Anthropologue et sociologue français, David le Breton est professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg et membre de l’Institut universitaire de France. Il est l’auteur, notamment de L’Adieu au corps, Anthropologie de la douleur, Du Silence, La Saveur du monde et d’un roman noir, Mort sur la route. Il revient avec une anthropologie des voix qui sonne bel et bien.
Un ouvrage curieux écrit par un anthropologue qui ne l’est pas moins. Sa connaissance et sa fascination du corps humain l’ont conduit à aborder la voix avec une finesse… inouïe.
Et pourtant, la chose n’était pas facile : c’est quoi la voix ? Définir, son lieu d’habitation, savoir qui du corps ou du langage est son terrain d’épanouissement. Du côté du langage, l’auteur interroge la signification ; du côté du corps, la sensation de perception.
La frontière est ténue. L’humain existe au sens propre grâce à la parole. Un balayage historique intervient alors comme un guide pour comprendre les tenants et les aboutissants du sujet.
En outre, chaque communauté est marquée par une propre voix qui est fonction de la sonorité de sa langue. L’une sera douce, l’autre plus sauvage, l’une défensive, l’autre attaquante, etc. Et que dire des circonstances sociales ou émotionnelles dans lesquelles on utilise et module sa propre voix ?
Si on s’arrête à Rousseau, le lecteur sera invité à se souvenir d’une voix universelle que connaîtraient tous les enfants du monde avant même de savoir émettre le moindre son. Mais ceci était un autre pan, voire une autre question, de cette étude.
Et puis, il y a le silence. Le silence du souffle, de l’aspiration, de l’expiration, du vide. Et ce silence que seuls connaissent les sourds.
Une façon instructive et originale de s’interroger sur notre rapport au monde, en termes de sociabilité, d’échanges, de transmission, d’apprentissage, notamment. Éclats de voix est un beau chant.