Douarnenez. Huit pâtissiers célèbrent le centenaire de la grève des sardinières par une collection de fèves

fèves des sardinières

La commune de Douarnenez dans le Finistère célèbre les cent ans de la grève des sardinières, un mouvement social de six semaines qui s’est déroulé l’hiver 1924-25. Épisode majeur dans l’histoire de la ville, le centenaire est joyeusement fêté avec de nombreux événements. Huit pâtissiers ont élaboré une série de seize fèves uniques, glissées dans les galettes des rois pour l’épiphanie 2025.

Organisé par le collectif Pemp real a vo, Douarnenez et ses habitants participent à un cycle d’événements pour célébrer les 100 ans de la grande grève sardinière de 1924-1925. « On a voulu faire du centenaire un socle de culture commune à tous, pour qu’anciens habitant comme néo-arrivants puissent s’approprier cette identité collective et en tire des leçons », a déclaré Monique Prévost, ancienne maire de Douarnenez et cofondatrice de Pemp Real a vo.

Parmi les événements marquants, remplis d’émotion, une foule chantante a rappelé que le 20 novembre 1924 à Douarnenez, une grève menée par les femmes paralysait les usines de sardines. Les ouvrières qui travaillaient dans ces usines, réclamaient une augmentation de salaire ; tout au long de cette grève historique, elles chantaient. Au cours de cet hommage anniversaire, les slogans de la grande grève de ces sardinières ont été scandés et des chants de lutte en italien et en espagnol ont aussi été chantés.

La Jeune Garde et L’internationale ont également raisonné dans les rues de Douarnenez lors d’une manifestation organisée le 30 novembre dernier par la l’UL de la CGT pour le centenaire des grèves ouvrières de Douarnenez ; 

Côtés arts visuels et plastiques, l’artiste Marianne Larvol a réalisé douze fresques, de la Pointe du Raz à la plage de Sainte Anne La Palud, des figures marquantes et anonymes de cette grève. Et l’artiste textile Claudine Janik a réalisé des broderies qu’elle a disposées dans des boîtes de sardines. Elle en a réalisé cent pour rendre hommage aux femmes d’usines qui se sont mises en grève il y a cent ans. Les boîtes sont garnies de broderies qui rappellent les broderies présentes sur le costume breton.  

La manifestation a toutché également Quimperlé, où la chorale éphémère a interprété, lors d’une déambulation, La révolte des Sardinières en hommage aux ouvrières de Douarnenez en lutte pour l’augmentation de leur salaire, il y a 100 ans.

Un hommage a aussi été rendu à Joséphine Pencalet, l’une des premières femmes élue conseillère municipale en France le 3 mai 1925 à Douarnenez, dans l’invitation de Fanny Bugnon conférencière en histoire contemporaine et en études sur le genre. Elle est notamment spécialiste de l’engagement politique des femmes au XIXe et au XXe siècle. Elle a publié L’élection interdite et De l’usine au Conseil d’État, l’élection de Joséphine Pencalet à Douarnenez (1925), publié aux éditions Seuil.

Pour l’épiphanie 2025, huit pâtissiers de l’Association du véritable Kouign Amann de Douarnenez vendront leurs galettes avec une collection de fèves dédiées au Centenaire de la grève : la boulangerie-pâtisserie-chocolaterie artisanale et son responsable Pascal Jain qui est aussi le président de l’association ; Bernard Gadal et son Fournil du Stankou ; Laure et Alexandre Bargain et leur Fournil des halles, etc. Du lundi 06 janvier 2025 au vendredi 31 janvier 2025,

Ils se sont en effet associés pour ce centième anniversaire et ont créé 5 500 pièces collector, une série limitée qui représente seize fèves sur le thème de la grande grève des sardinières de 1924. Deux d’entre elles sont maîtresses : la pièce de monnaie de 25 centimes de franc percée d’un trou qui est à la base du slogan Pemp real a vo, et celle qui représente le tableau mythique de Charles Tillon La grève des sardinières.

