Droit européen > Les fruits économiques du jus politique

Les deux dernières directives européennes consacrées au jus de fruits (révision de la norme générale du Codex Alimentarius pour les jus de fruits et nectars) visent à prendre en compte l’évolution des pratiques et les attentes des consommateurs européens. Remarquons toutefois que cette évolution ne règle pas tout et qu’elle est réclamée par nombre d’associations de consommateurs depuis… plus de 20 ans ! Au demeurant, rien ne vaut un bon jus de fruit maison, avec ses fibres et ses vitamines !

Après une forte croissance des années 70 à 90, le marché est aujourd’hui mature et se stabilise. Ce succès a été réactivé par l’arrivée des smoothies, jus de fruits fraîchement pressés ou mixés qui font un tabac auprès des cadres urbains stressés, en quête de leur dose quotidienne de vitamines et de fruits. A la fin de l’année 2010, les Français ont consommé un total de 1,65 milliard de litres de jus de fruits tous circuits confondus (hypers, supermarchés, hard discount et Consommation Hors Domicile – CHD) sur un marché représentant près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

A la fin de la même année, une directive interdisait enfin l’ajout de sucre dans les jus de fruits au sein de l’UE. Jusque-là ces boissons, même « pur jus », pouvaient en contenir jusqu’à 150g par litre et jusqu’à 200g pour les nectars. Transcrit en droit français en février 2012, la dernière version de la Directive Jus de Fruits ne fait qu’avaliser des pratiques déjà en place :

– l’interdiction de l’adjonction de sucres dans les jus de fruits, avec une mention particulière sur l’étiquetage informant le consommateur de ce changement. Cette interdiction confirme les pratiques des professionnels français du jus de fruits, déjà formalisées dans une charte nutritionnelle que les consommateurs auront attendue pendant longtemps. Cependant, l’addition de sucres ou de miel reste autorisée, à des fins d’édulcoration, dans les nectars de fruits. Autrement dit, ceux qui ne peuvent pas s’acheter du frais auront en plus du concentré non seulement des sucres ajoutées mais aussi des arômes restitués artificiellement.

– le maintien de la dénomination des trois produits du marché des jus de fruits : « Jus de fruits », « Jus de fruits à base de concentré » et « Nectars de fruits » permettant ainsi aux consommateurs français de continuer à acheter le produit de leur choix. Reste que, bien souvent, la mention est loin d’être assez mise en évidence. Elle gagnerait à être au minimum aussi importante que celle qui se réjouit de l’absence de sucres ajoutés.

–  la confirmation de l’interdiction d’ajouter du jus de mandarine dans le jus d’orange sans en avertir le consommateur. Un minimum d’honnêteté ne gâte pas le fruit…

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 3 dénominations et 3 remarques
— Les jus de fruits « 100% pur fruits pressés » sont obtenus par pression des fruits. Ils peuvent être, ou non, pasteurisés. Encore une fois, ils ne peuvent jamais égaler un fruit fraichement pressé dans votre cuisine.
— Les jus de fruits à base de jus concentré « teneur en fruits 100% » sont élaborés par pression des fruits, pasteurisés puis concentrés par évaporation de l’eau. À l’embouteillage, le produit est reconstitué avec de l’eau, du sucre et des arômes.
— Les nectars de fruits : le plus souvent réalisés à partir de jus non consommables en l’état, ils contiennent de 25 à 50%  de jus selon la catégorie de fruits, de l’eau, du sucre, du miel, des édulcorants et des arômes artificiels. Le plus souvent, c’est une agression buccale.
° Il serait temps pour ne pas entretenir la confusion que ces trois catégories soient bien différenciées dans les rayons des grands magasins.
° A savoir : un même produit mélange couramment des jus de fruits de différentes origines. Problèmes sociaux et coût d’acheminement à la clé. Ainsi, le Brésil et l’Espagne multiplient le travail au noir ; si vous trouvez un jus pressé il y a quelques heures au rayon frais de votre magasin d’alimentation, il y a des chances qu’il y soit arrivé par avion.
° Les jus de fruit ne doivent être consommés qu’en petite quantité. Ils ne peuvent se substituer à la consommation d’eau.

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