Curiosités patrimoniales de Bretagne, une aventure en 19 itinéraires

Curiosités patrimoniales en Bretagne est une invitation à (re)découvrir la richesse du patrimoine breton, reconnu et méconnu, à travers 19 circuits qui parcourent les quatre coins de la région. Les textes de l’historienne de l’art Dominique Irvoas-Dantec, accompagnés des photographies de Bruno Colliot, livrent une plongée dans l’identité bretonne, du néolithique à nos jours.

Avouons-le, ce ne serait pas chauvin de déclarer que la Bretagne est une des régions où le patrimoine est le plus riche et le plus dense. « Son authenticité est remarquable, comme en témoigne le nombre de ses monuments historiques, en particulier en milieu rural. Chaque chapelle, chaque site est animé par une association, qui sait convaincre les élus de l’importance de le restaurer », avait d’ailleurs souligné Henry Masson, conservateur régional des monuments historiques de 2005 à 2021. Cette affirmation se confirme dans ce bel ouvrage dirigé par l’historienne d’art Dominique Irvoas-Dantec et illustré des photographies de Bruno Colliot.

Jeunes publics : la base de sous-marins de Keroman, bloc K3 Lorient

Facteur d’identité, le patrimoine culturel est la trace, la mémoire d’un temps passé qui fascine plus d’une personne. Il représente l’héritage des anciennes générations que les actuelles se doivent de conserver et de transmettre à celles qui sont futures. Chaque bien mentionné dans le livre se révèle une porte d’entrée qui permet de côtoyer les sociétés anciennes, d’apercevoir la vie telle qu’elle était et de constater des évolutions.

En 19 itinéraires, le présent ouvrage met en avant l’enjeu et l’importance des restaurations en traversant un patrimoine parfois méconnu. Un patrimoine naturel, paysager, bâti, ses décors, ses déclinaisons civiles, défensives, religieuses, maritimes ou intérieures, industrielles. L’âme de la Bretagne est ainsi livrée.

« En un temps où le grand songe informe que poursuit l’humanité prend parfois des formes sinistres, il est sage que nous en maintenions les formes les plus hautes. »

André Malraux, 14 décembre 1961

Le premier circuit proposé par l’historienne de l’art commence entre Normandie et Bretagne, dans la baie du Mont-Michel, la « Chéops de l’Occident » pour reprendre les mots de Victor Hugo. Au fil des pages, le lecteur constatera de ses propres yeux la beauté du patrimoine qui nous entoure, beaucoup de lieux énoncés étant classés aux Monuments historiques. Églises, chapelles, châteaux, phares, petites cités de caractère ou parcs naturels, chaque site témoigne de la richesse qui habite les horizons bretons et met au jour des métiers artisanaux tels le travail du bois dans le circuit « Du Fort la Latte à Saint-Brieuc ». L‘hôtel des Ducs de Bretagne ou la Maison du Chapeau rouge, au 15 rue Fardel à Saint-Brieuc, est une ancienne auberge datant de 1572. Ses colombages sculptés sont habillés d’ornements végétaux, de têtes de lions et reîtres casqués, oves et godrons.

  • Enclos paroissial Guimilliau
  • Enclos paroissial Guimilliau
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Citons également le parcours « De la baie de Morlaix à Plounéour-Menez ». Cette plongée dans l’architecture bretonne au temps de la Renaissance française reflète parfaitement la maîtrise du travail de la pierre. Outre ses maisons en pierre, l’enclos paroissial de Guimiliau est l’un des ensembles liturgiques les plus extraordinaires de Bretagne. On entre dans l’église Saint-Miliau, qui mêle éléments gothiques et vocabulaire Renaissance, par le porche des apôtres en kersanton (roche magmatique filonienne). Ce dernier est réalisé par deux sculpteurs : le Maître de Plougastel entre 1606 et 1617, puis Roland Doré. Impressionnant dans sa composition, le calvaire, parmi les plus grands de la région, et son autel sont quant à eux détonants de par le mouvement endiablé de ses deux cents personnages dont nous ignorons le nom de leurs créateurs. L’enclos paroissial est aussi reconnaissable à son arc triomphal, sa tour et son ossuaire d’attache.

