pour certains) les histoires qui se cachent derrière le patrimoine rennais. Quatrième volet de cette série estivale : l’ancien couvent du Bon-Pasteur, rue Jean-Baptiste Martenot.
Au cours des siècles, Rennes a vu s’installer, se développer et disparaître de nombreuses communautés d’ecclésiastiques qui ont participé à sa démographie et son activité. Au début de la Révolution, elle comprend vingt-quatre couvents et le clergé représente un tiers de la ville. Les bâtiments édifiés par ces communautés ont très souvent été affectés à des services municipaux et autres organismes publics. C’est le cas du Conseil Régional de Bretagne, aujourd’hui installé dans l’ancien couvent du Bon-Pasteur, au 5 rue Jean-Baptiste Martenot.
Le couvent, construit en 1749, s’installe dans un quartier vivant et plutôt politisé. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, cette partie de la ville était très prisée par les parlementaires rennais. Elle devient également un lieu de la « haute » au XVIIe siècle, et s’impose comme un endroit où se montrer.
Le terrain est acheté par une certaine Jeanne Dutemple en 1718. Son but : installer un couvent afin d’y accueillir les femmes repenties, prêtes à se laver de leurs péchés. En 1749, un bâtiment est édifié face à la promenade de la Motte, qui regroupe de part et d’autre de l’entrée : à gauche la chapelle et le chœur des religieuses, à droite un grand réfectoire, surmonté d’un atelier et d’un dortoir situés aux étages. Une aile construite en 1770 et aujourd’hui disparue abritait un lavoir et une cuisine pour l’infirmerie située au premier étage et un dortoir pour les pénitentes, au deuxième étage. Un dortoir situé côté jardin, pour éviter toute tentation à ces femmes venues se repentir.
Durant la Révolution, ce couvent deviendra une prison pour femmes, « logeant » les présumées antirévolutionnaires. Des citoyennes, mais aussi des aristocrates et personnalités féminines de l’époque, comme la sœur de Châteaubriand ou Madame de Lanjuinais, y seront enfermées. À partir de 1821 et jusqu’en 1956, les locaux sont utilisés comme caserne, avec l’installation du conseil de guerre de l’ancienne chapelle, et d’une prison militaire avant d’être acquis par le Conseil Général de Bretagne en 1981.
À l’intérieur, salles de réunion et bureaux ont remplacé dortoirs et réfectoire. Il faut sortir dans les jardins de l’ancien couvent pour retrouver un rappel au passé religieux des lieux. Voisin du jardin du Thabor, les feuillages de l’ex-couvent laissent entrevoir le haut de l’église Saint Melaine, située à une petite centaine de mètres.
Le passage dans les jardins laisse penser à une frise chronologique, où défilent les époques. En contrebas, l’hôtel de Courcy construit en 1830 par Louis Richelot, alors architecte de la ville de Rennes, nous ramène au XIXe siècle. Cet hôtel aura vu passer quelques prestigieuses figures rennaises, comme Jobbé-Duval ou Odorico, qui ont œuvré lors des transformations faites par la famille de La Goublaye de Nantois en 1885. Restauré après son acquisition par le Conseil Régional en 1983, il accueille aujourd’hui ses séances plénières.
La visite se termine sur une note sereine et moderne, avec ce mur d’eau réalisé en 1984 par l’artiste hongroise Marta Pan. Elle qui voulait créer une « enclave de paix et de silence » n’aura qu’à moitié réussi son pari. Car si la réalisation laisse de marbre tout en générant un instant de sérénité, ce moment est bien vite troublé par le bruit des voitures fonçant en direction de la rue de Paris. Bien loin de la solitude et du silence sacré des couvents…