Depuis la parution du Dernier verre d’Olivier Ameisen en octobre 2008, le public a appris une information sensationnelle que les médias, notamment Paris Match, s’emploient à relayer depuis mars 2011. Cette information : la découverte qu’un médicament destiné à la décontraction musculaire se révèle efficace dans la lutte contre l’alcoolisme, le Baclofène.
On peut comprendre le formidable espoir que cette découverte suscite chez les malades et leurs familles. Mais les autorités sanitaires restent prudentes : «Il serait inquiétant qu’un patient reçoive du baclofène en première intention sans avoir essayé ce qui est validé et reconnu ?» Quant au laboratoire inventeur du Bacolfène, il n’a pas d’intérêt à financer des tests pour un médicament qui n’a pas été conçu à l’origine pour traiter l’alcoolisme et dont la molécule existe dorénavant en générique…
L’affaire semble donc au point mort ou, plutôt, en attente de basculer. Le Baclofène n’ayant pas reçu d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour l’indication de l’alcoolisme, rares sont les médecins qui acceptent de le prescrire aux patients de plus en plus demandeurs. Cependant, des médecins obtiennent des résultats exceptionnels pour cette maladie dite inguérissable et des malades ainsi traités témoignent de leur guérison. C’est pourquoi une association dénommée Baclofène a été créée au mois mai 2011 pour tenter de faire accélérer le dossier.
Face à la situation budgétaire que connait la France, il convient de s’interroger sur les économies que représenterait ce traitement au prix modique. Le coût « social » de l’alcoolisme en France est évalué à 20 milliards d’euros par an, soit l’équivalent du « trou de la Sécurité sociale ». Si seulement la moitié des 2 millions d’alcoolos-dépendants pouvaient être traités, ce sont 10 milliards qui seraient économisés. Sans compter le principal : le soulagement pour les patients et leurs entourages. Rappelons que l’alcoolisme est (co)responsable d’une centaine de décès par jour en France.