Douarnenez. La révolte des sardinières exposée au Port-musée jusqu’au 1er février 2025

la révolte des sardinières

L’exposition La révolte des sardinières est présentée au Port-Musée de Douanenez, dans le Finistère, jusqu’au samedi 1er février 2025 dans la salle commune musée-médiathèque. Dans le cadre du 100e anniversaire des grèves des ouvrières d’usine de 1924, le lieu a reçu de la part du musée de Bretagne le prêt exceptionnel de La révolte des sardinières de Charles Tillon (1897-1993), homme politique et peintre à ses heures. Ce tableau est présenté dans

Le centre de cette exposition est la présentation du tableau La révolte des sardinières, œuvre réalisée en 1926 par Charles Tillon. Elle immortalise une marche d’ouvrières bigoudènes et fait écho à la grève des sardinières de Douarnenez de 1924, dont le centenaire est célébré cette année. La peinture représente une foule résolue d’ouvrières bretonnes en costumes bigoudens et  coiffes blanches qui portent  fièrement le drapeau rouge et qui avancent vers le long de la grève, accompagnées de marins-pêcheurs en vareuse ; elles se détachent progressivement à l’arrière-plan et en queue de cortège d’une falaise, comme si leur force venait du granit, celui dont on forge les têtes dures des Penn sardin. Cette toile est devenue l’image emblématique de la grève victorieuse des ouvrières de Douarnenez l’hiver 1924-1925 et de sa diffusion dans tout le pays bigouden.

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Outre la toile de Charles Tillon, l’exposition réalisée par Sarah Chanteux est composée d’une dizaine de tableaux illustrés de photographies. Elle permet de recontextualiser et de retracer avec précision ce mouvement social majeur dans l’histoire contemporaine. Les visiteurs pourront ainsi découvrir le quotidien des femmes à l’usine et l’histoire de la grève menée à l’hiver 1924 par les femmes des conserveries de Douarnenez. Des éléments de contexte permettent de mieux appréhender les enjeux et les répercussions d’un des plus grands mouvements sociaux portés par des femmes du début du XXe siècle.

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Retour historique

Grâce à l’activité de pêche, la Bretagne développe très tôt des conserveries dans ses ports. Elle compte 132 des 160 usines de conserves de sardines en France au cours de l’entre-deux-guerres. Douarnenez compte une vingtaine de conserveries ainsi qu’une usine qui fabrique des boîtes de conserve. Leur main d’œuvre est majoritairement féminine : on les appelle les sardinières ou Penn sardin (tête de sardine)

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Un conflit commence le vendredi 21 novembre 1924 à l’usine Carnaud, une ferblanterie qui fabrique des boîtes de conserves pour les sardineries. La revendication porte sur une augmentation de salaire : les grévistes, en majorité des femmes défilent ! La grève s’étend rapidement et le dimanche 23 novembre, ce sont vingt usines qui sont en grève. Le mardi 25 novembre, toutes les sardineries sont à l’arrêt. 

La grève des sardinières de Douarnenez est à l’origine d’une mobilisation qui va durer plusieurs mois dans la région. Au cours de l’hiver 1924-25, 2 100 personnes dont 1 600 femmes manifestent pour protester contre leur salaire de misère de 80 centimes de l’heure d’une part, et d’autre part pour les conditions de travail qui imposent à tout moment et sur appel de la direction, de se rendre à l’usine de jour comme de nuit quand une cargaison de sardines est livrée. Les ouvrières sont rejointes par les marins. Ensemble ils occupent les rues et la ville est bloquée. Quant à la presse, elle médiatise le conflit…

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Les patrons d’usines font front commun contre les revendications des grévistes. Le comité de grève est reçu le 23 décembre 1924 par le ministre du travail, et les revendications salariales sont acceptées. Le 6 janvier 1925, les patrons cèdent aux demandes des ouvrières. L’accord de Douarnenez stipule que désormais le salaire horaire sera de 1 franc pour les femmes et 1 franc 50 pour les hommes ; il sera également majoré de 50% au-delà de dix heures consécutives de travail et en cas de travail de nuit…

Cette grève a été le symbole de l’engagement citoyen et social des femmes. Même si une revendication d’égalité salariale complète est loin d’être atteinte, cette grève féminine est inspiratrice du féminisme…

Le Rennais Charles Tillon est un homme politique français, à la fois député, trois fois ministre, syndicaliste et membre du Parti communiste français, également grand résistant au cours de la Seconde guerre mondiale. En 1924, il est très actif lors de la grève des pêcheurs et des sardinières dans le Pays bigouden, notamment à Douarnenez. Peintre amateur, il est inspiré par cette lutte sociale.

Avec sa peinture La révolte des sardinières, Charles Tillon a voulu immortaliser sur la toile le souvenir de cette inoubliable procession de la victoire entre la mer et la dune, conduite par les plus courageuses et admirables combattantes de la grève. Au dos du tableau, il a écrit sur un carton accroché : ses mains tricotaient de la dentelle. Le bleu de son tablier, c’était le bleu du drapeau de la guerre de 14/18 où elle avait perdu l’un des siens. Le rouge du drapeau dépassait déjà la mesure de ses promesses.

Charles Tillon continuera son œuvre d’organisation du mouvement de lutte des ouvrières bretonnes et pêcheurs dans le pays bigouden entre 1925 et 1927.

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Sorti en 2003, le téléfilm réalisé par Marc Rivière, Penn Sardines a été tourné à Auray (56), à Saint-Goustan (56) et à Nantes (44). Il retrace l’histoire de la grève des sardinières de Douarnenez en 1924. C’est l’histoire d’une veuve qui se bat pour que son fils connaisse un autre destin que celui de son père marin pêcheur, disparu en mer…

INFOS PRATIQUES

Exposition pour le centenaire de La révolte des sardinières de Douarnenez : jusqu’au 1er février 2025
Port-musée – Port-Rhu, place de l’enfer à Douarnenez (29)
Contact : 02 98 92 65 20 et port.musee@douarnenez.bzh

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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