Pour choisir les représentations des fèves, les pâtissiers se sont inspirés des photographies de l’historien Alain Le Doaré, ainsi que des photos des boîtes de conserve de l’époque…

D’autres événements sont encore prévus en janvier 2025 : le 4 janvier 2025, rendez-vous à 14h30 place de l’Horloge pour le grand rassemblement féministe organisé par le Planning familial (sous réserve d’autorisation).

Le Cinéma Le Club, rue Berthelot, proprose quant à lui deux projections : Les LIP, l’imagination au pouvoir, mardi 7 janvier à 20h45, en présence du réalisateur Christian Rouaud et Les filles de l’usine de Liza Le Tonquer, qui présentera son film en avant-première, mercredi 8 janvier à 18h.

Portrait de Joséphine Pencalet

Joséphine Pencalet vient au monde le 18 août 1886 dans une grande famille de marins pêcheurs à Douarnenez. Après la mort de sa mère en 1998, elle fait ses études à Quimperlé, dans l’internat catholique des Ursulines.  En 1908, Joséphine se marie à l’âge de 22 ans avec Léon Leray : originaire d’Ille-et-Vilaine, il est conducteur de locomotive et le couple s’installe à Argenteuil en Île-de-France. Joséphine y trouve un emploi de lavandière. Après la Grande Guerre, Joséphine Leray-Pencalet se retrouve hélas veuve avec deux enfants. Elle retourne dans le Finistère en 1923 avec ses enfants de cinq et treize ans et obtient un poste d’ouvrière à la conserverie de sardines à l’huile Chancerelle à Douarnenez.

  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
  • Joséphine Pencalet Penn sardin
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Ayant déjà obtenu en 1904 grâce à une grève, d’être payées à l’heure et non plus à la performance, la grève des sardinières de Douarnenez éclate fin 1924 : elles militent pour leurs conditions de travail et une augmentation de leur salaire, car elles sont insuffisamment payées, travaillent jusqu’à dix heures par jour sans rémunération de leurs heures supplémentaires et du travail de nuit, qui de plus est interdit aux femmes. Engagée au sein du syndicat des Métaux de Douarnenez en qualité de secrétaire, Joséphine Pencalet participe au mouvement de grève jusqu’au bout, pendant les 46 jours ! En mai 1925, le Parti communiste présente des candidates aux élections municipales, alors que les femmes n’ont pas le droit de voter ni d’être élues. Sur la liste du  communiste Daniel Le Flanchec, Joséphine Leray-Pencalet est élue conseillère municipale dès le premier tour !  Elle va sièger au conseil municipal de Douarnenez pendant six mois, mais au mois de novembre 1925, le Conseil d’Etat invalide son élection au motif qu’une femme n’a pas le droit de vote, donc ne peut pas siéger dans une assemblée qui vote.

Joséphine Pencalet contribuera à faire évoluer la vision du rôle des femmes en politique. Cependant, pleine d’amertume, car elle estime que le système l’a utilisée et malgré ses convictions politiques et sociales, elle refusera de voter toute sa vie. Elle s’éteint le 13 juillet 1972 à Douarnenez à l’âge de 86 ans. Son nom a été donné à une rue de Douarnenez en 2012.

INFOS PRATIQUES

Grand rassemblement féministe : 4 janvier 2025, à 14h30, place de l’Horloge, sous réserve d’autorisation

Cinéma La Club, rue Berthelot, Douarnenez
mardi 7 janvier à 20h45 : Les LIP, l’imagination au pouvoir de Christian Rouaud, en présence du réalisateur
mercredi 8 janvier à 18h : Les filles de l’usine de Liza Le Tonquer, en présence de la réalisatrice

Pour les personnes qui aimeraient posséder l’ensemble de la collection des fèves, une bourse d’échange sera organisée fin janvier ou début février. Contact pour tous renseignements et pour connaître la date exacte : Association du véritable kouign Amann de Douarnenez –  1, avenue de la Gare à Douarnenez (29), au 02 98 74 18 45

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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