Déjà demain, scénographe des soirées rennaises

Déjà demain s’est lancé officiellement sur la scène rennaise en 2022. Collectif de scénographie rejeton de l’association More, ses membres, réunis autour de l’architecte et peintre Alexandre Gouret, proposent depuis 2017 des scénographies pour les événements rennais.

Le 12 novembre 2022, l’association Déjà demain assurera la scénographie des quatre ans du collectif Symbol à l’Ubu. Son équipe connaît bien les lieux puisque ce sera la troisième fois en deux mois qu’elle investit la fameuse salle de concert rennaise aux côtés de collectifs de musique électronique. À sa tête, Alexandre Gouret, architecte de formation et peintre, nous présente cette initiative née dans le sillage de l’association culturelle pluridisciplinaire More.

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Si cette dernière est davantage implantée dans les Côtes d’Armor, où elle gère par exemple un vignoble du côté de Pordic, elle avait fait son apparition sur la scène rennaise grâce au travail de scénographie d’Alexandre Gouret, alors vice-président de l’association. « Depuis 2017, je produis des scéno à Rennes. Mes premiers projets étaient avec le collectif Pulse MSC, grâce à qui j’ai pu découvrir des salles rennaises, le Jardin moderne, l’Antipode. Au fur et à mesure, une équipe s’est créée autour de moi, formant une antenne scénographie de More, et qui a finalement voulu se fédérer autour d’une entité propre, basée à Rennes », raconte l’intéressé.

Pour cet architecte de métier, c’est l’occasion d’une réorientation professionnelle qui vise à « retrouver de la place pour la créativité pure dans [sa] vie ». Diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Normandie à Rouen, en poste pendant plusieurs années dans une agence rennaise spécialisée dans le logement collectif, Alexandre Gouret a toujours lorgné sur les beaux-arts. En plus de son activité de peintre, il trouve dans la scénographie un nouvel équilibre, « la synthèse entre le pragmatique, le technique et l’abstraction », affirme-t-il.

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Cinq ans du collectif Turtle Corporation à l’Ubu, 10 septembre 2022. © Nicolas Dequin

Autour de lui gravitent une quinzaine de personnes aux profils variés : architectes, vitriers, un charpentier, un métallier, deux régisseuses, « des professions liées à l’artisanat, à la création ou à l’organisation d’événements culturels », détaille-t-il. Il souligne toutefois que l’association est ouverte, sans prérequis de compétence, à toute personne souhaitant « rencontrer du monde en faisant des choses de ses mains ». L’objectif étant, avec une équipe pluridisciplinaire, de créer en mutualisant les savoir-faire et les outils.

Suivant les conseils de ses aînés scénographes Grand-Géant, Zarmine ou Saga, le nouveau collectif prend la forme juridique d’une association, qui permet de s’équiper, de répondre à des commandes et, à terme, de générer des cachets d’intermittents du spectacle à partir des prestations. La structure prend le nom de Déjà demain, une formule qui résume la sensation du temps qui file à toute vitesse lors des événements festifs, au point qu’on ne voit pas le lendemain arriver. « Il y a cette idée que la scénographie, comme les événements qu’elle accompagne, est une production éphémère, à cheval sur plusieurs jours. À un moment donné, on est déjà demain, mais c’est bon signe, ça veut dire qu’on ne s’est pas ennuyé, qu’on n’a pas vu le temps passer. C’est notre but : plonger le spectateur dans une ambiance où il s’évade. »

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Soirée Comme ça à l’Ubu, 15 octobre 2022 © Déjà demain

Depuis cinq ans qu’il pratique l’exercice, le Rennais a développé une conception théorique de la scénographie et une méthodologie propre. « Selon moi, le but de la scénographie est d’être au service du public aussi bien que de l’artiste. L’artiste plonge le spectateur dans son univers par sa prestation, le public vient pour s’évader en rencontrant l’univers de l’artiste. La scénographie est le passage entre les deux, ce qui les lie, afin que le public, en s’émerveillant, soit plus réceptif à l’univers de l’artiste », affirme Alexandre Gouret. Dans cette optique, le travail de conception des scénographies se fait de concert avec la structure organisatrice, qui présente une proposition artistique, et la structure d’accueil, dont il faut prendre en compte l’agencement et les conditions techniques.

Dans un premier temps, Alexandre Gouret et son équipe échangent avec le collectif organisateur à propos d’idées de scénographies, de l’identité du collectif et de l’univers artistique proposé par l’événement. L’affiche, qui donne une première image de la soirée, est aussi une source d’inspiration primordiale. « On essaie de développer une continuité, de l’affiche jusqu’à la réalisation scénographique. Ça permet de créer une identité visuelle à la soirée, et de donner une plus-value au travail des artistes qui ont fait l’affiche », explique le scénographe.

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Open air Réveille ta moelle, mai 2022. © Nicolas Dequin

Quant au contenu des scénographies de Déjà demain, s’il est amené à varier selon les prestations, il suit quand même quelques lignes directrices. Le collectif privilégie les fabrications artisanales d’éléments mobiles, les assemblages, le travail de la matière et sa réflexion de la lumière. « On touche très peu à l’hologramme ou à l’écran », précise Alexandre Gouret. Déjà demain préfère des dispositifs moins frontaux, qui prennent en compte la mobilité du public pour lui offrir différents points de vue selon ses déplacements, et partant, un rôle plus actif dans son expérience.

Une fois le design validé, vient le temps de la fabrication. Par souci d’économie aussi bien que d’écologie, l’association maximise la réutilisation de matériaux. Si un projet génère des restes de matière première, ceux-ci seront automatiquement réemployés pour le projet suivant. Mais le principal cheval de bataille est de trouver des partenariats à nouer pour se fournir en matériaux de réemploi, comme c’est le cas par exemple avec l’entreprise Epalia, basée à Cesson, spécialisée dans le réemploi de palettes. Déjà demain travaille aussi avec une entreprise d’ingénierie aéronautique pour récupérer les matériaux des prototypes jetés.

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Open air Comme ça au parc de Villejean, 23 juillet 2022. © Déjà demain

Forte de la notoriété qu’elle s’était bâtie sur la scène rennaise sous le nom de l’association More, l’équipe de Déjà demain a été sollicitée en 2022 pour la scénographie du festival Réveille ta moelle en mai 2022, pour celle de l’open air du collectif Comme ça au parc de Villejean en juillet, puis pour trois soirées à l’Ubu entre septembre et novembre. Se consacrant jusque-là aux événements musicaux, l’association aspire aussi à réaliser d’autres types de scénographie, pour des expositions, du cinéma ou du théâtre, ou encore des microarchitectures pour les collectivités. Alexandre Gouret précise que l’équipe envisage aussi d’organiser ses propres événements : expositions, concerts, etc. Le premier devrait voir le jour prochainement, pour l’inauguration du futur atelier de Déjà demain.

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Alexandre Gouret, au premier plan à droite, et une partie de l’équipe de Déjà demain.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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