Edition 2011 des Rendez-vous aux jardins, Du 3 au 5 juin, Le jardin nourricier

Le thème retenu pour l’édition 2011 des Rendez-vous aux jardins, Le jardin nourricier, propose de réfléchir au jardin qui nourrit le corps et l’esprit, par des approches historique, philosophique, sociale, culturelle et esthétique.

Dès l’Antiquité, en Égypte, le jardin est associé aux temples et sert à nourrir les prêtres et honorer les dieux. Les nourritures terrestres sont produites dans les potagers, les vergers, les jardins maraîchers et tous les jardins d’utilité mais également dans de nombreux domaines où l’économie domestique joue un rôle important. Le domaine d’Olivier de Serres, au Pradel en Ardèche, lui a servi de lieu d’expérimentation pour mettre en place sa théorie publiée en 1600 sous le titre Théâtre d’agriculture et mesnage des champs.

De nombreux théoriciens des jardins utilisaient le domaine dont ils avaient la charge comme terre d’expériences et tous font la part belle au jardin nourricier qui, pour les périodes anciennes, se confond avec le domaine agricole et comprend à la fois le potager, le verger, l’orangerie, et le domaine de chasse.

Les périodes plus récentes n’ont pas oublié le potager qui était constitutif de grandes aventures humaines. Des potagers ont été créés lors du chantier du canal de Panama afin de nourrir les ouvriers ; les Rothschild avaient prévu des colonies agricoles afin de construire la Palestine ; de nombreux jardins publics ont été transformés en potagers lors des deux guerres mondiales, etc.

Le jardin nourricier est également un enjeu social important. Quant l’abbé Lemire (député-maire d’Hazebrouck) à la fin du XIXe siècle crée la « Ligue française du coin de terre et du foyer » il cherche à mettre en place des « jardins familiaux » qui sont des ensembles de parcelles de terre aménagées en potagers et en fruitiers, régies par des associations et cultivées pour subvenir aux besoins des familles, sans en faire un usage commercial.

Les « jardins familiaux » tout comme les « jardins ouvriers », à cette époque de fort exode rural, permettaient de rattacher les ouvriers à une parcelle cultivée pour la nourriture de la famille mais aussi de les éloigner du cabaret et des réunions politiques. Aujourd’hui, les jardins collectifs, les « jardins partagés » relèvent des mêmes règlements même si la vocation nourricière a cédé le pas à des besoins de convivialité, d’échange et permet aussi de nourrir son esprit.

Une grande inventivité est mise en oeuvre dans ces jardins de tous les jours qui peuvent également jouer un rôle dans l’insertion sociale ou professionnelle de personnes handicapées ou en difficulté, ils sont un enjeu contemporain de notre société.

Dès le plus jeune âge l’enfant peut être amené à faire germer des graines dans du coton, certaines écoles primaires ont mis en place des potagers entretenus par les élèves et les enseignants. Certains domaines (le Potager du roi à Versailles, le jardin du château de la Roche-Courbon, le parc de Bercy à Paris) ont des conventions avec des classes où les enfants apprennent à reconnaître les plantes et à se poser des questions sur ce que veut dire produire et consommer.

Certains potagers ou vergers conservatoires permettent de faire connaître les variétés anciennes, les fruits et les légumes oubliés. Ils aident à comprendre ce qu’est la biodiversité cultivée mais aussi la sécurité alimentaire. Ces fruits de la terre ont été dès leur origine le territoire d’une ingéniosité tressée de nécessité et de voyages, de faim et de gourmandise, de rêves et de souvenirs d’enfance qui ont donné naissance à de nombreuses variétés comestibles magnifiées par la cuisine.

Au commencement, il y a toujours un jardin, jardin des Hespérides ou d’Éden où l’on trouve des pommes d’or et des arbres de la Connaissance. Qu’il soit persan ou de couvent, le jardin nourrit également notre âme et notre esprit.

Plusieurs centaines de lieux sont partenaires de cette manifestation en Bretagne, Pays de la Loire et Normandie. Trouvez un lieu près de chez vous.

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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