Regarder la guerre dans les yeux, c’est ce que propose le nouveau centre culturel Les Franciscaines de Deauville dans le Calvados. Jusqu’au mardi 15 octobre 2024, Robert Capa (1913-1954), connu comme étant le plus grand photographe de guerre du monde, y révèle toute la richesse de son œuvre, bien au-delà des champs de bataille…
Philippe Augier, le maire de Deauville et la municipalité ont fait le choix, en partenariat avec Michel Lefebvre le commissaire de l’exposition, d’exposer les oeuvres du photographe Robert Capa pour deux motivations : d’abord pour célébrer le 80 e anniversaire du débarquement et de la libération et ensuite parce que le grand photographe était venu en 1951 photographier un été à Deauville pour le magazine Holiday
Cette exposition, intitulée Icônes est constituée d’environ 150 documents d’époque : des tirages originaux, des journaux, des et livres, des objets personnels tels ses appareils de marque Leica, sa machine à écrire, son permis de conduire, etc. Tous ces témoignages proviennent principalement des archives de Magnum et de la collection Golda Darty, rassemblés par ses dirigeants Steven Darty et Jean Sarkozy (le fils de l’ancien président de la république Nicolas Sarkozy).
L’objectif de cette exposition est de permettre aux visiteurs de comprendre l’univers du photographe et de l’expliquer ; les clichés sont publiés dans leur intégralité, y compris avec leur dos, pour une meilleure compréhension du lieu et de la situation. La rétrospective du travail de Robert Capa, qui a couvert les grands événements survenus durant son vivant, est complète avec notamment les cinq plus grands conflits du XX e siècle : la guerre civile espagnole ; la Chine ; la Seconde Guerre mondiale ; Israël ; l’Indochine ; et aussi le Front populaire en France…
Outre les photographies de guerre, Robert Capa maniait aussi la photographie de couleurs. Amoureux de la vie, il a réalisé des portraits attachants, des clichés de mode, de tournage de cinéma et de voyage : à Deauville ; à Biarritz dans les Alpes ; à Budapest capitale de la Hongrie…
Robert Capa est aussi à l’origine du photojournaliste moderne. Pendant longtemps, il est obsédé et volontaire par l’idée de défendre le travail des reporters photographes, par vendre leurs photos directement aux journaux, conserver leurs tirages et leurs négatifs et contrôler les légendes qui accompagnent leurs clichés : ce projet aboutit en 1947, avec la création de l’agence Magnum, qu’il fonde à New-York à l’image d’une coopérative avec d’autres grands photographes et journalistes du monde : David Seymour, Henri Cartier-Bresson, George Rodger, William Vandivert, etc…
Portrait
Robert Capa est né avec sa véritable identité Endre Friedmann, le 22 octobre 1913 à Budapest en Hongrie au sein d’une famille bourgeoise propriétaire d’une maison de couture. (Il ne deviendra Robert Capa qu’en 1936). En 1931, alors âgé de 17 ans, il est contraint par le régime autoritaire de son pays de quitter sa ville natale car il fréquente les milieux communistes révolutionnaires : il s’exile à Berlin en Allemagne pour étudier à la Deutsche Hochschule für Politik Est car il souhaite devenir journaliste. Il occupe d’abord le poste d’apprenti développeur dans une agence photographique, puis travaille comme assistant et réalise des reportages pour un quotidien à Berlin. En 1932, il est envoyé à Copenhague pour photographier le révolutionnaire Léon Trotski en exil. Hélas, Hongrois et de confession juive, il doit à nouveau fuir et quitter l’Allemagne en raison de la montée du nazisme et de l’arrivée d’Adolf Hitler. Il s’installe à Paris dans des conditions matérielles difficiles à l’automne 1934. C’est à ce moment-là qu’il fait la connaissance du photographe Henri Cartier-Bresson et d’autres juifs immigrés comme lui : David Seymour et Pierre Gassmann. Il rencontre aussi Gerda Taro, une jeune immigrée allemande. Elle devient la compagne et la collaboratrice de Endre (André) Friedmann, qui publie un reportage sur la Sarre. Il obtient sa première carte de presse et travaille pour différentes agences dont Alliance-Photo. Il réalise des reportages sur les cérémonies religieuses de Lisieux et les élections municipales en banlieue parisienne.
En 1935, André Friedmann effectue un premier séjour en Espagne pour une série de reportages sportifs. Il s’engage dans les forces républicaines espagnoles en 1936 et devient Robert Capa. Il réalise la photographie connue de tous Mort d’un soldat républicain. A partir de cette période, l’ensemble de carrière sera consacré au reportage de guerre. Il travaille pour les magazines Vu et Regards : il couvre le front japonais en Chine en 1938, puis le débarquement de Normandie en 1944. En 1946, Robert Capa obtient la nationalité américaine.
Robert Capa meurt, dans sa 41e année, le 25 mai 1954 à Thaï Binh en Indochine, car il saute sur une mine alors qu’il effectue un reportage sur l’évacuation des troupes françaises après la défaite de Diên Biên Phû. La France lui décerne à titre posthume la Croix de guerre avec palmes. Robert Capa est enterré au cimetière Amawalk Hill près de New York.
Robert Capa avait perdu sa compagne Gerda Taro le 27 juillet 1937, écrasée accidentellement la veille par un char d’assaut, lors des violents combats autour de Madrid en Espagne : elle allait fêter ses 27 ans quelques jours plus tard !
Après sa mort, Robert Capa laisse des milliers de photos dispersées un peu partout dans le monde. Cornell Capa, son frère photographe également, passe alors son temps à les retrouver pour construire une histoire officielle.
Infos pratiques
Icônes, l’exposition sur le grand photographe Robert Capa, à voir au
Centre culturel Les Franciscaines – 145 b, avenue de la République à Deauville (14)
Jusqu’au 15 octobre 2024
Tous les jours du mardi au dimanche, de 10 h 30 à 18 h 30.
Tarifs :
plein : 13 € – réduit : 5 €.