Des lieux bien connus des Bretons côtoient des surprises et des curiosités patrimoniales du néolithique, à l’image du dolmen de la Roche aux fées à Essé, à nos jours. Dans « De Fougères à Chateaubriand », retrouvez par exemple le château de Fougères, « plus grande forteresse médiévale d’Europe dans cet état de conservation ». Imposant par sa monumentalité, elle est aux côtés de la seule maison à porche conservée, actuel musée du peintre impressionniste Emmanuel de la Villéon (1856-1944).

Entre deux bâtisses contemporaines blanches, l’ancien relais de la diligence en pierre de taille et son porche, aux 14-16 rue Bisson à Guemené-sur-Scorff (Morbihan) interpelle le passant et donne du caractère à la ville.

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  • Domaine de trevarez
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Le circuit « De Carhaix-Plouguer à Châteauneuf-du-Faou » commence quant à lui par une photographie du domaine du château de Trévarez (fin XIXe siècle), reconnaissable par sa brique rouge et son style tant victorien que néogothique avant de faire arrêt à la chapelle de Notre Dame-du-Crann. L’extérieur est charmant, semblable par certains aspects à une petite chaumière dans les bois, et l’intérieur réserve une belle surprise. La chapelle abrite un ensemble de huit vitraux, conçu entre 1546 et 1550 et considéré comme l’un des plus anciens et des plus beaux de Bretagne et au Monument Historique depuis 1902. Est racontée la vie de Jésus, de la Vierge et de quelques saints. Réunissant le travail de différents ateliers bretons, cet ensemble fut pour nos ancêtres qui ne savaient pas lire un véritable catéchisme en images.

Le reportage photographique de Bruno Colliot et Dominique Irvoas-Dantec ne se limite pas aux siècles passés et lointains, le XXe siècle ayant aussi son lot de biens patrimoniaux, militaires ou défensifs, notamment dans le Finistère dont on connaît l’impact de l’Histoire sur ses grandes villes. Sur la base de Keroman, six hectares sur 25 sont des bunkers de l’organisation Todt (1941-1944), décidée par l’amiral Doenitz pour accueillir les sous-marins allemands.

Jeunes publics : la base de sous-marins de Keroman, bloc K3 Lorient

Et la capitale bretonne dans tout cela ? Sa grande richesse patrimoniale n’est pas un secret, la population rennaise a le plaisir de la contempler en allant au marché des Lices le samedi (les portes Mordelaises) ou en se promenant dans le centre-ville (mosaïques Odorico). En logeant la rue du Chapitre dans le centre historique, les bâtisses à colombage offrent la possibilité de découvrir un pan de bois du XVe siècle côtoie une façade du XVIIIe siècle. Force de constater que la curiosité d’un lieu ne se définit pas toujours par sa beauté (bien qu’elle soit subjective). La gare de Rennes, critiquée par nombre de Rennais, est reconnaissable par sa toiture transparente légère et innovante aux allures (particulièrement une fois illuminée) de toboggans des plus grands parcs aquatiques…

portes mordelaises rennes

Curiosités patrimoniales de Bretagne ne se veut pas exhaustif, les tours ne prenant pas en compte le patrimoine immatériel, mais l’ouvrage n’en demeure une incitation réussie à découvrir un monde ancien et moderne, témoin de l’histoire de la région, avec des textes courts qui incite à aller voir de notre propre chef les lieux qui nous intéressent le plus.

Curiosités patrimoniales de Bretagne de Dominique Irvoas-Dantec, photographies de Bruno Colliot, éditions Ouest-France, 224 pages. Parution : 16 septembre 2022.

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